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01/12/2015

CUBA FACE AU TERRORISME

cuba usa terrorisme lutte

La plupart des gens associent Cuba aux voitures anciennes authentiques, à l'exquise salsa, aux plages de rêve, aux cigares, aux mojitos ... Rares sont ceux qui savent que le pays vit depuis 1959 sous un niveau de menace de niveau 4. Comment les Cubains le vivent-ils et que pouvons-nous puiser dans leur expérience de spécialistes ?

Au niveau 4 depuis 55 ans

Il y a 57 ans, quand Fidel et les siens l’emportent sur l’armée et chassent le dictateur Batista, les 1 % des Cubains les plus fortunés font eux aussi leurs valises. Il se replient dans leurs résidences secondaires à Miami, à quelque 200 km de l’île. Ils sont persuadés que les rebelles barbus ne tiendront pas plus de quelques mois et qu’ils pourront rapidement récupérer leurs privilèges. Le gouvernement des Etats-Unis lui aussi pense pouvoir bientôt contrôler les « barbudos ». Mais il apparaît bien vite que le nouveau gouvernement rebelle ne se laissera pas mater de sitôt. Fin 1959 le président Eisenhower lance un programme pour saper la révolution cubaine.

C’est le début d’une longue série d’attentats terroristes contre l’île : des crèches, des grands magasins, des hôtels et d’autres bâtiments publics sont la cible d’attaques à la bombe. Le 4 mars 1960 un navire plein d’armes belges saute dans le port de La Havane. Des contre-révolutionnaires armés sèment la terreur dans les campagnes avec le soutien d’une couverture aérienne des Etats-Unis. Ensuite ce sont les actions de sabotage, les explosions par dizaines, les tentatives d’assassinat contre Castro par centaines. Des invasions ont lieu le long de la côte par des commandos armés qui tuent les habitants sans discrimination. Les Etats-Unis n’hésitent pas à utiliser des armes bactériologiques pour anéantir les récoltes et ils répandent certaines maladies comme la dengue, faisant des centaines de morts.

En avril 1961 des bombardiers étatsuniens pilonnent les aéroports cubains pour préparer une invasion militaire par 1.200 mercenaires, dans la Baie des Cochons. L’opération est un ratage total. Les stratèges US parviennent à la conclusion que la révolution ne peut être battue que par l’engagement massif de troupes au sol (1). Les projets sont temporairement mis de côté parce que Washington se prépare entre-temps à la guerre au Vietnam. En 1976 la terreur atteint son point culminant lorsqu’un avion de ligne cubain est abattu. Les 73 passagers au complet y perdent la vie. Les années ’90 connaissent un nouveau pic d’agressions. A ce moment, ripostant à une aggravation du blocus économique, Cuba développe son secteur touristique. Cette fois des hôtels, centres touristiques, autobus, aéroports et autres installations de vacances deviennent la cible d’une série d’attentats à la bombe (2).

L’invasion de l’Irak va de pair avec une authentique hystérie guerrière aux Etats-Unis. La politique à l’égard de Cuba en subit le contre-coup. En effet des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour envahir Cuba après l’Irak (3). En Floride des groupes paramilitaires s’entraînent ouvertement avec des armes lourdes en vue d’une future invasion (voir photo) (4).

Les groupes terroristes opèrent à partir de Miami. Ils sont souvent formés et entraînés par la CIA. Ils avaient été créés autrefois par les 1 % de Cubains partis à Miami, avec la collaboration des services de sécurité américains et le financement des pouvoirs publics. Ils sont encore toujours tolérés aujourd’hui.

Ils ne sont du reste pas seulement utilisés contre Cuba. Le super-terroriste Orlando Bosch qui commet avec Luis Posada Carriles l’attentat précité contre l’avion de ligne sert également dans l’Opération Condor (5). Il s’agit de l’opération CIA qui dans les années ’70 et ’80 du siècle dernier a soutenu toute une série de dictatures en Amérique du Sud dans la répression et les pratiques de torture contre tout ce qui était progressiste. Luis Posada Carriles est actif notamment dans la guerre des Contras au Nicaragua qui fit de dizaines de milliers de victimes innocentes. Bosch, tout comme Posada Carriles, est protégé par les autorités étatsuniennes. Posada Carriles coule toujours des jours heureux à Miami.

25 fois Paris

A Cuba le terrorisme n’est donc jamais bien loin. L’ensemble des attentats terroristes a tué 3.478 personnes, soit 25 fois le nombre de victimes des attentats de Paris. 2.099 ont été blessées ou mutilées ou sont restées invalides. (6).

Dans ces circonstances on pourrait s’attendre à une société militarisée avec une forte présence de bleu et de kaki dans les rues. On pourrait aussi s’attendre à ce que les autorités proclament régulièrement l’état d’urgence pour des semaines ou des mois, ou qu’elles mettent régulièrement à l’arrêt les transports publics, interdisent les compétitions sportives, ferment temporairement les écoles, suspendent en permanence les libertés, etc.

Mais ce n’est absolument pas le cas. Pas de tanks ni de véhicules militaires dans les rues, pas de tireurs d’élite ni de paramilitaires près des bâtiments publics, pas même lors de manifestations de masse comme le cortège annuel du 1er mai ou les visites papales. En de telles occasions des centaines de milliers de personnes se réunissent en un même lieu.

Ce n’est pas que Cuba prenne la menace terroriste à la légère ou lâche la bride aux terroristes potentiels, bien au contraire. Depuis ’59 la lutte anti-terroriste est la priorité absolue du gouvernement cubain. Les meilleures forces de tout le pays sont engagées dans la lutte contre le terrorisme. Mais l’approche est totalement différente de la « war on terror » comme nous l’avons sous Bush ou comme elle est est actuellement menée en France et en Belgique.

L’approche cubaine

Les révolutionnaires cubains ont parfaitement compris dès leur lutte de libération que les Etats-Unis ne toléreraient jamais un gouvernement progressiste, encore moins une révolution socialiste, dans leur arrière-cour. Ils savaient qu’après leur prise de pouvoir ils seraient aux prises pendant longtemps avec des agressions et une subversion venues de Washington. Fidel a dit à ce propos, quelque six mois avant la victoire, à l’occasion d’un bombardement sur un village de montagne : « Quand cette guerre prendra fin, une autre viendra pour moi, qui sera bien plus longue et plus grande, à savoir le combat contre eux [les Américains] » (7).

La lutte contre le terrorisme et la subversion est menée de deux manières à Cuba : en s’appuyant sur la population et en infiltrant les réseaux terroristes.

L’appui sur la population

En 1960, appuyés par la CIA, des contre-révolutionnaires opéraient dans les montagnes au centre de l’île. Pour les éradiquer le gouvernement n’envoya pas l’armée. En lieu et place, cent mille volontaires furent mobilisés, avec succès.

La même année Cuba connut des attentats à la bombe à La Havane et dans d’autres villes. A nouveau la population fut mobilisée pour écarter le terrorisme. Dans chaque quartier, un CDR (8) fut créé, un comité qui veillait à la sécurité du quartier. Ainsi naquit un grand système collectif de vigilance. Au fil des ans ces comités de quartier s’occupèrent également de problèmes sociaux ou économiques des habitants du quartier, santé publique (éradication de moustiques dangereux, collectes de sang …), organisation des élections, recyclage …

Cuba s’appuie également sur sa population pour défendre le pays d’une éventuelle invasion militaire. Aujourd’hui, aux côtés de l’armée régulière, le système défensif peut compter sur deux millions de Cubains qui sont sur le pied de guerre dans les 48 heures. Ces volontaires reçoivent un entraînement annuel et savent où aller s’armer le cas échéant.

L’infiltration

Une collaboration avec Washington n’était guère envisageable jusqu’à présent. Aussi ne restait-il qu’une seule option aux Cubains : l’infiltration. C’est précisément ce que les « Cuban Five », les Cinq de Cuba, ont accompli pendant les années ’90. Ils ont infiltré les groupes terroristes les plus violents en Floride afin de collecter le maximum d’informations et de pouvoir déjouer des attentats. Ils ont ainsi pu empêcher une bonne centaine d’attentats (9).

Ce genre d’infiltrations est tout sauf évident. Les terroristes ne sont pas des mauviettes et n’hésitent pas à assassiner renégats ou infiltrés. S’ils sont démasqués, les infiltrés risquent également de lourdes peines de prison aux Etats-Unis. C’est ainsi qu’en 2001 les Cinq agents anti-terroristes cubains furent condamnés collectivement à quatre fois la perpétuité plus 77 ans. L’ironie veut que cela se passait juste quelques mois après les attentats contre le World Trade Center à New York.

Lorsqu’en juillet 2004, lors d’une visite en prison, nous demandons à Gerardo Hernández, chef des Cinq, pourquoi il a accepté une mission aussi risquée, il sourit : « Je ne suis pas du tout une exception, vous savez » répond-il. « Si vous vous adressez à 10 Cubains pour faire ce genre de boulot dans l’intérêt de notre peuple, je suis sûr que 7 d’entre eux diront oui sans hésiter. Nous savons tous ce que c’est que perdre des amis ou des parents dans un attentat ».

Depuis le 17 décembre 2014 les USA ont entamé des démarches en vue d’une reprise des relations avec Cuba. Les Cinq sont libérés dans ce contexte, après 16 années de campagnes internationales (10). Mais jusqu’à présent la politique de déstabilisation et le blocus économique des Etats-Unis demeurent intacts.

Un autre regard

Dans les médias de masse l’image de Cuba est toujours négative. Le Cuba bashing est de bon ton. Certains faits sont amplifiés, d’autres sont systématiquement occultés ou criminalisés. S’il se produit à Cuba quelques arrestations administratives, cela devient vite une info internationale, alors que dans notre propre pays il y a des dizaines d’arrestations de ce genre chaque année. Inversement les informations traitent généralement le blocus économique – le plus long de l’Histoire – comme un détail, en supposant qu’elles le mentionnent. Pour vous donner une idée, en 55 ans le coût de ce blocus a atteint 11 fois le PNB (11). Pour la Belgique un tel calcul équivaudrait à 400 milliards d’euros et pour la France à 23.000 milliards d’euros. Difficile d’appeler ça un détail.

Le pire est qu’on ne parle jamais de la menace terroriste permanente. Cuba est considéré comme un pays normal, alors qu’il vit depuis 55 ans sous une menace terroriste permanente. Depuis les événements du vendredi 13 novembre nous savons maintenant pour la première fois ce que cela signifie. Une situation de ce genre bouleverse un pays. Pour la première fois nous sommes peut-être en état de nous représenter ce que qu’implique de vivre sous de telles conditions. Ce qui nous permettra peut-être de faire preuve d’une meilleure compréhension à l’égard de Cuba.

Cela nous incitera peut-être aussi à exiger de Washington qu’il en finisse une fois pour toutes avec les groupes terroristes sur son propre sol, plus précisément à Miami. Il n’est jamais mauvais de commencer à balayer devant sa porte.

Katrien Demuynck et Marc Vandepitte ont écrit plusieurs ouvrages sur Cuba.

Notes : (1) Les plans émanaient notamment de McNamara, Ministre des Affaires étrangères de l’époque. T. Diez Acosta : October 1962, The ‘Missile’ crisis as seen from Cuba. New York 2002, p. 86.

(2) Demuynck K. (ed.) : The incredible case of the Cuban Five. Evidence from the International Commission of Inquiry into the Case of the Cuban Five, Londres 2014, p. 39-51.

(3) Hans Hertell, ambassadeur US en République Dominicaine et proche de Bush a déclaré juste après la chute de Bagdad : “Les événements en Irak sont un signal positif et sont un bon exemple pour Cuba où la semaine dernière le régime de Fidel Castro a ordonné l’arrestation de plus de 80 citoyens pour leurs seules idées”. Jeb Bush, actuel candidat républicain à la présidence et frère de, déclarait à peu près au même moment : “Après notre succès en Irak, nous devons regarder vers notre voisin. Nous devons expliquer à nos frères d’Amérique latine et d’ailleurs qu’un régime qui ne respecte pas les droits de l’homme ne peut pas être maintenu”. Cf resp. El Expresso, 13 avril 2003 et www.americas.org/news/nir/20....

(4) Sun Sentinel 6 avril 2003.

(5) Stella Calloni. Operación Condór. Pacto Criminal, La Havane, 2005.

(6) cf http://www.theguardian.com/us-news/...

(7) Dans une lettre à Celia Sánchez in Suárez Pérez E. & Caner Román A. (éd.) : De cinco palmas a La Habana, La Havane 1998, p. 143.

(8) CDR : Comité de Defensa de la Revolución.

(9) Sur les Cinq de Cuba voir : http://www.cubanismo.net/cms/fr/art...

(10) cf http://cubanismo.net/cms/fr/campagn...

(11) cf http://www.elnuevodia.com/noticias/... Le PNB est ce qu’un pays produit de richesses en un an (biens et services).

Source originale : De Wereld Morgen

Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.

par Katrien De Muyck et Marc Vandepite 30 Novembre 2015

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24/11/2015

L’Argentine se donne à la droite libérale

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Le très libéral Mauricio Macri a remporté dimanche le second tour de l'élection présidentielle en Argentine. Sa victoire est une rupture économique et sociale, mais aussi diplomatique puisqu’elle devrait augurer un rapprochement vers Washington.

Le maire de Buenos Aires Mauricio Macri, 56 ans, totalise 52,11% des voix, contre 47,89% à son adversaire Daniel Scioli, candidat de la coalition de gauche au pouvoir, qui a admis sa défaite. La présidente Cristina Kirchner, à la tête du pays depuis 2007 après avoir succédé à son mari, ne pouvait pas se présenter pour un 3e mandat consécutif, selon la constitution.
Cet héritier d’un empire économique bâti par son père a soudé une coalition autour du parti de droite qu'il a fondé, le PRO, en associant notamment les radicaux du centre de l'UCR, un parti historique diminué.
Il promet une rupture libérale violente avec la politique économique protectionniste et encadrée menée par les gouvernements de Nestor (2003-2007) et Cristina Kirchner.

Les économistes de sa coalition préconisent une suppression du contrôle de l'accès aux devises étrangères, de la limitation des importations ou des barrières douanières, comptent rompre avec la surévaluation du peso argentin et régler le conflit sur la dette avec des "fonds vautours". De quoi ravir Washington. D’autant plus que l’Argentine devrait se détourner des nations progressistes d’Amérique Latine pour rentrer dans le giron économique des Etats-Unis.

Daniel Scioli, était lui soutenu par la coalition de gauche de la présidente Cristina Kirchner. Il se présentait comme le défenseur des plus démunis, des aides sociales accordées par l'administration Kirchner, et s'érigeait en rempart "contre le capitalisme sauvage" incarné par Mauricio Macri. Les péronistes ont appelé les électeurs à "voter pour préserver leur avenir". "Pensez à votre salaire, à votre travail".  Cristina Kirchner avait appelé es Argentins à "voter avec leur mémoire, mais pas par intérêt partisan, ce serait dommage de faire un pas en arrière après toutes les avancées" de l'administration Kirchner. "Souvenez-vous dans quel état se trouvait l'Argentine en 2003 (après la crise économique, ndlr), et où en est le pays aujourd'hui", faisant référence aux 10 années de croissance forte que le pays a connu sous son administration.

Sans majorité à la chambre des députés, ni au Sénat, Mauricio Macri devra tisser des alliances pour gouverner l'Argentine, avec une opposition péroniste détenant la majorité absolue au Sénat et une majorité relative de députés. 

Lundi, 23 Novembre, 2015
Humanite.fr
 
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19/09/2015

Cuba élimine la transmission du VIH de la mère à l'enfant

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Cuba devient le premier pays au monde à réaliser cette avancée importante. 240.000 enfants sont nés séropositifs en 2013.

Cuba est désormais le premier pays au monde à parvenir à éliminer la transmission du virus du sida (VIH) et de la syphilis de la mère à l'enfant, selon une annonce mardi de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a salué cette prouesse médicale. « Eliminer la transmission d'un virus est l'un des plus grands accomplissements en matière de santé publique », a déclaré la Dr Margaret Chan, directrice générale de l'OMS. «  C'est une victoire majeure dans notre longue lutte contre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et les infections transmises sexuellement, ainsi qu'un pas important vers l'objectif d'une génération sans sida », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Ce succès de Cuba «  montre qu'un accès universel à une couverture médicale et aux soins est possible et est en fait la clef du succès même contre des défis aussi immenses que le sida », a également souligné la Dr Carissa Etienne, directrice de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), lors d'une conférence de presse. Cette élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant « prouve qu'il est possible de mettre fin à la pandémie de sida et nous nous attendons à ce que Cuba soit, parmi de nombreux pays, le premier à parvenir à mettre fin à cette épidémie parmi les enfants », a déclaré Michel Sidibé, le directeur général de Onusida.

Objectif encore loin

Selon l'OMS, environ 1,4 million de femmes infectées par le VIH tombent enceintes chaque année dans le monde, pour la plupart dans les pays en développement et notamment en Afrique subsaharienne. Sans traitement avec des antirétroviraux, elles ont de 15 à 45% de risques de transmettre le VIH à leur enfant pendant la grossesse, l'accouchement ou en donnant le sein. Cependant, ce risque est quasiment éliminé, tombant à un peu plus de 1% si la mère prend des antirétroviraux pendant la grossesse ainsi que l'enfant juste après sa naissance.

Le nombre d'enfants qui naissent séropositifs annuellement a été presque divisé par deux depuis 2009, en passant de 400.000 cette année-là à 240.000 en 2013. Mais il faut redoubler d'efforts pour pouvoir atteindre l'objectif actuel de moins de 40.000 enfants infectés annuellement par le VIH par leur mère.

Article publié par les Echos

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13:20 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Santé, Société | Tags : sida, vih, santé | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

30/08/2015

Cuba. Josefina Vidal, diplomate jusqu’au bout des ongles

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Depuis le réchauffement des relations avec les États-Unis, c’est une femme qui mène le train des négociations. La directrice générale de la section des États-Unis au ministère des Relations extérieures fait partie de la nouvelle génération des dirigeants cubains.

Le dernier round des négociations cubano-nord-américaines venait de se terminer à Washington et Josefina de la Caridad Vidal Ferreiro faisait son entrée dans la salle de presse.

La chef de la délégation cubaine, 54 ans, balayait du regard les journalistes présents et d’une voix posée déclarait : « Nous avons progressé en peu de temps, alors que les relations de mon pays avec les États-Unis sont interrompues depuis plus de cinquante ans. »

Une professionnelle qui recherche « le sans-faute »

Progressé ? Cuba retiré de la liste des pays terroristes, plusieurs problèmes techniques comme ceux relevant des affaires bancaires réglés, le rétablissement des relations diplomatiques pouvait être envisagé. Reste que Madame la négociatrice rappelait plusieurs revendications cubaines : la levée de l’embargo, la fin de l’occupation américaine à Guantanamo, l’arrêt des atteintes à la souveraineté de son pays avec notamment la fermeture des émissions de radio et de télé états-uniennes appelant à la subversion. Mme Vidal, diplomate jusqu’au bout de ses ongles vernis, sourire aux lèvres, a de la classe, reconnaissent ses interlocuteurs. De la classe ? Pas seulement.

La dame, selon ceux qui ont travaillé avec elle ou l’ont approchée, est redoutable d’intelligence, de connaissances et de savoir-faire. Son homologue américaine aux négociations, Roberta Jacobson, qui n’est pas née, elle aussi, de la dernière pluie, le reconnaît, déclarant publiquement qu’elle apprécie « le sens pragmatique » de son interlocutrice, glissant discrètement à son entourage : « Faut pas se laisser embobiner par cette communiste de haut vol. » Bien vu.

vidal.jpgJosefina Vidal, directrice générale de la section des États-Unis au ministère cubain des Relations extérieures, est membre du comité central du Parti communiste de Cuba. Fille de coco et fière de l’être. Jusqu’où ira son parcours ? Elle a étudié de 1979 à 1984 à Moscou à l’Institut des relations internationales. Jusqu’en 1990, elle a travaillé au centre d’études sur les États-Unis à l’université de La Havane avant de séjourner sept ans à Paris à l’ambassade de Cuba comme analyste puis de rejoindre Washington comme première secrétaire de la section des intérêts cubains. Mme Vidal, Mme de la Caridad Vidal Ferreiro, Companera Josefina, c’est selon, parle parfaitement l’anglais, le russe et le français. Ça aide. Sera-t-elle la prochaine ambassadrice de Cuba à Washington ?

Cette femme fait partie de la nouvelle génération des dirigeants cubains. Ils ont la cinquantaine, sont nés avec la révolution et ont bénéficié d’une formation de qualité dans les écoles et les universités de l’île : les atlantes métissés du futur souvent présentés comme « les enfants de Fidel ». Ils savent ce qu’ils doivent à la révolution, ils savent aussi que le monde change et qu’il faut prendre à bras ouverts les bouleversements technologiques, économiques, sociétaux afin de donner un souffle nouveau à la construction de la société socialiste au risque sinon de disparaître. Tel est le sens des réformes mises en œuvre ces dernières années sous l’impulsion de Raul Castro, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la présidence du pays.

Josefina Vidal reste d’une grande discrétion sur sa vie personnelle. Elle joue collectif. Trop peut-être pour ceux qui, comme nous, veulent en savoir un peu plus sur sa vie, ses goûts, sa famille sans sombrer dans la « pipolisation ». Elle s’en tient à son « job ». Une professionnelle qui recherche « le sans-faute » jusqu’au moindre détail, au risque de la rendre déshumanisée. Alors, derrière la carapace, quoi ?

Ses anciens camarades de lycée et d’université s’accordent à souligner sa « gentillesse ». Elle n’a jamais eu « la grosse tête », affirme Manuela, qui a partagé les mêmes salles de classe avec la diplomate. Et qui ajoute : « Je ne sais pas si elle a maintenant le temps de cuisiner mais je me souviens qu’elle préparait superbement le guacamole. » On ne saura pas – pour le moment – si elle préfère la cuisine française au traditionnel porc-haricots cubain ou à l’hamburger états-unien. En revanche, on sait qu’elle ne partira pas en vacances cette année, rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis oblige.

Dans la longue histoire cubano-nord-américaine d’après la révolution, Fidel et Raul Castro ont joué les premiers rôles. Il y a eu aussi Ricardo Alarcon, représentant de Cuba aux Nations unies et interlocuteur redouté des Yankees. Désormais, une nouvelle figure s’affirme : une femme, une révolutionnaire de son temps, Mme Josefina Vidal.

Cinquante-quatre ans après…  Les États-Unis et Cuba ont officiellement rouvert leurs ambassades à La Havane 
et à Washington, le 20 juillet dernier. 
À Washington, une cérémonie a eu lieu 
en présence du ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, la première visite d’un chef de la diplomatie cubaine depuis 1959. Le drapeau cubain hissé était celui qui avait été retiré le 3 janvier 1961 lors de la fermeture de la mission diplomatique cubaine aux États-Unis. Ce drapeau avait été ramené à Cuba et conservé par l’historien Eusebio Leal. À La Havane, aucune cérémonie n’a eu lieu, mais le bloc de béton et de verre situé sur le Malecon, boulevard du front de mer, sera bien transformé en ambassade américaine.

Elles et les combats d'aujourd'hui
José Fort
Mercredi, 12 Août, 2015
L'Humanité
 
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12:41 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Portrait | Tags : josefina vidal, diplomate | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg