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18/04/2016

Brésil/Dilma Rousseff : Le PCF condamne le coup d'Etat institutionnel en cours

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Avec la décision prise par une commission parlementaire dominée par la droite, la procédure en faveur d'une destitution de la présidente Dilma Rousseff est lancée. Il s'agit d'une nouvelle étape dans l'offensive lancée par la droite avec le soutien des grandes organisations patronales de l'agro-business et de l'industrie, dès les premières heures qui ont suivi la réélection de la présidente brésilienne.

Cette fois-ci, Dilma Rousseff est menacée de destitution sous prétexte d'avoir manipulé les comptes du budget. En réalité, elle n'a fait que s'assurer de la continuité des programmes sociaux qui bénéficient à des millions de personnes par des aides financières et l'accès à la santé et à l'éducation.

Dilma Rousseff est accusée, par ceux qui se sont toujours opposés à ces politiques de combat contre la pauvreté, de « mettre en danger l'équilibre des comptes publics et la santé financière du pays ».

Ceux qui agissent en faveur de la destitution de la présidente brésilienne sont les mêmes qui se sont opposés aux mesures proposées par la gauche pour réformer le système politique et pour mettre fin au financement des partis et des campagnes électorales par les entreprises privées.

La droite qui a été battue aux présidentielles de 2014 a pu se renforcer aux législatives. Ellea pu faire voter des mesures qui renforcent le recours à la sous-traitance et à la précarisation. Elle a imposé des limites à la politique de lutte contre le travail forcé menée par la gauche. Elle s'est attaquée aux droits des femmes et a pris des initiatives homophobes. C'est elle, cette même droite qui tente tout pour faire tomber Dilma Rousseff qui représente un obstacle majeur à ses projets de restauration conservatrice.

Le PCF dénonce le caractère politique du procès entamé contre la présidente Dilma Rousseff par une opposition illégitime pour l'accuser de corruption. Le président de la Chambre Eduardo Cunha, qui a demandé la destitution de la présidente, est lui même accusé d'avoir fait des placements dans cinq comptes en Suisse et son nom est évoqué dans l'affaire des « Panama papers ». Plus de la moitié des membres de la commission spéciale qui vient de voter en faveur de la procédure de destitution est aussi soupçonnée ou poursuivie pour des cas de corruption ainsi que des dizaines des députés qui prétendent juger la présidente brésilienne.

L'attitude des médias qui font de ces affaires un spectacle déplorable est aussi condamnable comme l'est le comportement d'une bonne partie de l'appareil judiciaire qui cible de manière sélective les militants de la gauche.

Le PCF, solidaire des militants du Parti des travailleurs et de l'ensemble de la gauche brésilienne condamne la tentative en cours de mise en place d'un véritable coup d’État qui ne dit pas son nom.

La droite utilise aujourd'hui au Brésil les mêmes procédés qui ont conduit aux coups d’État institutionnels contre le président Fernando Lugo au Paraguay en 2012, et contre José Manuel Celaya en Honduras en 2009.

 

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29/03/2016

LE FRERE D'OBAMA

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Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit. Nos efforts seront légaux et pacifiques, parce que tel est notre engagement envers la paix et la fraternité de tous les êtres humains qui vivons sur cette planète

Les rois d’Espagne nous ont amenés les conquistadors et les propriétaires, dont les traces sont restées empreintes dans les parcelles de terre circulaires assignées aux chercheurs d’or dans les sables des rivières, une forme abusive et honteuse d’exploitation dont on peut apercevoir encore les vestiges depuis les airs dans de nombreux endroits du pays.

Le tourisme, aujourd’hui, consiste en grande partie à montrer les délices des paysages et à savourer les mets exquis de nos mers, à condition de les partager avec le capital privé des grandes sociétés étrangères, dont les recettes ne méritent aucune attention si elles ne se chiffrent pas par milliards de dollars per capita.

Puisque je me suis vu obligé de mentionner le sujet, je me dois d’ajouter, notamment à l’attention des jeunes, que rares sont ceux qui se rendent compte de l’importance d’une telle condition en ce moment singulier de l’histoire humaine. Je n’irai pas jusqu’à dire que le temps a été perdu, mais je n’hésite pas à affirmer que nous ne sommes pas suffisamment informés, ni vous, ni nous, des connaissances, de la prise de conscience qu’il nous faudrait pour relever les défis de la réalité. La première chose à prendre en compte, c’est que nos vies sont une fraction de seconde au regard de l’Histoire, qu’il faut aussi partager les besoins vitaux de tout être humain. Une des particularités de celui-ci réside dans la tendance à la surévaluation de son rôle, ce qui contraste par ailleurs avec le nombre extraordinaire de personnes qui incarnent les rêves les plus élevés.

Personne, cependant n’est bon ni mauvais en soi. Aucun d’entre nous n’est préparé au rôle qu’il est appelé à assumer dans la société révolutionnaire. En partie, nous, les Cubains, avons eu le privilège de compter sur l’exemple de José Marti. Je me demande même s’il aurait dû mourir ou pas à Dos Rios, lorsqu’il dit « Pour moi, il est temps », et qu’il chargea les forces espagnoles retranchées derrière une solide ligne de feu. Il ne voulait pas retourner aux États-Unis et personne n’aurait pu l’en obliger. Quelqu’un arracha quelques feuilles de son journal. Qui a bien pu commettre cette faute perfide, si ce n’est sans aucun doute un intrigant sans scrupules ? On connaît les divergences qu’il y avait entre les Chefs, mais jamais d’indisciplines.

« Quiconque tentera de s’emparer de Cuba ne recueillera que la poussière de son sol baigné de sang, s’il ne périt pas dans la bataille ! », s’était écrié le glorieux leader noir Antonio Maceo. Maximo Gomez est également reconnu comme le chef militaire le plus discipliné et discret de notre histoire.

Vu sous un autre angle, comment ne pas être saisi d’admiration devant l’indignation de Bonifacio Byrne lorsque, depuis l’embarcation lointaine qui le ramenait à Cuba, ayant aperçu un autre drapeau à côté de la bannière de l’étoile solitaire, déclara : « Mon drapeau est celui qui n’a jamais été mercenaire… », avant d’ajouter aussitôt l’une des plus belles phrases qu’il m’ait été donné d’entendre : « Si un jour mon drapeau est déchiré en petits morceaux / nos morts levant les bras / sauront encore le défendre ! » Jamais je n’oublierai non plus les paroles enflammées de Camilo Cienfuegos ce soir-là, lorsqu’à plusieurs dizaine de mètres des bazookas et des mitrailleuses d’origine nord-américaine aux mains de contre-révolutionnaires, était braquées sur la terrasse où nous étions. Obama était né en août 1961, comme il l’a lui-même expliqué. Plus d’un demi-siècle devait s’écouler depuis ce moment-là.

Voyons cependant comment pense aujourd’hui notre illustre visiteur :

« Je suis venu pour enterrer les derniers vestiges de la guerre froide dans les Amériques. Je suis venu tendre la main de l’amitié au peuple cubain ».

Tout de suite après, un déluge de concepts, complètement nouveaux pour la plupart d’entre nous :

« Vous comme nous, nous vivons dans un nouveau monde colonisés par les Européens », devait ajouter le Président des États-Unis. « Cuba, à l’instar des États-Unis, a été construite en partie par les esclaves amenés ici en provenance d'Afrique. Comme les États-Unis, le peuple cubain a un héritage d’esclaves et d’esclavagistes ».

Les populations autochtones n’existent en rien dans l’esprit d’Obama. Il ne dit pas non plus que la discrimination raciale fut balayée par la Révolution ; que les retraites et les salaires de tous les Cubains furent décrétés par cette même Révolution avant que M. Obama lui-même n’est fêté ses 10 ans. L’odieuse habitude bourgeoise et raciste d’engager des sbires pour que les citoyens noirs soient expulsés des centres de loisirs fut balayée par la Révolution cubaine. Celle-ci entrera dans l’Histoire pour la bataille qu’elle a livrée en Angola contre l’apartheid, en mettant fin à la présence d’armes nucléaires dans un continent de plus d’un milliard d’habitants. Tel n’était pas le but de notre solidarité, mais d’aider les peuples d’Angola, du Mozambique, de Guinée Bissau et autres de la domination coloniale fasciste du Portugal.

En 1961, à peine un an et trois mois après le triomphe de la Révolution, une force mercenaire équipée de canons et d’infanterie blindée et d’avions, entraînée et escortée par des bâtiments de guerre et des porte-avions des États-Unis, lança une attaque surprise contre notre pays. Rien ne pourra justifier cette attaque en traître qui coûta à notre pays des centaines de pertes, entre morts et blessés. Sur cette brigade d’assaut pro-yankee, il n’est établi nulle part qu’un seul mercenaire aurait pu être évacué. Des avions de combats yankees furent présentés aux Nations Unies comme appartenant à des forces cubaines mutinées.

Nous connaissons largement l’expérience militaire et la puissance de ce pays. En Afrique, ils ont également cru que la Cuba révolutionnaire serait facilement mise hors de combat. L’attaque lancée par le sud de l’Angola par les brigades motorisées de l’Afrique du Sud raciste les amena aux abords de Luanda, la capitale de ce pays. Ici s’engagea une bataille qui allait durer pas moins de 15 ans. Je ne parlerais même pas de ces choses-là, s’il n’avait pas été de mon devoir élémentaire de répondre au discours d’Obama au Grand théâtre de La Havane Alicia Alonso.

Je ne tenterai pas non plus de donner des détails. Je tiens juste à souligner que sur ces terres fut écrite une page glorieuse de la lutte pour la libération de l’être humain. D’une certaine manière, j’aurais souhaité que la conduite d’Obama fût correcte. Ses origines humbles et son intelligence naturelle étaient évidentes. Mandela était prisonnier à vie et il était devenu un géant de la lutte pour la dignité humaine. Un jour, j’ai pu avoir entre mes mains une copie du livre qui raconte une partie de la vie de Mandela, et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’elle était préfacée par Barack Obama. Je l’ai feuilleté rapidement. C’était incroyable de voir l’écriture minuscule de Mandela, ses notes précisant des données. Cela vaut la peine d’avoir connu des hommes tels que lui.

Concernant l’épisode d’Afrique du Sud, j’aimerais rappeler une autre expérience. Je souhaitais vraiment connaître plus en détails la manière dont les Sud-africains s’étaient procuré les armes nucléaires. Je ne disposais que de l’information précise selon laquelle ils n’avaient pas plus de 10 ou 12 bombes. Une source de confiance serait le professeur et chercheur Piero Gleijeses, qui avait rédigé le texte de « Missions en conflit : La Havane, Washington et l’Afrique 1959-1976 », un excellent travail. Je savais qu’il constituait la source la plus sûre sur ces événements, et je le lui ai fait savoir. Il m’a répondu qu’il n’avait plus reparlé de la question, car dans le texte il avait répondu à la question du camarade Jorge Risquet, qui avait été ambassadeur ou coopérant cubain en Angola, et dont il était un ami très proche. J’ai réussi à joindre Risquet, qui s’acquittait d’autres tâches importantes et était attelé à terminer un cours qui devait encore lui prendre quelques semaines. Cette tâche coïncida avec un voyage assez récent de Piero à notre pays. Je lui avais fait savoir que Risquet avait un certain âge et que son état de santé n’était pas optimal. Quelques jours après, il s’est passé ce que je redoutais. L’état de Risquet a empiré et il est décédé. À l’arrivée de Piero, il n’y avait plus rien à faire, à part des promesses, mais j’avais quand même pu obtenir des informations sur ce qui avait trait à ce genre d’armes et sur l’aide que l’Afrique du Sud raciste avait obtenue de Reagan et d’Israël.

J’ignore ce qu’Obama aura à dire sur cette histoire. J’ignore ce qu’il savait ou pas, même s’il est difficile de croire qu’il ne savait absolument rien. Ma modeste suggestion est qu’il réfléchisse et qu’il n’essaie pas d’élaborer des théories sur la politique cubaine.

Il y a une question importante :

Obama a prononcé un discours où il utilise des mots mielleux pour signaler : « Il est temps d’oublier le passé, laissons le passé en arrière, regardons vers l’avenir, regardons-le ensemble, un avenir d’espoir. Et ceci ne sera pas facile, il y aura des défis, et nous allons leur laisser le temps. Mais mon séjour ici me remplit d’espoir sur ce que nous pouvons faire ensemble comme des amis, comme des familles, comme des voisins, ensemble ».

Il est à supposer que chacun d’entre nous a frôlé l’infarctus en écoutant ces paroles du Président des États-Unis. Après un blocus impitoyable qui dure depuis près de 60 ans… et ceux qui sont morts victimes des attaques mercenaires contre des bateaux et des ports cubains… un avion de ligne plein de passagers fait exploser en plein vol, des invasions mercenaires, toutes sortes d’actes de violence et de force ?

Que personne ne se fasse d’illusions sur le fait que le peuple de ce pays noble et désintéressé renoncera à la gloire et aux droits, à la richesse spirituelle qu’il a acquise par le développement de l’éducation, la science et la culture.

J’avertis en outre que nous sommes capables de produire des aliments et les richesses matérielles dont nous avons besoin grâce aux efforts et à l’intelligence de notre peuple. Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit. Nos efforts seront légaux et pacifiques, parce que tel est notre engagement envers la paix et la fraternité de tous les êtres humains qui vivons sur cette planète.

Fidel Castro Ruz
Le 27 mars 2016

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24/01/2016

LIBERTÉ IMÉDIATE À MILAGRO SALAS!!! JUJUY- ARGENTINE : "La pauvreté n'est pas un crime"

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moira.jpgMilagro Salas leader Amérindienne de l'organisation Tupac Amaru, également députée au sein de Parlasur, une institution du Mercosur, communauté économique d'Amérique du Sud, a été arrête le 16 janvier 2016, avec un important déploiement policier autour de son domicile, qui a été perquisitionné.

Elle est poursuivis pour "incitation à commettre des actes illégaux» et «infraction contre les décisions du gouvernement." l'organisation Tupac Amaru" siége depuis 38 jours face a la maison du gouvernement de Gerardo Morales l'actuel gouvernement de la province de Jujuy.

Il s'agit d'un emprisonnement politique puisqu’elle est la dirigeante de cette organisation, et c’est elle qui la représente dans les espaces publics, politiques et sociaux.
Elle est criminalisée du fait de son opposition à la suppression des aides aux coopératives, source d'emploi et d'inclusion de centaines des personnes abandonnées par des gouvernent successifs de la province. Ils ont fait ce que beaucoup de "politiciens" n'ont jamais réalisées.

peuple.jpgDepuis que le gouvernement du nouveau président de Mauricio Macri, est arrivé au pouvoir, il tente d’intimider des militants, des salariés des syndicalistes, des organisations sociales qui défendent leurs emplois au lieu d’apporter des réponses satisfaisantes à la lutte contre le chômage et les inégalités. Cette tentative de criminalisation de l’action collective doit cesser !

Vive l'espace d’Autonomie de l'organisation de la Tupac Amaru !
Eux, résistent à la volonté du gouvernement de détruire tout leur travail.
Eux, veulent décider par eux mêmes !

Dessin ci dessus, de l'artiste plasticien Brian Carlson, créateur de l'exposition "APPARUS" qui évoque la mémoire des victimes du terrorisme d'Etat en Argentine.

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01/12/2015

CUBA FACE AU TERRORISME

cuba usa terrorisme lutte

La plupart des gens associent Cuba aux voitures anciennes authentiques, à l'exquise salsa, aux plages de rêve, aux cigares, aux mojitos ... Rares sont ceux qui savent que le pays vit depuis 1959 sous un niveau de menace de niveau 4. Comment les Cubains le vivent-ils et que pouvons-nous puiser dans leur expérience de spécialistes ?

Au niveau 4 depuis 55 ans

Il y a 57 ans, quand Fidel et les siens l’emportent sur l’armée et chassent le dictateur Batista, les 1 % des Cubains les plus fortunés font eux aussi leurs valises. Il se replient dans leurs résidences secondaires à Miami, à quelque 200 km de l’île. Ils sont persuadés que les rebelles barbus ne tiendront pas plus de quelques mois et qu’ils pourront rapidement récupérer leurs privilèges. Le gouvernement des Etats-Unis lui aussi pense pouvoir bientôt contrôler les « barbudos ». Mais il apparaît bien vite que le nouveau gouvernement rebelle ne se laissera pas mater de sitôt. Fin 1959 le président Eisenhower lance un programme pour saper la révolution cubaine.

C’est le début d’une longue série d’attentats terroristes contre l’île : des crèches, des grands magasins, des hôtels et d’autres bâtiments publics sont la cible d’attaques à la bombe. Le 4 mars 1960 un navire plein d’armes belges saute dans le port de La Havane. Des contre-révolutionnaires armés sèment la terreur dans les campagnes avec le soutien d’une couverture aérienne des Etats-Unis. Ensuite ce sont les actions de sabotage, les explosions par dizaines, les tentatives d’assassinat contre Castro par centaines. Des invasions ont lieu le long de la côte par des commandos armés qui tuent les habitants sans discrimination. Les Etats-Unis n’hésitent pas à utiliser des armes bactériologiques pour anéantir les récoltes et ils répandent certaines maladies comme la dengue, faisant des centaines de morts.

En avril 1961 des bombardiers étatsuniens pilonnent les aéroports cubains pour préparer une invasion militaire par 1.200 mercenaires, dans la Baie des Cochons. L’opération est un ratage total. Les stratèges US parviennent à la conclusion que la révolution ne peut être battue que par l’engagement massif de troupes au sol (1). Les projets sont temporairement mis de côté parce que Washington se prépare entre-temps à la guerre au Vietnam. En 1976 la terreur atteint son point culminant lorsqu’un avion de ligne cubain est abattu. Les 73 passagers au complet y perdent la vie. Les années ’90 connaissent un nouveau pic d’agressions. A ce moment, ripostant à une aggravation du blocus économique, Cuba développe son secteur touristique. Cette fois des hôtels, centres touristiques, autobus, aéroports et autres installations de vacances deviennent la cible d’une série d’attentats à la bombe (2).

L’invasion de l’Irak va de pair avec une authentique hystérie guerrière aux Etats-Unis. La politique à l’égard de Cuba en subit le contre-coup. En effet des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour envahir Cuba après l’Irak (3). En Floride des groupes paramilitaires s’entraînent ouvertement avec des armes lourdes en vue d’une future invasion (voir photo) (4).

Les groupes terroristes opèrent à partir de Miami. Ils sont souvent formés et entraînés par la CIA. Ils avaient été créés autrefois par les 1 % de Cubains partis à Miami, avec la collaboration des services de sécurité américains et le financement des pouvoirs publics. Ils sont encore toujours tolérés aujourd’hui.

Ils ne sont du reste pas seulement utilisés contre Cuba. Le super-terroriste Orlando Bosch qui commet avec Luis Posada Carriles l’attentat précité contre l’avion de ligne sert également dans l’Opération Condor (5). Il s’agit de l’opération CIA qui dans les années ’70 et ’80 du siècle dernier a soutenu toute une série de dictatures en Amérique du Sud dans la répression et les pratiques de torture contre tout ce qui était progressiste. Luis Posada Carriles est actif notamment dans la guerre des Contras au Nicaragua qui fit de dizaines de milliers de victimes innocentes. Bosch, tout comme Posada Carriles, est protégé par les autorités étatsuniennes. Posada Carriles coule toujours des jours heureux à Miami.

25 fois Paris

A Cuba le terrorisme n’est donc jamais bien loin. L’ensemble des attentats terroristes a tué 3.478 personnes, soit 25 fois le nombre de victimes des attentats de Paris. 2.099 ont été blessées ou mutilées ou sont restées invalides. (6).

Dans ces circonstances on pourrait s’attendre à une société militarisée avec une forte présence de bleu et de kaki dans les rues. On pourrait aussi s’attendre à ce que les autorités proclament régulièrement l’état d’urgence pour des semaines ou des mois, ou qu’elles mettent régulièrement à l’arrêt les transports publics, interdisent les compétitions sportives, ferment temporairement les écoles, suspendent en permanence les libertés, etc.

Mais ce n’est absolument pas le cas. Pas de tanks ni de véhicules militaires dans les rues, pas de tireurs d’élite ni de paramilitaires près des bâtiments publics, pas même lors de manifestations de masse comme le cortège annuel du 1er mai ou les visites papales. En de telles occasions des centaines de milliers de personnes se réunissent en un même lieu.

Ce n’est pas que Cuba prenne la menace terroriste à la légère ou lâche la bride aux terroristes potentiels, bien au contraire. Depuis ’59 la lutte anti-terroriste est la priorité absolue du gouvernement cubain. Les meilleures forces de tout le pays sont engagées dans la lutte contre le terrorisme. Mais l’approche est totalement différente de la « war on terror » comme nous l’avons sous Bush ou comme elle est est actuellement menée en France et en Belgique.

L’approche cubaine

Les révolutionnaires cubains ont parfaitement compris dès leur lutte de libération que les Etats-Unis ne toléreraient jamais un gouvernement progressiste, encore moins une révolution socialiste, dans leur arrière-cour. Ils savaient qu’après leur prise de pouvoir ils seraient aux prises pendant longtemps avec des agressions et une subversion venues de Washington. Fidel a dit à ce propos, quelque six mois avant la victoire, à l’occasion d’un bombardement sur un village de montagne : « Quand cette guerre prendra fin, une autre viendra pour moi, qui sera bien plus longue et plus grande, à savoir le combat contre eux [les Américains] » (7).

La lutte contre le terrorisme et la subversion est menée de deux manières à Cuba : en s’appuyant sur la population et en infiltrant les réseaux terroristes.

L’appui sur la population

En 1960, appuyés par la CIA, des contre-révolutionnaires opéraient dans les montagnes au centre de l’île. Pour les éradiquer le gouvernement n’envoya pas l’armée. En lieu et place, cent mille volontaires furent mobilisés, avec succès.

La même année Cuba connut des attentats à la bombe à La Havane et dans d’autres villes. A nouveau la population fut mobilisée pour écarter le terrorisme. Dans chaque quartier, un CDR (8) fut créé, un comité qui veillait à la sécurité du quartier. Ainsi naquit un grand système collectif de vigilance. Au fil des ans ces comités de quartier s’occupèrent également de problèmes sociaux ou économiques des habitants du quartier, santé publique (éradication de moustiques dangereux, collectes de sang …), organisation des élections, recyclage …

Cuba s’appuie également sur sa population pour défendre le pays d’une éventuelle invasion militaire. Aujourd’hui, aux côtés de l’armée régulière, le système défensif peut compter sur deux millions de Cubains qui sont sur le pied de guerre dans les 48 heures. Ces volontaires reçoivent un entraînement annuel et savent où aller s’armer le cas échéant.

L’infiltration

Une collaboration avec Washington n’était guère envisageable jusqu’à présent. Aussi ne restait-il qu’une seule option aux Cubains : l’infiltration. C’est précisément ce que les « Cuban Five », les Cinq de Cuba, ont accompli pendant les années ’90. Ils ont infiltré les groupes terroristes les plus violents en Floride afin de collecter le maximum d’informations et de pouvoir déjouer des attentats. Ils ont ainsi pu empêcher une bonne centaine d’attentats (9).

Ce genre d’infiltrations est tout sauf évident. Les terroristes ne sont pas des mauviettes et n’hésitent pas à assassiner renégats ou infiltrés. S’ils sont démasqués, les infiltrés risquent également de lourdes peines de prison aux Etats-Unis. C’est ainsi qu’en 2001 les Cinq agents anti-terroristes cubains furent condamnés collectivement à quatre fois la perpétuité plus 77 ans. L’ironie veut que cela se passait juste quelques mois après les attentats contre le World Trade Center à New York.

Lorsqu’en juillet 2004, lors d’une visite en prison, nous demandons à Gerardo Hernández, chef des Cinq, pourquoi il a accepté une mission aussi risquée, il sourit : « Je ne suis pas du tout une exception, vous savez » répond-il. « Si vous vous adressez à 10 Cubains pour faire ce genre de boulot dans l’intérêt de notre peuple, je suis sûr que 7 d’entre eux diront oui sans hésiter. Nous savons tous ce que c’est que perdre des amis ou des parents dans un attentat ».

Depuis le 17 décembre 2014 les USA ont entamé des démarches en vue d’une reprise des relations avec Cuba. Les Cinq sont libérés dans ce contexte, après 16 années de campagnes internationales (10). Mais jusqu’à présent la politique de déstabilisation et le blocus économique des Etats-Unis demeurent intacts.

Un autre regard

Dans les médias de masse l’image de Cuba est toujours négative. Le Cuba bashing est de bon ton. Certains faits sont amplifiés, d’autres sont systématiquement occultés ou criminalisés. S’il se produit à Cuba quelques arrestations administratives, cela devient vite une info internationale, alors que dans notre propre pays il y a des dizaines d’arrestations de ce genre chaque année. Inversement les informations traitent généralement le blocus économique – le plus long de l’Histoire – comme un détail, en supposant qu’elles le mentionnent. Pour vous donner une idée, en 55 ans le coût de ce blocus a atteint 11 fois le PNB (11). Pour la Belgique un tel calcul équivaudrait à 400 milliards d’euros et pour la France à 23.000 milliards d’euros. Difficile d’appeler ça un détail.

Le pire est qu’on ne parle jamais de la menace terroriste permanente. Cuba est considéré comme un pays normal, alors qu’il vit depuis 55 ans sous une menace terroriste permanente. Depuis les événements du vendredi 13 novembre nous savons maintenant pour la première fois ce que cela signifie. Une situation de ce genre bouleverse un pays. Pour la première fois nous sommes peut-être en état de nous représenter ce que qu’implique de vivre sous de telles conditions. Ce qui nous permettra peut-être de faire preuve d’une meilleure compréhension à l’égard de Cuba.

Cela nous incitera peut-être aussi à exiger de Washington qu’il en finisse une fois pour toutes avec les groupes terroristes sur son propre sol, plus précisément à Miami. Il n’est jamais mauvais de commencer à balayer devant sa porte.

Katrien Demuynck et Marc Vandepitte ont écrit plusieurs ouvrages sur Cuba.

Notes : (1) Les plans émanaient notamment de McNamara, Ministre des Affaires étrangères de l’époque. T. Diez Acosta : October 1962, The ‘Missile’ crisis as seen from Cuba. New York 2002, p. 86.

(2) Demuynck K. (ed.) : The incredible case of the Cuban Five. Evidence from the International Commission of Inquiry into the Case of the Cuban Five, Londres 2014, p. 39-51.

(3) Hans Hertell, ambassadeur US en République Dominicaine et proche de Bush a déclaré juste après la chute de Bagdad : “Les événements en Irak sont un signal positif et sont un bon exemple pour Cuba où la semaine dernière le régime de Fidel Castro a ordonné l’arrestation de plus de 80 citoyens pour leurs seules idées”. Jeb Bush, actuel candidat républicain à la présidence et frère de, déclarait à peu près au même moment : “Après notre succès en Irak, nous devons regarder vers notre voisin. Nous devons expliquer à nos frères d’Amérique latine et d’ailleurs qu’un régime qui ne respecte pas les droits de l’homme ne peut pas être maintenu”. Cf resp. El Expresso, 13 avril 2003 et www.americas.org/news/nir/20....

(4) Sun Sentinel 6 avril 2003.

(5) Stella Calloni. Operación Condór. Pacto Criminal, La Havane, 2005.

(6) cf http://www.theguardian.com/us-news/...

(7) Dans une lettre à Celia Sánchez in Suárez Pérez E. & Caner Román A. (éd.) : De cinco palmas a La Habana, La Havane 1998, p. 143.

(8) CDR : Comité de Defensa de la Revolución.

(9) Sur les Cinq de Cuba voir : http://www.cubanismo.net/cms/fr/art...

(10) cf http://cubanismo.net/cms/fr/campagn...

(11) cf http://www.elnuevodia.com/noticias/... Le PNB est ce qu’un pays produit de richesses en un an (biens et services).

Source originale : De Wereld Morgen

Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.

par Katrien De Muyck et Marc Vandepite 30 Novembre 2015

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