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04/02/2025

Lettre ouverte de Gustavo Petro, président colombien, à Donald Trump

Colombie, Trump, Prsident

Lettre ouverte de Gustavo Petro, président colombien, à Donald Trump, qui a eu un énorme succès en Colombie et en Amérique Latine.
 
"Trump, je n'aime pas trop voyager aux États-Unis, c'est un peu ennuyeux. Mais j'avoue qu'il y a des choses louables. J'aime aller dans les quartiers noirs de Washington, où j'ai vu une bagarre entre noirs et latinos avec des barricades. Ce qui me semblait absurde, parce qu'ils devraient s'unir ensemble.
J'avoue que j'aime bien Walt Whitman, Paul Simon, Noam Chomsky et Henry Miller.
J'avoue que Sacco et Vanzetti, qui ont mon sang, sont mémorables dans l'histoire des USA et je les suis. Ils ont été, condamnés à la chaise électrique, assassinés par les dirigeants fascistes des USA.
Je n'aime pas votre pétrole, Trump. Vous allez anéantir l'espèce humaine à cause de votre avidité. Peut-être qu'un jour, autour d'un verre de whisky, que j'accepterais malgré ma gastrite, on pourra en parler franchement. Mais c'est difficile car vous me considérez comme une race inférieure. Ce que je ne suis pas, ni aucun colombien.
Donc, si vous connaissez quelqu'un qui est têtu, c'est moi. Point final. Vous pouvez essayer de réaliser un coup d'État contre moi, avec votre force économique et votre arrogance. Comme vous l'avez fait avec Salvador Allende, au Chili. Mais je mourrai sans peur. J'ai déjà résisté à la torture et je vous résisterai.
Je ne veux pas d'esclavagistes à côté de la Colombie. On en a eu beaucoup et on s'en est libérés. Ce que je souhaite, à côté de la Colombie, ce sont les amoureux de la liberté. Si vous ne pouvez pas m'accompagner sur ce terrain, nous vous quitterons. La Colombie est le cœur du monde et vous n'avez pas compris que, c'est la terre des papillons jaunes, de la beauté des Remedios, mais aussi des Aureliano Buendía (résistant du roman de "Cent ans de solitude" de Federico Garcia Marquez, figurant un personnage qui se lève contre l'oppression), dont je suis l'un des représentants, comme tous les colombiens.
Vous allez peut-être me tuer, mais je survivrai dans mon peuple, qui existait avant le vôtre, en Amérique. Nous sommes des peuples des vents, des montagnes, de la mer des Caraïbes et de la liberté.
Vous n'aimez pas notre liberté ?! OK, je ne vous serre pas la main car je ne serre pas la main des esclavagistes blancs. Je serre la main des héritiers libertaires blancs d'Abraham Lincoln et des fermiers noirs et blancs des États-Unis. Sur les tombes desquels j'ai pleuré et prié, sur un champ de bataille que j'ai atteint après avoir parcouru les montagnes de la Toscane italienne et après avoir été sauvé du Covid.
Ils sont les vrais États-Unis et devant eux je m'agenouille, mais devant personne d'autre.
Renversez-moi, Président Trump. Les Amériques, toutes entières, et l'humanité vous répondront.
La Colombie arrête maintenant de regarder vers le nord (ndr/ Les États-Unis), et regardera vers le monde. Notre sang vient de loin avec une longue histoire, du sang du califat de Cordoue, des latins romains, de la méditerranée, de la civilisation de cette époque, qui a fondé la République, la Démocratie à Athènes. Notre sang vient de la Résistance des noirs. Ces combattants sont devenus esclaves de votre fait. Mais la Colombie a été le premier territoire libre de l'Amérique, bien avant George Washington, de toute l'Amérique. Je me réfugie dans ses chants africains.
Ma terre est composée d'orfèvres qui travaillaient au temps des pharaons égyptiens et des premiers artistes au monde à Chiribiquete.
Vous ne nous gouvernerez jamais.
Le guerrier qui a chevauché nos terres en clamant la Liberté s'appelle Bolivar et s'oppose à vous.
Notre peuple est un peu craintif, un peu timide. Il est naïf et gentil, aimant, mais il saura comment gagner le canal de Panama, que vous nous avez pris avec violence. Deux cents héros de toute l'Amérique latine se trouvent à Bocas del Toro, le Panama d'aujourd'hui, anciennement Colombie, que vous avez assassiné.
Je lève un drapeau. Et, comme l'a dit Jorge Eliécer Gaitán, même s'il reste seul, il continuera d'être hissé avec la dignité latino-américaine qui est la dignité de l'Amérique. Ce que votre arrière grand-père ne connaissait pas, le mien l'a fait, monsieur le président.
Votre blocus ne me fait pas peur, car la Colombie, en plus d'être le pays de la beauté, est le cœur du monde. Je sais que vous aimez la beauté comme moi. Ne lui manquez pas de respect et donnez-lui votre douceur.
A partir d'aujourd'hui, la Colombie est ouverte au monde entier, avec les bras ouverts. Nous sommes des bâtisseurs de liberté, de vie et d'humain.
On m'informe que vous imposez un tarif de 50% sur les fruits de notre travail humain pour entrer aux États-Unis. Je fais de même : 50% sur tous vos produits.
Notre peuple plantera du maïs en Colombie et nous nourrirons le monde."
 
Gustavo Petro, président de la République de Colombie

20:05 Publié dans AL-Pays : Colombie, Politique | Tags : colombie, trump, prsident | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

27/12/2024

« Construire le socialisme à 150 kilomètres des États-Unis, voilà notre malheur, notre défi, notre fierté » : à Cuba le difficile quotidien face à la crise économique

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Pénuries, coupures d’eau et d’électricité, la Grande Île connaît les plus graves difficultés économiques de ces dernières décennies. Le blocus que subit la population depuis 1962 et les mesures de rétorsion prises par Donald Trump lors de son premier mandat impactent durablement les habitants qui parlent de solidarité, de craintes pour l’avenir et d’exil.

 

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Vinales, Playa Larga, Trinidad, Santa Clara, Soroa, La Havane (Cuba), correspondance particulière.

Près du bohio des charbonniers qui partagèrent avec Fidel Castro le premier réveillon de la révolution, un immense palmier, tout du long jeté à terre, tente de se redresser au « ciénaga » de Zapata. Derrière cette image exotique, Cuba vit veines ouvertes avec une économie effondrée. La société résiste, comme David, paysan à Vinales : « Il nous a fallu cinq siècles pour devenir les maîtres chez nous. Construire le socialisme à 150 kilomètres des États-Unis, voilà notre malheur, notre défi, notre fierté. »

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Le blocus creuse des plaies. Le plus long, le plus injuste, le plus cruel de l’histoire, qui a été maintenu en 2016, sous la présidence de Barack Obama, malgré le rétablissement des relations, aggravant l’étranglement financier de l’île. Il a été durci par son successeur, Donald Trump (243 mesures de plus pendant la pandémie), et les blessures sont désormais béantes : un change officiel de 120 pesos pour 1 euro, 320 pesos au marché noir, une forte inflation, de nombreuses coupures d’électricité et d’eau, un manque de combustible, de gaz et de pièces de rechange.

Les caisses sont vides

Entre deux pannes de courant, les familles cuisinent au charbon. Marcelo, un guide touristique, constate que « le blocus veut nous ramener à l’âge de pierre. Nous venons de réunir les assemblées des comptes rendus de mandat des députés. Là comme dans les réunions du parti, on entend que s’il faut retourner à la Sierra Maestra on y retournera ».

Un bateau de gaz domestique est resté à quai pendant quinze jours, car l’État n’avait pas les moyens de payer. Nelson, pédiatre à la polyclinique de Playa Larga, raconte : « Nous manquons de fil de suture, de pharmacie de base. Cuba produisait 80 % de ses médicaments. Depuis Trump, on ne peut plus importer de molécules. Nos patients mouraient, faute de respirateurs. Nourrir la population et créer les vaccins ont absorbé les réserves de l’État. Les caisses sont vides. »

Avant la pandémie, le panier de la libreta (une aide subventionnée pour tous les foyers) assurait chaque mois, à chacun, 3 kg de riz, 3 kg de cassonade, 2 kg de sucre blanc, 1 kg de haricots, 6 œufs, 1 litre d’huile pour trois personnes, du sel, du tabac, contre la somme de 300 pesos. Pendant l’épidémie s’y sont ajoutés des suppléments de riz, de haricots, des sardines. Début décembre, à Cienfuegos, à Pinar del Rio, à Trinidad, 1 kg de riz et 2 kg de sucre par personne avaient été livrés. La fourniture du litre de lait, pour chaque enfant jusqu’à ses 7 ans, accuse parfois plusieurs jours de retard.

Une autre source de frustration pour les Cubains provient des inégalités nées avec la création des micro, petites et moyennes entreprises (les Mipymes). Elles échappent au blocus, importent des produits pour le secteur touristique et la construction. Le gouvernement a accéléré leur création pour garantir l’arrivée de marchandises. Problème : sur le marché, tout ou presque est disponible, à des prix prohibitifs. Amado, vétéran du parti, explique : « Ce peuple est égalitaire et ne supporte pas les inégalités. Elles étaient gommées tant que l’État garantissait la subsistance, la santé, l’éducation, la culture. »

Au comité central du Parti communiste, la responsable du secteur Europe déclare : « Nous vivons dans une économie déformée, une économie de guerre. Nous prenons des mesures, toujours en urgence. Elles ne nous plaisent pas forcément, mais sont les seules possibles dans l’instant. Il faut sans cesse résoudre, prioriser, rectifier. »

De fréquents attroupements

Dans la presse, les tables rondes à la télévision, le débat est public. Chacun a son idée sur les dysfonctionnements., certains dénoncent « l’unification monétaire en pleine pandémie » ou avancent qu’« il aurait fallu construire des centrales thermiques et le parc photovoltaïque il y a vingt ans » . D’autres proposent d’« augmenter les travailleurs de l’État », « de prioriser le ramassage des ordures car cela affecte la santé et le moral » ou encore « de contrôler davantage les prix, de lutter contre la corruption et la bureaucratie ».

Parfois, des attroupements se forment. « Normal que le mécontentement s’exprime, souligne Anibal, qui entretient à Villa Clara une maison d’hôte. Militants et voisins se précipitent pour calmer, convaincre. Nous ne laisserons jamais la confusion s’installer. On y parvient toujours : les gens veulent plus de socialisme, pas un renversement du régime. »

Le plus frappant reste, visible partout et tout le temps, une énergie vitale pour résister au blocus et aux catastrophes naturelles, décuplées par les changements climatiques. « La situation est critique, reconnaît Gerardo, le chef du réseau d’espionnage Avispa (les cinq de Miami), aujourd’hui président des 238 000 CDR (comités de défense de la révolution). Ce n’est pas dans notre mentalité de subir, de s’asseoir pour se lamenter. Ce qui ne fonctionne pas, nous le réparerons. Personne ne viendra détruire nos conquêtes. »

À la réserve d’orchidées de Soroa, les jardiniers ont effacé les traces du dernier typhon. Ils avaient photographié les dégâts, les pylônes écroulés, aujourd’hui debout. Au jardin botanique de Cienfuegos, leurs collègues travaillent à la machette. Parmi eux, Niurka, la sous-directrice : « L’État ne fournit plus que 80 litres d’essence par mois au lieu de 1 200. La cantine est supprimée. On se serre les coudes, on s’entraide dans la famille, entre travailleurs. Nous nous sentons des grains de sable indispensables, à inventer chacun pour tenir. »

À chaque coupure électrique, les quelques maisons, munies de groupes électrogènes, ouvrent leurs portes aux voisins, venus tirer un fil, recharger le téléphone, réchauffer un plat. Alors que le salaire moyen ne dépasse pas 4 200 pesos (35 dollars), celui d’un enseignant 6 000, 10 000 pour un médecin, 2 500 pour un retraité, chacun vit d’un double emploi. Dans les maisons d’hôte, le gardien de nuit du samedi soir est instituteur ; le barman de l’hôtel, un médecin.

Chaque restaurant a son groupe de musiciens, beaucoup d’enseignants parmi eux. Alejandro, instituteur, affirme : « Dans notre éducation, pour résister, nous avons appris à tout faire. Chanter, c’est être heureux et rendre heureux. Nous chantons à la fin la chanson du Che. Manière de dire qui on est. Rien, personne, ne fera taire notre musique. »

Des départs dans chaque famille

Il existe une souffrance pudique que l’on interroge avec précaution car elle tire inévitablement des larmes. Oliviero : « Quand le dernier de ses amis d’enfance est parti, mon fils m’a dit : « Papa, moi je reste ! » » Dans la majorité des familles rencontrées, un enfant manque. Immigrés économiques, ils envoient colis, groupes électrogènes, devises. Éduqués par la révolution, ils sapent les bases des anticastristes de Floride. « Quand mes voisins reviennent, on s’embrasse et on partage une bouteille de rhum. » En représailles, cruauté du blocus, les États-Unis ont limité les envois de devises et les voyages à Cuba.

À la veille du 66e anniversaire de la révolution, avant le second mandat de Donald Trump, l’île rassemble ses forces. L’Assemblée nationale du pouvoir populaire a voté de nouvelles mesures de « rectification », annoncé des semailles en hausse, une progression du PIB en 2025 et la poursuite de la modernisation des lois. Après plusieurs réformes (économie, Constitution, famille, Code du travail) le débat public va s’ouvrir sur les droits de l’enfant.

Pendant le dernier comité central du Parti communiste, une enquête a révélé qu’une majorité de la population soutient la révolution et son gouvernement. Preuve que la confiance est réciproque, ce dernier en appelle encore et toujours au peuple. 

Le 20 décembre, derrière Raúl Castro, Miguel Diaz Canel, les dirigeants du parti et de l’État, une manifestation monstre de 700 000 personnes a envahi le Malecon de La Havane et l’ambassade des États-Unis pour dénoncer le blocus et réclamer le retrait du pays de la liste des États terroristes. Plus formidablement qu’un typhon.

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12:12 Publié dans ACTUSe-Vidéos, AL-Pays : Cuba, Politique, Société, USA | Tags : cuba, reportage | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

12/09/2024

Cuba : la solidarité ne peut plus attendre

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Par Charlotte Balavoine et Vincent Govelet, coordinateurs de la campagne de solidarité avec Cuba du PCF.

Il y a des crimes qui ne seront jamais sous le feu des projecteurs. Il y a des souffrances qu’on a intérêt à ne pas rapporter. C’est le cas pour Cuba. Le pays est victime, depuis 1960, du plus long blocus politique, économique et financier de l’histoire contemporaine. Loin d’être « un fantasme pour cacher les responsabilités du gouvernement cubain », comme l’affirment ses opposants, le blocus a des conséquences dramatiques pour la population et dans tous les secteurs de l’économie.

En un an, il aurait causé des dommages économiques estimés à 1 milliard de dollars dans le tourisme, 3 milliards pour le commerce extérieur, 467 millions pour l’industrie, 273 pour l’agriculture, 75,5 pour l’éducation, 202 pour les transports, 143 pour les biotechnologies et l’industrie pharmaceutique, 89 pour le BTP… Si la plupart des médias décident de le passer sous silence, ce n’est pas le fruit du hasard. Cuba est le seul pays à mettre en échec de façon continue l’impérialisme états-unien, et ce depuis 1959. Quand on nous vend le capitalisme comme fin de l’histoire, qu’un petit pays, proche des côtes de la Floride, refuse de se soumettre, c’est parfaitement insupportable pour l’Oncle Sam !

Depuis 1960 nous avons pris l’habitude de voir les Cubain·es résister, persévérer dans une voie socialiste singulière, maintenir à flot la révolution, réaliser des prouesses en matières éducatives ou médicales jusqu’à les exporter partout dans le monde. Nous avons pris l’habitude de nous dire que, si Cuba a survécu à la chute de l’URSS, alors elle tiendra bien quelques années de plus. Le temps… qu’on trouve le temps de s’y intéresser de nouveau.

Oui mais voilà : Cuba seule ne peut pas tout ! Le vieux pari de l’administration états-unienne d’étrangler le peuple jusqu’à ce qu’il se soumette… ou qu’il crève, n’a jamais été aussi proche du but ! Aujourd’hui le blocus touche aux besoins les plus vitaux : se procurer de l’insuline pour soigner le diabète, du lait en poudre pour les enfants, des seringues pour vacciner la population face aux pandémies… Jamais Cuba ne fera la une des médias parce que les États-Unis ont intérêt à continuer de mener leur politique meurtrière en silence !

Alors à nous d’imposer le thème dans le débat public ! À la Fête de l’Humanité sera organisée une collecte de médicaments et de matériel médical sur plusieurs stands du PCF. Tout le monde peut y participer. Il nous faut aussi créer des comités de campagne dans chaque département. Être plus forts, plus nombreux, meilleurs dans notre communication, mieux organisés dans la solidarité. Faire connaître la réalité de Cuba.

Si demain la Révolution cubaine venait à être défaite, ce n’est pas juste un peuple des Caraïbes qui en subirait les conséquences. C’est notre capacité commune à lutter contre l’impérialisme et à construire un monde meilleur qui serait entachée. Alors aujourd’hui plus que jamais : soyons solidaires de Cuba !

19:29 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, France, Point de vue, Politique | Tags : cuba, solidarité | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

18/11/2023

Cuba : « Les sanctions américaines impactent aussi les acteurs économiques français »

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Alors que les mesures unilatérales imposées par Washington à Cuba viennent d’être à nouveau dénoncées à l’ONU par l’écrasante majorité de la communauté internationale, des juristes ont organisé, vendredi 17 novembre, au Parlement européen, un Tribunal international contre le blocus.

Convoqué par des juristes, un Tribunal ad hoc a entendu vendredi 17 novembre des acteurs de la solidarité avec Cuba. Au-delà de l’impact du blocus sur l’île, les participants ont aussi pointé du doigt les conséquences du côté européen de l’application extraterritoriale de la loi Helms-Burton, qui entrave toute relation commerciale. Entretien avec Victor Fernández, président de l’association Cuba coopération, structure créée en 1995 pour développer les liens culturels, scientifiques et économiques entre la France et Cuba.

Dans quelle mesure le blocus et les sanctions imposées à Cuba entravent le travail de votre association ?

En trente ans nous avons développé plus de 150 projets de collaboration avec nos partenaires cubains, menés dans le cadre de la coopération décentralisée française. Ces projets s’inscrivent principalement dans les domaines de la culture, des transports, des infrastructures, ainsi que du développement économique local, parfois en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement.

Les mesures unilatérales imposées par les États-Unis représentent de réels obstacles à nos activités car tout ce qui touche aux transferts de fonds devient extrêmement complexe, que ce soit pour des campagnes de solidarité ou pour le paiement d’achats en vue de la mise en œuvre de projets.

Comment cela se manifeste-t-il concrètement ?

De nombreuses entreprises refusent de nous vendre des certains produits dès qu’elles apprennent qu’ils seront envoyés à Cuba, par exemple s’agissant d’équipements dans le domaine de la santé, des systèmes hydrauliques, etc.

L’argument pour expliquer le refus est toujours le même : nous ne pouvons rien fournir à ce pays ! Ou alors on nous impose des tarifs bien supérieurs à ceux du marché ce qui réduit notre capacité à mettre en œuvre nos projets.

Un autre problème récurent : le non-respect des délais de livraison des conteneurs destinés à l’île, avec souvent plus de deux mois de retard. Des délais justifiés par l’absence de lignes maritimes directes.

Autre énorme problème : il devient de plus en plus difficile de trouver des banques qui acceptent d’effectuer des virements vers Cuba, même s’agissant de projets de coopération réalisés main dans la main avec des institutions publiques françaises. Nous essuyons aussi l’abandon de certains partenaires en raison du risque de sanctions qu’ils encourent. Les institutions financières subissent des pressions.

Cette situation s’est-elle aggravée avec l’annonce par les États-Unis du rétablissement des sanctions extraterritoriales ?

Oui, tout a empiré à partir de 2019 : les principales banques françaises et européennes ont refusé toute activité économique avec Cuba. En France, les banque Wormser Hermanos et la Banque populaire Rives de Paris ont clôturé nos comptes. La BNP refuse aussi toute participation.

Plusieurs projets ont été affectés, d’autres ont dû être abandonnés. Dans le domaine agricole, un projet d’importation de fruits provenant de Cuba est tombé à l’eau. Un important projet ferroviaire soutenu par l’Agence française de développement – pourtant un établissement public rattaché à l’État – a été annulé en raison du rétablissement de l’article III de la loi Helms-Burton.1

En mars dernier, le SIAAP (service public d’assainissement de l’eau de la région parisienne) a dû mettre fin à un accord de coopération avec l’Institut national des ressources hydrauliques de Cuba (INRH) qui fonctionnait depuis 1996.

Il s’agissait pourtant d’un partenariat aux résultats probants et même exemplaire au vu du volume financier engagé et de la durée du programme : c’était une référence nationale en matière de coopération décentralisée. Le blocus a ainsi provoqué la fin de la plus longue et la plus importante coopération d’un service public français avec Cuba.

Source l'Humanité

Diego DIAZNombre de pages : 13220 €
Format(s) : Papier EPUB PDF

 

11:03 Publié dans AL-Pays : Cuba, Politique | Tags : cuba, tribunal parlement européen | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg