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21/03/2016

En Amérique du Sud, c'est l'année de tous les dangers

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Au Brésil, l'opposition à Dilma rousseff, la présidente, a réuni plus de 3 millions de manifestants le 13 mars. A gauche, la mobilisation se prépare.

La droite revient en force, avec le soutien des puissances libérales états-uniennes. L'argentine, où le libéral Mauricio Macri veut briser l'héritage de Kirchner, le Brésil, où Lula est attaqué sans retenue, le Venezuela, où l'opposition orchestre le chaos, sont dans l'oeil du cyclone.

Cette année 2016 s'annonce très conflictuelle pour trois pays d'Amérique latine : Brésil, Venezuela et Argentine. « Nous sommes face à une attaque conservatrice qui souhaite empêcher une candidature de Lula à l'élection présidentielle en 2018 », affirme le dirigeant brésilien du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), Joao Pedro Stedile. Une déstabilisation dénoncée par 14 anciens chefs d'État et de gouvernement latino-américains et européens (1). Ils ont publié, le 11 mars, une protestation contre la tentative « de détruire l'image de ce grand Brésilien et les avancées sociales que le Brésil a connues pendant ses deux mandats ».
 
BRÉSIL, UNE CRISE INCONTRÔLABLE ?
Le camp progressiste brésilien n'entend pas en rester là. Le 31 mars aura lieu une mobilisation nationale du Front Brésil populaire. Ses revendications? Celles proposées par les travailleurs. En avril, ce sera le tour des paysans. Pour Joao Pedro Stedile : « Le gouvernement de Dilma n'arrive pas à contrôler la crise et à avancer. Il a accepté l'agenda néolibéral avec la réforme du système de retraite et en signant un pacte avec la droite pour exclure l'entreprise Petrobras de l'exploration du Pré-Sal, ouvrant ainsi la porte aux entreprises multinationales. » Le Pré-Sal est un immense gisement de pétrole et de gaz naturel dont le potentiel est estimé à environ 1,6 milliard de mètres cubes, situé entre l'État de l'Espirito Santo et l'État de Santa Catarina au sud-est du Brésil. Il s'agit de la plus grande réserve de pétrole au monde dans des eaux maritimes.
 
VENEZUELA, LA GUÉRILLA COMME POLITIQUE
Au Venezuela, le scénario du chaos est savamment orchestré par la droite et l'extrême droite, qui tentent d'obtenir par la force leur retour au pouvoir. En 2002, elles s'étaient déjà essayées au coup d'État contre Hugo Chavez. Maurice Lemoine décrypte sur le site Mémoire des luttes cette stratégie (medelu.org) de radicalisation qui reprend fin 2013, après une énième défaite aux élections régionales et municipales qui ne sont pas pour autant le plébiscite attendu contre le président Maduro. « Le 23 janvier 2014, Leopoldo Lopez, l'un des dirigeants "ultras" de la MUD (Table de l'unité démocratique, droite ­ NDLR), incite ses militants à mettre en oeuvre le plan "la Salida" (la sortie), destiné, en créant le chaos, à pousser le chef de l'État à la démission.
 
Dès le 12 février 2014, sous les exhortations de ces meneurs, d'incessantes actions de guérilla urbaine mettent le feu à quelques villes ­ toutes entre les mains de l'opposition. Ces « guarimbas » (barricades faites de tout type de matériel et de pneus enflammés), cette vague de violences sauvages vont laisser dans leur sillage le lourd bilan de 43 morts (dont 9 fonctionnaires) et 878 blessés. » La victoire de la coalition d'opposition Mesa de la Unidad Democrática (MUD) aux élections législatives du 6 décembre dernier a débouché sur une Assemblée nationale contrôlée par des forces hostiles à la révolution bolivarienne. Depuis la victoire de Hugo Chavez en 1999, ce scénario n'a jamais eu lieu et elle conforte la droite et l'extrême droite dans leur stratégie.
 
ARGENTINE, UNE CHASSE AUX SORCIÈRES
En Argentine, le nouveau président de droite, Mauricio Macri, multiplie les attaques contre l'héritage des Kirchner. Près de trois mois après son arrivée au pouvoir, il a déjà licencié 45 000 salariés du secteur public, provoquant de nombreux mouvements sociaux. Face à la grève générale organisée par les principales organisations syndicales, les fédérations des professionnels de la santé et de l'éducation, les chercheurs fin février, cet ultralibéral a promis de poursuivre les suppressions de postes. Une intransigeance conforme à ce président qui gouverne par décrets (une centaine en moins de 100 jours). Dans un silence médiatique, Mauricio Macri a engagé une véritable chasse aux sorcières en arrêtant la dirigeante du mouvement social Tupac Amaru, Milagro Sala, députée du Parlement du MERCoSUR. Une véritable répression qui s'accompagne d'un limogeage de militants et d'une reprise en main de la presse avec le licenciement d'une série de journalistes parmi les plus connus dans les médias publics télévisés pour une vaste reprogrammation des contenus...
Cette contre-offensive de la droite en Amérique latine est due à un système capitaliste en crise. Faute d'issue, ce système cherche « à s'approprier les ressources naturelles importantes et détruire tout type de contrôle national sur les marchés pour recréer un marché mondial des marchandises, affranchi de tout contrôle, afin de garantir des profits illimités aux entreprises transnationales. D'où la multiplication des accords de libre-échange », analyse Joao Pedro Stedile. La bataille est donc lancée à l'échelle régionale.
 
(1) Cristina Kirchner (Argentine), Eduardo Duhalde (Argentine), Carlos Mesa (Bolivie), Ricardo Lagos (Chili), Ernesto Samper (Colombie), Mauricio Funes (El Salvador), Felipe Gonzalez (Espagne), Manuel Zelaya (Honduras), Massimo D'Alema (Italie), Martin Torrijos (Panama), Nicanor Duarte (Paraguay), Fernando Lugo (Paraguay), Leonel Fernandez (République Dominicaine), José Mujica (Uruguay), Juan Manuel Insulza (OEA, Organisation des états américains).
 
Vadim Kamenka
Dimanche, 20 Mars, 2016
Humanité Dimanche
 
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01/03/2016

Les Rolling Stones vont donner un concert à Cuba

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le 25 mars, une première pour un grand groupe de rock dans ce pays, le concert sera gratuit.

Les Rolling Stones vont donner un concert à La Havane (Cuba) le 25 mars. C'est la première fois qu'un "groupe de rock anglais" se produit dans le pays.

Ce spectacle de plein air sera donné gratuitement au complexe sportif Ciudad Deportiva, quelques jours après une visite historique à Cuba du président américain Barack Obama, prévue les 21 et 22 mars.

"Nous avons joué dans de nombreux endroits spéciaux au cours de notre longue carrière, mais ce spectacle à La Havane fera date, pour nous, comme pour, nous l'espérons, nos amis à Cuba", déclare le groupe dans un message publié sur son site. 

En octobre dernier, le chanteur Mick Jagger avait été aperçu à La Havane, dans les rues de la vieille ville, en compagnie de son fils. A l'époque, cette visite avait été relayée par le quotidien d'Etat Granma, qui évoquait déjà des rumeurs de concert.

Après la révolution castriste de 1959, la musique rock, considérée comme une arme de l'impérialisme américain, a été interdite pendant de longues années à Cuba, avant d'être progressivement tolérée jusqu'à s'imposer dans les médias d'Etat au cours de la dernière décennie.

Depuis l'annonce historique fin 2014 du dégel entre Cuba et les Etats-Unis, de nombreux artistes américains et internationaux ont effectué des séjours privés sur l'île, parmi lesquels Katy Perry, Rihanna et le guitariste de Sting Dominic Miller.

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18:45 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Cuba music, Culture | Tags : cuba, les rolling stones | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

28/12/2015

Cuba et sa révolution verte urbaine

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La COP 21 a tracé la route à suivre pour sauver la planète. De son côté, Cuba a fait sa révolution verte depuis longtemps : le pays est devenu le numéro un mondial de l'agriculture urbaine biologique.

Un rêve d'écologiste né sur la base de la nécessité

 Il y a le Cuba que l’on connaît avec ses vieilles maisons coloniales et ses voitures américaines des années 50, mais il existe aussi des recoins du pays moins connus, où à l’ombre des immeubles on cultive des potagers. Les citadins cubains ont inventé la révolution verte en ville.
Au début des années 1990, lorsque l'URSS a explosé, les habitants se sont retrouvés dans une situation de crise, le PIB ayant baissé de 35% et les salaires de moitié. Parce qu'il fallait bien se nourir, ils se sont mis à semer partout où c'était possible : dans des terrains vagues, le long d'usines désaffectées...ainsi des potagers sont nés par milliers.

La ferme urbaine à la cubaine

La ferme est autogérée mais doit rendre des comptes à l'Etat. Le gouvernement a apporté son soutien, donne les semences, les engrais naturels et l'outillage ; les terre sont données en usufruit, les bénéfices répartis entre les membres de la coopération.
20% des produits frais sont reversés à l'Etat qui le distribue dans des crèches ou maisons de retraite ; 80% des produits sont vendus sur place par les cultivateurs aux particuliers.
"Aujourd'hui, 400.000 exploitations fournissent 1,5 tonne de légumes et de fruits par an. Les fermes citadines représentent les 2/3 de la production agricole du pays", raconte François Musseau dans le magazine Géo.

Planète Géo par Sandrine Marcy, décembre 2015
 
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11:17 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Environnement, Société | Tags : cop21, cuba, jardins | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

01/12/2015

CUBA FACE AU TERRORISME

cuba usa terrorisme lutte

La plupart des gens associent Cuba aux voitures anciennes authentiques, à l'exquise salsa, aux plages de rêve, aux cigares, aux mojitos ... Rares sont ceux qui savent que le pays vit depuis 1959 sous un niveau de menace de niveau 4. Comment les Cubains le vivent-ils et que pouvons-nous puiser dans leur expérience de spécialistes ?

Au niveau 4 depuis 55 ans

Il y a 57 ans, quand Fidel et les siens l’emportent sur l’armée et chassent le dictateur Batista, les 1 % des Cubains les plus fortunés font eux aussi leurs valises. Il se replient dans leurs résidences secondaires à Miami, à quelque 200 km de l’île. Ils sont persuadés que les rebelles barbus ne tiendront pas plus de quelques mois et qu’ils pourront rapidement récupérer leurs privilèges. Le gouvernement des Etats-Unis lui aussi pense pouvoir bientôt contrôler les « barbudos ». Mais il apparaît bien vite que le nouveau gouvernement rebelle ne se laissera pas mater de sitôt. Fin 1959 le président Eisenhower lance un programme pour saper la révolution cubaine.

C’est le début d’une longue série d’attentats terroristes contre l’île : des crèches, des grands magasins, des hôtels et d’autres bâtiments publics sont la cible d’attaques à la bombe. Le 4 mars 1960 un navire plein d’armes belges saute dans le port de La Havane. Des contre-révolutionnaires armés sèment la terreur dans les campagnes avec le soutien d’une couverture aérienne des Etats-Unis. Ensuite ce sont les actions de sabotage, les explosions par dizaines, les tentatives d’assassinat contre Castro par centaines. Des invasions ont lieu le long de la côte par des commandos armés qui tuent les habitants sans discrimination. Les Etats-Unis n’hésitent pas à utiliser des armes bactériologiques pour anéantir les récoltes et ils répandent certaines maladies comme la dengue, faisant des centaines de morts.

En avril 1961 des bombardiers étatsuniens pilonnent les aéroports cubains pour préparer une invasion militaire par 1.200 mercenaires, dans la Baie des Cochons. L’opération est un ratage total. Les stratèges US parviennent à la conclusion que la révolution ne peut être battue que par l’engagement massif de troupes au sol (1). Les projets sont temporairement mis de côté parce que Washington se prépare entre-temps à la guerre au Vietnam. En 1976 la terreur atteint son point culminant lorsqu’un avion de ligne cubain est abattu. Les 73 passagers au complet y perdent la vie. Les années ’90 connaissent un nouveau pic d’agressions. A ce moment, ripostant à une aggravation du blocus économique, Cuba développe son secteur touristique. Cette fois des hôtels, centres touristiques, autobus, aéroports et autres installations de vacances deviennent la cible d’une série d’attentats à la bombe (2).

L’invasion de l’Irak va de pair avec une authentique hystérie guerrière aux Etats-Unis. La politique à l’égard de Cuba en subit le contre-coup. En effet des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour envahir Cuba après l’Irak (3). En Floride des groupes paramilitaires s’entraînent ouvertement avec des armes lourdes en vue d’une future invasion (voir photo) (4).

Les groupes terroristes opèrent à partir de Miami. Ils sont souvent formés et entraînés par la CIA. Ils avaient été créés autrefois par les 1 % de Cubains partis à Miami, avec la collaboration des services de sécurité américains et le financement des pouvoirs publics. Ils sont encore toujours tolérés aujourd’hui.

Ils ne sont du reste pas seulement utilisés contre Cuba. Le super-terroriste Orlando Bosch qui commet avec Luis Posada Carriles l’attentat précité contre l’avion de ligne sert également dans l’Opération Condor (5). Il s’agit de l’opération CIA qui dans les années ’70 et ’80 du siècle dernier a soutenu toute une série de dictatures en Amérique du Sud dans la répression et les pratiques de torture contre tout ce qui était progressiste. Luis Posada Carriles est actif notamment dans la guerre des Contras au Nicaragua qui fit de dizaines de milliers de victimes innocentes. Bosch, tout comme Posada Carriles, est protégé par les autorités étatsuniennes. Posada Carriles coule toujours des jours heureux à Miami.

25 fois Paris

A Cuba le terrorisme n’est donc jamais bien loin. L’ensemble des attentats terroristes a tué 3.478 personnes, soit 25 fois le nombre de victimes des attentats de Paris. 2.099 ont été blessées ou mutilées ou sont restées invalides. (6).

Dans ces circonstances on pourrait s’attendre à une société militarisée avec une forte présence de bleu et de kaki dans les rues. On pourrait aussi s’attendre à ce que les autorités proclament régulièrement l’état d’urgence pour des semaines ou des mois, ou qu’elles mettent régulièrement à l’arrêt les transports publics, interdisent les compétitions sportives, ferment temporairement les écoles, suspendent en permanence les libertés, etc.

Mais ce n’est absolument pas le cas. Pas de tanks ni de véhicules militaires dans les rues, pas de tireurs d’élite ni de paramilitaires près des bâtiments publics, pas même lors de manifestations de masse comme le cortège annuel du 1er mai ou les visites papales. En de telles occasions des centaines de milliers de personnes se réunissent en un même lieu.

Ce n’est pas que Cuba prenne la menace terroriste à la légère ou lâche la bride aux terroristes potentiels, bien au contraire. Depuis ’59 la lutte anti-terroriste est la priorité absolue du gouvernement cubain. Les meilleures forces de tout le pays sont engagées dans la lutte contre le terrorisme. Mais l’approche est totalement différente de la « war on terror » comme nous l’avons sous Bush ou comme elle est est actuellement menée en France et en Belgique.

L’approche cubaine

Les révolutionnaires cubains ont parfaitement compris dès leur lutte de libération que les Etats-Unis ne toléreraient jamais un gouvernement progressiste, encore moins une révolution socialiste, dans leur arrière-cour. Ils savaient qu’après leur prise de pouvoir ils seraient aux prises pendant longtemps avec des agressions et une subversion venues de Washington. Fidel a dit à ce propos, quelque six mois avant la victoire, à l’occasion d’un bombardement sur un village de montagne : « Quand cette guerre prendra fin, une autre viendra pour moi, qui sera bien plus longue et plus grande, à savoir le combat contre eux [les Américains] » (7).

La lutte contre le terrorisme et la subversion est menée de deux manières à Cuba : en s’appuyant sur la population et en infiltrant les réseaux terroristes.

L’appui sur la population

En 1960, appuyés par la CIA, des contre-révolutionnaires opéraient dans les montagnes au centre de l’île. Pour les éradiquer le gouvernement n’envoya pas l’armée. En lieu et place, cent mille volontaires furent mobilisés, avec succès.

La même année Cuba connut des attentats à la bombe à La Havane et dans d’autres villes. A nouveau la population fut mobilisée pour écarter le terrorisme. Dans chaque quartier, un CDR (8) fut créé, un comité qui veillait à la sécurité du quartier. Ainsi naquit un grand système collectif de vigilance. Au fil des ans ces comités de quartier s’occupèrent également de problèmes sociaux ou économiques des habitants du quartier, santé publique (éradication de moustiques dangereux, collectes de sang …), organisation des élections, recyclage …

Cuba s’appuie également sur sa population pour défendre le pays d’une éventuelle invasion militaire. Aujourd’hui, aux côtés de l’armée régulière, le système défensif peut compter sur deux millions de Cubains qui sont sur le pied de guerre dans les 48 heures. Ces volontaires reçoivent un entraînement annuel et savent où aller s’armer le cas échéant.

L’infiltration

Une collaboration avec Washington n’était guère envisageable jusqu’à présent. Aussi ne restait-il qu’une seule option aux Cubains : l’infiltration. C’est précisément ce que les « Cuban Five », les Cinq de Cuba, ont accompli pendant les années ’90. Ils ont infiltré les groupes terroristes les plus violents en Floride afin de collecter le maximum d’informations et de pouvoir déjouer des attentats. Ils ont ainsi pu empêcher une bonne centaine d’attentats (9).

Ce genre d’infiltrations est tout sauf évident. Les terroristes ne sont pas des mauviettes et n’hésitent pas à assassiner renégats ou infiltrés. S’ils sont démasqués, les infiltrés risquent également de lourdes peines de prison aux Etats-Unis. C’est ainsi qu’en 2001 les Cinq agents anti-terroristes cubains furent condamnés collectivement à quatre fois la perpétuité plus 77 ans. L’ironie veut que cela se passait juste quelques mois après les attentats contre le World Trade Center à New York.

Lorsqu’en juillet 2004, lors d’une visite en prison, nous demandons à Gerardo Hernández, chef des Cinq, pourquoi il a accepté une mission aussi risquée, il sourit : « Je ne suis pas du tout une exception, vous savez » répond-il. « Si vous vous adressez à 10 Cubains pour faire ce genre de boulot dans l’intérêt de notre peuple, je suis sûr que 7 d’entre eux diront oui sans hésiter. Nous savons tous ce que c’est que perdre des amis ou des parents dans un attentat ».

Depuis le 17 décembre 2014 les USA ont entamé des démarches en vue d’une reprise des relations avec Cuba. Les Cinq sont libérés dans ce contexte, après 16 années de campagnes internationales (10). Mais jusqu’à présent la politique de déstabilisation et le blocus économique des Etats-Unis demeurent intacts.

Un autre regard

Dans les médias de masse l’image de Cuba est toujours négative. Le Cuba bashing est de bon ton. Certains faits sont amplifiés, d’autres sont systématiquement occultés ou criminalisés. S’il se produit à Cuba quelques arrestations administratives, cela devient vite une info internationale, alors que dans notre propre pays il y a des dizaines d’arrestations de ce genre chaque année. Inversement les informations traitent généralement le blocus économique – le plus long de l’Histoire – comme un détail, en supposant qu’elles le mentionnent. Pour vous donner une idée, en 55 ans le coût de ce blocus a atteint 11 fois le PNB (11). Pour la Belgique un tel calcul équivaudrait à 400 milliards d’euros et pour la France à 23.000 milliards d’euros. Difficile d’appeler ça un détail.

Le pire est qu’on ne parle jamais de la menace terroriste permanente. Cuba est considéré comme un pays normal, alors qu’il vit depuis 55 ans sous une menace terroriste permanente. Depuis les événements du vendredi 13 novembre nous savons maintenant pour la première fois ce que cela signifie. Une situation de ce genre bouleverse un pays. Pour la première fois nous sommes peut-être en état de nous représenter ce que qu’implique de vivre sous de telles conditions. Ce qui nous permettra peut-être de faire preuve d’une meilleure compréhension à l’égard de Cuba.

Cela nous incitera peut-être aussi à exiger de Washington qu’il en finisse une fois pour toutes avec les groupes terroristes sur son propre sol, plus précisément à Miami. Il n’est jamais mauvais de commencer à balayer devant sa porte.

Katrien Demuynck et Marc Vandepitte ont écrit plusieurs ouvrages sur Cuba.

Notes : (1) Les plans émanaient notamment de McNamara, Ministre des Affaires étrangères de l’époque. T. Diez Acosta : October 1962, The ‘Missile’ crisis as seen from Cuba. New York 2002, p. 86.

(2) Demuynck K. (ed.) : The incredible case of the Cuban Five. Evidence from the International Commission of Inquiry into the Case of the Cuban Five, Londres 2014, p. 39-51.

(3) Hans Hertell, ambassadeur US en République Dominicaine et proche de Bush a déclaré juste après la chute de Bagdad : “Les événements en Irak sont un signal positif et sont un bon exemple pour Cuba où la semaine dernière le régime de Fidel Castro a ordonné l’arrestation de plus de 80 citoyens pour leurs seules idées”. Jeb Bush, actuel candidat républicain à la présidence et frère de, déclarait à peu près au même moment : “Après notre succès en Irak, nous devons regarder vers notre voisin. Nous devons expliquer à nos frères d’Amérique latine et d’ailleurs qu’un régime qui ne respecte pas les droits de l’homme ne peut pas être maintenu”. Cf resp. El Expresso, 13 avril 2003 et www.americas.org/news/nir/20....

(4) Sun Sentinel 6 avril 2003.

(5) Stella Calloni. Operación Condór. Pacto Criminal, La Havane, 2005.

(6) cf http://www.theguardian.com/us-news/...

(7) Dans une lettre à Celia Sánchez in Suárez Pérez E. & Caner Román A. (éd.) : De cinco palmas a La Habana, La Havane 1998, p. 143.

(8) CDR : Comité de Defensa de la Revolución.

(9) Sur les Cinq de Cuba voir : http://www.cubanismo.net/cms/fr/art...

(10) cf http://cubanismo.net/cms/fr/campagn...

(11) cf http://www.elnuevodia.com/noticias/... Le PNB est ce qu’un pays produit de richesses en un an (biens et services).

Source originale : De Wereld Morgen

Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.

par Katrien De Muyck et Marc Vandepite 30 Novembre 2015

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