19/08/2018
Caraïbes. À Cuba, pour changer la Constitution, l’appel au peuple
Jusqu’au 15 novembre, les Cubains sont appelés à étudier et amender le projet de Constitution qui veut prendre en compte les réalités nouvelles de la société dans les domaines économique, social ou des droits individuels.
C’est un peu une révolution dans la révolution à laquelle se prépare Cuba. Le 13 août a été officiellement lancée la première phase de la réforme de la Constitution : une consultation populaire sur ce projet proposé par l’Assemblée nationale qui se déroulera jusqu’au 15 novembre afin d’amender et d’enrichir le texte. Celui-ci sera ensuite soumis à référendum.
Il ne s’agit pas d’un simple toilettage. Comme l’expliquait, en juillet, devant les députés, Miguel Diaz-Canel Bermudez, successeur de Raul Castro à la présidence du Conseil d’État et du Conseil des ministres : « Avec toutes nos lacunes, nos besoins et nos erreurs, nous avons dépassé les pays dotés d’un potentiel économique semblable dans pratiquement tous les indices de développement humain.
Et nous allons plus loin ! C’est ce que nous recherchons avec la réforme profonde de notre Constitution, dans l’obligation d’une mise à jour pour renforcer le cadre institutionnel et par là même le modèle économique et social adopté par les 6e et 7e congrès du Parti. Une heureuse opportunité qui nous oblige à nous repenser en tant que nation et à nous plonger au cœur de nos essences, avec la participation de tous. » Et d’affirmer : « Chaque Cubain pourra exprimer librement ses opinions et contribuer à l’élaboration d’un texte constitutionnel qui reflétera le présent et l’avenir de la patrie. »
Des avancées dans les droits des individus à l’égalité
La volonté politique affichée est bien de mettre en conformité la Loi fondamentale qu’est la Constitution avec les réalités nouvelles du pays et bâtir le cadre dans lequel se construira l’avenir de la Grande Île. Le nouveau projet est riche de 224 articles contre 137 précédemment et il ne reste que 11 articles sans aucune modification ! Dans ce document, l’État cubain est défini comme une nation souveraine, indépendante, socialiste, démocratique de droit. Ce qui ne signifie pas monolithisme économique, puisque désormais à côté de la propriété nationale, celle appartenant à tout le peuple, serait reconnue la propriété privée. L’investissement étranger est même considéré comme un élément important du développement économique du pays. Tout en prescrivant comme principe constitutionnel la non-concentration de la propriété par des sujets non étatiques comme un fondement du système socialiste cubain. Ces changements s’accompagneraient d’avancées dans les droits des individus à l’égalité avec l’incorporation, notamment, de la non-discrimination du fait de l’identité de genre, de l’origine ethnique et du handicap. Ce qui ouvre la voie aux mariages homosexuels, malgré l’opposition des Églises.
Tout naturellement, des modifications sont proposées quant à la structure même de l’État. Les fonctions de président et de vice-président de la République et de celui de premier ministre seraient créées. Les assemblées provinciales seraient supprimées, remplacées par des gouverneurs et des conseils composés des présidents des assemblées municipales. Enfin, l’autonomie municipale est reconnue en matière de gestion afin de répondre mieux et plus rapidement aux problèmes de la localité, avec la mise en place de mécanisme de participation citoyenne. Le droit de vote à 16 ans est maintenu.
Voilà dans les grandes lignes ce sur quoi 12 millions de Cubains (y compris les émigrés et les exilés) sont maintenant appelés à débattre avant de se prononcer sur la nouvelle mouture qui sera soumise à leur approbation. Plus de 135 000 réunions de consultation prévues dans les entreprises, les centres d’études et les quartiers. Le projet de Constitution est vendu dans les kiosques et dans les bureaux de poste, il est disponible sur le site Web de l’Assemblée nationale et sur les principaux sites des médias. De plus, pour une meilleure compréhension des citoyens, un glossaire des termes juridiques, politiques et sociaux a été ajouté à la fin du document. « Il s’agit de faire en sorte que l’ensemble de la population se sente partie prenante du processus », souligne le député Yumil Rodriguez Fernandez, membre de la commission chargée de la Réforme constitutionnelle. Autant de dispositions totalement inconnues dans nos contrées occidentales où les experts en démocratie n’ont pourtant jamais de mots assez durs contre « la dictature » cubaine.
12:44 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Politique | Tags : cuba, constitution | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |
28/01/2018
Honduras. Orlando Hernandez, le Machiavel
Fidèle allié des États-Unis, le chef de l’État a été investi samedi 27 janvier pour un second mandat, au terme d’une élection frauduleuse. Durant son mandat, il a placé tous les pouvoirs sous sa coupe.
Autoritaire et ambitieux, Juan Orlando Hernandez a tissé sa toile sur le Honduras. Avec détermination et poigne de fer, il s’est hissé aux plus hautes fonctions de ce petit pays centraméricain, il y a cinq ans.
Il a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 26 novembre 2017 au terme d’un scrutin contesté et d’un comptage des voix digne d’une République bananière.
Ce jour-là, son principal concurrent, le journaliste et chef de file de l’Alliance d’opposition contre la dictature, Salvador Nasralla, faisait la course en tête avec une confortable avance avant que, patatras !, le système informatique ne tombe en panne, comme par enchantement…
Un pantin à la solde de l’administration américaine
Le Tribunal suprême électoral (TSE), tancé par les opposants et foule d’organismes internationaux, a depuis porté aux nues Juan Orlando Hernandez, qualifiant même l’élection « d’une transparence jamais vue au Honduras », a osé son président, David Matamoros. L’Organisation des États américains (OEA), appendice de Washington et qu’on ne peut donc accuser de gauchisme, plaidait pour de nouvelles élections avant de se rétracter sous la pression des États-Unis, qui se sont empressés de reconnaître leur poulain. Car, JOH est un allié de poids dans cette arrière-cour par excellence où Washington a abusé des coups d’État pour défendre ses intérêts économiques et géopolitiques.
En 2009, le président libéral Manuel Zelaya avait été renversé, au profit d’un pantin à la solde de l’administration américaine, pour avoir osé se rapprocher d’un peu trop près des gouvernements de gauche d’Amérique latine. Inadmissible aux yeux de la Maison-Blanche, qui veille au grain sur ce « pays porte-avions », où elle possède deux bases militaires.
JOH conservera donc son fauteuil par la grâce de ses amis du Bureau ovale et de manœuvres florentines dont il a le secret. En 2009, en pleine crise politique à la suite du putsch contre Zelaya, il est l’homme qui murmure à l’oreille de Porfirio Lobo, le candidat de l’oligarchie nationale qui deviendra président au terme d’une élection marquée du sceau des violations des droits de l’homme et de… fraudes en cascade. Il voit son zèle récompensé en 2010, en obtenant la présidence du Congrès national.
Belle ascension pour cet affairiste heureux qui a été élu député pour la première fois en 1997. En 2013, à la veille de la présidentielle, il obtient l’investiture de sa formation au terme de primaires internes contestées par son concurrent, qui l’accuse de… fraude. Mais, auparavant, il a soigné ses arrières.
Fort de sa stature de chef de l’Assemblée, il a décapité l’ensemble des différents pouvoirs pour y placer ses hommes de main. Il commence par la Cour suprême de justice, puis le TSE, avant de s’attaquer à la police et à la sacro-sainte armée, qui a fait main basse sur le pays de 1972 à 1983.
La nation est ravagée par les cartels du narcotrafic qui bénéficient de soutiens haut placés et les gangs armés des maras, au point que l’ONU la considère comme l’une des plus violentes au monde. « Je ferai ce que je dois faire pour éradiquer la délinquance », jure sur tous les tons Juan Orlando Hernandez durant la campagne de 2013 où il multiplie les promesses d’une « vie meilleure », son slogan, en rénovant les chiches habitations et en offrant aux plus nécessiteux des poêles « économiques » qui lui valent le surnom de Juan le Poêle. JOH ne s’en offusque pas et revendique même le quolibet.
L’un des pays les plus violents au monde
Il ne change rien au drame social d’une majorité de Honduriens, mais il passe de la pommade là où les plus nécessiteux ont mal.
Ses opposants – défenseurs des droits de l’homme, environnementalistes, journalistes, etc. – sont menacés, assassinés. Les GI ne bougent pas d’un cil ; l’Union européenne regarde ailleurs… du côté de Caracas. JOH remporte la présidentielle, malgré les recours de sa principale concurrente du Parti libre, qui dénonce une kyrielle de… fraudes. Le TSE ferme les yeux.
Le président fraîchement élu promet alors de militariser le pays et il le fait, avec la coopération de la Colombie et du Mexique, dont chacun sait combien ils sont respectueux des droits de l’homme. La criminalité reste, encore aujourd’hui, une pandémie.
L’économie, dominée par une poignée de familles, est profondément inégalitaire avec 42 % de pauvres. Sur le plan politique, l’ordre institutionnel est en lambeaux. JOH a tout verrouillé.
Bien qu’interdit de briguer un nouveau mandat en 2017, selon la Constitution, le chef de l’État sortant s’est adjoint les faveurs de la chambre constitutionnelle de la Cour suprême de justice afin que cette dernière déclare « inconstitutionnel » l’article 239 de la Constitution lui interdisant de se représenter. Juan le Poêle a tout d’un Machiavel au bras long, très long.
18:20 Publié dans Actualités, AL-Pays : Honduras, Amérique Latine, Politique | Tags : honduras. orlando hernandez, le machiave | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |
10/10/2017
A LA RENCONTRE DE PEINTRES CUBAINS
Huit plasticiens de la Grande île s’exposent à la galerie Artbribus, à Paris, à l’invitation de Mustapha Boutadjine.
"La Habana-Paris 13", du 10 au 25 octobre à la galarie Artbribus, 68, rue Brillat Savarin, 75013 Paris
Dominique Widemain, l'Humanité
Sur notre terre, Cuba est une île, un centre du monde où les artistes s'organisent pour créer. Leurs œuvres, dès lors, appartiennent au monde, qui ne s'y trompe pas. De l'étoile de mer que composent les huit plasticiens invités ici, tous sont nés à Cuba.
Le peintre Juan Moreira se livre à d'intenses activités artistiques depuis 50 ans. Les métamorphoses radicales qu'a connues son travail ne se laissent pas réduire en un regard. Les surdimensionnements d'objets sur ses affiches publicitaires semblent sous-entendus d'un ton poétique, qui déconcerte et incite au recul.
Les œuvres d'Alicia suspendent le souffle. Ainsi de de ces trois minuscules figurines d'acrobates, dont la mélancolie abolit l'enfance. Sur les installations photographiques, une belle endormie en fond d'un parterre de verres et carafes, un profil de femme en vis-à-vis de celui d'un oiseau, il semble que la transparence joue le mystère tandis que les à-plats noirs appellent à la multiplication des sens.
La couleur rehausse en un même mouvement des jeunes femmes
Orlando Ignacio Fernandez Mérida donne corps aux métaphores de ses mythologies aux orages atomiques, aux tragédies barbares qui persécutent la condition humaine, détournent ses voluptueux élans. Edouardo Miguel Abela Torras s'éprend en iconoclaste des œuvres renommées de la grande peinture classique, d'Espagne et d'ailleurs, en assume la maîtrise pour mieux en miner les codes de son humour profane.
Comme à rebours, les collages de Daymara Cruz restituent aux travailleurs des champs valeurs d'icônes. L'artiste les palme de teintes fortes, tissées d'invisibles césures. Elle les enlumine tout en ménageant souvent les parts d'ombre où la figure hésite.
Chez Yasbel Marisa Perez Dominguez, l'usage de la couleur absorbe et rehausse en un même mouvement des jeunes femmes et leurs parures, beautés en fleurs que le décor confond ou délivre de sa substance par les grâces de la légèreté d'apparence.
Ernesto Mateo Rancano Vieites dispose dans l'espace des rebus sans clé. Les formes s'envolent à mi-corps, ailés de près ou de loin comme ce buste aux bras déployés que prolongent des arcs de bois que l'on croirait réinventé d'éléments primitifs. De même cette gigantesque épingle à nourrice dressée sur son socle en gloire absurde. Totems et tabous, le tour d'horizon se tient à la surface. Où l'on voit que Cuba est l'un des creusets majeurs de la création artistique, en constante transformation.
12:12 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, France | Tags : peinture, cuba, esposition, edourado torras | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |
27/07/2017
Venezuela : des candidats chavistes portés par l'esprit de la Révolution
Rummie Quintero, candidate transsexuelle, étudiante en psychologie
« Nous devons décoloniser et démarchandiser l’éducations »
Rigel Sergent, militant du mouvement des habitants
« L’autogestion est importante pour continuer la lutte »
11:49 Publié dans Actualités, AL-Pays : Vénézuela, Politique | Tags : vénézuela, candidats, constituante | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |