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24/11/2014

Leonardo Padura « Je suis et resterai un indécrottable Cubain »

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Leonardo Padura était en France pour présenter son dernier livre Hérétiques. En observateur scrupuleux, il parle sans tabou et sans langue de bois de son pays et de son histoire.

Votre roman Hérétiques, au-delà de la question du dogme, questionne la notion de liberté, de l’individu ou du groupe ...

LEONARDO PADURA La liberté est un élément essentiel de la condition humaine. Nul ne cesse d’être libre volontairement et la privation de liberté est liée à des circonstances extérieures, pas que politiques. Cela a à voir avec l’épanouissement de l’individu. Je ne voulais pas cantonner le livre au seul angle politique. Je voulais que les dimensions humaines, sociales et philosophiques soient les fils conducteurs de cette histoire.

Peut-on dire que c’est le roman d’une certaine désillusion ?

LEONARDO PADURA D’une désillusion intergénérationnelle. L’histoire met en scène deux générations qui se suivent et vivent une expérience totalement différente. Mario Conde (le détective, personnage récurrent dans les écrits de Padura – NDLR) a cru à la révolution. Il y a participé jusqu’au moment où l’édifice s’est effondré sous ses pieds dans les années quatre-vingt-dix. Conde, comme tous ses concitoyens, a subi de plein fouet les pénuries et, dans un même mouvement, découvert la réalité du « socialisme réel ». Judit est née dans ces années-là et n’a pas vécu cette histoire. On mesure, entre l’itinéraire de ces deux personnages, l’évolution de la société cubaine. Tous les interdits de la génération de Conde n’existent plus. La génération actuelle est plus libre. Elle vit dans un pays plus chaotique, mais il est plus facile de s’épanouir personnellement. Conde ne comprend pas très bien cette jeunesse mais, avec son intelligence, son intuition, il tente de le faire.

Vous brossez le portrait de cette jeune génération qui se retrouve le soir, Avenida G, en déshérence...

Leonardo-Padura.jpgLEONARDO PADURA La jeunesse, en général et d’où qu’elle soit, a peu conscience du futur.

Elle vit l’instant, le temps présent. Et cette jeunesse qui se retrouve Avenida G essaie de vivre dans un pays compliqué, économiquement asphyxié. Ce qui, du temps de Conde, procédait d’une logique cartésienne, dans le sens où la société organisait une vision d’avenir s’est effondré peu à peu. Voilà pourquoi les jeunes Cubains ne regardent pas l’avenir comme leurs aînés, parce que, la plupart du temps, ils n’ont pas d’avenir. Cela se traduit par une irrépressible envie de partir, au point que quitter l’île devient une solution pour son accomplissement personnel. Ceux qui émigrent sont les jeunes les plus instruits, formés. C’est une perte énorme pour le présent et le futur du pays.

On a le sentiment, à vous lire, que cette jeunesse fait partie d’une petite bourgeoisie qui ne dirait pas son nom...

LEONARDO PADURA Je ne crois pas. Certains sont capables de se priver de nourriture pour pouvoir se payer des fringues griffées. Ils ont deux paires de chaussures, de la marque Nike ou Converse quand la génération de Conde en avait une seule, la même pour tous. Et posséder des baskets de marque, aujourd’hui, c’est devenu une question vitale pour ces jeunes gens.

Dans l’Automne à Cuba, où il est question d’un vrai-faux tableau de Matisse, le ton était différent. On vous sent plus mélancolique dans Hérétiques...

LEONARDO PADURA Ce roman est effectivement plus dramatique. Mais ce n’est pas dû qu’à l’environnement, à la société. Conde a vieilli. Il est plus fatigué, plus désenchanté. Il doit gagner sa vie comme il peut depuis qu’il n’est plus flic. Son regard sur la vie s’en ressent.

Mario Conde serait-il nostalgique ?

LEONARDO PADURA Quand tu as cinquante ans, la nostalgie est un élément intrinsèque de ta vie. Tu éprouves la nostalgie de l’époque où tu pouvais toucher tes pieds avec tes mains. Quand tu avances dans la vie, tu idéalises le passé. Avec le recul, je mesure que ma génération, celle des années 1980, a connu beaucoup d’opportunités, mais nous ne le savions pas. Certes, il se passait des choses graves, mais je me souviens de cette époque comme la plus heureuse de ma vie. Je crois que c’est la même chose pour Conde.

Il lui reste l’amitié. Celle qui traverse les époques, résiste à tout...

LEONARDO PADURA. Sans ses amis, sans ces personnes avec qui il partage sa vie, Conde ne serait pas le même homme. Ils se retrouvent autour d’un rituel, celui du sentiment d’immortalité que procure l’amitié, un rituel vital à l’intérieur de ce cercle qu’ils se sont créé pour vivre et survivre. Cela correspond au sentiment grégaire qui nous singularise. Le Cubain vit en groupe. Chaque acte de sa vie participe de cette socialisation, c’est une pratique culturelle innée. Chez les adolescents, on peut y voir de la spontanéité. Ils se déplacent en groupe, font tout en groupe. Peut-être que Conde et sa bande sont restés d’éternels adolescents!

« L’art est pouvoir », écrivez-vous. Pouvoir ou contre-pouvoir?

LEONARDO PADURA Si on en a une lecture politique, il est un contre-pouvoir. Si on en a une lecture esthétique, humaine, il est pouvoir. L’art a le pouvoir d’attraper la vie, de créer la beauté, de la communiquer. Qu’un tableau du XVIe siècle soit admiré depuis sa création, c’est un sacré pouvoir, non?

Les artistes seraient-ils dangereux?

LEONARDO PADURA Non, ils sont nécessaires. Si l’art n’existait pas, il n’y aurait pas de civilisation. L’expression de l’esprit à travers l’art est l’un des grands buts de l’humanité et l’une des manifestations de civilisation. Une oeuvre d’art ne change pas le réel. Elle nous aide à l’appréhender, à le comprendre dans sa continuité historique.

 

Parlons de Cuba...

LEONARDO PADURA C’est un pays complexe, difficile d’expliquer. Il faut connaître sa réalité pour le comprendre. Et encore... Beaucoup de contrastes traversent les strates de la société. Depuis deux cents ans, depuis que Cuba est indépendante, la présence, l’importance, le rayonnement de la création artistique dépasse de loin la taille de l’île. Cuba a fourni des poètes, des écrivains, des peintres, des musiciens au monde entier. Je lis en ce moment les Rois du mambo d’Oscar Hijuelos. Je mesure l’apport de la présence des musiciens cubains à Paris dans les années trente. C’est passionnant. Ajoutez à cet environnement culturel fort un facteur politique majeur: Cuba est le seul pays de la région à avoir vécu une révolution. Qui dit révolution dit changement, passions en mouvement. Nous avons traversé une période de restrictions et nous ignorons quel sera notre futur. En 2018, Raul Castro devrait laisser le pouvoir. Qui va lui succéder ? Que va-t-il succéder?

Quel Cubain êtes-vous?

LEONARDO PADURA Je n’ai jamais été effleuré par l’idée d’immigrer, même quand je n’avais plus un sou en poche parce que j’appartiens à ce monde. Cela ne veut pas dire que je n’aime pas voyager... Je vis dans la maison où je suis né. Ma femme et moi vivons dans cette maison construite par mon père, dans ce même quartier de La Havane, Mantilla, où mon grand-père et mon arrière-grand-père vivaient. J’ai une relation passionnée avec cette géographie et ces personnes. J’ai la chance d’avoir été publié dans le monde entier, et à Cuba, bien sûr. D’avoir gagné des prix prestigieux, mais là où humainement je me retrouve, c’est ici, à Cuba. Je suis ce lieu et ce lieu est moi.

Vous avez la citoyenneté espagnole...

LEONARDO PADURA On me l’a offerte. J’ai la double nationalité. Mais je suis un indécrottable Cubain et je le resterai toujours.

L'Humanité : http://www.humanite.fr/leonardo-padura-je-suis-et-resterai-un-indecrottable-cubain-553567#sthash.SFih0Nb3.dpuf

16:48 Publié dans AL-Pays : Cuba, Culture, Livre | Tags : leonardo padura, cuba, livre, les hérétiques | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

22/11/2014

PEROU, carnet de voyage (12) : Il faut savoir partir…

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Impossible d’écrire et de décrire le Pérou, sauf à verser dans la caricature et les raccourcis. Reste les impressions et les choses vues non racontées. En vrac, une petite liste non exhaustive et très personnelle. 

Le Pérou, c’est un pays où : 
Les habitants font montre d’une gentillesse débordante. Le touriste y est chez lui, choyé aussi par une police spécialement créée pour que son séjour se déroule à merveille. On peut même « oublier » son sac à main et le récupérer deux jours plus tard sans qu’il y manque le moindre mouchoir en papier. 
 
Nous l’avons dit, le tourisme est en pleine expansion. Les grands espaces donnent le tournis. Dommage que l’environnement soit réduit à la portion congrue, et ce d’abord et avant tout pour les Péruviens. La pachamama, la terre mère sacrée, est en effet malmenée par les tonnes de détritus déversées dans ses entrailles. 
 
Prendre le temps de se prélasser dans des eaux thermales de souffre à près de 3000 mètres d’altitude est un petit plaisir qu’il faut savoir prendre. 
Les automobilistes et singulièrement les taxis conduisent avec leur klaxon.  Ce qui peut surprendre le promeneur ou le dormeur. A Lima, l’abus y est pourtant sanctionné d’une amende de 148 soles.
 
Les chiens millénaires sont dépourvus de poils, à l’exception de leurs museaux. Ce qui les fait ressembler étrangement à des otaries. 
 
Les policières portent parfois des chapeaux de cow-boys pour le plus grand plaisir de certains  (nous tairons les noms).
 
Le Piscou sour, cocktail à base d’eau-de vie de raisin, l’alcool national, de jus de citron, de sirop et de blanc d’œuf,  se déguste avec régal. Longtemps objet de dispute avec le Chili, le Pisco est bel bien péruvien (que nos amis chiliens nous pardonnent).
 
En matière gastronomique, sa carte est un vrai bonheur. Outre toutes les soupes andines à base de papas ou encore de quinoa, nous recommandons la dégustation du Ceviche (poisson ou fruits de mers crus marinés dans du citron vert, des épices et des oignons rouges). Les plus sensibles s’abstiendront de lire les prochaines lignes : nous avons aimé découvrir la saveur du Cuy, le cochon dinde local, ainsi que l’alpaga que nous conseillons de déguster à point. 
 
La bonne ambiance d’un groupe contribue également à la réussite d’un séjour. Une spéciale dédicace aux « 17 » de cette édition 2014 au Pérou.

Cathy Ceïbe

Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre. Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.

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18:06 Publié dans AL-Pays : Pérou, Carnet de voyage, Voyage | Tags : pérou, voyage | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

21/11/2014

PEROU, carnet de voyage (11) : Le Machu Picchu, comme un rêve

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Nous voilà donc parvenus à l’ultime étape de notre périple au Pérou. Les yeux déjà chargés de la grandeur des montagnes sacrées, la visite du site du Machu Picchu est une apothéose. Le mini bus qui nous y emmène s’accroche aux dénivelés pour nous porter jusqu’aux cimes de ce symbole par excellence de la civilisation inca.

Les falaises débordent d’une végétation luxuriante qui tranche avec les vallées cultivables vues quelques kilomètres plus bas. Nous sommes à un vol d’oiseau de l’Amazonie.

Les lecteurs seront peut-être déçus mais le Machu Picchu ne se raconte pas. Son ascension et sa découverte se vivent. Nous l’avons déjà dit, durant notre séjour, l’impression de remonter le temps ne nous a jamais quittés. A l’abri des regards, elle a échappé aux destructions et aux pillages des colons et des néo-colons. Ce n’est qu’au début du 20ème siècle que cette merveille a été mise à jour. Devant les vestiges de l’organisation sociale, éducative ou encore cultuelle de la grandeur inca, nous voilà de nouveau voyageant à travers les siècles.

On peine à croire que des hommes ont pu bâtir une telle cité de leurs mains. On ne saurait trop dire ce qui bouleverse : l’immensité du décor, le vide qui l’entoure, l’agencement du lieu, la création débordante… Le Machu Picchu transporte. Simple visiteur, on se sent peu à peu gagné par les lieux. Sur l’un des points culminants, où le vent se déchaîne, chacun immortalise l’instant. Les photos constituent un souvenir, une trace indélébile de notre passage. Mais plus fort que tous les clichés, on a le sentiment d’avoir été habité, l’espace de quelques heures, par la charge historique qui se dégage de ses pierres, et de l’environnement. On ne repart pas du Machu Picchu comme on n’y est arrivé. On y réalise un rêve.

Cathy Ceïbe

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19/11/2014

Besame Mucho Cesaria Evora

Cesária Évora est née à Mindelo, le 27 août 1941 et morte à Mindelo, le 17 décembre 2011), est une chanteuse populaire capverdienne. Elle est surnommée La Diva aux pieds nus , surnom dû à son habitude à se produire pieds nus sur scène.

De sa voix rauque, elle a popularisé la morna, musique du Cap-Vert, auprès du grand public mondial. Elle a eu une carrière d'enregistrement et de représentations de 54 années, de 1957 à 2011.

Au cours de sa carrière, elle chante majoritairement dans sa langue maternelle, en créole capverdien, mais aussi en français, d'où le titre de son morceau La Diva aux pieds nus. Elle a eu l'occasion de se produire dans les plus grandes salles du monde, dont l'Olympia à Paris.

12:34 Publié dans AL-Pays : Cuba, Cuba music, Musique | Tags : besame mucho, cesaria evora | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg