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13/11/2014

PEROU (carnet de voyage 7) : Résistance existence

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Qu’a donc pensé la sainte Eglise catholique apostolique et romaine des tableaux de l’école d’art cusqueña ? Sans doute, ne les a-t’elle jamais vu. Elle se serait étouffée de voir Marie et Joseph, les joues gonflées par des boules de feuilles de Coca. La vierge Marie, elle, si fine et frêle, est au Pérou, une femme imposante, en forme de montagne andine. Jésus porte la jupe comme les Incas.

Il a le torse bombé et les jambes arquées comme les Indiens des cimes croulant sous le poids de leurs marchandises qu’ils portent sur leur dos. Les peintures dans les lieux saints – lisez les Eglises et les cathédrales – réalisées sous la menace des conquistadores par les Incas sont des petits bijoux de résistance. Une échappatoire pour les Indiens soumis au statut d’esclave. Avant l’arrivée des Espagnols, il y avait 18 millions d’Incas.

Au moment de  l’indépendance, il n’en restait plus qu’un million. Un génocide. Si à l’apogée de l’époque inca (1400), la moyenne d’âge pouvait atteindre 70 ans, la répression coloniale l’a réduite à 30 ans. Les conquistadors n’étaient pas seulement assoiffés par les trésors de cette civilisation. Ils ont cherché à annihiler les populations indigènes. Comment comprendre sinon la construction de leur couvent et autres lieux de prières sur l’emplacement même où se trouvaient les temples sacrés ? Contraint de croire aux dieux de ces hommes montés sur des chevaux et qui tiraient des boules de feu, les Indiens ont été forcés de les peindre et les sculpter sous peine de finir dans les mines de Potosi. Cette servitude a donné  lieu à des créations qui prêtent parfois à sourire.

Comme ce tableau où l’on voit les trois mages devant le berceau du nouveau né Jésus avec pour arrière plan un conquistador menaçant. Notre préféré reste un tableau de la cène que l’on peut admirer dans la cathédrale de Cuzco. Les apôtres sont réunis autour de la table qui a pour plat principal un cuy, le cochon d’inde local. Le vin a été remplacé par la boisson nationale, la chicha morada, concoctée à base de maïs violet. Quant à Judas, il ressemble à s’y méprendre à un certain Pizarro…

Cathy Ceïbe

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12/11/2014

PEROU (carnet de voyage 6) : Sur le plus haut lac du monde navigable

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Il y a des lacs et il y a le Lac Titicaca. C’est comme ça. Naviguer sur ce géant d’eau (8400 km2 de superficie), le plus haut au monde à 3800 mètres d’altitude, transporte. Forcément. Le Pérou est en soi une extraordinaire machine à remonter le temps.

Le lac Titicaca l’est davantage. Les heures se sont suspendues sur l’île de Taquille. Protégée par l’Unesco depuis 2005, elle déborde de touristes curieux. Les autochtones, eux, gardent chevillés au corps leurs traditions. Il faut grimper dur pour arriver au cœur de cette île. Sur son chemin, le badaud ne s’étonnera plus de croiser des hommes et des femmes tricoter.

Pourquoi faire ça en marchant ? Parce que c’est comme ça. Les hommes tissent les vêtements des femmes et vice et versa. Les traditions sont restées profondément ancrées. Les codes et les rituels aussi. Les femmes célibataires sont reconnaissables à leurs jupes colorées et à leurs larges châles noirs qui leur recouvrent la tête. Les jeunes gens arborent un long bonnet blanc et rouge qui n’est pas sans rappeler ceux que portent les danseurs de jotas en Espagne. La façon même de le porter, sur les côtés, ou en arrière, a un sens. Pas de divorce ici.
Après plusieurs mois de concubinage, le mariage, qui dure une semaine, est un pacte à vie. La femme, qui se coupera les cheveux pour tisser la ceinture que portera son futur mari, arborera au bas mot quelques 25 à 30 jupes. La nuit de noces peut alors s’avérer très longue pour les impatients. La vie est rythmée par la vente de l’artisanat familial dans la coopérative. La principale activité économique reste l’agriculture vivrière et la pêche qui souffre néanmoins d’un caractère intensif familial. Quant au tourisme dont on pourrait croire qu’il menacerait les us et coutumes ancestrales, il s’avère être le garant de leur perpétuité afin de séduire l’œil des étrangers qui viennent combler en ces lieux combler leur curiosité, assurent les autorités de Taquille. 
 
Près de deux heures de navigation plus loin, les îles flottantes  offrent un dépaysement surprenant. On raconte que des esclaves échappés des mines de Potosi en Bolivie auraient peuplé cette partie du lac. Les Urus se composent de près de 95 îlots artificiels bâtis sur des roseaux.
 
Passés les quatre mois que dure la saison touristique (un gagne pain vital), le quotidien des habitants est rythmé par la dureté des conditions de vie forcément précaires. Tout fait défaut, en dépit de l’existence de dispensaires et d’écoles, poussant les plus jeunes à l’exode vers les grandes villes.
 
La plus proche, Puno, accueille le 3ème carnaval du continent. Mais cette cité de 180.000 habitants est surtout réputée pour ses trafics en tout genre. Située à deux heures de route de la Bolivie, la contrebande y est pour ainsi dire chez elle.

Cathy Ceïbe : http://www.humanite.fr/blogs/sur-le-plus-haut-lac-du-monde-navigable-554433

15:19 Publié dans AL-Pays : Pérou, Amérique Latine, Carnet de voyage, Voyage | Tags : pérou, lac | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

11/11/2014

PEROU, CARNET DE VOYAGE (5) : LA COCA ET LE "SOROCHE"

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La coca et le « soroche Le « soroche » ou mal d’altitude peut être le calvaire du voyageur au Pérou. Les cimes andines sont parfois cruelles pour quiconque s’y aventure - et on serait fou de s’en priver- en raison du manque d’oxygène. Maux de têtes, vertiges, souffle court …

Plus d’un autochtone vous dira que le « soroche » est d’abord une affaire de psychologie. Qu’à cela tienne. Proscrivons également les solutions médicamenteuses aux effets secondaires pervers. Bienvenue à la coca et ses vertus naturelles Feuille sacrée pour les Incas, son masticage est un rituel quotidien pour les Indiens. Coupe-faim pour les travailleurs des mines, il est un précieux allié pour éviter le mal des hauteurs. Par ignorance, mépris ou encore racisme, cette tradition ancestrale reste encore mal vue. Un rappel : la coca n’est pas une drogue. Ce sont les composés chimiques adjoints à de grandes quantités de feuilles qui composent la cocaïne… Loin des préjugés tenaces, nous, nous avons été séduits par ce remède miracle.
Petit cours : 
1)Nettoyer les feuilles à l’aide de vos doigts
2)Couper la nervure centrale de la feuille (le Chaman fera ça avec ses dents mais il vous faudra quelques années d’expérience avant d’arriver à une telle dextérité)
3)Disposer vos morceaux de feuilles du côté où le vert est le plus vif
4)Placer quelques morceaux de cendres au milieu (n’en n’abusez pas)
5)Replier les feuilles pour faire un joli petit paquet puis glisser le entre la gencive et la paroi de la bouche (en haut, en bas, à gauche ou à droite, peu importe, c’est selon les goûts)
6)Avaler la texture qui s’en dégage  (les plus goulus mastiqueront les feuilles. Nous, nous préférons la version soft)
Pour les plus récalcitrants, sachez qu’il existe de très bons dérivés tel que le Mate de coca (tisane), des gâteaux et même des bonbons (très bons). Enfin, aux autorités pointilleuses qui molestent le touriste ayant osé ramener des feuilles de coca en souvenir, il faut 20 kilos de la précieuse herbe pour faire un gramme de cocaïne. Et encore pour cela, il faut des agents chimiques, un laboratoire, et des experts… A bon entendeur !

Cathy Ceïbe - L'Humanité : http://www.humanite.fr/blogs/la-coca-et-le-soroche-554327

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10/11/2014

CARNET DE VOYAGE PEROU (4) - EN ATTENDANT LE CONDOR

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Il faut parfois être patient. Ou avoir un très bon guide. De ce côté ci de l’hémisphère, à proximité de l’équateur, on vit au rythme du lever et du coucher du soleil. Et c’est tant mieux pour voir le Condor s’élancer. Animal sacré pour les Incas comme le serpent ou encore le puma, le vol du rapace a de quoi couper le souffle pour celui qui peut l’admirer de près. C’est fait. La croix du Condor est l’un des points culminants du canyon du Colca, une faille dans la croute terrestre de trois grands volcans et long de 100 KM.

Au petit matin, le célèbre rapace s’élance dans les cieux, jouant des courants d’air chaud et d’air froid. Ses ailes déployées pouvant atteindre trois mètres, il peut virevolter jusqu’à  7000 mètres d’altitude. Il y a quelque chose de bluffant à le voir ainsi narguer le ciel et frôler les falaises. Il faut dire que l’Amérique latine a trop souvent enfanter d’autres types de charognards dont les peuples de ce continent se seraient bien passés.

Qui peut oublier les rapaces d’acier bombardant le palais de la Moneda où le président socialiste Salvador Allende s’est donné la mort non sans avoir appelé à la résistance les Chiliens, acteurs de l’unité populaire ? Qui n’éprouve pas des frissons en se rappelant les vols de la mort en Argentine sous la dictature de Jorge Videla, qui, selon les méthodes employées par l’armée française durant la guerre d’Algérie, jetaient vivants ses opposants dans l’océan?

La CIA et les dictateurs de la région n’ont pas ménagé leurs efforts pour traquer les démocrates et les exterminer dans le cadre du mal baptisé Plan Condor, une véritable internationale du terrorisme d’Etat. Des rapaces, il y a en eu beaucoup sur ce contient. Beaucoup trop. La liste est longue. Trop longue : les Somoza, les Banzer, les d’Aubuisson, les Batista... Tous des prédateurs. Pas le Condor. Lui, ne tue pas.

Cathy Ceïbe
 

Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre. Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.

- L'Humanité : http://www.humanite.fr/blogs/en-attendant-le-condor-554219

15:18 Publié dans AL-Pays : Pérou, Carnet de voyage, Politique | Tags : carnet de voyage, pérou | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg