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03/11/2014

André Voisin, inconnu à Dieppe et héros à Cuba

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Personnalité. Inconnu à Dieppe mais incontournable à Cuba et célèbre internationalement pour ses travaux, l’ingénieur agronome André Voisin, disparu il y a cinquante ans, fait l’objet d’une exposition.

Qui était André Voisin ?

Bien peu de Dieppois peuvent répondre à cette question. Il a pourtant donné son nom à une rue à Dieppe et à Arques-la-Bataille, ainsi qu’au CFA dieppois préparant aux métiers dans le domaine de l’automobile.

À Cuba, où il repose, il a une statue et un timbre à son effigie !

Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, le Comité pour la commémoration du souvenir d’André Voisin et la coopération avec Cuba a décidé d’initier une série d’animations autour d’une exposition exceptionnelle. En plus de la parution d’un Quiquengrogne spécialement dédié à l’agronome et
chercheur, né à Dieppe et de renommée internationale.

«André Voisin est plus connu à Cuba qu’ici», note Sabine Audigou, adjointe à la Culture. Pourtant, ce Dieppois a fréquenté le lycée Ango puis le lycée agricole d’Yvetot, où il a aussi enseigné. Pour Gérard Pestrinaux, président du comité, André Voisin est avant tout un paradoxe : «Paradoxe géographique, car qui le connaît à Dieppe?

En revanche, il est célèbre du Canada à la Patagonie, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Allemagne, en Russie, en Océanie où ses textes sont reconnus. C’était un écolo militant du bio avec cinquante ans d’avance, alors que ces mots n’existaient pas encore. En témoigne son chef-d’œuvre, l’ouvrage La Productivité de l’herbe, qu’il a mis en application à Cuba ainsi que dans d’autres pays d’Amérique du sud.» Un paradoxe «politique aussi: cet homme qui n’était pas de gauche, mais d’une droite classique et gaulliste, est enterré dans le cimetière des héros de la révolution cubaine!»

André et Fidel

Là, les explications de Gérard Pestrinaux sont nécessaires pour envisager «l’harmonie entre André Voisin et Fidel Castro: le premier avait pour but la santé de l’humain, la qualité de vie et l’autre le bonheur de son peuple par l’éducation et la santé. Ces intérêts - nourriture et culture - ont vite convergé. Après ses cours, Castro restait souvent discuter avec André Voisin pour lui poser des questions. Après la mort du Dieppois, Castro a poursuivi dans sa voie. Le résultat: les médecins cubains, parfaitement formés, sont les premiers à venir en aide, on l’a vu à Haïti, c’est encore le cas avec Ebola».

Mathias Dupuis, membre du comité, ajoute : «La veuve d’André Voisin a été l’invitée de Fidel Castro, tous les ans. À l’époque, elle recevait Che Guevara chez elle. Elle a souhaité que tout ce qui touche à la vie et l’œuvre de son mari soit transmis au comité, par le biais d’Alain Auzou, qui a fait le lien entre la famille et le comité. Nous avons demandé à la Ville de verser tous les documents au fonds ancien de la médiathèque; le comité n’a pas de moyen de les conserver comme il se doit. Olivier Nidelet, qui travaille au fonds ancien, a réalisé un travail exceptionnel; c’est lui qui a eu l’idée de monter une exposition.»

A.-S. G.-R.

Paris Normandie

13:29 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, France, Science, Société | Tags : andré voisin, cuba, castro | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

27/10/2014

CNI : LE BRESIL

brésil,carte d'identité

brésil,carte d'identitéDonnées générales

Nom officiel : République fédérative du Brésil
Nature du régime : République fédérale présidentielle, composée de 26 Etats et d’un district fédéral
Chef de l’Etat et/ou du Gouvernement : Mme Dilma Rousseff

Données géographiques

bresilcarte.gifSuperficie : 8 511 965 km² (quinze fois la France), 5ème rang mondial
Capitale : Brasilia
Villes principales : São Paulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Porto Alegre, Salvador de Bahia, Fortaleza, Curitiba, Recife, Belém, Goiânia
Langue officielle : Portugais
Monnaie : Real (1€ = 2,8 réaux)
Fête nationale : 7 septembre

Données démographiques

Population : 192 millions, 5ème rang mondial
Densité : 22 hab./ km2
Croissance démographique : 1,33%
Espérance de vie : 73,5 ans (69,7 ans pour les hommes et 77,3 ans pour les femmes)
Taux d’alphabétisation : 89%
Religion (s) : catholiques (68 %) ; évangéliques (20 %)
Indice de développement humain : 0,73 (85e)

Données économiques

PIB (2013, exprimé en milliards de dollars US courants) : 2305 (7ème rang mondial) (2012 : 2253 ; 2011 : 2476 Mds USD ; 2010 : 2.143 Mds USD ; 2009 : 1.620 Mds USD)
PIB par habitant (2011) : 12 688 USD

Taux de croissance (2013) : 2,3 % ; (2012 : 0,9% ; 2011 : 2,7% ; 2010 : 7,5 % ; 2009 : -0,6%)
Taux de chômage : 5,6 % (février 2013)
Taux d’inflation (2013) : 5,9% (2012 : 5,8% ; 2011 : 6,5% ; 2010 : 5,9 % ; 2009 : 4,3%)
Balance commerciale (2012) : 19,4 milliards USD (2011 : 29,8 milliards USD ; 2010 : 20,1 milliards USD)
Principaux clients : Etats-Unis, Argentine, Chine, Pays-Bas (France 10e)
Principaux fournisseurs : Etats-Unis, Argentine, Chine, Allemagne, Nigeria (France 12e)

Réserves Internationales (septembre 2012) : 378 milliards USD

Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :

  • agriculture : 6 %
  • industrie : 27%
  • services : 67%

brésil,carte d'identitéExportations de la France vers le Brésil (2013) : 4,7 Mds EUR
Importations françaises depuis le Brésil (2013) : 3, 4 Mds EUR (en recul de 20% environ par rapport à l’année précédente == 4,2 Mds EUR en 2012== du fait de la baisse des importations de pétrole et de soja)

http://www.tresor.economie.gouv.fr/…

Consulats de France : Sao Paulo, Rio de Janeiro, Recife
Communauté française au Brésil : près de 20 000 inscrits Français inscrits au registre des Français établis hors de France. Environ 30 000 français résidents selon la police fédérale.
Communauté brésilienne en France : 2 000 enregistrés (25 000 estimés)

Politique intérieure

Dilma Rousseff a été élue le 31 octobre 2010, au second tour de l’élection présidentielle, avec 56,05% des voix, devant le candidat de l’opposition, José Serra (Parti de la Social-démocratie brésilienne). Elle est la première femme Présidente de la République du Brésil. Les élections des gouverneurs et du Congrès avait été également globalement favorables à la coalition gouvernementale : à l’issue du second tour, sur 27 Etats fédérés, la majorité dispose de 16 gouverneurs.

brésil,carte d'identitéLe  26 octobre 2014 Dilma Rousseff a été réélu présidente de la République en obtenant 51,64 % des suffrages contre 48,36 % pour le candidat de droite.

Dilma Rousseff a fait de la lutte contre la pauvreté la grande priorité de son mandat, dans la lignée de son très populaire prédécesseur, Ignacio Lula da Silva. Les programmes gouvernementaux (« Bolsa Familia », « Brésil sans misère ») ou l’augmentation du SMIC (+14% en 2012) ont permis, depuis l’ère Lula, de sortir près de 30 millions de Brésiliens (sur 192 millions), de consolider la position de la classe moyenne et d’assurer une meilleure inclusion sociale. Cette politique s’inscrit dans un cadre plus large de développement du pays, fondé sur les infrastructures dans le cadre du Programme d’Accélération de la Croissance - PAC 2 (2011-2014 - près de 415 milliards d’euros d’investissements) qui devait permettre de remédier aux faiblesses structurelles du pays (construction massive de logements, accès aux services publics, aménagements en vue des grands évènements sportifs, infrastructures énergétiques et de transport), d’encourager l’agro-négoce et de développer une ambitieuse politique de formation des ressources humaines (Science sans frontières : 100.000 étudiants boursiers à l’étranger, dont 10.000 pour la France).


Dilma Rousseff la survivante, réélue présidente... par afp

Au total, le Brésil traverse aujourd’hui une période de transition sur le plan économique et social, après l’euphorie des années Lula. Comme ailleurs en Amérique latine, l’accès à un niveau de bien-être élémentaire s’est traduit par une montée en puissance des revendications de la population. Maintenant que les acquis politiques et économiques de « l’émergence » sont engrangés, les classes moyennes aspirent à un saut qualitatif dans leurs conditions de vie, et souhaitent se rapprocher des standards socio-économiques de l’Amérique du Nord ou de l’Europe. Education, couverture sociale, réduction des inégalités, efficacité de la justice et de l’administration, lutte contre la corruption, droits des minorités, évolutions sociétales sont autant de sujets sur lesquels les attentes des populations comme les défis des gouvernements sont importants.

22/10/2014

PEROU, carnet de voyage (1) : Lima dans un manteau blanc

lima.jpg

Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre.

Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures. 

Carnet 1

Un léger crachin enveloppe Lima. Mais il ne mouille pas. Neufs mois durant, la capitale péruvienne peine à se défaire d’une sorte de manteau blanc brumeux qui lui confère un air triste. Dans le quartier chic et touristique de Miraflores, un détour par la baie s’impose. Pas question de baignade, seuls les surfeurs s’aventurent dans ses eaux qui n’excèdent pas les 14°. Les courants froids font de cette côte l’une des poissonneuses.

Le Parc de l’amour offre une vue plongeante sur la Rosa Nautica, un restaurant « classe » en forme de bras qui enlace l’océan pacifique. Il faut montrer patte blanche ou plutôt un gros portefeuille pour y réserver une table. Le parc de l’amour, qui rappellera le parc Guëll de Barcelone, est le lieu où se retrouvent les amoureux. Jeunes et moins jeunes draguent et s’y embrassent, comme l’y invite l’imposante statue qui trône au centre du site. Les voyeurs, en revanche, peuvent aller voir ailleurs : ici, pas d’ébats. La police municipale veille au grain. Les agents sont d’ailleurs facilement repérables aux deux roues sur lesquels ils circulent mais surtout à leur casque affublé d’une caméra latérale. « C’est pour empêcher tout outrage à agent », nous explique-t-on. L’inverse est-il valable pour les citoyens ? Rien n’est moins sûr.

A quelques pas de là, dans le quartier résidentiel et affairiste de San Isidro, où trônent les imposants oliviers apportés par les colons espagnols, les villas ne ressemblent en rien aux immeubles traditionnels de briques des quartiers populaires. Les riches bâtisses sont inspirées de leurs sœurs européennes. Chacune est cinglée par un important dispositif de fils barbelés électrifiés. La peur et la sécurité ou plutôt le sentiment d’insécurité. Réel hier, fantasmé parfois, ils graissent la patte des entreprises privées qui font leur beurre sur les traumatismes des Péruviens.

Le pays n’est pourtant plus le théâtre sanglant de cette guerre qui a opposé dans les années 80 et 90 le groupe d’illuminés maoïstes du Sentier lumineux et le terrorisme d’Etat du président Alberto Fujimori. Ce dernier, après avoir fui le pays non sans en dévalisé les caisses, a été depuis condamné pour corruption. Sa responsabilité intellectuelle dans le  massacre de paysans est avérée. Les civils sont toujours les otages de ces guerres qui ne disent pas leur nom. Sachez que parler du Fujimorisme reste encore aujourd’hui un thème sensible, voire tabou. Le « Chino », son surnom, polarise encore la société entre adulateurs et détracteurs. Sa fille Keiko s’est hissée au second tour de l’élection présidentielle en 2011 avant de trébucher face à l’actuel chef de l’Etat, Ollanta Humala qui, en matière d’autoritarisme,  n’a rien à envier à Fujimori. Les communautés qui s’opposent aux mégaprojets miniers dans le nord, notamment à Cajamarca, peuvent en attester.  L’état de siège y est permanent…

Lima est donc recouverte de brume. Mais, dans les grandes artères de villes, sur les murs des bâtiments, des couleurs vives sont venues casser la monotonie de la ville. Les candidats aux élections municipales et régionales du 5 octobre ont promis des lendemains heureux à des Péruviens qui n’ont pas vu l’once d’une réjouissance de la croissance économique. Que dit Moises qui postulait au poste de maire des  43 arrondissements où vivent les 9 millions d’habitants de la capitale ? Qu’il est le nouveau visage de Lima. Mais pas n’importe lequel. Celui de la ville des entrepreneurs. Le salaire « vital », l’équivalent de notre SMIC, est de 750 Soles, c’est-à-dire 220 euros. « Ce n’est pas un salaire vital mais de survie », nous confie notre guide qui répond au charmant prénom de Victor Hugo. « Les gens font des miracles ».

Miracle comme la mise à jour au cœur de la ville du site archéologique Huaca Pucllana, une pyramide de terrasses faites de briques en argile datant de l’époque pré-inca. Pour le reste, passées les élections, les beaux discours se sont envolés comme les deniers publics, la corruption étant, sans mauvais jeu de mots, monnaie courante. Les élus jurent sur la devise « Dios y Patria » (Dieu et patrie). Mais ici elle est facilement interchangeable en « Dios y Plata » c’est-à-dire l’argent. Un Dieu tout puissant qui a remplacé les figures sacrées des civilisations ancestrales.

Cathy Ceïbe, l'Humanité  : http://www.humanite.fr/blogs/lima-dans-un-manteau-blanc-5...

10:54 Publié dans AL-Pays : Pérou, Carnet de voyage, Société, Voyage | Tags : pérou, lima, carnet de voyage | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

19/10/2014

Elections a Cuba: comment ça marche ?

cuba-elecciones-press1.jpgLe 3 février 2013, les Cubains ont élu 612 représentants au parlement ainsi que 1270 représentants dans les conseils provinciaux. Tijs et Marc, deux participants du voyage d’ICS de juillet 2012, ont écrit un article sur le système électoral cubain.

Cuba ressemble à certains égards à notre démocratie: ainsi, il y a un parlement national, des conseils provinciaux et communaux et toutes les cinq années, il y a des élections. Mais il y a également quelques différences importantes.

L’Etat à zéro partis

Tout d’abord le rôle et la fonction d’un parti politique. Le parti communiste est l’épine dorsale de la révolution mais n’a en soi rien à voir avec les élections. Tout un chacun, qu’il soit membre ou non du parti, peut être candidat aux élections communales, même ceux qui ont des opinions dissidentes.

Le parti communiste ne présente aucun candidat et la loi stipule qu’il ne peut pas se mêler dans les affaires électorales. C’est la population du district électoral local qui présente et confirme ou non les candidatures. ‘Le principe que toute la population présente et élit des candidats nous met à la tête des pays démocratiques du monde.’ C’est ainsi que les listes sont constituées. Le vote même est secret, comme chez nous. Au moment des élections, Cuba est en d’autres termes un Etat à zéro partis.

Poursuivre l’unité
Un deuxième aspect important est la volonté d’atteindre l’unité et le consensus. ‘Je crois que la forme organisationnelle de la politique doit être axée sur l’unité, si possible.’ i  Au lieu de travailler avec un système majorité-opposition, on cherche une base aussi large que possible pour toutes les décisions.

Lorsqu’il s’agit de mesures importantes, les discussions pour atteindre ce consensus peuvent parfois durer un an. Et si ça ne marche pas, la mesure n’est pas adoptée. Ainsi, dans les années nonante, la proposition du gouvernement pour introduire un système d’impôt sur le revenu a été rayée à la suite d’une large consultation de la population.ii
Le fait de poursuivre le consensus implique que les opinions divergentes risquent d’être sous pression. C’est un danger réel, qui doit toutefois être mis dans le contexte de l’obsession de Washington d’en finir avec la révolution. Ignatius de Loyala l’a déjà dit: ‘Dans une citadelle assaillie, toute dissidence égale trahison’. iii

Des représentants issus du peuple, élus par et pour le peuple

Un troisième aspect est le lien très fort entre les élus et la population locale. Les districts électoraux consistent au maximum de deux mille électeurs.  L’élu est donc quelqu’un de tout près, dans la plupart des cas connu et directement abordable. Cela favorise l’implication directe dans le processus politique.

Les politiciens ne forment pas non plus une catégorie professionnelle à part. ‘Dans notre révolution, il n’existe pas de métier de politicien, parce que nous sommes tous des politiciens : du petit pionnier [élève cubain, ndlr] jusqu’à la personne âgée.iv  Un élu n’est pas payé pour son travail politique. Il continue à exercer son métier et en sera dispensé temporairement, si nécessaire.

Un politicien cubain ne peut donc pas se construire une position de pouvoir et il ne bénéficie pas non plus de privilèges. Une critique importante de Fidel sur la démocratie occidentale est le constat que la politique socio-économique est avant tout déterminée par les grandes entreprises, sans tenir compte des besoins de la population. Le gouvernement est en réalité le ‘gouvernement de l’oligarchie, par l’oligarchie et pour l’oligarchie’.v

Une réelle participation des citoyens

Un quatrième aspect est l’implication importante des citoyens. Les Cubains qui sont électeur sont impliqués dans la constitution des listes pour les élections communales. Cela se fait directement et localement. La constitution des listes des conseils provinciaux et du parlement national se fait dans des commissions électorales.
Celles-ci sont composées de plusieurs dizaines de milliers de représentants de différents mouvements sociaux: syndicat, organisations paysannes, association des femmes, organisations d’étudiants, comités de quartier, etc. Le syndicat préside ces commissions. Une large consultation populaire précède à la constitution des listes. Ce processus peut durer plusieurs mois.

Un million et demi de Cubains sont impliqués dans la préparation. Les élections provinciales et nationales même concluent ce processus intensif de consultation et demandent au peuple d’entériner le travail effectué. Les élections ne constituent d’ailleurs qu’un seul élément de la participation populaire. Au sein des organisations sociales, des conseils et du parti communiste, la population est consultée de manière permanente. A Cuba, il n’y a ‘pas de démocratie représentative’, c’est une démocratie ‘qui vit à travers la participation directe de sa population et ses problèmes sociaux’. vi

Pas de campagnes médiatiques

Un cinquième aspect est le rôle des médias et de la publicité. Chez nous, ils jouent souvent un rôle crucial. Le candidat qui est fort présent dans la publicité, qui a de bons liens avec les médias, qui présente bien à la télé ou, mieux encore, qui possède lui-même des parties importantes des médias (comme Berlusconi), a beaucoup plus de chances d’être élu.

A Cuba, la propagande des candidats se limite à une photo accompagnée d’un curriculum vitae. Les candidats peuvent prendre la parole à l’assemblée publique du district électoral local. Les campagnes personnelles ne sont pas autorisées.  Les représentants ne sont donc pas nécessairement des CC (Cubains connus).

Rendre des comptes devant le peuple

Une autre différence par rapport à notre système est la possibilité de destituer les élus: ‘ils n’exercent pas leur mandat sans le contrôle de leurs concitoyens’. vii Tous les six mois, la réunion de district peut leur demander des comptes et, le cas échéant, les démettre de leur fonction. Ce n’est pas qu’une théorie, cela se passe régulièrement.
Aussi, les listes de candidats au parlement sont constituées de telle manière que tous les secteurs de la société sont représentés: étudiants, ouvriers, paysans, scientifiques, infirmiers, médecins, sportifs, journalistes, artistes, intellectuels, militaires. Quelque trente pour cent des parlementaires n’est pas membre du parti communiste. Dans les conseils communaux, il s’agit de plus de la moitié. Le vote n’est pas obligatoire, mais la participation est très élevée, avec une moyenne de plus de 95%.

La démocratie directe à la Cubaine

Fidel est le dernier à prétendre que la démocratie cubaine est ‘parfaite’, mais pour lui, c’est le système le ‘plus adéquat’ dans les circonstances données du pays, et il a en tout cas ‘prouvé son efficacité’.viii  Mais surtout, il peut compter sur une large base, ‘si la révolution n’avait plus la majorité de la population, elle n’aurait pas pu tenir’. ix
Plusieurs sondages indépendants organisés en 1994 et en 1995, au moment le plus pénible de la crise économique, ont démontré que plus des trois quarts des Cubains s’identifient avec le système politique et que cinq pour cent seulement souhaite un autre système politique.x  Le Pentagone a dû constater pendant la même période qu’une grande majorité des Cubains continuaient à soutenir la direction révolutionnaire.

Pour Fidel, l’ultime critère est l’armement de la population. Dans le cadre d’une éventuelle agression militaire des USA, deux millions de Cubains ont accès à des armes.

Lorsque la défense est l’affaire du peuple entier et que les armes sont le privilège de toute la population, alors là on peut parler de démocratie. Que penser des unités spéciales de la police et des armées qui servent à mater le peuple lorsqu’il ne se soumet pas aux abus et aux injustices du système bourgeois, que ce soit dans les pays capitalistes du Tiers Monde ou dans un pays capitaliste développé.xi

Que se passerait-il en Europe même, si l’on y armait les ouvriers et les étudiants et si on armait les secteurs qui sont tout le temps confrontés à la répression lorsqu’ils demandent quelque chose, lorsqu’ils revendiquent quelque chose, lorsqu’ils se mobilisent pour quelque chose?xii

Notes

i  Borge T., op. cit., p. 113.

ii Vandepitte M., De gok van Fidel, p. 79-80.
iii Cité in Ramonet I., op. cit., p. 21.
iv Discurso, 2 décembre 1976.
v  Discurso, 24 décembre 1977.
vi Discurso, 26 juillet 1959.
vii Ibid.
viii Borge T., op. cit., p. 120 en 125.
ixBetto F., op. cit., p. 336.
x Dans la première enquête, 80% se déclare d’accord avec la forme de gouvernement. Machado D., ‘La Coyuntura Sociopolítica’ in Crítica de Nuestro Tiempo octobre-décembre 1995, 6-28, p. 25-27. Cette enquête est confirmée par un sondage de Gallup publié en 1994, où 76% des personnes interrogées se déclaraient contentes de leur vie quotidienne et 3% seulement indiquaient les questions politiques comme problème principal du pays. Chomsky N., Responsabilités des intellectuels, Marseille 1998, p. 147. Un dissident très connu comme Elizardo Sánchez admet qu’à cette époque, 80% de l’électorat soutient le régime. Lambie G., ‘Cuban Local Governement: Democracy through Participation or Political control?’ ECPR Conference Workshop, Bern 27 février - 4 mars 1997.
xi Discurso, 4 janvier 1989.
xii Borge T., op. cit., p. 127.

vert.: Hilde Meesters

09:58 Publié dans AL-Pays : Cuba, Politique, Société | Tags : cuba, élections | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg