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23/01/2014

55 ans de politique extérieure révolutionnaire

fidel-chavez-17enero.jpg• Cuba accueillera le prochain Sommet de la CELAC avec un engagement de plus de 55 ans dans la défense des principes de justice et de souveraineté dans l'arène internationale

Sergio Alejandro Gomez, pour Gramma

CUBA est un petit pays pauvre en ressources naturelles, ce qui ne l’a pas empêché de mettre en œuvre depuis 55 ans une politique extérieure d’une portée et d’une influence mondiales, basée sur les principes et les valeurs révolutionnaires.

Cet avis est partagé même par ses rares – mais puissants – adversaires, qui n’ont pas pu éviter l’intensification et la diversification des liens que nous avons tissés avec les peuples et les gouvernements du monde entier.

Dans l’essence même de la nation, dans son caractère insulaire et dans sa composition multiethnique résident certaines des clés qui expliquent les rapports actifs de Cuba avec l’extérieur tout au long de son histoire.

Située dans la mer des Caraïbes, une région que l’écrivain et ancien président dominicain Juan Bosch a qualifié de frontière impériale, notre pays a de tout temps suscité les ambitions de conquête et de domination des grandes puissances, depuis l’Espagne et la Grande Bretagne, jusqu’aux États-Unis.

Dans de telles circonstances, le principal intérêt national, dans n’importe quelle conjoncture, a été de garantir notre souveraineté, notre indépendance et notre autodétermination.

Le triomphe de la Révolution, le 1er janvier 1959, est l’événement historique qui a matérialisé ces objectifs, sans cesse ajournés par une république néocoloniale dépendante des États-Unis. Le choix de la voie de la construction du socialisme à 90 milles marins des côtes de la principale puissance capitaliste fit de la consolidation d’une politique extérieure efficace une question de vie ou de mort.

ANTI-IMPÉRIALISME, INTERNATIONALISME ET ANTICOLONIALISME


Les combattants et coopérants cubains ont écrit une véritable épopée en Afrique.

Les États-Unis voyaient dans l’exemple que représentait Cuba pour l’Amérique latine et la Caraïbe, ainsi que pour les pays du Tiers monde, un réel danger pour leurs intérêts, si bien qu’ils mirent en place une politique agressive visant à renverser le nouveau gouvernement par tous les moyens possibles.

 

En 1962, à Punta del Este, en Uruguay, les États-Unis réunirent les pays de l’Organisation des États américains (OEA) afin de leur imposer leur stratégie d’isolement de la Révolution cubaine. À cette rencontre, la plupart des gouvernements oligarchiques se plièrent aux intérêts US.

« L’OEA fut démasquée comme étant un ministère des colonies yankee », devait déclarer Fidel devant le peuple réuni sur la Place de la Révolution de La Havane, le 4 février 1962, où il rendit publique la Seconde déclaration de La Havane.

« Nous aurons la solidarité de tous les peuples libérés du monde, et la solidarité de tous les hommes et femmes dignes du monde », soulignait le leader cubain.

C’est à des milliers de kilomètres à l’est que Cuba, dont l’économie reposait essentiellement sur l’exploitation de monoculture sucrière, put trouver des alliés pour construire un nouveau modèle de société plus juste et solidaire.

Pour des raisons politiques, économiques et de sécurité, les relations avec le camp socialiste, notamment avec l’Union soviétique, occupèrent une place prépondérante dans la politique extérieure.


La coopération avec l'Union soviétique porta des fruits comme le voyage dans l'espace du premier Latino-Américain.

Cependant, jamais la porte ne fut fermée à une amélioration des relations avec les pays d’Amérique latine et de la Caraïbe, et même avec les États-Unis. De fait, dans la mesure où durant les décennies suivantes les dictatures et les gouvernements de droite soumis aux intérêts des USA cédèrent la place à des forces moins réactionnaires, la Révolution créa d’importants espaces d’échanges dans son environnement géographique naturel.

Cuba ne tourna jamais le dos à la cause des pays du Tiers monde, et notre pays fut membre fondateur – et un acteur de poids – du Mouvement des pays non alignés, qu’il présida pour la première fois entre 1979 et 1983, en pleine apogée de la Guerre froide.

Dès le début, les combattants et les coopérants cubains apportèrent leur aide désintéressée à plusieurs pays qui se battaient pour leur indépendance, notamment en Afrique et en Amérique latine, en accord avec les principes anti-impérialistes et anticolonialistes de la Révolution. Ainsi, des dizaines de milliers de médecins, instituteurs et conseillers civils en tout genre ont contribué au développement social et économique des pays du Sud.


Santiago du Chili, 2013 : Cuba assume le présidence tournante de la CELAC.

L’indépendance de l’Angola et de la Namibie, le début de la fin de l’apartheid, la formation de milliers de professionnels qui ont enseigné, sauvé des vies et construit des logements, des hôpitaux et des écoles dans les pays fraîchement libérés, sont quelques-uns des succès obtenus à cette époque.

La politique extérieure, tout comme la Révolution elle-même, était mue par ses idéaux. Cette réalité, quoique tardivement, fut reconnue même dans les rangs ennemis.

« Castro était probablement le dirigeant révolutionnaire le plus authentique au pouvoir à cette époque », écrivit dans ses mémoires Henry Kissinger, considéré comme un habile politicien aux États-Unis

BRISER LE SIÈGE


Les médecins internationalistes cubains partirent offrir leur aide aux Pakistanais frappés par un puissant séisme en 2005.

Au début de la décennie des années 90, la désintégration de l’Union soviétique et la chute du camp socialiste portèrent un coup dur à Cuba, qui du jour au lendemain se vit privée de ses principaux marchés et de ses fournitures essentielles. Espérant porter le coup de grâce à la Révolution cubaine, les secteurs les plus extrémistes et anticubains des États-Unis firent durcir le blocus à travers l’adoption de la Loi Torricelli, en 1992, et la Loi Helms-Burton, en 1996, entre autres mesures de coercition, et destinèrent des centaines de millions de dollars supplémentaires à la subversion et à la création d’une soi-disant « opposition interne ».

Déjouant tous les pronostics de ceux qui claironnaient la fin de la Révolution, Cuba n’a pas seulement résisté, mais s’est renforcée sur plusieurs fronts.

Les relations avec les pays du Sud, et en particulier avec l’Amérique latine et la Caraïbe, ainsi qu’avec l’Asie, ont connu un nouvel essor, ce qui a permis de donner une continuité à nos principes et objectifs au sein des organismes internationaux, tout en mettant l’accent sur la recherche de la paix, la volonté d’intégration et la coopération.

Les politiques agressives, illégales et extraterritoriales de Washington ont été d’une arrogance telle qu’elles ont suscité une réprobation internationale quasi unanime, et porté à des niveaux inimaginables la solidarité avec Cuba, y compris dans les pays traditionnellement alliés des États-Unis.

Preuve en sont les votes de l’Assemblée générale des Nations Unies qui depuis le début des années 90 condamnent chaque année le blocus US : si en 1992 50 pays s’étaient prononcés pour, 3 avaient voté contre, et la majorité 72 s’étaient abstenus, en 1997 (un an après l’adoption de la Loi Helms-Burton), 143 pays ont voté pour la levée du blocus, 3 ont voté contre, et il y a eu 17 abstentions.


Des millions de personnes de plus d'une trentaine de pays ont recouvré la vue grâce à l'Opération Miracle.

Malgré les difficultés économiques, la solidarité cubaine s’est multipliée. Même pendant les dures années de la période spéciale, Cuba n’a pas hésité à mettre son capital humain à la disposition des peuples du monde, voire ses faibles ressources économiques, comme en témoigne l’assistance médicale gratuite offerte aux pays d’Amérique centrale dévastés par les ouragans George et Mitch en 1998.

Les écoles et les universités cubaines sont restées ouvertes non seulement aux Cubains mais aux milliers d’étudiants étrangers venus partager nos pénuries et nos difficultés pour ensuite devenir ingénieurs, professeurs et autres professions.

SUCCÈS ET DANGERS AU NOUVEAU SIÈCLE

La première décennie du XXIe siècle a débuté par un événement qui a ébranlé les fondements de la nation : la lutte pour le retour du petit Elian Gonzalez, retenu illégalement aux États-Unis. À cette occasion le peuple arbora notre politique extérieure dans les rues dans des manifestations massives qui ne cesseraient qu’avec l’arrivée sur le sol cubain du père, Juan Miguel Gonzalez, avec son fils dans les bras.

Cette décennie comporterait aussi de nouveaux dangers. Pendant huit ans le monde dut supporter le gouvernement du républicain George W. Bush, peut-être le pire président que les USA aient connu, et qui allait écrire l’une des pages les plus sombres de la politique extérieure de son pays.

Guerres préventives, dommages collatéraux, prisons secrètes et tortures de prisonniers devinrent des termes courants sous son mandat. L’attentat du World Trade Center de New York servit de prétexte au déclenchement d’une guerre paranoïaque contre un ennemi nouveau et fuyant : le terrorisme.

La politique guerrière des États-Unis constitua une menace directe, notre île s’étant retrouvée dans le groupe des plus de 60 « coins obscurs du monde » qui soutiennent le terrorisme et, par conséquent, susceptibles de faire l’objet d’une « guerre préventive ».

Ces arguments sont risibles. Les agressions de la part des États-Unis contre la Révolution pendant plus de 50 ans sont plus que suffisantes pour prouver que ce pays pratique systématiquement un terrorisme d’État pour atteindre ses objectifs.

Par ailleurs, le territoire des États-Unis a servi à héberger et protéger des organisations terroristes et des criminels avérés ayant semé la mort et la destruction à Cuba, comme Luis Posada Carriles et Orlando Bosch, parmi beaucoup d’autres.

Au lieu de les appréhender et les condamner, les autorités US s’ appliquèrent à traquer et à arrêter un groupe de jeunes Cubains qui avaient pour mission d’obtenir des informations sur ces mêmes structures terroristes qui mettaient en danger la sécurité des citoyens.

Depuis, Cuba livre une bataille pour la libération des Cinq, qui ont été déclarés Héros du pays, et cette campagne est aujourd’hui au centre de notre conflit historique avec les États-Unis et l’un des points essentiels de notre politique extérieure.

La campagne internationale pour la liberté de ces antiterroristes, qui dure depuis plus de 15 ans déjà, a déclenché un mouvement de solidarité dans le monde entier, y compris dans d’importants secteurs de la société civile des États-Unis.

Autre aspect important qui confirme son rôle dans la défense des causes du Tiers monde, Cuba a assumé une nouvelle fois en 2006 la présidence du Mouvement des pays non alignés.

Tout au long de la première décennie du siècle, notre pays a remporté d’importants succès dans la sphère multilatérale, comme les condamnations massives du blocus US à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Après l’enterrement de l’ancienne Commission des droits de l’Homme, Cuba a été élue membre à part entière du nouveau Conseil des droits de l’Homme, où les États-Unis n’avaient pas de siège, ce qui a réduit à néant la justification qu’ils invoquaient pour maintenir leur politique d’agression et de subversion, révélant au grand jour leurs véritables ambitions.

LA FIN DE LA LONGUE NUIT NÉOLIBÉRALE

Pendant les dix premières années du XXIe siècle, l’Amérique latine et la Caraïbe ont subi une transformation radicale qui a bouleversé le rapport de forces, jusqu’ici favorable à la droite et au néolibéralisme.

Comme l’a souligné le président équatorien Rafael Correa, cette époque a marquée la fin de « la longue nuit néolibérale » qui avait précipité les grandes majorités dans la misère alors qu’un petit groupe de privilégiés s’enrichissait.

L’élection d’Hugo Chavez à la présidence du Venezuela en 1999, et la victoire ultérieure des mouvements progressistes et de gauche en Argentine, en Uruguay, au Brésil, en Équateur, en Bolivie, au Paraguay et au Nicaragua, entre autres, instaurèrent un nouveau climat de coopération et d’échange entre les pays de la région.

Le début du mois de novembre 2005, dans la ville argentine de Mar del Plata, a marqué un point d’inflexion, confirmant que des vents nouveaux soufflaient sur le continent. Ce Sommet a marqué l’échec de ALENA que voulaient imposer les États-Unis afin de créer un espace de libre échange dans l’ensemble de notre région.

Quelques mois plus tôt, un autre jalon avait été posé en faveur de l’union des peuples latino-américains. En décembre 2004, le président de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez, et le leader historique de la Révolution cubaine Fidel Castro, avaient signé la Déclaration conjointe pour la création de l’ALBA (Alternative bolivarienne pour les peuples d’Amérique), et La Havane avait accueilli le 1er Sommet de cet organisme.

D’autres pays allaient adhérer à cette initiative : la Bolivie, le Nicaragua, la Dominique, l’Équateur, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Antigua-et-Barbuda, et le Honduras. Ce dernier pays quitta l’organisme régional en 2009 à la suite du coup d’État perpétré contre le président constitutionnel Manuel Zelaya.

« Nous affirmons que le principe cardinal qui doit guider l’ALBA est la solidarité la plus large entre les peuples d’Amérique latine et de la Caraïbe, qui se nourrit de la pensée de Bolivar, Marti Sucre, O’Higgins, San Martin, Hidalgo, Pétion, Morazan, Sandino, et tant d’autres précurseurs, sans nationalismes égoïstes ni politiques nationales qui nient l’objectif de construire une Grande Patrie en Amérique latine, telle que l’ont rêvée les héros de nos luttes émancipatrices », est-il dit dans le document constitutif.

SOLIDARITÉ : DÉBUT ET FIN

Dans ce nouveau contexte, et après avoir surmonté les plus graves vicissitudes économiques, la portée de l’internationalisme cubain devint un exemple de ce que peut faire un pays guidé par des principes de justice.

Ainsi voyait le jour le Programme intégral de santé, destiné à étendre les services médicaux à une centaine de pays, notamment d’Afrique et d’Amérique latine. Ce projet comportait la formation et la préparation de ressources humaines dans les régions couvertes par des médecins cubains. L’École latino-américaine de médecine de La Havane qui en 1999-2000 comptait plus de 3 000 étudiants de 23 pays, est parvenue à décupler son nombre d’étudiants étrangers, issus pour la plupart de milieux défavorisés qui, une fois leur diplôme en mains, retournent servir dans leurs communautés d’origine.

En 2005, les graves inondations provoquées par l’ouragan Katrina aux États-Unis poussèrent Cuba a créer la Brigade médicale Henry Reeves, ainsi baptisée par Fidel en hommage à un médecin new-yorkais qui participa au mouvement de lutte pour l’indépendance de Cuba. Ce contingent était prêt à venir en aide aux victimes.

Devant le refus des autorités US, il serait déployée peu de temps après sur le sol pakistanais, secoué par un puissant tremblement de terre considéré comme la pire catastrophe naturelle de l’histoire de ce pays, et qui fit environ 80 000 morts et plus de 3 millions de sinistrés.

Depuis, la Brigade Henry Reeves a accompli plus d’une dizaine de missions, apportant des secours d’urgence dans des zones touchées par des catastrophes naturelles dans des pays comme le Guatemala, le Pakistan, la Bolivie, l’Indonésie, Belize, le Pérou, le Mexique, l’Équateur, la Chine, Haïti, le Salvador et le Chili.

Même si le domaine de la santé reste le fleuron de la coopération cubaine dans le monde, d’autres sphères comme l’éducation témoignent d’un engagement important. La méthode Yo si puedo, mise au point par des spécialistes cubains au début de la décennie, a permis d’alphabétiser des millions de personnes adultes dans le monde.

Dans le cadre de l’ALBA, Cuba et le Venezuela ont mené à bien des missions internationalisme conjointes comme l’Opération Miracle, qui avait pour objectif d’opérer en dix ans 6 millions de personnes souffrant de troubles ophtalmologiques divers. Ce programme amorcé au Venezuela s’est étendu à une trentaine de pays d’Amérique latine, de la Caraïbe, d’Asie et d’Afrique.

Nos professionnels se sont également déployés sur le territoire vénézuélien dans le cadre des Missions Barrio Adentro, qui ont offert des services de santé à des millions de citoyens de ce pays.

Du fait de sa portée et de son importance, la coopération internationale cubaine est devenue l’un des éléments essentiels des relations entre Cuba et le Tiers monde.

Sans renoncer aux principes solidaires qui ont toujours guidé la Révolution cubaine, ces échanges se sont transformés en un système de coopération Sud-Sud mutuellement avantageux.

UN SOMMET HISTORIQUE

Le 2e Sommet de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC) prévu à La Havane à la fin du mois de janvier est un événement historique qui marquera la fin de la présidence tournante de notre pays à la tête du premier organisme regroupant 33 pays indépendants d’Amérique latine et de la Caraïbe, sans la tutelle d’aucun facteur externe.

En 2008, en réponse à un appel du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, les pays qui forment aujourd’hui la CELAC s’étaient réunis à Costa do Sauipe, au Brésil.

À cette réunion fut décidée l’entrée de Cuba au Groupe de Rio, ainsi que la constitution d’une union de l’Amérique latine et de la Caraïbe sans les États-Unis.

Cuba prit une participation active aux discussions préalables à ce que nous connaissons aujourd’hui comme la CELAC, dont la réunion de constitution eut lieu à Caracas, au Venezuela, en 2011.

La création de cet organisme, qualifiée par Fidel Castro de l’événement politique le plus important du dernier siècle, a montré que notre région avait atteint un niveau de maturité suffisant pour avancer vers un nouveau paradigme d’intégration avec une inclusion sociale, pas seulement basé sur des intérêts mercantiles. Le fait que Cuba ait été le deuxième pays choisi pour assumer la présidence de la CELAC n’est pas un hasard. C’est une reconnaissance de la validité et de l’actualité des principes, des valeurs et des objectifs de la politique extérieure cubaine pendant plus d’un demi-siècle.

C’est également un message direct d’unité de la région contre les agressions dont Cuba est victime de la part des États-Unis, pays qui s’est retrouvé complètement isolé dans sa politique de blocus et de subversion.

21/01/2014

CUBA : LES MEDIAS FACE AU DEFI DE L'IMPARTIALITE

SLivre-Lamrani1-400x608.pngalim Lamrani, Maître de conférences à l’Université de la Réunion et journaliste spécialiste de Cuba, vient de sortir un nouvel ouvrage aux Editions Estrella avec un titre éloquent : Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité. Ce livre de 230 pages se divise en neuf chapitres. Il est introduit par une préface du grand écrivain uruguayen Eduardo Galeano, auteur du célèbre livre Les veines ouvertes de l’Amérique latine. Lamrani, comme pour tout bon historien et chercheur, enrichit toujours son travail par des sources abondantes, avec pas moins de 350 notes dans cet ouvrage. Entretien avec Salim Lamrani par André Garand, France-Cuba Marseille.

André Garand : Salim Lamrani, parlez-nous de votre dernier ouvrage.

Salim Lamrani : Ce livre part du postulat suivant : le phénomène de concentration de la presse entre les mains du pouvoir économique et financier est devenu, partout en Occident, une réalité indéniable. Or, ces médias, qui sont liés aux puissances d’argent et qui défendent l’ordre établi, sont souvent confrontés au défi de l’impartialité, surtout lorsqu’il s’agit de Cuba. Il leur est difficile de présenter de manière objective une nation dont le projet de société défie l’idéologie dominante. De plus, Cuba est, par définition, un sujet médiatique qui suscite critiques et controverses et attise régulièrement les passions.

André Garand : Quels thèmes abordez-vous dans ce livre ?

Salim Lamrani : Mon livre tente d’apporter une réponse aux questions suivantes : Comment les médias présentent-ils la réalité cubaine ? De quelle manière abordent-ils des problématiques aussi complexes que les droits de l’homme, le débat critique, l’émigration, le niveau de développement humain et les relations avec les États- Unis ? Remplissent-ils réellement leur rôle de quatrième pouvoir ? Sont-ils capables de s’émanciper du pouvoir politique, des puissances d’argent et d’apporter une vision plurielle sur la société cubaine ? Car une presse libre et indépendante est essentielle dans toute démocratie et elle s’accompagne, à l’évidence, d’un devoir de vérité informationnelle vis-à-vis des citoyens.

André Garand : Pourquoi les médias sont-ils si critiques à l’égard de Cuba ?

Salim Lamrani : Cuba, depuis le triomphe de la Révolution et l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, est un sujet de débat vif et animé. Il est une raison essentielle à cela : le processus de transformation sociale initié en 1959 a bouleversé l’ordre et les structures établis, a remis en cause le pouvoir des dominants et propose une alternative sociétale où – malgré tous ses défauts, ses imperfections et ses contradictions qu’il convient de ne pas minimiser – les puissances d’argent ne règnent plus en maître, et où les ressources sont destinées à la majorité des citoyens et non à une minorité.

André Garand : Eduardo Galeano, célèbre écrivain latino-américain, a rédigé la préface de votre livre.

Salim Lamrani : Eduardo Galeano a effectivement rédigé un texte incisif non dépourvu de l’humour sarcastique, si caractéristique de son style, sur Cuba et les médias. J’en profite pour le remercier chaleureusement d’avoir bien voulu associer son nom et son prestige à mon travail. J’en profite également pour remercier publiquement Estela, journaliste espagnole, qui m’a aidé dans cette tâche.

André Garand : La quatrième de couverture comporte une citation de Jean-Pierre Bel, notre Président du Sénat, qui vous remercie pour votre travail. Elle dit la chose suivante : « Merci pour ce regard sur Cuba, tellement utile ». C’est une belle reconnaissance, non ?

Salim Lamrani : Le Président Jean-Pierre Bel est un grand ami de Cuba. C’est un grand connaisseur de l’Amérique latine. Il est très attaché à la liberté d’expression et à la pluralité d’opinions. Il est issu d’une famille de résistants communistes et est un grand admirateur de la Révolution cubaine. Il a lu certains de mes ouvrages et m’a fait parvenir ce petit mot. Je l’en remercie grandement.

André Garand : Une citation de Robespierre, à qui vous dédiez votre ouvrage, introduit le livre. Pourquoi ce choix ?

Salim Lamrani : Robespierre parlait de passer la « vérité en contrebande » car il avait la conviction profonde qu’elle finirait par triompher. Je partage cette foi.

Maximilien Robespierre est le plus pur patriote de l’Histoire de France. C’est la figure emblématique de la Révolution, le défenseur de la souveraineté populaire. Il avait compris dès le départ que les puissances d’argent étaient le principal ennemi du peuple, de la République, de la Patrie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’idéologie dominante vilipende tant son héritage. Ses aspirations à la liberté et à la justice sociale sont toujours d’actualité.

Nous vivons une époque assez curieuse. On glorifie les ennemis du peuple et on méprise ses défenseurs. Prenez la ville de Paris : Pas une rue ne porte le nom de notre Libérateur, pas une statue à l’effigie de Robespierre, alors que le traitre Mirabeau a un pont et Adolphe Thiers, le boucher de la Commune qui a fait fusiller 20.000 patriotes en une semaine, dispose d’un square et d’une statue. Rendez-vous compte, le 22 septembre, jour de la Fondation de notre République, n’est même pas célébré en France.

André Garand : Avez-vous un message à transmettre aux adhérents de France-Cuba ?

Salim Lamrani : France-Cuba est une association pour qui j’ai beaucoup de respect et d’admiration en raison sa solidarité inébranlable avec le peuple cubain. Il s’agit de la première association française de solidarité avec Cuba et on ne peut que rendre hommage au Professeur Paul Estrade, son fondateur, et féliciter tous ceux qui poursuivent son œuvre.

J’en profite pour transmettre aux adhérents de France-Cuba mes meilleurs vœux. Pour les avoir fréquentés à de nombreuses reprises lors de conférences-débats, je connais leurs qualités humaines, leur hospitalité et leur esprit combatif. J’aurai sûrement l’occasion de les rencontrer à nouveau autour de ce nouveau livre.

Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité

Préface d’Eduardo Galeano

Paris, Editions Estrella, 2013

230 pages

18€

Disponible auprès de l’auteur : lamranisalim@yahoo.fr

Egalement en librairie : http://www.librairie-renaissance.fr/9782953128437-cuba-le...

Et chez Amazon

http://www.amazon.fr/Cuba-Medias-Face-Defi-lImpartialite/...

04/01/2014

Radio Cubana a trouvé le bon tempo

cuba,cubaine,diversité,facebook,hughes evrard,musique,radio cubana,radio digitale,radionomy,salsa,webradioLa musique cubaine ne se résume pas à la salsa, loin de là. Hughes Evrard l'a bien compris au fil de ses voyages à Cuba. Il a donné naissance à Radio Cubana. Cette radio digitale est entièrement consacrée à la musique cubaine et à ses multiples facettes. A écouter sur radio-cubana.com.

Hughes Evrard a logiquement voulu créer une radio internet qui reflétait toute la diversité culturelle de ce pays. Radio Cubana est donc arrivée sur la plate-forme Radionomy le 24 décembre 2009. "La musique cubaine est une belle illustration du mélange des cultures africaines et européenes, entre les Africains et les Espagnols, et aussi des Français venus de Haïti, explique ce géomètre de 49 ans, qui ne vit pas à Cuba, mais sur une autre île toute aussi magique : la Corse. Radio Cubana est née du désir de faire partager sur le net, les multiples facettes de la musique cubaine, ajoute-t-il. Le but est de promouvoir une image plus vaste, inattendue, et plus éclectique de cette musique, l'éloigner des clivages politiques et des clichés imposés par les marchés liés à la culture latine, qui laissent croire que cette dernière se limite à la salsa".

Avec une playlist de 3000 titres, Radio Cubana offre un panel très large qui a su séduire des auditeurs du monde entier. "La radio est de plus en plus connue à Cuba. Les artistes cubains m'envoient leurs nouveautés, la programmation est régulièrement renouvelée. La radio a également une page Facebook avec plus de 17 000 likes et j'ai donc de nombreux contacts avec mes auditeurs".
Radio Cubana n'a pas fini de faire danser et rêver le monde !
Ecoutez Radio Cubana ICI

Article publié dans la Lettrepro

28/12/2013

CUBA, CARNET DE VOYAGE (8) : TRINIDAD, VILLE COLONIALE !

cubatrinidad1.jpg

Classée au patrimoine mondial de l’humanité en 1988, Trinidad est une des villes coloniales les plus intéressantes des Caraïbes : églises baroques, maisons basses aux couleurs pastelles, patios bâties sur le modèle andalous, rues pavées…

C’est un magnifique joyau architectural. Depuis l’époque coloniale cette ville vit grâce à la culture de la canne à sucre. En effet, non loin de Trinidad se situe la Vallée de los Ingenios (« La Vallée des Génies ») qui regorge de trésors de l’industrie sucrière : sucreries en ruines, résidence d’été des planteurs et autres édifices liés à l’exploitation de la canne à sucre.

Ses rues pavées et ses maisons basses couleurs pastelles nous donne l’impression que le temps s’est arrêté. Pour visiter, il faut se perdre dans les ruelles avec comme point de repère la Plaza Mayor, avec ses palmiers, ses bancs en fer forgé blanc. Tous les musées et sites intéressants sont situés autour de cette place dominée par l’imposante cathédrale, la Iglesia Parroquial de la Santisima Trinidad. »

C’est ainsi que Trinidad est définie par les guides touristiques.

cubatrinidad2.jpgPourtant cette ville de 52 000 appartenant à la province de Sancti Spíritus, à Cuba à d’autres particularités et d’autres charmes qu’aucun  guide ne peut véritablement définir.  C’est une ville hors du temps, au charme désuet et aux habitants charmants. C’est une ville où il fait bon marcher et aux rencontres inattendues.  Musique, musées, boutiques, restaurants, artistes sont au rendez-vous comme un mille-feuille.  Parce que c’est une ville touristique bien sûr, mais pas uniquement, parce que c’est aussi une ville Cubaine, passionnément Cubaine.

Cuba a cette particularité où dans toutes les villes de l’Ile, de la Havane à Cienfuegos, de Vinales à Trinidad où l’homogénéité  règne, c’est le sourire qui est roi dans cette Ile de la Révolution.

Dans cette ville tout est sujet à curiosité : les rues, les places, les commerces, les peintres et artistes nombreux, les marchés et bien sûr les restaurants et les lieux festifs, tout est sujet à rencontres.

L’histoire de Cuba est ici présente avec ces rues atypiques larges où voitures anciennes et chevaux se croisent, son musée consacrée aux « bandidos » qui couvre le début de la révolution ou dans l’Ile des foyers de contre-révolutions sous l’impulsion des USA avaient éclatés un peu partout. Cette période de l’histoire est assez méconnue. L’ennemie pour ces « bandidos » c’était le savoir, l’éducation et de nombreux enseignants en payèrent le prix.

cubatrinidad.jpgTrinidad pour nous c’était aussi le souvenir d’un hôtel, probablement  le meilleur rencontré, « las Cuevas ». L’accueil est de grande qualité, le personnel charmant voire parfois adorable. Les bungalows indépendants autour d’une piscine sont confortables et permettent un repos bien mérité pour cette fin de séjour.

10:50 Publié dans AL-Pays : Cuba, Carnet de voyage | Tags : cuba, trinidad, géographie, histoire | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg