27/03/2015
La solidarité médicale cubaine intervient actuellement dans 67 pays
Quelques 50.000 collaborateurs cubains de la santé offrent leurs services dans 67 pays, et parmi 32 d’entre eux, dans le cadre du Programme de santé globale, annonça Marcia Cobas, vice-ministre de la santé publique de l’île.
De tous ces professionnels de la santé, plus de 25 000 sont médecins et la coopération comprend également l'Opération Miracle, la brigade Henry Reeve en Afrique, et aussi, la modalité d'assistance technique compensée dans 17 nations et avec des services médicaux cubains dans 16 autres , a-t-elle souligné.Parmi les secteurs d'exportation, elle mentionna les services médicaux à l'étranger et à Cuba, les secteurs universitaires et périphériques. Elle a annoncé que s’ajoutent les accords de collaboration avec le Brésil, le Qatar, l’Algérie, le Mexique, le Portugal, l’Arabie saoudite et des pays africains, dont ceux de la région affectée par le virus Ebola, avec une demande supplémentaire d’infirmières et de techniciens.
Pour cette raison, a précisé le Dr Marcia Cobas la préparation et la formation des professionnels de la santé doivent être rigoureuses, notamment en langues étrangères.
Elle a signifié qu’il n’est pas possible de répondre à toute la demande parce que les travailleurs du secteur doivent assurer la couverture médicale du pays, il n'y a donc pas d'autre alternative que des groupes itinérants pour de courtes périodes.
Aussi le tourisme de santé est un autre secteur d'activité d'une importance vitale pour l'île des Caraïbes et il est envisagé d'augmenter nettement les recettes de ce concept, et pour lequel on œuvre afin que les installations aient le confort, les technologies, et les équipements et les conditions comparables à celles qui existent dans d'autres pays de la région.
Marcia Cobas a noté que le secteur des services universitaires à l’intérieur et en dehors de Cuba reste un pilier fondamental, ainsi que les services de santé offerts en périphérie.
La vice-ministre a salué le louable travail des professionnels de la santé de Cuba qui, depuis plus de 50 ans, grâce à la coopération médicale internationale ont contribué à élever les indicateurs de santé et sauver d'innombrables vies dans diverses régions de la géographie internationale.
Spécifiquement, elle a reconnu les efforts, le courage et la contribution de plus de 250 professionnels qui combattent le virus Ebola dans les pays ouest-africains, dont 150 sont revenus cette semaine heureux d'avoir mené bien haut le prestige de Cuba, 98 d'entre eux revenant de Sierra Leone et 52 du Libéria .
Ce groupe précieux de médecins et d'infirmières qui constitue le contingent international Henry Reeve a, en seulement cinq mois, sauvé la vie de plus de 400 personnes dans ces deux pays.
26 mars 2015 (traduction Rose Marie pour Cuba Linda)
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20/03/2015
Lettre de Fidel a Nicolas Maduro
Honorable M. le Président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro,
Comme l’a annoncé la presse, demain mardi 17 mars, aura lieu à Caracas le Sommet de l’ALBA pour examiner la politique insolite du gouvernement des États-Unis contre le Venezuela et l’ALBA.
L’idée de créer cette organisation est venue de Chavez lui-même, désireux de partager avec ses frères caribéens les énormes ressources économiques dont la nature avait doté sa Patrie de naissance, mais dont les bénéfices avaient fini par atterrir aux mains de puissantes entreprises nord-américaines et de quelques millionnaires vénézuéliens.
La corruption et le gaspillage furent le principal stimulant de la première oligarchie fascisante, fanatique de la violence et du crime. Les violences et les crimes commis contre le peuple vénézuélien sont si intolérables que l’on ne saurait les oublier, et jamais il n’acceptera un retour au passé de l’époque prérévolutionnaire qui fut à l’origine des attaques contre les centres commerciaux et les assassinats de milliers de personnes, dont on ignore encore le chiffre exact.
Simon Bolivar se donna corps et âme à la colossale mission de libérer le continent. Plus de la moitié des meilleurs enfants de son peuple combattit et mourut au cours de longues années d’une lutte incessante. Avec moins de 1% de la surface de la planète, ce pays possède les plus grandes réserves d’hydrocarbures du monde. Pendant un siècle entier, il fut obligé à produire tout le combustible dont les puissances occidentales et les États-Unis avaient besoin.Au rythme actuel, les hydrocarbures, qui ont mis des millions d’années à se former, pourraient s’épuiser en moins d’un siècle, et les 7,2 milliards d’êtres humains que nous sommes aujourd’hui auront doublé en 100 ans, et auront atteint les 21 milliards en 200 ans, si bien que seuls les prodiges de la technologie la plus avancée pourraient peut-être permettre de prolonger un peu plus la survie de l’espère humaine.
Pourquoi n’utilise-t-on pas les fabuleux moyens de diffusion pour informer et éduquer les gens sur ces réalités – au lieu d’encourager la duperie – que chaque personne saine d’esprit est en droit de connaître ?
Un Sommet de l’ALBA ne peut pas avoir lieu sans que ces réalités qui nous touchent d’aussi près ne soient prises en compte.
La République bolivarienne du Venezuela a déclaré de façon précise qu’elle a toujours été prête à discuter de manière pacifique et civilisée avec le gouvernement des États-Unis, mais qu’elle n’acceptera jamais de recevoir des menaces ou ordres de ce pays.
J’ajoute que j’ai pu observer l’attitude, non seulement du peuple héroïque de Bolivar et Chavez, mais aussi une circonstance spéciale : la discipline exemplaire et l’esprit de la Force armée nationale bolivarienne. Quoi que puissent faire l’impérialisme des États-Unis, jamais il ne pourra compter sur cette armée pour faire ce qu’il a fait durant tant d’années. Aujourd’hui, le Venezuela possède les soldats et les officiers les mieux équipés d’Amérique latine.
Lorsque tu t’es réuni récemment avec les officiers, on pouvait constater qu’ils étaient prêts à verser jusqu’à leur dernière goutte de sang pour leur Patrie.
Une accolade fraternelle à tous les Vénézuéliens, aux peuples de l’ALBA et à toi personnellement.
Fidel Castro Ruz
Le 16 mars 2015
23h14
Mensaje de Fidel al presidente Nicolás Maduro
Honorable Señor Presidente de la República Bolivariana de Venezuela, Nicolás Maduro:
Como ha publicado la prensa, mañana martes, 17 de marzo, tendrá lugar en Caracas la Cumbre del ALBA para analizar la insólita política del gobierno de Estados Unidos contra Venezuela y el ALBA.
La idea de crear esa organización fue del propio Chávez, deseoso de compartir con sus hermanos caribeños los enormes recursos económicos con que la naturaleza había dotado a su Patria de nacimiento, pero sus beneficios habían ido a parar a manos de poderosas empresas norteamericanas y a unos pocos millonarios venezolanos.
La corrupción y el despilfarro fueron el estímulo fundamental de la primera oligarquía de tendencia fascista, adicta a la violencia y al crimen. Tan intolerable para el pueblo heroico de Venezuela es la violencia y el crimen que se cometió contra él que no puede olvidarse, y jamás admitirá un regreso al pasado vergonzoso de la época prerrevolucionaria que dio origen al asalto de los centros comerciales y el asesinato de miles de personas, de las cuales nadie puede asegurar hoy la cifra.
Simón Bolívar se entregó de lleno a la colosal tarea de liberar el continente. Más de la mitad de lo mejor de su pueblo luchó y murió en largos años de ininterrumpida lucha. Con menos del 1% de la superficie del planeta, posee las mayores reservas de hidrocarburos del mundo. Durante un siglo completo fue obligada a producir todo el combustible que las potencias europeas y Estados Unidos necesitaban. Aun cuando hoy los hidrocarburos, formados en millones de años, se consumirían en no más de un siglo, y los seres humanos que hoy alcanzamos los 7 200 millones en cien años más se duplicarán, y en doscientos sumarán veintiún mil millones, solo los prodigios de la más avanzada tecnología tal vez permitirían la supervivencia de la especie humana un poco más de tiempo.
¿Por qué no se utilizan los fabulosos medios de divulgación para informar y educar sobre estas realidades, en vez de promover engaños, que cada persona en su sano juicio debe conocer?
Una Cumbre del ALBA no puede transcurrir sin tomar en cuenta estas realidades que nos tocan tan de cerca.
La República Bolivariana de Venezuela ha declarado de forma precisa que siempre ha estado dispuesta a discutir de forma pacífica y civilizada con el gobierno de Estados Unidos, pero nunca aceptará amenazas e imposiciones de ese país.
Añado que he podido observar la actitud, no solo del pueblo heroico de Bolívar y Chávez, sino también una circunstancia especial: la disciplina ejemplar y el espíritu de la Fuerza Armada Nacional Bolivariana. Haga lo que haga el imperialismo de Estados Unidos, no podrá contar jamás con ellas para hacer lo que hizo durante tantos años. Hoy Venezuela cuenta con los soldados y oficiales mejor equipados de América Latina.
Cuando te reuniste con los oficiales en días recientes se podía apreciar que estaban listos para dar hasta la última gota de su sangre por la Patria.
Un abrazo fraternal para todos los venezolanos, los pueblos del ALBA, y para ti.
Fidel Castro Ruz
Marzo 16 de 2015
11 y 14 p.m.
Oficina de Prensa de la Embajada de Cuba
Service de Presse
Ambassade de Cuba en France
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13/03/2015
Hommage à Jean Ferrat Casa Victor Hugo La Havane
Le répertoire de Jean Ferrat revisité par des Cubains de tous âges passionnés de la langue française. Un beau moment d'émotion. Bravo à l 'Alliance française, à la Casa Victor Hugo et à Cuba Coopération France. Merci à Monique Peainchau et aux interprètes.
Compilé par Aconcha et Marc Delabie.
11:07 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Cuba music, Musique | Tags : cuba, jean ferrat | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |
16/02/2015
Histoire de notre Amérique : José Marti
Il nous est impossible de comprendre et d'analyser les événements d'aujourd'hui sans étudier le passé. L'histoire est ce miroir qui nous permet de voir ce qui nous a précédés et d'anticiper ce qui adviendra dans le futur. Voilà pourquoi on ne peut s'intéresser aux transformations qui secouent l'Amérique Latine depuis plus de 15 ans sans en chercher les racines.
Comprendre les révolutions cubaines, vénézuéliennes, équatoriennes, boliviennes, c’est aussi et avant tout étudier ceux qui ont pensé ces révolutions, ceux qui en ont été les instigateurs, ceux qui ont à travers leurs écrits et leurs luttes permis l’émancipation du continent latino-américain.
Parmi eux, le célèbre Simon Bolivar, El Libertador, éminent combattant pour l’indépendance de l’Amérique Latine, San Martin, père de l’indépendance chilienne et argentine, Sucre, vainqueur de la décisive bataille d’Ayacucho qui débouche sur l’indépendance du Pérou. Et parmi ces grandes figures de la libération, un homme va particulièrement marquer l’histoire de l’Amérique de son empreinte, il s’agit du cubain José Marti...
Vie et lutte de José MartiJosé Marti naît le 28 janvier 1853 à la Havane, dans une famille d’immigrés espagnols. Cuba est alors avec Porto Rico la dernière colonie espagnole d’Amérique. José Marti est à la fois un homme complexe et complet.
Personnage énigmatique, il continue à fasciner ceux qui dévorent ses œuvres monumentales. A la fois poète, journaliste (il écrit dans de nombreux journaux latino-américains), homme de lettres, intellectuel engagé... Selon Eusebio Leal, Docteur en Histoire et Directeur du musée José Marti de la Havane, Marti était un homme d’une « grande humanité ». Toujours selon Leal, il était « capable de nous éclairer avec sa plume, capable d’épouser l’univers américain, de donner vie à l’Amérique indigène ». Il est le prototype même de l’homme qui unit théorie et action. Celui qui utilisa l’arme des idées pour mener à bien son projet d’indépendance à Cuba. En somme, un philosophe de la « praxis ».
Très tôt, José Marti développe une conscience politique et patriotique grâce notamment à son professeur, Rafael Maria De Mendive. En 1868, alors qu’il n’a que quinze ans, Marti a l’occasion de mettre son amour de la patrie au service de Cuba. Il s’engage dans la guerre qui oppose son pays à l’Espagne. Quinze ans et déjà sur les champs de bataille, ceci en dit long sur le rejet viscéral qu’éprouvait le patriote cubain envers le colonialisme espagnol. Pour Marti, la lutte pour l’indépendance est un devoir sacré.
Néanmoins, son action aux côtés des indépendantistes cubains ne l’empêche pas de continuer à utiliser sa plume au service de la libération de sa patrie. En effet, en 1869, il publie dans la revue qu’il a créée Patria Libre, un vibrant et puissant poème : Abdala. Ce dernier se présente comme un violent réquisitoire contre l’occupation espagnole. Marti y met en scène une conversation entre une mère et son fils, Abdala. Ce dernier demande à sa mère : « Tu veux savoir ce que c’est la Patrie ? », « La Patrie, c’est la haine envers celui qui l’opprime et la rancœur éternelle envers ceux qui l’attaquent ».
A travers les mots du jeune homme, c’est tout le ressentiment de Marti qui s’exprime. Abdala, c’est Marti. Un jeune homme révolté, enragé, fatigué de cette domination qui n’en finit plus et qui condamne le peuple cubain à la misère, à l’exploitation et à la soumission. Ce poème d’un grand courage condamna Marti à l’exil en 1871.
D’abord à Cadix en Espagne puis en France alors en pleine effervescence révolutionnaire avec la Commune de Paris, avant de rejoindre Londres et enfin New-York en 1878. Depuis quelques années déjà, José Marti en grand visionnaire voyait la fin de l’empire espagnol arriver à grands pas. Un empire était sur le point de s’effondrer bientôt remplacé par un nouveau : l’empire états-unien.
Lors de son séjour aux Etats-Unis, Marti peut constater les effets du capitalisme sur la société états-unienne. Il est frappé de voir la masse des ouvriers souffrir de pauvreté, de chômage, pendant qu’une petite minorité de personnes ne cesse de s’enrichir. Puis, il découvre également les injustices dans les campagnes. La terre est accaparée par les grands propriétaires terriens au détriment des petits paysans. Mais surtout, et c’est là que la pensée de José Marti devient cruciale pour comprendre la politique états-unienne en Amérique Latine au XXème siècle, le patriote cubain voit dans les Etats-Unis une nation expansionniste, impérialiste, qui ne va cesser de chercher de nouveaux territoires dans le but d’affirmer son hégémonie, d’abord sur le continent américain puis dans le monde entier.
La bourgeoisie industrielle états-unienne en pleine expansion a en effet besoin de nouveaux espaces pour écouler ses marchandises.
Marti voit dans ce pays, une nouvelle puissance coloniale ou plutôt « néocoloniale » qui, contrairement aux puissances coloniales classiques comme la France ou l’Angleterre, n’occupera pas directement des pays mais les inondera de capitaux et y enverra ses multinationales afin de piller les ressources naturelles. Néanmoins, et l’histoire est là pour nous le rappeler, les Etats-Unis n’ont pas hésité à utiliser tous les moyens même les plus sauvages et les plus barbares pour s’assurer de la soumission du sous-continent et ainsi faire taire toute contestation. José Marti avait donc vu juste.
Voilà pourquoi il n’a cessé de lutter autant contre l’Espagne que contre les Etats-Unis. De plus, il avait compris très tôt que, seule, Cuba aurait beaucoup de mal à se libérer. C’est pourquoi il fut aussi un fervent défenseur de l’union des nations et des peuples latino-américains et caribéens.
Dans la lignée de ses prédécesseurs Bolivar, San Martin, O’Higgins... il prôna l’alliance des pays du sous-continent afin de contenir les visées impérialistes et expansionnistes de Washington.
Seule l’unification du continent sud-américain pouvait faire face au néocolonialisme états-unien et en même temps promouvoir le développement économique et commercial entre les nouvelles républiques récemment libérées du joug espagnol. En réalité, José Marti, tout comme Ernesto Guevara plus tard, ne possédait pas de véritable patrie. Même si Cuba était la terre qu’il l’avait vu naître et pour l’indépendance de laquelle il allait donner sa vie, il était un combattant de la Grande Patrie, l’Amérique Latine. Son idéal de justice, de liberté, de solidarité, ses profondes convictions sur la démocratie et le pouvoir populaire dépassaient les frontières cubaines et se répandaient lentement pour embrasser les terres récemment libérées de l’Amérique Latine.
C’est pourquoi il a affirmé « Maintenant, je risque tous les jours de donner ma vie pour mon pays et pour mon devoir qui est d’empêcher avant qu’il ne soit trop tard, au moyen de l’indépendance de Cuba, que les Etats-Unis ne se s’étendent dans les Antilles avant de s’abattre avec cette force supplémentaire sur nos patries d’Amérique ». Cuba devait être ainsi la nation qui empêcherait les Etats-Unis de conquérir l’Amérique Latine.
Malheureusement, le rêve de José Marti se brisa brutalement en 1898, trois ans après sa mort, lorsque les Etats-Unis sous prétexte de « libérer » le peuple cubain de l’oppression espagnol, envahit Cuba et fit de l’île caribéenne une semi-colonie. Mais le valeureux peuple cubain ne dit pas son dernier mot et, le 26 juillet 1953, José Marti ressuscita en la personne de Fidel Castro.
L’éternel héritage de José MartiLa guerre cubano-hispano-états-unienne prend fin en 1898. L’Espagne est vaincue et perd ses dernières colonies. Les Etats-Unis sont les grands gagnants de cette guerre en s’emparant de Cuba et de Porto Rico. Officiellement, ces pays sont « libres » mais dans les faits la situation est bien différente. En effet, en 1901, l’amendement Platt, du nom du sénateur républicain Orville H.Platt, fait de Cuba un protectorat des Etats-Unis en établissant des « liens spéciaux » entre Washington et La Havane. Concrètement, cet amendement confère aux Etats-Unis un pouvoir quasi illimité dans l’île qui devient presque un nouvel Etat des Etats-Unis.
Par exemple, il est établi que : « Le gouvernement de Cuba ne conclura avec aucune autorité locale ou étrangère aucun traité ou accord qui pourrait diminuer ou tendre à diminuer l’indépendance de Cuba, ni en aucune manière autoriser ou permettre à une quelconque autorité d’obtenir, par colonisation ou par des sommations militaires ou navales, la possibilité de s’installer ou de contrôler quelque portion de cette île que ce soit ». Sous prétexte de garantir « l’indépendance » de Cuba, les Etats-Unis vont imposer pendant près de 60 ans une domination cruelle en mettant au pouvoir des pantins qui serviront leurs intérêts : Machado, Batista et autres marionnettes à la botte de Washington.
Pendant ce temps-là, l’immense majorité des Cubains ne mange pas à sa faim, l’analphabétisme frappe des millions de personnes et les soins de santé sont quasi inexistants. Les idéaux de liberté, d’égalité, de souveraineté populaire défendus par Marti semblent bien loin.
Ce que redoutait Marti est arrivé. L’impérialisme s’est jeté comme un chien sur Cuba et le reste de l’Amérique Latine qui reste le continent des « veines ouvertes ». L’union latino-américaine a été court-circuitée par les ambitions impérialistes de Washington. Les Etats-Unis comprirent très vite qu’une alliance entre les pays d’Amérique Latine nuirait à leurs intérêts. Mais les tensions et les contradictions inhérentes à la société cubaine vont bientôt exploser au grand jour. Et le 26 juillet 1953, Fidel Castro, accompagné de 130 hommes et deux femmes, lance l’assaut contre la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba.
Il souhaite ainsi provoquer un soulèvement populaire contre la sanglante dictature de Fulgencio Batista. Peu après, il est arrêté et un des enquêteurs lui pose cette question : « Qui est l’idéologue de cette révolte ? » Et Castro lui répond : « Comment qui est l’idéologue ? C’est José Marti bien sûr ! ». Évidemment, la pensée et l’idéal de José Marti n’avaient jamais disparu. Ils étaient extrêmement présents dans la conscience du peuple cubain. Il suffisait juste d’un homme pour mettre de nouveau à nu le projet et les aspirations de celui-ci.
La révolution cubaine de 1959 sonne ainsi comme un coup de tonnerre pour l’Amérique Latine et les Caraïbes. Elle vient rendre un vibrant hommage à la pensée martienne. En effet, pour la première fois depuis très longtemps, Cuba redevenait une nation libre et souveraine. La conquête de l’indépendance politique puis économique fit de Fidel Castro, d’Ernesto Guevara, de Camilo Cienfuegos les dignes héritiers du combat de José Marti.
Mais au-delà du gouvernement cubain, c’est tout le peuple en chair et en os qui symbolisait comme un seul homme la figure emblématique de Marti. Les nationalisations, la réforme agraire, les campagnes d’alphabétisation, les vaccinations gratuites, le rôle majeur donné à l’art et la culture allaient parfaitement dans le sens de ce qu’avait prôné le leader patriote. N’oublions pas que Marti était un grand homme de lettres et qu’il défendait ardemment la diffusion du savoir et de la culture. Ce que ne manqua pas de faire le nouveau gouvernement révolutionnaire en donnant à tous l’accès à une éducation de qualité et gratuite.
Comme l’a dit très justement Fidel Castro un jour où il rendait hommage à Marti : « La révolution, c’est la fille des idées et de la culture ». Mais la poursuite de l’idéologie martienne ne s’arrêta pas là. Le nouvel Etat cubain tenta à maintes reprises de fédérer l’Amérique Latine et de la sortir de l’orbite des Etats-Unis. Mais, mise à part la forte alliance avec le gouvernement révolutionnaire de Salvador Allende, peu de gouvernements latino-américains suivirent le chemin de Fidel Castro. Et pour cause ! La grande majorité des gouvernements sud-américains étaient dans les années 1970-1980 des alliés inconditionnels des Etats-Unis.
Pire, ces Etats étaient pour la plupart des régimes fascistes et sanguinaires (Pinochet au Chili, Videla en Argentine, Srotessner au Paraguay). Ne trouvant pas de partenaires en Amérique Latine, le pays se tourna vers le monde et plus particulièrement vers l’Afrique. Aide militaire à l’Angola dans sa lutte pour l’indépendance, envoi de médecins aux quatre coins de la planète... Là aussi, l’héritage de Marti est fondamental. Car au-delà de fédérer les peuples latino-américains, le patriote cubain plaidait pour une solidarité internationale. Un internationalisme des pays du Sud. Ernesto Guevara fut sans doute celui qui assimila le mieux ce message.
Il comprit la nécessite d’unir les peuples du « tiers-monde » contre l’impérialisme, le colonialisme et le néocolonialisme, ceux contre qui José Marti s’était battu en y laissant sa vie. Enfin, depuis maintenant plus de quinze ans et la victoire du commandante Hugo Chavez à la présidence du Venezuela, la pensée de José Marti est plus que jamais d’actualité. Après sa sortie de prison en 1994, Chavez se rendit à Cuba sur invitation de Fidel Castro. Il y prononça un discours très remarqué dans lequel il déclara notamment : « Le siècle qui va s’ouvrir est le siècle de l’espoir, c’est notre siècle, le siècle de la résurrection, du rêve de Bolivar, du rêve de MARTI, du rêve latino-américain ».
Quatre ans plus tard, ce rêve devint réalité. Avec Cuba et le Venezuela, les rêves de Marti pouvaient commencer à se réaliser. Ils se concrétisèrent le 14 décembre 2004 lorsque Fidel Castro et Hugo Chavez annoncèrent la création de l’Alternative Bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (ALBA).
Cette nouvelle organisation a pour but de contrer tout ce que Marti combattait, comme la Zone de Libre Echange des Amériques (ALCA en espagnol) qui visait à instaurer une zone de libre-échange de l’Alaska à la Patagonie. Un nouvel instrument de domination impérialiste et néocoloniale dans le but de soumettre les pays latino-américains à la dictature néolibérale.
L’ALBA a aussi pour but de promouvoir l’intégration latino-américaine en s’appuyant sur divers mécanismes de solidarité comme l’envoi de médecins cubains en Bolivie par exemple où 300.000 personnes ont été soignées grâce à la mission « Milagro » qui soigne les yeux malades. On pourrait également citer la Communauté des Etats latino-américains et caribéens ou l’Union des Nations sud- américaines (UNASUR). Autant de processus d’intégration qui visent à concrétiser les projets d’union et de solidarité entre les pays latino-américains.
Comme nous avons pu le constater, la trace laissée par José Marti dans l’histoire de Cuba et de l’Amérique Latine en général est plus que jamais indélébile. Sa pensée, son idéal, ses écrits, ses poèmes, son action révolutionnaire continuent d’inspirer aujourd’hui encore ceux qui aspirent à transformer la société en profondeur et à imaginer un autre modèle de civilisation que celui imposé par les gouvernements capitalistes occidentaux. Le combat mené par ce nationaliste pour l’indépendance de la nation cubaine et de la patrie latino-américaine est plus que jamais à l’ordre du jour. Quoi de plus beau que les révolutions démocratiques qui ont secoué le continent sud-américain ces dernières années pour rendre hommage au combat de José Marti ?
Les nouveaux processus d’intégration impulsés par les gouvernements progressistes latino-américains suivent parfaitement les enseignements de la pensée martienne. Rejet de l’impérialisme et de toute forme de néocolonialisme et, dans le même temps, construction d’une alternative au modèle économique et politique dominant. Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa, Daniel Ortega, Fidel Castro... autant de responsables politiques qui ont rendu leurs lettres de noblesse au combat désintéressé et héroïque du grand patriote José Marti !
Par Tarik Bouafia
Source : Le Journal de Notre Amérique n°1, Investig’Action, Février 2015.
09:32 Publié dans AL-Pays : Cuba, Amérique Latine, Histoire, Point de vue, Politique | Tags : cuba, josé marti, révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |