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02/08/2021

Attentat contre l’ambassade de Cuba à Paris : tous concernés

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Paris, le 27 juillet 2021
cuba,attentat,parisCette nuit, un attentat a été perpétré contre l’ambassade de Cuba, située à Paris. Un début d’incendie vite circonscrit a menacé le bâtiment dans lequel loge le personnel diplomatique, des enfants et leurs parents. Le pire a été évité.
 
Voilà 60 ans que Cuba est sous embargo américain, 30 ans que ce blocus (bloqueo en espagnol) est de plus en plus contraignant.
 
Sous l’administration Trump, 243 mesures contre Cuba et tous ceux qui ont un lien avec ce pays ont été prises. Une tous les trois jours de mandat de Trump !
Cet embargo est unanimement condamné chaque année depuis 30 ans aux Nations Unies, seuls les États-Unis et Israël votent contre.
 
Ce blocus a pour conséquence d’affamer le peuple cubain, à qui je pense en premier. Pire encore il bloque l’aide humanitaire et les moyens médicaux pour que Cuba puisse lutter efficacement contre la pandémie COVID19.
 
Nul ne doit se tromper, une campagne de déstabilisation a été initiée par les États-Unis et l’administration Biden cautionne ces actes, voire les encourage. Les États-Unis, n’ont qu’une volonté : poursuivre la doctrine Monroe, initié voilà plus d’un siècle, doctrine qui ambitionne de contrôler l’Amérique Latine, à commencer par Cuba.
 
Nul ne doit ignorer que cet objectif se fait au détriment de la souveraineté nationale, trop souvent contre l’intérêt des peuples.
Nul ne peut se croire à l’abri de cette hégémonie américaine à commencer par la France et l’Europe.
 
Rappelons que les lois extra-territoriales américaines, en œuvre depuis près de 30 ans, ont eu un coût total d’environ 100 milliards sur le budget de la France, sur l’épargne des Français, sur les entreprises françaises. 100 milliards d’euros c’est l’équivalent du plan de relance de 2020.
 
La réalité aujourd’hui, est que sous couvert de volonté démocratique, les États-Unis, qui ont détenu pendant plus de 20 ans des prisonniers politiques sur l’ile de Cuba, à Guantanamo, cherchent à écraser les projets politiques qui diffèrent des leurs et dans le même temps à imposer une guerre économique à l’Union Européenne.
 
« Lâcher aujourd’hui Cuba, c’est demain se retrouver dans le collimateur des Etats-Unis qui nous imposeront leur monde. A l’heure de l’urgence climatique et écologique, nous devons au contraire retrouver l’esprit de la COP21, celui de la Fraternité des peuples face aux périls naturels qui menacent tout simplement la vie humaine sur cette planète.
 
C’est le sens de la proposition de résolution que j’ai initiée, cosignée par une quarantaine de députés (1), pour la levée immédiate de l’embargo contre Cuba, afin de permettre à ce pays de produire des centaines de millions de vaccins contre la COIVD19. Ne nous trompons pas de combat ! » conclut le député FM Lambert.
(1) - FrançoisMichel LAMBERT, JeanFélix ACQUAVIVA, MarieNoëlle BATTISTEL, Gisèle BIÉMOURET, JeanYves BONY, MarieGeorge BUFFET, Annie CHAPELIER, André CHASSAIGNE, JeanMichel CLÉMENT, Éric COQUEREL, Jennifer DE TEMMERMAN, Frédérique DUMAS, JeanJacques FERRARA, Hubert JULIENLAFERRIÈRE, Sébastien JUMEL, Stéphanie KERBARH, Mustapha LAABID, Jérôme LAMBERT, Michel LARIVE, Jean LASSALLE, Nicole LE PEIH, JeanPaul LECOQ, Josette MANIN, Max MATHIASIN, Jean François MBAYE, Monica MICHELBRASSART, Paul MOLAC, Sébastien NADOT, JeanPhilippe NILOR, Danièle OBONO, Xavier PALUSZKIEWICZ, Bertrand PANCHER, Maud PETIT, Loïc PRUD’HOMME, Richard RAMOS, Muriel RESSIGUIER, Fabien ROUSSEL, Sabine RUBIN, Gabriel SERVILLE, Sira SYLLA, Aurélien TACHÉ, Stéphane VIRY,

députés.

18:56 Publié dans AL-Pays : Cuba, Politique | Tags : cuba, attentat, paris | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

04/08/2020

Guyana : l'opposition proclamée gagnante des législatives cinq mois après le scrutin

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L'opposant Irfaan Ali, candidat à la présidentielle du Parti progressiste du peuple (PPP), a remporté les élections législatives au Guyana, a annoncé dimanche la Commission électorale cinq mois après la tenue de ce scrutin très contesté dans la petite nation sud-américaine.

Le nouveau président de gauche, Mohamed Irfaan Ali, évince ainsi le social-libéral David Granger, au pouvoir depuis 2015. L’ancien chef d’État était au cœur d’un scandale politique depuis deux ans, accusé d’avoir « bradé les intérêts pétroliers » de ce pays frontalier avec le Venezuela, le Brésil et le Suriname. Le parti de Granger conteste par ailleurs les résultats des élections de dimanche, soupçonnant une fraude électorale alors que l’opposition gagne avec une faible marge de 3 %, soit 15 000 voix.

Néanmoins, les observateurs internationaux se rangent derrière les résultats officiels donnant la victoire à Ali. Si l’ancien président entend « défendre le vote des Guyaniens » devant un tribunal et contester encore une fois le résultat, il a appelé ses partisans au calme face aux craintes de la population de voir des violences éclater.

Tensions entre communautés

La victoire a été célébrée discrètement du côté des partisans de gauche, craignant de raviver les tensions raciales entre les communautés du Guyana. La répartition politique du pays reflète presque à l’identique la binarité ethnique : Granger était majoritairement soutenu par la communauté noire, et Ali par la communauté sud-asiatique. Les tensions entre les deux sont grandissantes depuis les élections générales de mars, suivies par un recomptage des voix de 100 jours et de multiples accusations de fraudes et de corruptions. Dimanche, le comité électoral a finalement déclaré Ali vainqueur.

À 40 ans, Ali prendra donc la tête d’un pays avec une impressionnante croissance économique grâce à ses ressources pétrolières.

Responsable d’une exploitation produisant 52 000 barils par jour, l’avenir politique du pays était surveillé de près par les puissances régionales comme le Canada, les États-Unis et la Communauté Caribéenne. Mais le Guyana doit aussi faire face à la crise du coronavirus, qui frappe durement l’Amérique latine, et plonge ses commerces dans une impasse économique.

Ceux-ci subissent le retrait de leurs partenaires internationaux et le refus de prêts des banques. Depuis cinq mois, les Guyaniens ont perdu leurs emplois, et les services publics ont été réduits au minimum faute d’un budget national approuvé par le gouvernement. L’élection de Ali apporte aux habitants l’espoir de sortir de cette double situation de crise et un tant attendu retour à la normale.

Les deux camps avaient initialement revendiqué la victoire et s'en étaient suivis cinq mois de tensions et d'accusations de fraudes dans ce petit pays de 800.000 habitants riche en hydrocarbures.
M. Granger, 74 ans, a fait savoir dimanche que des plaintes pour fraudes électorales et autres irrégularités seraient déposées auprès de la Haute Cour du pays.

M. Ali, 40 ans, a occupé diverses fonctions publiques dont celle de ministre du Logement, de l'Eau et du Tourisme jusqu'en 2015, date à laquelle son parti a perdu les élections.
Le futur gouvernement de ce membre du Commonwealth, frontalier avec le Venezuela, le Brésil et le Suriname, devra gérer la manne pétrolière tirée de l'exploitation de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.

GUYANA CARTE D'IDENTITE

carte guyana.gifGuyana signifie « terre d'eaux abondantes » dans la langue arawak. Le pays est caractérisé par ses vastes forêts tropicales disséquées par les nombreux fleuves, criques et chutes d'eau, notamment les chutes de Kaieteur sur le fleuve Potaro. Les tepuys du Guyana sont célèbres pour avoir inspiré le roman d'Arthur Conan Doyle Le Monde perdu, en 1912.

La capitale du Guyana, Georgetown, est située sur la côte atlantique et compte environ 245 000 habitants.

Lorsque les premiers Européens sont arrivés dans la région autour de 1500, le Guyana était habité par les Arawaks, les tribus du peuple Caraïbe et d'Amérindiens. Bien que le Guyana ait été aperçu pour la première fois par Christophe Colomb pendant son troisième voyage (en 1498), il n'a pas été colonisé par les Européens avant que les Néerlandais n'y établissent en 1616 trois colonies séparées ; Essequibo (1616), Berbice (1627), et Demerara (1752). Le commandement fut assumé par les Britanniques vers la fin du XVIIIe siècle et les Néerlandais ont formellement cédé le territoire en 1814. En 1831, les trois territoires sont devenus une seule et même colonie britannique connue sous le nom de Guyane britannique.

En 1953, une nouvelle constitution établit le suffrage universel. Les élections d' donnent une majorité au People's Progressive Party, jugé trop à gauche par le Bureau des Colonies. Parmi les premières lois du nouveau gouvernement figure l'obligation pour les entreprises de reconnaître le droit syndical. Des troupes sont envoyées et la Constitution est suspendue. Le Colonial Office justifie cette décision en déclarant que « le gouvernement britannique a décidé que la Constitution du Guyana devait être suspendue pour prévenir la subversion communiste du gouvernement et une crise dangereuses dans l'ordre public et les affaires économiques »4.

En 1963, le gouvernement progressiste du « ministre en chef » Cheddi Jagan résiste à une tentative de coup d’État qui laisse 170 morts5. La Guyane britannique accède finalement à l'indépendance en 1966 sous le nom de Guyana. En 1974 est créée la communauté Jonestown, à une dizaine de kilomètres de Port-Kaituma par le révérend Jim Jones. Cette communauté de la secte du Temple du Peuple rentre dans l'histoire le par le suicide collectif de 914 personnes dont 276 enfants.

19:11 Publié dans AL-Pays : Guyana, Politique | Tags : guyana, présidentielle | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

31/10/2019

L'Amérique latine au coeur

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roussel Bourges500.jpgPar Fabien Roussel Secrétaire national du PCF, député du Nord

«Elles s’ouvriront à nouveau, un jour, les longues avenues, devant les hommes libres qui construiront un monde nouveau. »

En regardant ces derniers jours les images des manifestations au Chili, le dernier message du président Allende adressé à son peuple depuis la Moneda bombardée résonne dans ma mémoire.

Chili, Équateur, Haïti, Argentine, Colombie, Honduras, Brésil, Costa Rica, partout les peuples se lèvent et leur clameur s’élève, des Andes jusqu’au Rio de la Plata : « Dehors le FMI et les gouvernements corrompus, bas les pattes mister Trump ! »

À Cuba ou au Venezuela, d’autres défendent avec leur gouvernement des projets de société fondés sur la justice sociale, la paix, et d’entente, malgré les violentes tentatives d’étouffement conduites par l’impérialisme états-unien et les institutions financières.

Les manifestations redessinent le visage de « Nuestra América », l’Amérique de Bolivar et de José Marti, une Amérique indienne, métisse, blanche et noire, en bloc insurgée.
Un grand espoir se lève : le Chili chante et danse la cueca face aux militaires.

En Amérique latine, 17 millions de femmes et d’hommes, surtout des enfants, vivent dans l’extrême pauvreté. Les politiques d’austérité, les fonds vautours, pillent, rançonnent, tandis que les multinationales font ventre de tout : santé, éducation, transports, eau, électricité, richesses minières. Avec la complicité de gouvernants corrompus. Cela ne suffit pas.

Pour faire payer aux plus pauvres la crise, le Fonds monétaire international (FMI) impose de nouveaux tours de vis, tandis que les gouvernants déclarent la guerre aux peuples. À Santiago, Quito, Tegucigalpa, Port-au-Prince, l’armée n’intimide plus. En Uruguay, la rue s’oppose au projet de la droite d’autoriser l’armée à maintenir « l’ordre intérieur ».

Dimanche, les électeurs ont placé en tête de l’élection Daniel Martinez, du Front large, qui confirme sa place de première force politique du pays.
Les rétropédalages des gouvernants n’éteignent pas la révolte. En Équateur, le gouvernement a annulé les mesures qui avaient déclenché la marche indigène sur Quito suivie d’une chasse aux militants syndicaux et associatifs.

Au Chili, après l’historique mobilisation populaire du 25 octobre, le président Piñera a fait démissionner plusieurs de ses ministres dans une opération de maquillage, envisage la levée de l’état d’urgence et le retrait des militaires actuellement dans les rues. L’arrivée ce lundi d’une mission du comité des droits de l’homme de l’ONU n’est pas étrangère à ces décisions.

Au Honduras, les manifestants exigent la destitution du président Hernandez dont le frère, narcotrafiquant, vient d’être jugé à New York. Depuis juin, à Haïti, pays des « morts sans importance », le peuple réclame le départ du président Jovenel dont le clan corrompu a empoché l’aide accordée par le Venezuela.

En Argentine, le président Macri a plongé le pays dans une crise ravageuse comparable à celle de 2010. Il vient d’être sévèrement battu par Alberto Fernandez et Cristina Kirchner.

Usa Amerique Latine.jpgEn Colombie, « le pays où vit la mort », des centaines de militants sociaux ont été assassinés ces derniers mois. Le président, homme lige des États-Unis dans l’agression contre le Venezuela, a enregistré, dimanche, une nette défaite aux élections régionales et municipales.
Les coups d’État « institutionnels » ont de plus en plus de mal à fonctionner.

Au Brésil, le complot ourdi pour destituer Dilma Rousseff et jeter Lula en prison est éventé, la plupart de ses instigateurs poursuivis pour corruption. Comme au Venezuela, en Bolivie, la tentative de la droite de contester la réélection du président Evo Morales se heurte à la détermination du mouvement social. « Ils ont les armes mais nous avons la force de nos peuples », a déclaré le président de Cuba, Miguel Diaz Canel, devant les « non-alignés » réunis en Azerbaïdjan. La preuve par Cuba, sur la ligne de front depuis soixante ans, que l’empire nord-américain étrangle chaque jour un peu plus.

Chaque semaine, une nouvelle mesure renforce le blocus. Isoler, affamer, désespérer, l’administration Trump ne recule devant rien, ne respecte rien, ni l’ONU, ni les règles de l’OMC, aucun traité international. Les gouvernants européens protestent timidement parfois mais laissent faire. Nous en appelons à la force des peuples, en premier lieu au nôtre, pour faire entendre le souffle de la solidarité

12:47 Publié dans Actualités, Amérique Latine, Politique, USA | Tags : amérique latine, pcf, fabien roussel | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

12/05/2019

Aziza Brahim : le poing et la voix pour défendre la cause du Sahara

Sahara Occidental, Maroc, Aziza Brahim, musique, Front Polisario, Blues du Désert

Aziza Brahim : la chanteuse voix du Sahara Occidental.

Aziza Brahim est une chanteuse Sarahoui. Elle est née il y a quarante ans dans un camp de réfugiés du Sahara occidental de la région de Tindouff en Algérie, où sa mère a fui l’occupation marocaine du Sahara Occidental. En raison de la guerre d’occupation du Sahara Occidental, elle n’a jamais connue son père.

L’artiste qui est une des Voix de la résistance sarahouie est également un symbole de l’aide apportée par Cuba Socialiste aux peuples africains en lutte, ayant bénéficié d’une bourse d’étude de la part de la Havane.

AZIZA BRAHIM. LE POING ET LA VOIX

Laura Hunter

(…) Pour Aziza Brahim, la musique a d’abord été un refuge, une manière de survivre dans les camps de réfugiés, un moyen de transmuter les maux subis.

«Les femmes chantaient tout le temps dans ma famille, surtout le vendredi pour les chants spirituels. Je tapais des mains et j’ai appris comme ça à jouer du tabal. Dès que j’ai eu six ou sept ans, ma grand-mère m’a emmenée à ses récitals de poésie. Nous n’avions pas de jouets, alors la musique devenait un jeu», raconte-t-elle.

Née en 1976 et élevée avec ses neuf frères et sœurs dans un camp algérien où sa mère, fuyant l’occupation marocaine du Sahara occidental un an auparavant, s’était installée, ­Aziza Brahim a connu l’exil à plusieurs reprises. Qui de mieux que cette femme pour chanter les souffrances et les ­aspirations du peuple sahraoui, voire de tous les déplacés?Des dunes aux Caraïbes

Cuba point d’appui de l’Afrique qui lutte

Alors âgée de 11 ans, Aziza Brahim ­reçoit une bourse pour étudier à Cuba, comme de nombreux étudiants sahraouis et africains de l’époque. Elle s’en souvient avec émotion:

«Cuba a aidé beaucoup de peuples africains en lutte. Le pays a été une pièce clé du ­combat sahraoui, en permettant à de nombreux jeunes de notre peuple de s’y former scolairement et professionnellement. Beaucoup de médecins cubains venaient aussi nous soigner dans les camps.»

Pour la chanteuse, Cuba est une deuxième patrie.

«J’y ai passé plus de temps que dans mon propre pays… dont je n’ai jamais foulé le sol! Ce n’était pas toujours facile à Cuba, car j’y ai vécu en pleine ‘période spéciale’ (crise économique du début des années 1990, consécutive à l’effondrement de l’Union ­soviétique, ndlr), mais le peuple cubain nous a chaleureusement accueillis. Et nous aussi avons soutenu leur révolution», souligne la militante.

(…)

La musique expression pour la lutte

Insoumise, elle retourne dans les camps de réfugiés en 1995, où elle se met à composer ses propres thèmes et se fait connaître peu à peu, avant de s’installer en Espagne en 2000.

«Pour moi, la musique est la plus puissante des influences. Elle me fait vibrer, c’est une condition de lutte. C’est le vecteur le plus direct et efficace pour partager les douleurs, les luttes et les ­espoirs. Cela me permet également de soigner mes cicatrices, en les transcendant et en transmettant mon expérience dans les camps de réfugiés, qui est vécue par énormément de personnes dans le monde à l’heure actuelle… Ma musique parle de tout ça», confie-t-elle.

Son ­dernier album, Abbar el Hamada («A travers la Hamada», terme qui désigne un plateau du désert), est un vibrant appel à «détruire les murs qui séparent les peuples», plus particulièrement les fortifications de sable érigées par les autorités marocaines aux confins du Sahara occidental pour empêcher les Sahraouis exilés de revenir sur leur terre.

Ambassadrice

Interrogée sur ses influences, Aziza Brahim parle de musique africaine et arabe avant tout. Elle évoque Ali Farka Touré, «le plus grand artiste africain selon moi», Salif Keita, Rokia Traoré, Miriam Makeba, mais aussi Los Van Van (Cuba), le rock de Jimi Hendrix, Queen, Pink Floyd et le blues étasunien, avec en tête Big Mama Thornton. Son œuvre se révèle à la hauteur de cet éclectisme, des échos du désert de la chanson «Calles de Dajla» (les rues de Dakhla), aux accents afro-cubains de «La Cordillera negra» (la cordillère noire), deux titres de son dernier album.

Comparée par certains à Billie Holiday, l’artiste ne cache pas ses opinions ­politiques. «Une grande partie de ma musique vise à donner de la visibilité aux revendications de mon peuple, qui me considère de fait un peu comme une ambassadrice. Je le sens comme un ­devoir, mais aussi comme une chance et un bonheur.» Ambassadrice de son peuple, Aziza Brahim l’est aussi particulièrement des femmes sahraouies, qui occupent une place importante dans son œuvre.

«Notre société est matriarcale, ce sont les femmes qui portent la culotte. Quand j’étais enfant, dans les camps, il n’y avait pas d’hommes. Ils étaient tous au front pour combattre les troupes marocaines. Les femmes faisaient tout, elles organisaient le campement, l’approvisionnement, l’hygiène, les soins, les traditions, la nourriture, la construction d’écoles, d’hôpitaux… Les femmes sahraouies sont un symbole de lutte constante, de détermination, de capacités et de courage. Elles sont pour moi un exemple à suivre.»

Un héritage qu’Aziza Brahim honore à merveille. Et tandis que 2016 touche à sa fin, elle trône au sommet des World ­Music Charts Europe, classement établi sur la base des playlists des stations de ­radio de 24 pays européens.

Aziza Brahim, Abbar el Hamada, Glitterbeat ­Records, 2016, distr. Irascible.

Source : Iniciative Communiste

www.initiative-communiste.fr vous propose une sélection d’extrait de l’article que lui ont consacré nos confrères du journal suisse Le Courrier qui ont pu la rencontrer à Genève