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24/10/2014

PEROU, carnet de voyage (2) : Arequipa, la ville blanche au baroque métissé

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C’est la ville de « l’éternel printemps ». La légende raconte que lorsque la Lune s’est retirée d’Arequipa, elle a oublié sur son passage sa lumière.

On l’appelle communément la ville blanche du nom de la pierre volcanique, l’ignimbrite, avec laquelle ont été bâtis les édifices. Les autochtones, eux, nomment communément cette pierre le « sillar ». Et ce n’est pas un hasard.

C’est ainsi que les Espagnols, ou plus exactement les colons, appelaient les briques qui servaient aux constructions. Car, derrière la beauté des monuments baroques, la réalité est autrement moins poétique.

La ville blanche vient l’époque coloniale lorsque cette dernière était réservée aux blancs, lorsque les Indiens étaient des parias chez eux, exclus du centre de cette cité. Aujourd’hui le visiteur peut admirer la cathédrale et les églises où les sculptures et autres gargouilles de style baroque sont un savant mélange de syncrétisme.

Au côté de la coquille de Saint-Jacques,  le saint patron des Espagnols, on peut voir un puma, symbole sacré des Incas ou encore des grappes de raisins qui ressemblent étrangement à des épis de maïs. Arequipa est une ville où le baroque est métissé. Dans cette terre de volcans, nichée à 2300 mètres d’altitude, les conquistadors sont arrivés assoiffés par les pierres précieuses et l’or. Ils y ont découvert le maïs, la tomate, et plus de 3000 variétés de pommes de terre. On trouve sur les étals des marchés des vallées voisines des tubercules aux formes et couleurs inimaginables.

L’une d’elle ressemble à une pierre blanche. C’est une patate gelée. Elle a été conservée dans les cimes enneigées des Andes. Elle s’est gorgée du froid glacial qui y souffle. Au terme d’un processus de séchage et de congélation, elle peut se conserver jusqu’à cinq ans. Une sacrée aubaine pour des paysans soumis aux aléas des politiques économiques néolibérales de gouvernements peu scrupuleux, comme à la fin des années 90 où l’inflation a atteint les 7000%. Le Pérou est un pays de cimes et de sommets mais également de profonds cratères. Dans tous les sens du terme. 

Cathy Ceïbe

Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre. Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.

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23/10/2014

CNI : LE PEROU

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Données générales

Site de l’ambassade de France au Pérou

Source des données chiffrées : Ambassade de France au Pérou, Ministère de l’Economie, des Finances et du Commerce extérieur, PNUD, revue The Economist, FMI, Banque mondiale.

Perou.gifNom officiel : République du Pérou
Chef d’État : M. Ollanta Humala Tasso (juin 2011)

Données géographiques

Superficie : 1 285 220 km²
Population : 29,9 millions (30 % de moins de 15 ans ; 6 % de plus de 65 ans)
Capitale : Lima (8,2 millions d’habitants)
Villes principales : Piura (1,7 millions), La Libertad (1,6), Cajamarca (1,4), Puno (1,3), Cusco (1,2)
Langue officielle : espagnol. Le quechua, l’aymara et les langues amazoniennes sont également pratiqués.
Monnaie : Nouveau Sol péruvien (PEN) [1 € = 3,79 PEN taux de chancellerie au 4/4/2014]
Fête nationale : 28 juillet (indépendance, le 28 juillet 1821)

Données démographiques

pérou,idéntitéTaux de croissance démographique : 1,6 % par an
Espérance de vie : 71 ans ; mortalité infantile : 3 %
Taux d’alphabétisation : 91 % (hommes), 80 % (femmes)
Religion (s) : catholiques (88 %), évangéliques (8 à 10 %).
Indice de développement humain (Classement ONU) : 0,788 (79e rang sur 179)
Coefficient de GINI : 0,49

Données économiques

PIB 2013 : 206 Mds$
PIB brut par habitant : 7000 $
Taux de croissance (2013) : 5,3% (+6,8% en moyenne annuelle entre 2006 et 2013)
Taux de chômage : 7,7% (mais emploi informel important)
Taux d’inflation : 2,65%
Solde budgétaire : 1,8%
Dette publique : 19% du PIB
Balance commerciale : + 4,5 Mds $
IDE : 12,2 MdUSD

Principaux clients : Chine (17%), États-Unis (13,3%), Suisse (11,2%)
Principaux fournisseurs : États-Unis (18,7%), Chine (18,4%), Brésil (6,1%)

Exportations de la France vers le Pérou (2013) : 205 M€ (235 M€ en 2012)
Importations françaises du Pérou (2012) : 305 M€ (343 M€ en 2012)

Site du Service Economique de Lima : http://www.tresor.economie.gouv.fr/…

Consulat de France : section consulaire de l’ambassade de France à Lima, consulats honoraires à Arequipa, Cuzco et Piura.
Communauté française au Pérou : 4100 inscrits (84 % à Lima).
Communauté péruvienne en France : estimée à 10 000 personnes

Politique intérieure

Institutions

  • Régime présidentiel (Constitution de 1993).
  • Pouvoir exécutif : Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Il ne peut pas constitutionnellement prétendre à un deuxième mandat consécutif. Le Président nomme les membres du gouvernement.
  • Pouvoir législatif : Congrès monocaméral de 130 membres élus pour 5 ans au scrutin de liste à la proportionnelle. Le Congrès ne peut être dissout par le président de la République qu’une seule fois par mandat présidentiel.
  • Pouvoir judiciaire : Cour suprême (un président et 18 juges).
  • Prochaines élections : élections générales (présidentielles et législatives) en 2016.

Partis politiques

  • Grande alliance nationaliste (Gana Perú) – gauche : Parti nationaliste péruvien (PNP) de M. Ollanta Humala, Parti communiste du Pérou, Parti socialiste et Parti socialiste révolutionnaire ;
  • Force sociale – gauche réformiste : parti de la maire de Lima (Susana Villaran)
  • Alliance Perú posible – centre : Perú posible (PP) de M. Alejandro Toledo et partis Action populaire et Somos Perú ;
  • Parti Apriste péruvien (APRA : Alliance populaire révolutionnaire américaine) – centre droit : parti de M. Alan García
  • Alliance pour le grand changement – centre droit : Parti populaire chrétien (PPC), Restauration nationale (églises évangéliques), Parti humaniste et Alliance pour le progrès ;
  • Alliance Solidarité nationale – droite : Solidarité nationale (SN) de M. Luis Castañeda, Union pour le Pérou, Toujours unis, Tous pour le Pérou et Changement 90.
  • Force 2011 : droite populaire / parti fujimoriste (APF), mené par Mme Keiko Fujimori (fille de l’ex-chef d’Etat).

Situation politique

Les élections générales du 10 avril 2011 ont mobilisé près de 84 % des électeurs péruviens, appelés à voter en même temps pour le premier tour des élections présidentielles le renouvellement du Congrès et pour leurs représentants nationaux au Parlement andin (le vote est obligatoire au Pérou).

À l’issue d’une campagne très disputée, les résultats des élections législatives ont donné 47 sièges à l’alliance nationaliste « Gana Pérou » conduite par le candidat de la gauche, Ollanta Humala, devant le parti de Keiko Fujimori (Fuerza 2011 : 38 sièges) et celui d’Alejandro Toledo (Perú posible, 21 sièges). Ils marquaient également l’effondrement des partis traditionnels, le plus ancien d’entre eux (1924), l’APRA (Alianza Popular Revolucionaria Americana), parti du Président sortant Alan García, n’obtenant que 4 sièges, alors qu’au centre-droit, l’« Alliance pour un grand changement » (Alianza por el Gran Cambio) et l’« Alliance solidarité nationale » (Alianza Solidaridad Nacional, centre-droit) obtenaient respectivement 12 et 8 sièges.

Le 5 juin 2011, Ollanta Humala remportait de justesse le deuxième tour de l’élection présidentielle, avec 51,5 % des voix, face à Keiko Fujimori, fille de l’ancien chef d’État Alberto Fujimori, actuellement en prison. L’appui massif des zones rurales a été déterminant pour la victoire de M. Humala, qui avait largement orienté sa campagne sur un programme de réformes des institutions et de l’administration, de lutte contre la pauvreté et d’un renforcement du rôle de l’État dans l’économie et les investissements.

22/10/2014

PEROU, carnet de voyage (1) : Lima dans un manteau blanc

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Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre.

Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures. 

Carnet 1

Un léger crachin enveloppe Lima. Mais il ne mouille pas. Neufs mois durant, la capitale péruvienne peine à se défaire d’une sorte de manteau blanc brumeux qui lui confère un air triste. Dans le quartier chic et touristique de Miraflores, un détour par la baie s’impose. Pas question de baignade, seuls les surfeurs s’aventurent dans ses eaux qui n’excèdent pas les 14°. Les courants froids font de cette côte l’une des poissonneuses.

Le Parc de l’amour offre une vue plongeante sur la Rosa Nautica, un restaurant « classe » en forme de bras qui enlace l’océan pacifique. Il faut montrer patte blanche ou plutôt un gros portefeuille pour y réserver une table. Le parc de l’amour, qui rappellera le parc Guëll de Barcelone, est le lieu où se retrouvent les amoureux. Jeunes et moins jeunes draguent et s’y embrassent, comme l’y invite l’imposante statue qui trône au centre du site. Les voyeurs, en revanche, peuvent aller voir ailleurs : ici, pas d’ébats. La police municipale veille au grain. Les agents sont d’ailleurs facilement repérables aux deux roues sur lesquels ils circulent mais surtout à leur casque affublé d’une caméra latérale. « C’est pour empêcher tout outrage à agent », nous explique-t-on. L’inverse est-il valable pour les citoyens ? Rien n’est moins sûr.

A quelques pas de là, dans le quartier résidentiel et affairiste de San Isidro, où trônent les imposants oliviers apportés par les colons espagnols, les villas ne ressemblent en rien aux immeubles traditionnels de briques des quartiers populaires. Les riches bâtisses sont inspirées de leurs sœurs européennes. Chacune est cinglée par un important dispositif de fils barbelés électrifiés. La peur et la sécurité ou plutôt le sentiment d’insécurité. Réel hier, fantasmé parfois, ils graissent la patte des entreprises privées qui font leur beurre sur les traumatismes des Péruviens.

Le pays n’est pourtant plus le théâtre sanglant de cette guerre qui a opposé dans les années 80 et 90 le groupe d’illuminés maoïstes du Sentier lumineux et le terrorisme d’Etat du président Alberto Fujimori. Ce dernier, après avoir fui le pays non sans en dévalisé les caisses, a été depuis condamné pour corruption. Sa responsabilité intellectuelle dans le  massacre de paysans est avérée. Les civils sont toujours les otages de ces guerres qui ne disent pas leur nom. Sachez que parler du Fujimorisme reste encore aujourd’hui un thème sensible, voire tabou. Le « Chino », son surnom, polarise encore la société entre adulateurs et détracteurs. Sa fille Keiko s’est hissée au second tour de l’élection présidentielle en 2011 avant de trébucher face à l’actuel chef de l’Etat, Ollanta Humala qui, en matière d’autoritarisme,  n’a rien à envier à Fujimori. Les communautés qui s’opposent aux mégaprojets miniers dans le nord, notamment à Cajamarca, peuvent en attester.  L’état de siège y est permanent…

Lima est donc recouverte de brume. Mais, dans les grandes artères de villes, sur les murs des bâtiments, des couleurs vives sont venues casser la monotonie de la ville. Les candidats aux élections municipales et régionales du 5 octobre ont promis des lendemains heureux à des Péruviens qui n’ont pas vu l’once d’une réjouissance de la croissance économique. Que dit Moises qui postulait au poste de maire des  43 arrondissements où vivent les 9 millions d’habitants de la capitale ? Qu’il est le nouveau visage de Lima. Mais pas n’importe lequel. Celui de la ville des entrepreneurs. Le salaire « vital », l’équivalent de notre SMIC, est de 750 Soles, c’est-à-dire 220 euros. « Ce n’est pas un salaire vital mais de survie », nous confie notre guide qui répond au charmant prénom de Victor Hugo. « Les gens font des miracles ».

Miracle comme la mise à jour au cœur de la ville du site archéologique Huaca Pucllana, une pyramide de terrasses faites de briques en argile datant de l’époque pré-inca. Pour le reste, passées les élections, les beaux discours se sont envolés comme les deniers publics, la corruption étant, sans mauvais jeu de mots, monnaie courante. Les élus jurent sur la devise « Dios y Patria » (Dieu et patrie). Mais ici elle est facilement interchangeable en « Dios y Plata » c’est-à-dire l’argent. Un Dieu tout puissant qui a remplacé les figures sacrées des civilisations ancestrales.

Cathy Ceïbe, l'Humanité  : http://www.humanite.fr/blogs/lima-dans-un-manteau-blanc-5...

10:54 Publié dans AL-Pays : Pérou, Carnet de voyage, Société, Voyage | Tags : pérou, lima, carnet de voyage | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

19/10/2014

Elections a Cuba: comment ça marche ?

cuba-elecciones-press1.jpgLe 3 février 2013, les Cubains ont élu 612 représentants au parlement ainsi que 1270 représentants dans les conseils provinciaux. Tijs et Marc, deux participants du voyage d’ICS de juillet 2012, ont écrit un article sur le système électoral cubain.

Cuba ressemble à certains égards à notre démocratie: ainsi, il y a un parlement national, des conseils provinciaux et communaux et toutes les cinq années, il y a des élections. Mais il y a également quelques différences importantes.

L’Etat à zéro partis

Tout d’abord le rôle et la fonction d’un parti politique. Le parti communiste est l’épine dorsale de la révolution mais n’a en soi rien à voir avec les élections. Tout un chacun, qu’il soit membre ou non du parti, peut être candidat aux élections communales, même ceux qui ont des opinions dissidentes.

Le parti communiste ne présente aucun candidat et la loi stipule qu’il ne peut pas se mêler dans les affaires électorales. C’est la population du district électoral local qui présente et confirme ou non les candidatures. ‘Le principe que toute la population présente et élit des candidats nous met à la tête des pays démocratiques du monde.’ C’est ainsi que les listes sont constituées. Le vote même est secret, comme chez nous. Au moment des élections, Cuba est en d’autres termes un Etat à zéro partis.

Poursuivre l’unité
Un deuxième aspect important est la volonté d’atteindre l’unité et le consensus. ‘Je crois que la forme organisationnelle de la politique doit être axée sur l’unité, si possible.’ i  Au lieu de travailler avec un système majorité-opposition, on cherche une base aussi large que possible pour toutes les décisions.

Lorsqu’il s’agit de mesures importantes, les discussions pour atteindre ce consensus peuvent parfois durer un an. Et si ça ne marche pas, la mesure n’est pas adoptée. Ainsi, dans les années nonante, la proposition du gouvernement pour introduire un système d’impôt sur le revenu a été rayée à la suite d’une large consultation de la population.ii
Le fait de poursuivre le consensus implique que les opinions divergentes risquent d’être sous pression. C’est un danger réel, qui doit toutefois être mis dans le contexte de l’obsession de Washington d’en finir avec la révolution. Ignatius de Loyala l’a déjà dit: ‘Dans une citadelle assaillie, toute dissidence égale trahison’. iii

Des représentants issus du peuple, élus par et pour le peuple

Un troisième aspect est le lien très fort entre les élus et la population locale. Les districts électoraux consistent au maximum de deux mille électeurs.  L’élu est donc quelqu’un de tout près, dans la plupart des cas connu et directement abordable. Cela favorise l’implication directe dans le processus politique.

Les politiciens ne forment pas non plus une catégorie professionnelle à part. ‘Dans notre révolution, il n’existe pas de métier de politicien, parce que nous sommes tous des politiciens : du petit pionnier [élève cubain, ndlr] jusqu’à la personne âgée.iv  Un élu n’est pas payé pour son travail politique. Il continue à exercer son métier et en sera dispensé temporairement, si nécessaire.

Un politicien cubain ne peut donc pas se construire une position de pouvoir et il ne bénéficie pas non plus de privilèges. Une critique importante de Fidel sur la démocratie occidentale est le constat que la politique socio-économique est avant tout déterminée par les grandes entreprises, sans tenir compte des besoins de la population. Le gouvernement est en réalité le ‘gouvernement de l’oligarchie, par l’oligarchie et pour l’oligarchie’.v

Une réelle participation des citoyens

Un quatrième aspect est l’implication importante des citoyens. Les Cubains qui sont électeur sont impliqués dans la constitution des listes pour les élections communales. Cela se fait directement et localement. La constitution des listes des conseils provinciaux et du parlement national se fait dans des commissions électorales.
Celles-ci sont composées de plusieurs dizaines de milliers de représentants de différents mouvements sociaux: syndicat, organisations paysannes, association des femmes, organisations d’étudiants, comités de quartier, etc. Le syndicat préside ces commissions. Une large consultation populaire précède à la constitution des listes. Ce processus peut durer plusieurs mois.

Un million et demi de Cubains sont impliqués dans la préparation. Les élections provinciales et nationales même concluent ce processus intensif de consultation et demandent au peuple d’entériner le travail effectué. Les élections ne constituent d’ailleurs qu’un seul élément de la participation populaire. Au sein des organisations sociales, des conseils et du parti communiste, la population est consultée de manière permanente. A Cuba, il n’y a ‘pas de démocratie représentative’, c’est une démocratie ‘qui vit à travers la participation directe de sa population et ses problèmes sociaux’. vi

Pas de campagnes médiatiques

Un cinquième aspect est le rôle des médias et de la publicité. Chez nous, ils jouent souvent un rôle crucial. Le candidat qui est fort présent dans la publicité, qui a de bons liens avec les médias, qui présente bien à la télé ou, mieux encore, qui possède lui-même des parties importantes des médias (comme Berlusconi), a beaucoup plus de chances d’être élu.

A Cuba, la propagande des candidats se limite à une photo accompagnée d’un curriculum vitae. Les candidats peuvent prendre la parole à l’assemblée publique du district électoral local. Les campagnes personnelles ne sont pas autorisées.  Les représentants ne sont donc pas nécessairement des CC (Cubains connus).

Rendre des comptes devant le peuple

Une autre différence par rapport à notre système est la possibilité de destituer les élus: ‘ils n’exercent pas leur mandat sans le contrôle de leurs concitoyens’. vii Tous les six mois, la réunion de district peut leur demander des comptes et, le cas échéant, les démettre de leur fonction. Ce n’est pas qu’une théorie, cela se passe régulièrement.
Aussi, les listes de candidats au parlement sont constituées de telle manière que tous les secteurs de la société sont représentés: étudiants, ouvriers, paysans, scientifiques, infirmiers, médecins, sportifs, journalistes, artistes, intellectuels, militaires. Quelque trente pour cent des parlementaires n’est pas membre du parti communiste. Dans les conseils communaux, il s’agit de plus de la moitié. Le vote n’est pas obligatoire, mais la participation est très élevée, avec une moyenne de plus de 95%.

La démocratie directe à la Cubaine

Fidel est le dernier à prétendre que la démocratie cubaine est ‘parfaite’, mais pour lui, c’est le système le ‘plus adéquat’ dans les circonstances données du pays, et il a en tout cas ‘prouvé son efficacité’.viii  Mais surtout, il peut compter sur une large base, ‘si la révolution n’avait plus la majorité de la population, elle n’aurait pas pu tenir’. ix
Plusieurs sondages indépendants organisés en 1994 et en 1995, au moment le plus pénible de la crise économique, ont démontré que plus des trois quarts des Cubains s’identifient avec le système politique et que cinq pour cent seulement souhaite un autre système politique.x  Le Pentagone a dû constater pendant la même période qu’une grande majorité des Cubains continuaient à soutenir la direction révolutionnaire.

Pour Fidel, l’ultime critère est l’armement de la population. Dans le cadre d’une éventuelle agression militaire des USA, deux millions de Cubains ont accès à des armes.

Lorsque la défense est l’affaire du peuple entier et que les armes sont le privilège de toute la population, alors là on peut parler de démocratie. Que penser des unités spéciales de la police et des armées qui servent à mater le peuple lorsqu’il ne se soumet pas aux abus et aux injustices du système bourgeois, que ce soit dans les pays capitalistes du Tiers Monde ou dans un pays capitaliste développé.xi

Que se passerait-il en Europe même, si l’on y armait les ouvriers et les étudiants et si on armait les secteurs qui sont tout le temps confrontés à la répression lorsqu’ils demandent quelque chose, lorsqu’ils revendiquent quelque chose, lorsqu’ils se mobilisent pour quelque chose?xii

Notes

i  Borge T., op. cit., p. 113.

ii Vandepitte M., De gok van Fidel, p. 79-80.
iii Cité in Ramonet I., op. cit., p. 21.
iv Discurso, 2 décembre 1976.
v  Discurso, 24 décembre 1977.
vi Discurso, 26 juillet 1959.
vii Ibid.
viii Borge T., op. cit., p. 120 en 125.
ixBetto F., op. cit., p. 336.
x Dans la première enquête, 80% se déclare d’accord avec la forme de gouvernement. Machado D., ‘La Coyuntura Sociopolítica’ in Crítica de Nuestro Tiempo octobre-décembre 1995, 6-28, p. 25-27. Cette enquête est confirmée par un sondage de Gallup publié en 1994, où 76% des personnes interrogées se déclaraient contentes de leur vie quotidienne et 3% seulement indiquaient les questions politiques comme problème principal du pays. Chomsky N., Responsabilités des intellectuels, Marseille 1998, p. 147. Un dissident très connu comme Elizardo Sánchez admet qu’à cette époque, 80% de l’électorat soutient le régime. Lambie G., ‘Cuban Local Governement: Democracy through Participation or Political control?’ ECPR Conference Workshop, Bern 27 février - 4 mars 1997.
xi Discurso, 4 janvier 1989.
xii Borge T., op. cit., p. 127.

vert.: Hilde Meesters

09:58 Publié dans AL-Pays : Cuba, Politique, Société | Tags : cuba, élections | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg