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22/10/2014

PEROU, carnet de voyage (1) : Lima dans un manteau blanc

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Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre.

Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures. 

Carnet 1

Un léger crachin enveloppe Lima. Mais il ne mouille pas. Neufs mois durant, la capitale péruvienne peine à se défaire d’une sorte de manteau blanc brumeux qui lui confère un air triste. Dans le quartier chic et touristique de Miraflores, un détour par la baie s’impose. Pas question de baignade, seuls les surfeurs s’aventurent dans ses eaux qui n’excèdent pas les 14°. Les courants froids font de cette côte l’une des poissonneuses.

Le Parc de l’amour offre une vue plongeante sur la Rosa Nautica, un restaurant « classe » en forme de bras qui enlace l’océan pacifique. Il faut montrer patte blanche ou plutôt un gros portefeuille pour y réserver une table. Le parc de l’amour, qui rappellera le parc Guëll de Barcelone, est le lieu où se retrouvent les amoureux. Jeunes et moins jeunes draguent et s’y embrassent, comme l’y invite l’imposante statue qui trône au centre du site. Les voyeurs, en revanche, peuvent aller voir ailleurs : ici, pas d’ébats. La police municipale veille au grain. Les agents sont d’ailleurs facilement repérables aux deux roues sur lesquels ils circulent mais surtout à leur casque affublé d’une caméra latérale. « C’est pour empêcher tout outrage à agent », nous explique-t-on. L’inverse est-il valable pour les citoyens ? Rien n’est moins sûr.

A quelques pas de là, dans le quartier résidentiel et affairiste de San Isidro, où trônent les imposants oliviers apportés par les colons espagnols, les villas ne ressemblent en rien aux immeubles traditionnels de briques des quartiers populaires. Les riches bâtisses sont inspirées de leurs sœurs européennes. Chacune est cinglée par un important dispositif de fils barbelés électrifiés. La peur et la sécurité ou plutôt le sentiment d’insécurité. Réel hier, fantasmé parfois, ils graissent la patte des entreprises privées qui font leur beurre sur les traumatismes des Péruviens.

Le pays n’est pourtant plus le théâtre sanglant de cette guerre qui a opposé dans les années 80 et 90 le groupe d’illuminés maoïstes du Sentier lumineux et le terrorisme d’Etat du président Alberto Fujimori. Ce dernier, après avoir fui le pays non sans en dévalisé les caisses, a été depuis condamné pour corruption. Sa responsabilité intellectuelle dans le  massacre de paysans est avérée. Les civils sont toujours les otages de ces guerres qui ne disent pas leur nom. Sachez que parler du Fujimorisme reste encore aujourd’hui un thème sensible, voire tabou. Le « Chino », son surnom, polarise encore la société entre adulateurs et détracteurs. Sa fille Keiko s’est hissée au second tour de l’élection présidentielle en 2011 avant de trébucher face à l’actuel chef de l’Etat, Ollanta Humala qui, en matière d’autoritarisme,  n’a rien à envier à Fujimori. Les communautés qui s’opposent aux mégaprojets miniers dans le nord, notamment à Cajamarca, peuvent en attester.  L’état de siège y est permanent…

Lima est donc recouverte de brume. Mais, dans les grandes artères de villes, sur les murs des bâtiments, des couleurs vives sont venues casser la monotonie de la ville. Les candidats aux élections municipales et régionales du 5 octobre ont promis des lendemains heureux à des Péruviens qui n’ont pas vu l’once d’une réjouissance de la croissance économique. Que dit Moises qui postulait au poste de maire des  43 arrondissements où vivent les 9 millions d’habitants de la capitale ? Qu’il est le nouveau visage de Lima. Mais pas n’importe lequel. Celui de la ville des entrepreneurs. Le salaire « vital », l’équivalent de notre SMIC, est de 750 Soles, c’est-à-dire 220 euros. « Ce n’est pas un salaire vital mais de survie », nous confie notre guide qui répond au charmant prénom de Victor Hugo. « Les gens font des miracles ».

Miracle comme la mise à jour au cœur de la ville du site archéologique Huaca Pucllana, une pyramide de terrasses faites de briques en argile datant de l’époque pré-inca. Pour le reste, passées les élections, les beaux discours se sont envolés comme les deniers publics, la corruption étant, sans mauvais jeu de mots, monnaie courante. Les élus jurent sur la devise « Dios y Patria » (Dieu et patrie). Mais ici elle est facilement interchangeable en « Dios y Plata » c’est-à-dire l’argent. Un Dieu tout puissant qui a remplacé les figures sacrées des civilisations ancestrales.

Cathy Ceïbe, l'Humanité  : http://www.humanite.fr/blogs/lima-dans-un-manteau-blanc-5...

10:54 Publié dans AL-Pays : Pérou, Carnet de voyage, Société, Voyage | Tags : pérou, lima, carnet de voyage | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

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