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15/08/2025

BRICS+ Cuba, une île qui se réinvente au cœur du Sud Global

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L’intégration de Cuba aux BRICS+ en tant que « partenaire officiel » marque une rupture historique. Soumise à un blocus économique renforcé, l’île caribéenne transforme aujourd’hui cette contrainte en levier stratégique. En misant sur ses capacités logistiques, son expertise médicale, et une volonté affirmée de dynamiser et développer son industrie, son agriculture et sa sécurité alimentaire, elle s’insère dans un réseau de coopération Sud-Sud.

Cuba l’a compris : dans un monde multipolaire en gestation, les BRICS sont déjà la partie émergée d’un basculement global.

Depuis plus de 60 ans, l’île socialiste subit un blocus économique imposé par les États-Unis, aggravé par 243 nouvelles sanctions sous Donald Trump, dont la réinscription sur la liste des États soutenant le terrorisme. Ce durcissement a asphyxié les circuits financiers, limité les importations de carburant et freiné les investissements étrangers. Pourtant, loin de céder, La Havane a discrètement bâti une diplomatie de résilience.

Sortir de l’étau par une stratégie de repositionnement

L’adhésion de Cuba dans la famille élargie des BRICS+ est l’aboutissement de cette stratégie. Elle permet au pays de contourner les sanctions en rejoignant un écosystème économique alternatif, fondé sur l’usage des monnaies nationales et le financement de projets via la Nouvelle Banque de Développement (NDB). L’île ne demande pas la permission : elle entre par la grande porte, avec le soutien actif de la Chine, de la Russie et du Brésil.

Cuba a saisi l’opportunité offerte par les BRICS+ pour sortir de l’isolement et se repositionner dans un monde en recomposition. L’organisation incarne la volonté majoritaire d’autonomie, de coopération équitable et de souveraineté économique. Et Cuba entend y jouer un rôle actif.

Hub logistique, santé, relance industrielle et souveraineté alimentaire

Le port de Mariel, modernisé avec l’aide du Brésil et de la Russie, est au cœur de la nouvelle ambition cubaine. Situé à un carrefour stratégique, il est destiné à devenir un hub logistique entre l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie. Un projet de ligne ferroviaire de fret vers l’Amérique centrale est à l’étude, renforçant cette vocation régionale.

Mais Cuba ne veut pas se limiter au transit. Elle ambitionne de dynamiser et développer son industrie, aujourd’hui affaiblie, notamment dans l’agroalimentaire, les matériaux de construction et la production pharmaceutique et agricole. Ce redéploiement se heurte à un obstacle majeur : la crise énergétique. Le réseau électrique, vétuste et dépendant des importations, freine l’industrialisation. Un plan de modernisation de 1,2 milliard de dollars, financé par la NDB, vise à développer les énergies renouvelables, avec transfert de technologies depuis la Chine notamment.

La santé reste un levier d’influence majeur. Le programme Medicos, relancé sous le label BRICS, prévoit l’envoi de professionnels vers l’Afrique de l’Ouest et l’Asie du Sud-Est. Les vaccins cubains, produits localement, seront distribués via un consortium multilatéral, avec des essais conjoints menés avec l’Inde. En parallèle, Cuba participe à 17 projets pilotes dans des petits États insulaires en développement (PEID), allant de la télémédecine au diagnostic par intelligence artificielle.

Enfin, deux axes agricoles stratégiques émergent. D’une part, un partenariat avec la Biélorussie prévoit la création d’une coentreprise pour la fabrication et l’entretien de matériel agricole. D’autre part, une coopération renforcée avec le Vietnam vise à sécuriser l’approvisionnement en riz, à travers des transferts de semences, des techniques de culture adaptées au climat cubain et des accords de stockage stratégique.

Ces initiatives s’inscrivent dans une logique de souveraineté alimentaire, essentielle pour un pays encore fortement dépendant des importations.

La diplomatie du savoir-faire cubain

Depuis les années 1960, Cuba a fait de la santé et de l’éducation les piliers de sa diplomatie. Malgré les sanctions, l’île a formé des milliers de médecins, développé des vaccins innovants et exporté son expertise dans plus de 60 pays. Aujourd’hui, cette stratégie trouve un nouveau souffle dans le cadre des BRICS+, où La Havane devient un acteur clé de la coopération médicale Sud-Sud.

Source Liberté Actus

12:08 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Economie | Tags : cuba, brics | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

18/06/2025

« La Chine doit apporter une aide plus substantielle à Cuba »

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Face à l’asphyxie économique, Cuba pourrait-elle enfin entrevoir une voie de sortie  ? Dans un monde en recomposition, où la Chine défie l’hégémonie du dollar et où les BRICS+ gagnent en influence, l’île socialiste cherche à briser l’isolement. Entretien avec Salim Lamrani, Professeur des universités en histoire de l’Amérique latine, spécialiste de Cuba.

Cuba se trouve dans une situation particulière. Une « course contre le temps » pourrait-on dire. Asphyxiée depuis plus de soixante ans par le blocus américain, l’île socialiste a vu ses marges de développement industriel et commercial drastiquement réduites. La toute-puissance du dollar a longtemps interdit toute alternative, même pour ses partenaires les plus proches.

Mais le monde change. Cuba est devenue partenaire officiel des BRICS+. La dédollarisation avance, lentement mais inexorablement. La Chine s’affirme chaque jour un peu plus face à Washington. Le peuple cubain a fait preuve d’un courage et d’une endurance remarquables. La question peut désormais se poser : une fenêtre stratégique est-elle ouverte pour – enfin – briser l’isolement de l’île socialiste ?

Quel est l’état actuel des relations entre Cuba et la Chine ?

Les relations entre les deux pays sont excellentes. Cuba a été le premier pays d’Amérique à reconnaître la Chine Populaire en 1960, en établissant des relations diplomatiques malgré les pressions des États-Unis. Dès l’avènement de la Révolution cubaine en 1959, le gouvernement de Fidel Castro a milité pour que la Chine soit admise comme membre permanent des Nations unies, même s’il a fallu attendre 1971 pour que cela devienne réalité.

La Chine est un partenaire politique majeur de Cuba. Il existe des liens solides entre les deux pays. Pékin et La Havane partagent une vision commune d’un monde multipolaire fondé sur le droit international. Cuba, comme une grande partie de la communauté internationale, a toujours défendu le principe d’une seule Chine. De son côté, la Chine a constamment soutenu l’indépendance de Cuba et a dénoncé les agressions répétées de la part des États-Unis, notamment les sanctions économiques anachroniques, cruelles et illégales imposées depuis 1960.

La Chine est aujourd’hui le premier partenaire économique de Cuba, représentant plus de 20 % des échanges commerciaux de l’île. Cuba importe des biens de consommation, tels que des vêtements, de l’électroménager, ainsi que des produits technologiques et électroniques et des machines industrielles. La Chine a notamment investi dans la Zone de développement de Mariel, dans les télécommunications et les infrastructures routières. Cuba, pionnière en biotechnologie médicale, a également conclu des partenariats dans ce domaine avec la Chine.

Après plusieurs années de stagnation, les échanges commerciaux ont augmenté de façon substantielle l’année dernière : les exportations chinoises vers Cuba ont augmenté de 45 %, atteignant 75 millions de dollars, tandis que les exportations cubaines vers la Chine ont bondi de 80 %, totalisant 30 millions de dollars. Ces chiffres restent cependant inférieurs à ceux de 2017. Sur le plan touristique, un premier vol direct avec Air China a été inauguré en 2024, entraînant une hausse de 50 % du nombre de touristes chinois.

Depuis 2017, la coopération sino-cubaine a permis la construction de centrales photovoltaïques et le lancement des kits solaires « Made in Cuba ». Pensez-vous que cette initiative est un premier pas vers une aide au développement industriel plus large ?

Plusieurs parcs solaires sont effectivement en construction à Cuba, une cinquantaine en 2025, et une centaine prévue d’ici à 2028. L’objectif est de répondre à la grave crise énergétique que traverse l’île, incapable de moderniser ses centrales thermoélectriques en raison des sanctions économiques étasuniennes. Par exemple, Cuba ne peut acheter les pièces de rechange nécessaires au remplacement de son matériel obsolète.

De mon point de vue, l’aide apportée par la Chine reste insuffisante. Il faudrait construire dès maintenant 150 parcs solaires. Un grand pays comme la Chine dispose des ressources matérielles et financières pour permettre à Cuba de résoudre son problème d’approvisionnement énergétique, qui a de lourdes conséquences sur le bien-être de la population. La Chine propose les tarifs les plus compétitifs, les délais de réalisation les plus courts et les prêts les moins coûteux, sans contrepartie politique, contrairement au Fonds monétaire international.

Cuba compte environ 9 millions d’habitants. Pour un géant démographique comme la Chine, c’est l’équivalent d’une ville comme Xi’an, seulement la dixième la plus peuplée du pays. La Chine est donc en mesure de fournir un soutien substantiel à Cuba.

En raison de la politique hostile des États-Unis, qui ont inscrit Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme, près d’une centaine d’institutions bancaires internationales ont rompu leurs liens avec l’île. Celle-ci a un besoin vital de financements. La Chine devrait lui accorder un prêt substantiel à taux zéro sur cinquante ans afin de répondre aux besoins fondamentaux du peuple cubain. Cuba, qui a toujours été solidaire avec tous les peuples en lutte pour leur émancipation, mérite à son tour d’être soutenue. Une grande révolution, comme la Révolution chinoise, est capable de fournir ce concours matériel et financier.

Depuis 2025, Cuba est membre à part entière des BRICS. Que peut-elle apporter à cette organisation ?

Cuba est d’abord et avant tout une puissance morale et symbolique, ayant su résister sans fléchir à l’impérialisme étasunien. Malgré l’état de siège économique implacable qui l’étouffe, Cuba n’a jamais renoncé à ses principes, ce qui lui confère un grand prestige dans le monde, en particulier dans le Sud global. Son adhésion aux BRICS est un honneur pour cette institution multipolaire, car l’île a toujours défendu des valeurs fondamentales telles que la souveraineté nationale, la réciprocité, la non-ingérence dans les affaires intérieures et la diplomatie.

Cuba est également une puissance médicale ayant établi une coopération avec plus d’une cinquantaine de pays. Elle dispose d’un personnel médical abondant et hautement qualifié, avec 8 médecins pour 1 000 habitants, près de trois fois plus qu’en France, par exemple.

Depuis les années 1960, Cuba exporte ses services médicaux et possède une vaste expérience dans ce domaine. On peut citer la Brigade Henry Reeve, composée de 500 médecins spécialisés dans les situations d’urgence : Cuba est intervenue en Haïti après le séisme, en Afrique durant la crise de l’Ebola, et même en Europe lors de la pandémie de Covid-19. Actuellement, plusieurs centaines de médecins et d’autres professionnels de santé travaillent en Italie.

L’École latino-américaine de médecine forme des étudiants du monde entier depuis près de trois décennies, avec environ 5 000 diplômés par an. Cuba dispose également d’un secteur de biotechnologie médicale de très haut niveau, ce qui lui a permis de développer des médicaments innovants comme le vaccin contre le cancer du poumon (Cimavax), des traitements contre le diabète, ainsi que plusieurs vaccins contre le Covid-19.

 
 

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30/12/2024

Vers une transition énergétique innovante, un partenariat solaire au service de la durabilité entre Cuba et la Chine

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Depuis début 2024, l'île a installé près d'un million de panneaux photovoltaïques chinois et prévoit d'en installer 3,6 millions de plus d'ici deux ans, selon les autorités

Face à une crise énergétique chronique et sous l’étau du blocus économique américain, Cuba s’est tourné vers la Chine pour développer son potentiel en énergies renouvelables. Une coopération technologique et stratégique qui redessine les contours de l’indépendance énergétique et de la solidarité internationale.

Un modèle énergétique à bas-carbone

Cuba panneau 2.jpgCuba, frappé par des coupures de courant récurrentes, a dû trouver une solution rapide pour éviter une crise énergétique majeure. Le blocus économique américain, en augmentant les coûts d’importation des technologies de pointe, complique l’accès à des systèmes énergétiques modernes. C’est en ce sens que l’arrivée de la Chine comme partenaire technologique est cruciale.

Le gouvernement cubain investit aujourd’hui massivement dans des projets d’énergie solaire avec l’aide de la Pékin. Ce partenariat repose sur des transferts de technologie, la fourniture de matériaux et la formation des techniciens locaux. Les centrales solaires installées permettent d’économiser annuellement 18 000 tonnes de carburant et produisent jusqu’à 60 000 kWh d’électricité par jour, réduisant significativement la dépendance aux combustibles fossiles.

Une coopération technologique et sociale

Ce programme ambitieux montre combien la Chine est importante dans le développement des énergies renouvelables à l’échelle internationale. Au-delà de l’aspect technique, la coopération sino-cubaine met en avant une approche inclusive et pragmatique. La Chine ne se contente pas de fournir des infrastructures : elle partage aussi son expertise. Des formations intensives ont été organisées pour permettre aux techniciens cubains de maîtriser l’installation et la maintenance des systèmes solaires, renforçant ainsi leur autonomie.

Par ailleurs, l’initiative du kit solaire « Made in Cuba » illustre l’approche locale du projet. Assemblé à partir de composants importés de Chine, ce kit vise à électrifier des milliers de foyers pour un coût compris entre 150 et 200 dollars seulement. Ces efforts contribuent à améliorer la vie quotidienne des Cubains tout en stimulant l’économie locale.

En misant sur une vision commune de la durabilité et de l’équité énergétique, Cuba et la Chine répondent ensemble à des enjeux globaux tout en stimulant leur développement mutuel..

Chiffres clés

3,5 milliards USD : montant investi par Cuba sur 15 ans dans les énergies renouvelables.

24 % : part d’énergies renouvelables visée dans le mix énergétique d’ici à 2030.

1 500 watts : capacité des kits solaires cubains à bas coût assemblés localement.

Innovations techniques


Panneaux solaires monocristallins : rendement énergétique jusqu’à 22 %.

Onduleurs hybrides : conversion optimale du courant pour des systèmes connectés.

Batteries lithium-ion : stockage de 5 à 20 kWh pour une utilisation adaptée aux besoins domestiques.


Dates clés


2016 : Déclaration des objectifs énergétiques cubains avec un accent sur les énergies renouvelables.

2017 : Signature des premiers accords de coopération énergétique sino-cubaine.

2018 : Construction des premières centrales photovoltaïques avec des technologies chinoises.

2023 : Début de l’initiative des kits solaires « Made in Cuba ».

2023-2024 : Initiative des kits solaires domestiques.

Source Liberté Actus

Pour aller plus loin : Histoire et Société - La technologie photovoltaïque chinoise et Cuba

12:04 Publié dans AL-Pays : Cuba, Economie, Environnement | Tags : cuba, chine, panneaux phltaiques | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

14/05/2023

« L’Europe doit cesser d’appliquer l’embargo américain contre Cuba »

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En visite au Parlement européen cette semaine, l’Ambassadeur de la République de Cuba, Otto Vaillant Frias, demande expressément à l’Union européenne de ne pas appliquer les lois américaines sur l’embargo contre Cuba, comme elle le fait actuellement. Entretien

Publié le
Vendredi 21 avril 2023
 

Quelles sont les conséquences concrètes aujourd’hui de l’embargo américain contre la République de Cuba ?

L’ensemble des mesures prises par les administrations américaines successives créent des problèmes pour toute la population cubaine car nous n’avons pas accès aux pièces de rechange, aux ingrédients pour produire des médicaments, aux financements des banques internationales.

On n’a pas accès non plus à plusieurs domaines de la vie scientifique et économique mondiale, et ça pose de graves problèmes parce qu’aujourd’hui, pour Cuba, ne pas avoir de financements, ne pas avoir d’aides, et être privés d’autres ressources du même type, c’est très compliqué. Si vous n’avez pas de pièces de rechange pour les autobus, il n’y a plus de transports en commun. Si on n’a pas suffisamment d’ingrédients pour produire des médicaments, il nous manque une partie importante des médicaments de base qui sont indispensables pour le pays. Et la liste de ce qui nous manque est très longue. Par exemple, l’interdiction de l’accès aux plateformes de technologie internationale nous empêche d’être reliés aux réseaux scientifiques.

À partir de Cuba, on ne peut pas visiter les sites Web ni les bibliothèques. Les plateformes de vidéoconférence sont interdites. Et en plus de cela, les États-Unis ont mis Cuba sur une liste de pays parrains du terrorisme, et avec cette liste, tout est interdit, personne ne veut commercer avec Cuba. Cela veut dire que si nous achetons une tonne de blé dans un pays, ce pays impose un prix supplémentaire pour le risque et c’est Cuba qui doit le payer.

En quoi la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine ont-elles aggravé cette situation ?

Avec le Covid, le monde s’est presque arrêté. Il y a eu un manque de bateaux et de containers. Cuba a eu besoin d’ingrédients pour produire des vaccins que les États-Unis ne voulaient pas nous fournir. Ils ont même empêché à Cuba d’acheter des pièces pour faire fonctionner les appareils à oxygène pour les malades. Et après être sortis du Covid, nous sommes entrés dans une guerre qui augmente énormément les prix de tout. Imaginez-vous que si en France il y a des prix qui ont augmenté quatre fois, quand ces produits arrivent à Cuba, c’est huit fois le prix. C’est le prix du pétrole, du transport, le prix des conteneurs. Tous les prix dans l’ensemble sont dans une inflation énorme à Cuba.

Comment se comporte l’Europe vis-à-vis de Cuba dans cette conjoncture ?

Normalement dans l’Union européenne, il y a un code contre l’extraterritorialité des lois américaines, mais il ne s’applique pas. Il faut appliquer le code contre l’extraterritorialité qui date de plusieurs années. Il faut empêcher aux entreprises américaines de faire ce qu’elles veulent. Une filiale américaine ne peut vendre aucun produit à Cuba. Un Américain ne peut pas acheter de cigares cubains en Europe et les emmener aux États-Unis, c’est interdit.

Alors que normalement, au regard des lois européennes, ce devrait être autorisé ?

Mais bien sûr, l’Europe a la possibilité de dire non aux États-Unis, de dire ce sont vos lois, les lois européennes sont les nôtres, vous ne pouvez pas imposer vos lois en Europe. Quand une personne signe des contrats bancaires, il y a une ligne qui dit : il faut respecter le code de lois bancaires américaines

Malgré cela, il y a eu une remarquable résistance du peuple cubain au moment de la crise du Covid, tout le monde l’a remarqué, notamment dans le domaine de la recherche pharmaceutique et de l’aide médicale que vous avez fournie à des pays en difficulté. À quoi attribuez-vous ces succès ?

On est arrivés à produire trois vaccins. Il y en a deux de plus maintenant qui sont candidats à la validation, ça fait cinq vaccins en tout, ce qui est incroyable pour un pays comme Cuba. Nos vaccins sont arrivés à avoir plus de 92 % d’efficacité. Avec notre système de protection sociale, de protection de la famille, du droit des personnes à la vie, nous avons réussi à assurer cela. Mais à un coût énorme, parce que l’argent qu’on avait, on l’a utilisé pour la production des vaccins, et pour accueillir les gens dans des hôtels ou des écoles qu’on a convertis en centres d’accueil de malades, comme des hôpitaux. On donnait aux gens à manger et tout ce dont ils avaient besoin. Tout était gratuit. On a dépensé beaucoup d’argent pour guérir les Cubains et à la fin, on est arrivés à contrôler le Covid, ça fait plus d’un an qu’il n’y a pas un mort du Covid à Cuba. Ce résultat, c’est la force de la biotechnologie cubaine, c’est la force de la science.

Fidel Castro disait en 1960 que Cuba devait être un pays de science et de pensée. Cela veut dire que le pôle scientifique de Cuba arrive à inventer et à produire des médicaments de biotechnologie qui sont uniques au monde. Il y en a plusieurs qu’on commercialise dans le monde entier, mais pas en Europe parce que c’est très difficile avec les règles imposées. Mais il y a déjà des maires de plusieurs villes en France qui m’ont adressé des lettres en me demandant que des médecins cubains viennent en France.

Nous avons 500 médecins cubains en Calabre et en Italie à l’heure actuelle parce qu’on a envoyé une brigade de soignants en Italie pendant le Covid, et cela a prouvé que les médecins cubains sont bons.

Que demandez-vous aujourd’hui à l’Union européenne ?

On lui demande d’élever la voix pour s’opposer à l’extraterritorialité des lois américaines en Europe et d’appliquer son code contre l’extraterritorialité

11:46 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Economie, Entretien | Tags : cuba, ambassadeur, europe | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg