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03/06/2013

COLOMBIE : FARC, DES NEGOCIATIONS POUR UNE SOLUTION POLITIQUE

colombie.jpgColombie : Des négociations pour une solution politique par Jaime Caycedo, secrétaire général du Parti communiste colombien. Professeur de l’Universidad Nacional de Colombia

Depuis 4 mois, des négociations ont commencé entre les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et le gouvernement colombien pour un accord de paix. Comment se déroulent-elles ? Quels en sont les objectifs ? et ont-elles une chance d’aboutir ?

Ces négociations sont une nécessité pour sortir d’une guerre civile qui perdure depuis plus d’un demi-siècle et qui s’est considérablement aggravée au début des années 2000 sous l’effet de l’intervention des États-Unis avec le plan Colombie. La crise mondiale influe aussi sur le conflit. L’amorce des négociations démontre que c’est l’issue politique qui permettra d’en sortir et non un écrasement de la guérilla, option défendue par la stratégie des pouvoirs précédents, ou une insurrection populaire improbable.

Les attentes sont très importantes. Les commissions de négociation sont composées par les délégués du gouvernement qui sont des représentants des secteurs clés de la bourgeoisie, et de deux membres de l’armée. Du coté des FARC, y sont présents des dirigeants de la guérilla provenant de divers groupements de combattants. Ces commissions ont plusieurs points à l’ordre du jour. Un accord général n’est pas facile d’autant que le gouvernement a imposé de négocier sans cessez-le-feu, alors que la guerre continue. Cette méthode est inspirée des États-Unis et des conseillers militaires qui l’ont mise en pratique en Afghanistan.

Les commissions ont avancée sur le premier pilier des négociations qui concerne la réforme agraire, le développement rural et la condition paysanne. La Colombie se caractérise par de grandes propriétés foncières liées au développement des narco-paramilitaires qui entretiennent eux-mêmes des relations étroites avec les pouvoirs politiques. La réforme agraire doit aboutir à une redistribution de la terre en faveur de la paysannerie.

colombie2.jpgLa guérilla en appelle à la création de réserves paysannes qui permettraient aux familles de disposer de suffisamment de terre pour survivre, où les droits fonciers seraient garantis et où la vente de la terre serait interdite. Ces revendications s’opposent aux dispositions du programme de développement du gouvernement actuel qui rend possible l’achat de terres par des investisseurs étrangers. Or, dans le contexte de la crise mondiale et alimentaire, le risque d’accaparement de terre à grande échelle est grand et suscite l’opposition des paysans colombiens.

Les grandes propriétés foncières d’élevage couvrent 39 millions d’hectares, contre 5 millions pour l’agriculture. Les narcotrafiquants se cachent derrière ces grands propriétaires. La redistribution de la terre ne suffira pas à changer la situation. Il faut un appui de l’État pour renforcer la petite et moyenne paysannerie et l’aider à ne plus dépendre du capitalisme agraire. Il s’agit d’un projet à grande échelle qui doit s’attaquer aux structures économiques du pays pour rétablir les équilibres et lui permettre d’exercer une plus grande souveraineté sur les questions économiques et alimentaires.

Un forum rassemblant les paysans et les populations indigènes s’est tenu pour faire le point des revendications. Les conclusions ont été posées sur la table des négociations à la Havane.

Quels sont les autres points de négociations entre la guérilla et le gouvernement ?

colombie1.jpgLe deuxième point de la négociation porte sur les libertés et la question de la participation politique. Elle concerne la situation judiciaire des fonctionnaires, des officiers, des personnes impliquées dans la guerre, y compris les dirigeants de la guérilla.

Le troisième point concerne les millions de victimes, surtout et pour la plupart, celles de la guerre de contre-insurrection menée par l’État et les paramilitaires, mais aussi celles de l’action des FARC et de la guérilla. Avec 5 millions de déplacés, la Colombie dépasse désormais le Soudan et devient le pays qui a le plus grand nombre de réfugiés internes. La lumière doit être faite sur les massacres de milliers de civils, les disparitions, les assassinats et les jeunes qui ont été trompés et tués par l’armée, les faisant passer comme des morts au combat. Les familles des victimes ont droit à la vérité, à la justice et à la réparation.

Un autre point concerne l’illégalité des champs de culture de la coca, enjeu posé par les FARC contre le gouvernement qui ne voit dans les producteurs de coca que des narcotrafiquants. Les FARC veulent réaffirmer qu’elles ne sont pas un cartel de la drogue comme le prônent les médias de l’impérialisme. Il s’agit d’un sujet essentiel qui concerne les paysans et tous ceux qui dépendent de cette culture pour survivre. Il faut proposer des solutions alternatives aux dispersions aériennes de défoliants toxiques et aux mesures de répression sur les paysans n’ayant d’autres moyens de pour faire vivre leur famille.

Enfin, un enjeu majeur des négociations réside dans la validation et la co-validation pour la ratification des accords. Il faut un calendrier de réalisation des engagements avec un mécanisme d’évaluation des résultats. Rien ne sera signé si tout n’est pas accordé. Il faut s’entendre sur cette méthodologie. Ces accords doivent fonder une partie du corpus constitutionnel et de l’organisation institutionnelle du pays. La paix est un devoir.

L’accord devrait créer les conditions d’une assemblée nationale constituante avec une participation populaire forte pour décider des réformes politiques, notamment de la réforme électorale, de l’usage des territoires et de leurs ressources, et d’une plus grande souveraineté en matière économique. La Colombie est un pays riche qui a besoin de régulation politique pour une meilleure gestion des ressources au service du plus grand nombre, contre la logique de prédation imposée par les entreprises transnationales.

Les discussions sur la réforme agraire sont maintenant terminées. Le deuxième point des négociations va donc être abordé prochainement.

Comment les forces de gauche se situent dans ce dialogue ?

colombie2-diocese-de-medellin.jpgLes forces de gauche appuient la lutte pour la paix et les négociations en cours dans une dynamique d’unification large avec Marche patriotica et le Congrès des peuples. Ce front milite pour un programme démocratique de transformation et pour la paix. Une rupture est nécessaire pour sortir le pays de la crise profonde dans laquelle il se trouve du point de vue économique et de ses structures. Le dialogue est un pas en avant qui doit permettre de consolider les conditions de participation politique du plus grand nombre et des réformes sociales à hauteur des défis, comme par exemple dans le secteur sinistré de la santé, où la privatisation a créé un désastre.

Les syndicalistes, les militants politiques, des droits de l’homme et des libertés sont-ils toujours victimes de répression ?

Depuis le début de l’année, on dénombre plusieurs assassinats de syndicalistes. Le combat syndical se fait dans des conditions très difficiles. Le para militarisme et le terrorisme d’État ont conduit à une répression des travailleurs organisés. Le devoir de la gauche est de renforcer le rôle et la signification politique et sociale des syndicats qui sont la cible de la répression. La syndicalisation se fait dans des conditions si dramatiques que les dernières grèves ont été menées par des collectifs de travailleurs qui n’avaient pas de liens avec les structures syndicales. Les forces de gauche combattent ces conditions primitives dans lesquelles luttent les salariés, et défendent les droits syndicaux.

Quelles sont les conséquences sur l’économie colombienne des traités de libre-échange, notamment celui signé récemment, entre l’Union européenne, la Colombie et le Pérou ?

Les traités de libre-échange conclus avec les États-Unis et l’Union européenne renforcent les grands projets agro exportateurs et d’élevage. Ils vont donc à l’encontre du développement du pays et sont facteurs d’inégalités entre grands producteurs tournés vers le marché mondial, petits et moyens producteurs liés au marché national. Ces derniers sont touchés de plein fouet par les importations de lait de l’Union européenne. L’opposition à ces traités est donc assez forte. Elle milite pour un contrôle de leur application et même une révision de leur contenu.

Hugo Chávez a-t-il joué un rôle en Colombie ? Sa disparition influera-t-elle sur la situation régionale ?

Hugo Chávez a joué un grand rôle dans les négociations politiques avec les FARC et l’Armée populaire de libération pour la recherche d’un accord. Son attitude a été décisive de par son poids politique dans l’espace andin. Il a imposé la recherche de la paix comme facteur de stabilité pour toute la région. Le candidat Maduro a réaffirmé l’appui du Venezuela au dialogue et au processus de négociation. Le Venezuela accompagne au même titre que le Chili le processus, tandis que Cuba et la Norvège sont des observateurs.

Quel regard portez-vous sur la crise en Europe dans ses dimensions politique et économique ?

La situation se détériore en Europe, aux États-Unis, au Moyen-Orient et partout dans le monde. La Colombie ressent davantage les conséquences de la crise en Amérique du Nord de par les liens très étroits qui existent avec les États-Unis. La crise mondiale impacte lourdement les échanges et fait peser une grave menace sur les équilibres mondiaux.

Elle contraint la bourgeoisie à chercher une issue du côté de la paix et à réfléchir sur les questions stratégiques cruciales. Les logiques précédentes ne peuvent plus continuer. Les défis de la crise mondiale imposent de trouver une issue politique en Colombie. Les négociations sont longues et difficiles mais les enjeux posés sont incontournables. Avancer vers davantage de justice sociale est la seule perspective d’avenir possible.

Entretien publié par la Fondation Gabriel Péri

LA COLOMBIE

colombiecarte.gifAvec environ 46 millions de personnes en 2008, la Colombie est le troisième pays le plus peuplé d'Amérique latine après le Brésil et le Mexique. Il abrite également le troisième plus important nombre d'hispanophones dans le monde après Mexique et l'Espagne.

farc,colombie,cuba,paix,démographie,jaime caycedoLa Colombie est l'un des pays les plus riches de la planète en matière de biodiversité, classée à ce titre de Pays mégadivers en tant que second pays le plus diversifié au monde. Avec ses deux côtes (Pacifique et Caraïbe), ses nombreuses montagnes, son climat varié, la diversité des biotopes est particulièrement vaste.

 

02/05/2013

NICOLAS MADURO : "PAS DE NOUVEAU PINOCHET AU VENEZUELA"

maduro5.jpgVêtu d'un survêtement coloré, Nicolas Maduro nous a reçues dans le hall d'une résidence présidentielle modeste située sur une base militaire, dont il a fait le siège de son pouvoir.

Dans un contexte politique tendu, la capitale, Caracas, bruissait de deux manifestations du 1er-Mai : celle de l'opposition et celle des "chavistes", privés de leur leader charismatique qui fut au pouvoir pendant quatorze années dans cet Etat pétrolier.

ENTRETIEN REALISE AVEC LE JOURNAL LE MONDE

Echauffourées au Parlement, incidents violents dans la rue provoquant sept morts après l'élection présidentielle : le Venezuela est un pays très polarisé, sous tension. Comment entendez-vous prévenir des dérapages ?

Le pays n'est pas polarisé, il est mobilisé. Le peuple est mobilisé car nous menons une révolution, une révolution contre la dépendance économique, la pauvreté, la misère, les inégalités, une révolution contre le capitalisme qui a saccagé notre patrie par le passé. Nous avons un socialisme démocratique. Lorsque les peuples entrent en lutte comme nous – nous l'avons fait il y a deux cents ans pour notre indépendance, et en ce moment nous luttons pour notre nouvelle indépendance –, il y a toujours des tensions. Nous avons une feuille de route, qui est notre Constitution, nos institutions, et elles fonctionnent. Ce que je peux garantir, c'est qu'il y aura la paix, il y aura la démocratie, et on surmontera n'importe quelle menace. Il est important que l'Europe le sache car il y a, de loin, une perception caricaturale. Les gens pensent qu'au Venezuela il y a une dictature.

Allez-vous nouer un dialogue avec l'opposition ?

J'ai appelé au dialogue général, mais le leadership de l'opposition est exercé par un groupe de droite très extrémiste qui empêche les partis politiques de s'asseoir pour discuter. Car ce groupe a un projet d'assaut sur le pouvoir. (...) J'appelle l'Europe à ouvrir les yeux. Au Chili, il y a eu Pinochet. Quand Allende a été attaqué, tout le monde a été surpris par la violence. Ici, une idéologie semblable est en train d'émerger. Si je compare cela à Mussolini, Franco ou Hitler, on dit que j'exagère. Mais ici, en Amérique latine, je sonne l'alarme. Il y a les ingrédients pour un projet extrémiste de droite. Si un jour ces gens parvenaient au pouvoir – ce qui n'arrivera pas –, ils détruiraient la démocratie au Venezuela et imposeraient un projet totalitaire.

L'opposition pèse 49 % des votes. Peut-elle être réduite à des "fascistes" comme vous les qualifiez ?

maduro6.jpgPas entièrement, mais ce que l'on appelle la social-démocratie ou la démocratie chrétienne est en train de disparaître au Venezuela, et d'être happée par une droite extrême. Nous avons gagné 17 des 18 élections au cours des quatorze dernières années. Nous venons de faire face à la plus difficile des élections car nous nous sommes trouvés sans le commandant Chavez, qui était l'âme de la révolution bolivarienne. Moi j'étais candidat, je suis parti de zéro, et j'ai gagné. Le chavisme a oscillé entre 50 %-60 %, parfois on a atteint 63 %. C'est un courant historique très fort, très solide. Ce que je peux dire à la France et à l'Europe, c'est que nous empêcherons qu'au Venezuela surgisse un nouveau Pinochet. Nous le ferons par la voie de la démocratie.

Vous vous décrivez comme l'héritier d'Hugo Chavez. Son positionnement sur la scène internationale a été, pendant plus d'une décennie, celui d'une "résistance" à un supposé impérialisme américain, et des alliances avec des régimes répressifs comme celui de Kadhafi, Al-Assad, Loukachenko, Ahmadinejad. Allez-vous introduire la moindre inflexion ?

Vous dites : "un supposé impérialisme". L'impérialisme existe ! Les Etats-Unis ont exercé un impérialisme mondial. Au XIXe siècle, ils avaient déjà envahi la moitié du Mexique. Le XXe siècle a été celui d'une hégémonie totale, un empire économique, militaire et politique des Etats-Unis.

Au XXIe siècle, une nouvelle ère a commencé. Il s'agit, d'un côté, d'un monde impérial unipolaire, et, de l'autre, du surgissement d'un monde pluripolaire, multicentrique, en équilibre, qui est en fait le prolongement de la vision de notre libérateur, Simon Bolivar. Nous croyons à ce projet d'un monde en équilibre, sans empire. Le Venezuela a subi cent ans de domination pétrolière, des multinationales américaines qui ont semé la misère, et c'est pour cela que nous avons un projet anti-impérialiste.

Quant à nos amitiés... Kadhafi était ami de Sarkozy et de Berlusconi. Ils faisaient des banquets ensemble. Il finançait leurs campagnes. Comme membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, on a toujours été ami de la Libye. Le président Chavez a été jusqu'au dernier jour un ami loyal de Kadhafi, assassiné de la manière la plus vulgaire. Le bombardement, la destruction de la Libye, l'Europe devrait y réfléchir, car elle a infesté la Libye de terroristes. Qui a le pouvoir militaire en Libye et envoie des milliers d'hommes armés combattre en Syrie ? Al-Qaida.

Le président syrien bombarde son propre peuple avec des avions et des tanks. Pourquoi ne condamnez-vous pas ces agissements si vous vous réclamez de la démocratie ?

En Syrie, il faut prendre en compte le fait qu'il y a une intervention étrangère qui a créé une guerre civile. Nous avons une bonne coopération, économique, avec le président Bachar Al-Assad. En tout cas, il faut faire la différence : le Venezuela est un pays démocratique. Et en Amérique latine, en général, chacun cherche son modèle économique, après le désastre des années 1990 marquées par le néolibéralisme. D'ailleurs, ce qui se passe en Europe en ce moment rappelle ce qu'a traversé notre région dans les années 1990 : tous les indicateurs sociaux reculaient et cela a mené à une explosion politique, des révolutions. C'est ce qui a expliqué le surgissement d'un Chavez, d'un Lula, d'un Kirchner, d'un Correa. L'Europe devrait prendre garde.

 Nicolas Maduro, président du Venezuela, sous un portrait d'Hugo Chavez jouant au base-ball, à Caracas, le 1er mai 2013.Nicolas Maduro, président du Venezuela, sous un portrait d'Hugo Chavez jouant au base-ball, à Caracas, le 1er mai 2013. | Miguel Gutierrez pour "Le Monde"

Vous parlez d'un monde multipolaire. Qui, au XXIe siècle, doit être l'allié du Venezuela : l'Europe, ou bien la Chine et la Russie ?

Un groupe a émergé, qui s'appelle BRICS. C'est le bloc qui, au niveau mondial, peut générer de grands changements vers l'équilibre. Il représente plus de 3 milliards d'habitants : la Chine, nos frères brésiliens, l'Inde, l'Afrique du Sud... C'est un grand espoir pour le monde, comme l'Europe a pu l'être. Le problème, c'est que l'Europe s'est laissé dominer par les politiques des Etats-Unis. Il faudrait que l'Europe rejoigne les BRICS, pour favoriser une grande alliance mondiale en faveur d'une nouvelle forme de coexistence, et pour que cessent l'interventionnisme et la guerre.

Que faudrait-il pour que la relation se normalise entre votre pays et les Etats-Unis de Barack Obama ?

Du respect. Du respect pour l'Amérique latine. Ils ne nous respectent pas. C'est une vieille histoire. Il y a deux doctrines. La doctrine Monroe, qui disait : "L'Amérique pour les Américains", c'est-à-dire pour les Etats-Unis d'Amérique. Et celle de Simon Bolivar, qui disait : "L'union de l'Amérique autrefois colonie de l'Espagne". Ce sont deux doctrines, l'une impériale, l'autre de libération. Il y a aux Etats-Unis – je le sais – un groupe ultraconservateur et terroriste. Cherchez qui sont Roger Noriega, John Negroponte, Otto Reich... Tous ces hommes-là sont derrière des plans de déstabilisation violente du Venezuela. Parfois le gouvernement américain exerce un certain contrôle sur ces groupes, parfois il les laisse agir. Les Etats-Unis sont gouvernés par un appareil militaro-industriel, médiatique et financier. Obama sourit, mais il bombarde quand même. Il offre juste une image différente de celle de Bush. En ce sens, il sert davantage les intérêts de domination mondiale des Etats-Unis. Nous venons de dépêcher un nouveau chargé d'affaires . Nous sommes disposés à avancer vers une relation qui puisse être positive. On verra.

Le pétrole a été le grand levier de la politique régionale menée par Hugo Chavez, ainsi que de ses programmes sociaux. Mais la production de votre pays stagne. Comptez-vous ouvrir ce secteur aux investissements étrangers ? Comment allez-vous diversifier une économie dominée par les hydrocarbures ?

Au Venezuela, dans la ceinture pétrolifère de l'Orénoque, nous avons 27 entreprises multinationales du monde entier, y compris des françaises. Nous invitons tous ceux qui n'ont pas encore investi dans notre pays – ils sont les bienvenus. Nous créons des zones économiques spéciales pour attirer l'investissement et de la technologie. Nous avons étudié l'expérience chinoise, celle de la municipalité de Pudong, à Shanghaï. Par ailleurs, le Venezuela a 33 millions d'hectares de terres agricoles disponibles, et nous n'en utilisons que 3 millions. Nous avons toutes les conditions pour devenir une puissance de l'agroalimentaire. Nous appelons tous ceux qui veulent produire dans des conditions agro-écologiques à venir au Venezuela. Nous pouvons produire pour le Mercosur, pour l'Europe, pour l'Asie.

Vous parlez de liberté. Quand vous allez à Cuba pour discuter avec Raul et Fidel Castro, comme vous l'avez fait encore récemment, parlez-vous des prisonniers politiques, des journalistes qui sont détenus ?

Nous sommes fiers de Cuba, et nous allons continuer de soutenir ce peuple noble et solidaire. Fidel et Chavez, c'était comme un père et un fils, une unité profonde. Fidel Castro représente la dignité du continent sud-américain face aux empires. Il est un mythe vivant de la lutte pour l'indépendance et la libération du continent.