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07/11/2014

CNI : HAITI

Haïti.jpg

Données générales

Nom officiel : République d’Haïti

Constitution de 1987 : le Président est élu pour 5 ans au suffrage universel direct. Il ne peut exercer deux mandats consécutifs, ni en briguer un troisième. Il désigne le Premier ministre dont la nomination doit être ratifiée par les deux chambres du Parlement. Le gouvernement est responsable devant le Parlement.

Bicaméralisme : Chambre des Députés (100 membres, élus au suffrage universel direct pour 4 ans) et Sénat (30 sénateurs, élus au suffrage direct pour 6 ans, renouvellement par tiers tous les deux ans).

Nom du Chef de l’Etat : Michel MARTELLY

Données géographiques

haiticarte.gifSuperficie : 27 750 km2
Capitale : Port-au-Prince (environ 3 millions d’habitants)
Villes principales : Cap-Haïtien, Gonaïves, Hinche, Jacmel (la moitié de la population est urbaine)
Haïti est composé de 10 départements dirigés par un délégué nommé par le gouvernement
Langues officielles : le créole (langue parlée par la majorité de la population) et le français (langue d’apprentissage scolaire)
Fête nationale et de l’Indépendance : le 1er janvier
Indice de développement humain : 0,454 - 161ème (sur 187 pays, source PNUD rapport 2013) ; 72 % des Haïtiens vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 2 US$ par jour) et la moitié vivent avec moins d’un dollar par jour

Données démographiques

Population 10,1 millions d’habitants
Densité : 355 habitants/ km2
Croissance démographique annuelle : 1,7 % (la moitié de la population est âgée de moins de 20 ans)
Taux de fécondité : 3,2 (4,2 en 2000 – urbain : 3 enfants par femme, rural : 4)
Espérance de vie à la naissance : 61 ans
Taux d’alphabétisation (PNUD) : 48,7 % - 500 000 enfants en âge de l’être ne sont pas scolarisés
Religions : 55 % catholiques, plus de 40 % protestants, mais la proportion est désormais inverse dans les grandes villes ; la pratique du vaudou reste dominante.

Données économiques

Monnaie : la gourde (HTG) 1 € =60 gourdes( février 2014)
PIB (Banque Mondiale, 2011) : 6,7 MdUS$ (3,65 MdUS$ en 2000 et 2,8 MdUS$ en 1990)
PIB par habitant (2011) :840 US$ par habitant

Taux de croissance : 4,3 ( 2013 FMI).
Taux de chômage : 27 % (officiel, mais deux tiers des Haïtiens touchés par le chômage ou le sous-emploi)
Déficit budgétaire (2011/12) : 1,8 MdUS$ (21 % du PIB contre 32 % en 2000) – le stock de dette fin 2011 s’élève à 657 MUS$ et est détenu à 15 % par les bailleurs multilatéraux et à 70 % par le Vénézuéla.
Taux d’inflation ( FMI 2013) : 4,5 % (touchant notamment les denrées alimentaires)

Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB (2010) :

  • secteur primaire : 28 % (moitié de la population active),
  • secteur secondaire : 17 % (un quart population active),
  • secteur tertiaire : 55 % du PIB

Importations (2011) : 4,076 MdsUS$ - principaux fournisseurs : République dominicaine et Etats-Unis
Exportations (2011) : 802 MUS$ - principal client : Etats-Unis (plus de 80 % des exportations haïtiennes)

Transferts de fonds de la diaspora : 1,97 MdsUS$ en 2010 – selon les années, ces transferts représentent entre un quart et un tiers du PIB haïtien annuel – 10 % de ces transferts proviennent de France (2006)

Exportations de la France vers Haïti (2011) : 36 M€ (44 M€ en 2010)
Importations de produits haïtiens en France (2011) : 7,4 M€ (7,3 M€ en 2010)

http://www.tresor.economie.gouv.fr/…

Communauté française en Haïti (2012) : 1 550 inscrits dont 600 binationaux.
Communauté haïtienne en France : 100 000 (estimation - dont 40.000 sur le territoire métropolitain, 30.000 en Guadeloupe, 25 000 en Guyane et 5 000 en Martinique et Saint-Barthélemy).

Politique intérieure

Situation humanitaire

haitidrapeau.jpgHaïti, pays le plus pauvre des Amériques, seul Etat du continent à faire partie du groupe des pays les moins avancés, est classé en 161ème position en terme de développement humain (sur 187 Etats) par le PNUD. Les trois-quarts de la population vivent dans la pauvreté (78 % avec moins de 2 US$/jour/personne), la moitié de la population survivant même dans un état d’indigence avec moins de 1 US$/jour.

Plus d’un Haïtien sur quatre est sous-alimenté et Haïti fait partie de la vingtaine de pays identifiés par la FAO comme particulièrement vulnérables dans ce domaine.

L’épidémie de choléra a causé, depuis octobre 2010, plus de 8000 décès sur le demi-million de cas répertoriés.

Comme en témoignent les conséquences dramatiques du tremblement de terre du 12 janvier 2010 et des ouragans de 2008, Haïti révèle une très forte vulnérabilité face aux éléments naturels, notamment à cause de sa topographie (nombreux bassins versants et zones inondables), de son environnement dégradé (moins de 2% de couverture forestière) de la fragilité de ses infrastructures et de la faiblesse de ses institutions.

Situation sécuritaire

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, la MINUSTAH, contribue par son action à préserver la sécurité intérieure.

Suite au départ du Président Aristide, en février 2004, le Conseil de Sécurité de l’ONU avait autorisé le déploiement immédiat d’une Force multinationale intérimaire (FMI) pour une période de trois mois (Etats-Unis, Canada, France). En juin 2004, la MINUSTAH lui a succédé et fait une large place aux contingents d’Amérique latine, notamment brésilien. La MINUSTAH œuvre au renforcement de la Police nationale haïtienne (PNH), appuie la réforme du système judiciaire haïtien et l’organisation des élections. Elle a notamment réussi à démanteler les gangs violents qui exerçaient un contrôle social étroit dans certains quartiers des grandes villes.

La chaîne de commandement de la MINUSTAH a été durement affectée lors du séisme du 12 janvier 2010, puisque l’effondrement de son quartier général a fait plus d’une centaine de victimes dans son état-major. Pour faire face à l’urgence humanitaire, aux risques posés par la saison cyclonique et pour l’organisation des élections, le déploiement de 4000 hommes supplémentaires avait été autorisé en 2010, pour un total de plus de 10 000 personnels déployés sur le terrain, dont une forte composante policière. Les résolutions qui ont permis le renouvellement de son mandat en octobre 2012 et 2013 ont toutefois consacré une baisse de ces effectifs (moins 15 % chaque année), tout en réorientant sa mission de l’aide d’urgence vers le renforcement de l’Etat de droit et de ses principaux instruments, dont la police et la justice.

Situation économique

En dépit des pertes massives causées par le séisme, les financements internationaux ont permis de contenir, la baisse du PIB haïtien à -5,1 % en 2010. La croissance a repris en 2011 (+6,7 %) et en 2012 (+4,5 %). Le déblaiement des 11 millions de mètres cubes de gravats est achevée pour l’essentiel, et la reconstruction, basée sur des projets de long terme, a débuté.

L’économie haïtienne n’en reste pas moins marquée par une triple dépendance : budgétaire (50 % du budget et 80 % des investissements proviennent de l’aide extérieure) énergétique (importation de la totalité des hydrocarbures) et alimentaire (importation de 60 % des besoins alimentaires en dépit d’un fort potentiel agricole).

Politique extérieure

Haïti est membre de l’Organisation des Etats américains (OEA), de l’Association des Etats de la Caraïbe (Haïti a accueilli en avril 2013 le Vème Sommet des Chefs d’Etats de la Caraïbe) et a été admise au sein de la CARICOM en 2002.

Les relations qu’entretient Haïti avec la République dominicaine sont complexes, en raison de la présence sur le sol dominicain de plus d’un million d’Haïtiens.Si après le séisme, la République dominicaine a fait preuve d’une très grande solidarité et les contacts à haut niveau se sont multipliés, signe d’une volonté de renforcer les relations entre les deux pays, des sources de tension sont apparues notamment sur le statut légal des centaines de milliers de ressortissants dominicains d’origine haïtienne.

Haïti ne reconnait pas formellement la République populaire de Chine et entretient de forts liens avec Taiwan, un de ses principaux bailleurs de fonds nationaux, avec le Vénézuéla.

Le gouvernement haïtien a signé, le 10 décembre 2009, l’Accord de Partenariat Économique (APE) qui lie Haïti ainsi que 14 autres États de la Caraïbe (CARIFORUM) avec l’Union européenne. Haïti est le dernier pays à adhérer à cet accord – qu’il n’a toutefois pas encore ratifié.

28/10/2014

Brésil, Uruguay, Bolivie : Les urnes plus fortes que les marchés

bresilelections.jpg

Les « latinos », appelés avec mépris « sudacas » en Espagne, sont masos. Ils en redemandent !

Le latifundium médiatique et ses « terratenientes » de la politique pensaient « libérer », faire tomber le géant brésilien pas assez docile à leurs mirettes, et non aligné sur la « libre » entreprise, le « libre » commerce, la « libre » soumission...

Les adversaires de cette liberté en cage préfèrent l’intégration régionale équitable aux génuflexions enchaînées devant l’Union européenne et les Etats-Unis. Les temps changent... « L’arrière cour des Etats-Unis » est aujourd’hui la soumise Union européenne.

Dilma, donnée battue, et rebattue, et rabattue, n’est selon la plupart des médias de l’empire qu’ « élue de justesse ». Je traduis : il est juste qu’elle soit élue avec 51,64% des suffrages exprimés... tout comme l’avait été « victorieusement » Monsieur Normal en France.
 
Après la campagne haineuse, violente, calomnieuse, mensongère, que Dilma a essuyé de la plupart des médias brésiliens (aussi libres que sardines en boîte), et de tous les candidats coalisés derrière le très droitier Aécio Neves, sa réélection constitue un évènement majeur.
 
Le clivage gauche-droite a été réactivé et peut pousser Dilma à s’attaquer au « modèle », à promouvoir des changements structurels, une réforme politique... Le peuple brésilien a majoritairement refusé le retour au néolibéralisme pur et dur et non faussé. Il sait que les salaires ont augmenté, que le taux de chômage est bas, que la redistribution a sorti de l’extrême pauvreté plus de 35 millions de personnes, et ce malgré tous les malgrés .
 
uruguayvasquez.jpgEn Uruguay voisin, le candidat du « Front large » , l’ex-président Tabaré Vasquez, « modéré », a obtenu plus de 47% au premier tour! « Pepe » le modeste, le vraiment normal, a bien fait son taf. En Amérique du sud les malades se portent bien, merci ! A faire rêver nos « démocraties occidentales » en passe de devenir « Républiques bananières ». 
 
Et plus encore : les Indiens boliviens ont flanqué une claque magistrale au « poker du mal » : FMI, BM, OMC, UE, BCE.
« El EVO » a dédié sa victoire à Fidel et à Chavez !! Des bolchos !!
 
morales1507.jpgEVO a été réélu pour la troisième fois dès le premier tour avec 61% des voix. Des scores « soviétiques », à faire crier au bolchévisme le patron du canard vénézuélien « Tal Cual », Teodoro Petkoff, ancien guérillero devenu « plus libéral que moi tu meurs » et coqueluche des médias français.
 
Oh, rien n’est irréversible, mais le « reflux », « l’usure », « la restauration néolibérale », tant annoncés par les cireurs de bottes de l’empire et du capitalisme, finalement ces prédictions s’apparentent plutôt à la marée montante. Que d’enseignements et d’encouragements pour nous ! Que de raisons pour redoubler de solidarité ... Sol-idaires comme le soleil ; « inti » en aymara, la langue de Evo Morales . « Jallalla » ! Vive ! 
Non non non la rêvolution n’est pas morte...

Jean Ortiz, universitaire: http://www.humanite.fr/blogs/bresil-uruguay-bolivie-les-urnes-plus-fortes-que-les-marches-555890

23/10/2014

CNI : LE PEROU

Perou39.jpg

Données générales

Site de l’ambassade de France au Pérou

Source des données chiffrées : Ambassade de France au Pérou, Ministère de l’Economie, des Finances et du Commerce extérieur, PNUD, revue The Economist, FMI, Banque mondiale.

Perou.gifNom officiel : République du Pérou
Chef d’État : M. Ollanta Humala Tasso (juin 2011)

Données géographiques

Superficie : 1 285 220 km²
Population : 29,9 millions (30 % de moins de 15 ans ; 6 % de plus de 65 ans)
Capitale : Lima (8,2 millions d’habitants)
Villes principales : Piura (1,7 millions), La Libertad (1,6), Cajamarca (1,4), Puno (1,3), Cusco (1,2)
Langue officielle : espagnol. Le quechua, l’aymara et les langues amazoniennes sont également pratiqués.
Monnaie : Nouveau Sol péruvien (PEN) [1 € = 3,79 PEN taux de chancellerie au 4/4/2014]
Fête nationale : 28 juillet (indépendance, le 28 juillet 1821)

Données démographiques

pérou,idéntitéTaux de croissance démographique : 1,6 % par an
Espérance de vie : 71 ans ; mortalité infantile : 3 %
Taux d’alphabétisation : 91 % (hommes), 80 % (femmes)
Religion (s) : catholiques (88 %), évangéliques (8 à 10 %).
Indice de développement humain (Classement ONU) : 0,788 (79e rang sur 179)
Coefficient de GINI : 0,49

Données économiques

PIB 2013 : 206 Mds$
PIB brut par habitant : 7000 $
Taux de croissance (2013) : 5,3% (+6,8% en moyenne annuelle entre 2006 et 2013)
Taux de chômage : 7,7% (mais emploi informel important)
Taux d’inflation : 2,65%
Solde budgétaire : 1,8%
Dette publique : 19% du PIB
Balance commerciale : + 4,5 Mds $
IDE : 12,2 MdUSD

Principaux clients : Chine (17%), États-Unis (13,3%), Suisse (11,2%)
Principaux fournisseurs : États-Unis (18,7%), Chine (18,4%), Brésil (6,1%)

Exportations de la France vers le Pérou (2013) : 205 M€ (235 M€ en 2012)
Importations françaises du Pérou (2012) : 305 M€ (343 M€ en 2012)

Site du Service Economique de Lima : http://www.tresor.economie.gouv.fr/…

Consulat de France : section consulaire de l’ambassade de France à Lima, consulats honoraires à Arequipa, Cuzco et Piura.
Communauté française au Pérou : 4100 inscrits (84 % à Lima).
Communauté péruvienne en France : estimée à 10 000 personnes

Politique intérieure

Institutions

  • Régime présidentiel (Constitution de 1993).
  • Pouvoir exécutif : Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Il ne peut pas constitutionnellement prétendre à un deuxième mandat consécutif. Le Président nomme les membres du gouvernement.
  • Pouvoir législatif : Congrès monocaméral de 130 membres élus pour 5 ans au scrutin de liste à la proportionnelle. Le Congrès ne peut être dissout par le président de la République qu’une seule fois par mandat présidentiel.
  • Pouvoir judiciaire : Cour suprême (un président et 18 juges).
  • Prochaines élections : élections générales (présidentielles et législatives) en 2016.

Partis politiques

  • Grande alliance nationaliste (Gana Perú) – gauche : Parti nationaliste péruvien (PNP) de M. Ollanta Humala, Parti communiste du Pérou, Parti socialiste et Parti socialiste révolutionnaire ;
  • Force sociale – gauche réformiste : parti de la maire de Lima (Susana Villaran)
  • Alliance Perú posible – centre : Perú posible (PP) de M. Alejandro Toledo et partis Action populaire et Somos Perú ;
  • Parti Apriste péruvien (APRA : Alliance populaire révolutionnaire américaine) – centre droit : parti de M. Alan García
  • Alliance pour le grand changement – centre droit : Parti populaire chrétien (PPC), Restauration nationale (églises évangéliques), Parti humaniste et Alliance pour le progrès ;
  • Alliance Solidarité nationale – droite : Solidarité nationale (SN) de M. Luis Castañeda, Union pour le Pérou, Toujours unis, Tous pour le Pérou et Changement 90.
  • Force 2011 : droite populaire / parti fujimoriste (APF), mené par Mme Keiko Fujimori (fille de l’ex-chef d’Etat).

Situation politique

Les élections générales du 10 avril 2011 ont mobilisé près de 84 % des électeurs péruviens, appelés à voter en même temps pour le premier tour des élections présidentielles le renouvellement du Congrès et pour leurs représentants nationaux au Parlement andin (le vote est obligatoire au Pérou).

À l’issue d’une campagne très disputée, les résultats des élections législatives ont donné 47 sièges à l’alliance nationaliste « Gana Pérou » conduite par le candidat de la gauche, Ollanta Humala, devant le parti de Keiko Fujimori (Fuerza 2011 : 38 sièges) et celui d’Alejandro Toledo (Perú posible, 21 sièges). Ils marquaient également l’effondrement des partis traditionnels, le plus ancien d’entre eux (1924), l’APRA (Alianza Popular Revolucionaria Americana), parti du Président sortant Alan García, n’obtenant que 4 sièges, alors qu’au centre-droit, l’« Alliance pour un grand changement » (Alianza por el Gran Cambio) et l’« Alliance solidarité nationale » (Alianza Solidaridad Nacional, centre-droit) obtenaient respectivement 12 et 8 sièges.

Le 5 juin 2011, Ollanta Humala remportait de justesse le deuxième tour de l’élection présidentielle, avec 51,5 % des voix, face à Keiko Fujimori, fille de l’ancien chef d’État Alberto Fujimori, actuellement en prison. L’appui massif des zones rurales a été déterminant pour la victoire de M. Humala, qui avait largement orienté sa campagne sur un programme de réformes des institutions et de l’administration, de lutte contre la pauvreté et d’un renforcement du rôle de l’État dans l’économie et les investissements.

19/10/2014

Elections a Cuba: comment ça marche ?

cuba-elecciones-press1.jpgLe 3 février 2013, les Cubains ont élu 612 représentants au parlement ainsi que 1270 représentants dans les conseils provinciaux. Tijs et Marc, deux participants du voyage d’ICS de juillet 2012, ont écrit un article sur le système électoral cubain.

Cuba ressemble à certains égards à notre démocratie: ainsi, il y a un parlement national, des conseils provinciaux et communaux et toutes les cinq années, il y a des élections. Mais il y a également quelques différences importantes.

L’Etat à zéro partis

Tout d’abord le rôle et la fonction d’un parti politique. Le parti communiste est l’épine dorsale de la révolution mais n’a en soi rien à voir avec les élections. Tout un chacun, qu’il soit membre ou non du parti, peut être candidat aux élections communales, même ceux qui ont des opinions dissidentes.

Le parti communiste ne présente aucun candidat et la loi stipule qu’il ne peut pas se mêler dans les affaires électorales. C’est la population du district électoral local qui présente et confirme ou non les candidatures. ‘Le principe que toute la population présente et élit des candidats nous met à la tête des pays démocratiques du monde.’ C’est ainsi que les listes sont constituées. Le vote même est secret, comme chez nous. Au moment des élections, Cuba est en d’autres termes un Etat à zéro partis.

Poursuivre l’unité
Un deuxième aspect important est la volonté d’atteindre l’unité et le consensus. ‘Je crois que la forme organisationnelle de la politique doit être axée sur l’unité, si possible.’ i  Au lieu de travailler avec un système majorité-opposition, on cherche une base aussi large que possible pour toutes les décisions.

Lorsqu’il s’agit de mesures importantes, les discussions pour atteindre ce consensus peuvent parfois durer un an. Et si ça ne marche pas, la mesure n’est pas adoptée. Ainsi, dans les années nonante, la proposition du gouvernement pour introduire un système d’impôt sur le revenu a été rayée à la suite d’une large consultation de la population.ii
Le fait de poursuivre le consensus implique que les opinions divergentes risquent d’être sous pression. C’est un danger réel, qui doit toutefois être mis dans le contexte de l’obsession de Washington d’en finir avec la révolution. Ignatius de Loyala l’a déjà dit: ‘Dans une citadelle assaillie, toute dissidence égale trahison’. iii

Des représentants issus du peuple, élus par et pour le peuple

Un troisième aspect est le lien très fort entre les élus et la population locale. Les districts électoraux consistent au maximum de deux mille électeurs.  L’élu est donc quelqu’un de tout près, dans la plupart des cas connu et directement abordable. Cela favorise l’implication directe dans le processus politique.

Les politiciens ne forment pas non plus une catégorie professionnelle à part. ‘Dans notre révolution, il n’existe pas de métier de politicien, parce que nous sommes tous des politiciens : du petit pionnier [élève cubain, ndlr] jusqu’à la personne âgée.iv  Un élu n’est pas payé pour son travail politique. Il continue à exercer son métier et en sera dispensé temporairement, si nécessaire.

Un politicien cubain ne peut donc pas se construire une position de pouvoir et il ne bénéficie pas non plus de privilèges. Une critique importante de Fidel sur la démocratie occidentale est le constat que la politique socio-économique est avant tout déterminée par les grandes entreprises, sans tenir compte des besoins de la population. Le gouvernement est en réalité le ‘gouvernement de l’oligarchie, par l’oligarchie et pour l’oligarchie’.v

Une réelle participation des citoyens

Un quatrième aspect est l’implication importante des citoyens. Les Cubains qui sont électeur sont impliqués dans la constitution des listes pour les élections communales. Cela se fait directement et localement. La constitution des listes des conseils provinciaux et du parlement national se fait dans des commissions électorales.
Celles-ci sont composées de plusieurs dizaines de milliers de représentants de différents mouvements sociaux: syndicat, organisations paysannes, association des femmes, organisations d’étudiants, comités de quartier, etc. Le syndicat préside ces commissions. Une large consultation populaire précède à la constitution des listes. Ce processus peut durer plusieurs mois.

Un million et demi de Cubains sont impliqués dans la préparation. Les élections provinciales et nationales même concluent ce processus intensif de consultation et demandent au peuple d’entériner le travail effectué. Les élections ne constituent d’ailleurs qu’un seul élément de la participation populaire. Au sein des organisations sociales, des conseils et du parti communiste, la population est consultée de manière permanente. A Cuba, il n’y a ‘pas de démocratie représentative’, c’est une démocratie ‘qui vit à travers la participation directe de sa population et ses problèmes sociaux’. vi

Pas de campagnes médiatiques

Un cinquième aspect est le rôle des médias et de la publicité. Chez nous, ils jouent souvent un rôle crucial. Le candidat qui est fort présent dans la publicité, qui a de bons liens avec les médias, qui présente bien à la télé ou, mieux encore, qui possède lui-même des parties importantes des médias (comme Berlusconi), a beaucoup plus de chances d’être élu.

A Cuba, la propagande des candidats se limite à une photo accompagnée d’un curriculum vitae. Les candidats peuvent prendre la parole à l’assemblée publique du district électoral local. Les campagnes personnelles ne sont pas autorisées.  Les représentants ne sont donc pas nécessairement des CC (Cubains connus).

Rendre des comptes devant le peuple

Une autre différence par rapport à notre système est la possibilité de destituer les élus: ‘ils n’exercent pas leur mandat sans le contrôle de leurs concitoyens’. vii Tous les six mois, la réunion de district peut leur demander des comptes et, le cas échéant, les démettre de leur fonction. Ce n’est pas qu’une théorie, cela se passe régulièrement.
Aussi, les listes de candidats au parlement sont constituées de telle manière que tous les secteurs de la société sont représentés: étudiants, ouvriers, paysans, scientifiques, infirmiers, médecins, sportifs, journalistes, artistes, intellectuels, militaires. Quelque trente pour cent des parlementaires n’est pas membre du parti communiste. Dans les conseils communaux, il s’agit de plus de la moitié. Le vote n’est pas obligatoire, mais la participation est très élevée, avec une moyenne de plus de 95%.

La démocratie directe à la Cubaine

Fidel est le dernier à prétendre que la démocratie cubaine est ‘parfaite’, mais pour lui, c’est le système le ‘plus adéquat’ dans les circonstances données du pays, et il a en tout cas ‘prouvé son efficacité’.viii  Mais surtout, il peut compter sur une large base, ‘si la révolution n’avait plus la majorité de la population, elle n’aurait pas pu tenir’. ix
Plusieurs sondages indépendants organisés en 1994 et en 1995, au moment le plus pénible de la crise économique, ont démontré que plus des trois quarts des Cubains s’identifient avec le système politique et que cinq pour cent seulement souhaite un autre système politique.x  Le Pentagone a dû constater pendant la même période qu’une grande majorité des Cubains continuaient à soutenir la direction révolutionnaire.

Pour Fidel, l’ultime critère est l’armement de la population. Dans le cadre d’une éventuelle agression militaire des USA, deux millions de Cubains ont accès à des armes.

Lorsque la défense est l’affaire du peuple entier et que les armes sont le privilège de toute la population, alors là on peut parler de démocratie. Que penser des unités spéciales de la police et des armées qui servent à mater le peuple lorsqu’il ne se soumet pas aux abus et aux injustices du système bourgeois, que ce soit dans les pays capitalistes du Tiers Monde ou dans un pays capitaliste développé.xi

Que se passerait-il en Europe même, si l’on y armait les ouvriers et les étudiants et si on armait les secteurs qui sont tout le temps confrontés à la répression lorsqu’ils demandent quelque chose, lorsqu’ils revendiquent quelque chose, lorsqu’ils se mobilisent pour quelque chose?xii

Notes

i  Borge T., op. cit., p. 113.

ii Vandepitte M., De gok van Fidel, p. 79-80.
iii Cité in Ramonet I., op. cit., p. 21.
iv Discurso, 2 décembre 1976.
v  Discurso, 24 décembre 1977.
vi Discurso, 26 juillet 1959.
vii Ibid.
viii Borge T., op. cit., p. 120 en 125.
ixBetto F., op. cit., p. 336.
x Dans la première enquête, 80% se déclare d’accord avec la forme de gouvernement. Machado D., ‘La Coyuntura Sociopolítica’ in Crítica de Nuestro Tiempo octobre-décembre 1995, 6-28, p. 25-27. Cette enquête est confirmée par un sondage de Gallup publié en 1994, où 76% des personnes interrogées se déclaraient contentes de leur vie quotidienne et 3% seulement indiquaient les questions politiques comme problème principal du pays. Chomsky N., Responsabilités des intellectuels, Marseille 1998, p. 147. Un dissident très connu comme Elizardo Sánchez admet qu’à cette époque, 80% de l’électorat soutient le régime. Lambie G., ‘Cuban Local Governement: Democracy through Participation or Political control?’ ECPR Conference Workshop, Bern 27 février - 4 mars 1997.
xi Discurso, 4 janvier 1989.
xii Borge T., op. cit., p. 127.

vert.: Hilde Meesters

09:58 Publié dans AL-Pays : Cuba, Politique, Société | Tags : cuba, élections | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg