10/11/2014
CARNET DE VOYAGE PEROU (4) - EN ATTENDANT LE CONDOR
Il faut parfois être patient. Ou avoir un très bon guide. De ce côté ci de l’hémisphère, à proximité de l’équateur, on vit au rythme du lever et du coucher du soleil. Et c’est tant mieux pour voir le Condor s’élancer. Animal sacré pour les Incas comme le serpent ou encore le puma, le vol du rapace a de quoi couper le souffle pour celui qui peut l’admirer de près. C’est fait. La croix du Condor est l’un des points culminants du canyon du Colca, une faille dans la croute terrestre de trois grands volcans et long de 100 KM.
Au petit matin, le célèbre rapace s’élance dans les cieux, jouant des courants d’air chaud et d’air froid. Ses ailes déployées pouvant atteindre trois mètres, il peut virevolter jusqu’à 7000 mètres d’altitude. Il y a quelque chose de bluffant à le voir ainsi narguer le ciel et frôler les falaises. Il faut dire que l’Amérique latine a trop souvent enfanter d’autres types de charognards dont les peuples de ce continent se seraient bien passés.
Qui peut oublier les rapaces d’acier bombardant le palais de la Moneda où le président socialiste Salvador Allende s’est donné la mort non sans avoir appelé à la résistance les Chiliens, acteurs de l’unité populaire ? Qui n’éprouve pas des frissons en se rappelant les vols de la mort en Argentine sous la dictature de Jorge Videla, qui, selon les méthodes employées par l’armée française durant la guerre d’Algérie, jetaient vivants ses opposants dans l’océan?
La CIA et les dictateurs de la région n’ont pas ménagé leurs efforts pour traquer les démocrates et les exterminer dans le cadre du mal baptisé Plan Condor, une véritable internationale du terrorisme d’Etat. Des rapaces, il y a en eu beaucoup sur ce contient. Beaucoup trop. La liste est longue. Trop longue : les Somoza, les Banzer, les d’Aubuisson, les Batista... Tous des prédateurs. Pas le Condor. Lui, ne tue pas.
Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre. Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.
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26/10/2014
PEROU : Dans les Andes... (carnet de voyage 3)
En quittant la ville d’Arequipa, les portes du désert d’Acatama laissent entrevoir l’aridité du climat. Et si certains préfèrent longer la Panaméricaine, pour nous, ce sera, la transocéanique. La route se fait plus poussiéreuse.
Les maisons qui grignotent chaque jour davantage les pieds du volcan Chachani ont quelque chose d’inachevées. Souvent en briques, dépourvues d’eau et d’électricité, elles accueilleront plusieurs générations qui bâtiront à tour de rôle leur étage. Il y a encore un quart de siècle, ces lieux étaient inhabités. Aujourd’hui, ils voient arriver une population poussée de la ville. Ce sont les exclus de la croissance. Et ils sont nombreux au Pérou…
Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre. Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.
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Dans les Andes, colonne vertébrale de l’Amérique latine
Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre. Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.
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24/10/2014
PEROU, carnet de voyage (2) : Arequipa, la ville blanche au baroque métissé
C’est la ville de « l’éternel printemps ». La légende raconte que lorsque la Lune s’est retirée d’Arequipa, elle a oublié sur son passage sa lumière.
On l’appelle communément la ville blanche du nom de la pierre volcanique, l’ignimbrite, avec laquelle ont été bâtis les édifices. Les autochtones, eux, nomment communément cette pierre le « sillar ». Et ce n’est pas un hasard.
C’est ainsi que les Espagnols, ou plus exactement les colons, appelaient les briques qui servaient aux constructions. Car, derrière la beauté des monuments baroques, la réalité est autrement moins poétique.
La ville blanche vient l’époque coloniale lorsque cette dernière était réservée aux blancs, lorsque les Indiens étaient des parias chez eux, exclus du centre de cette cité. Aujourd’hui le visiteur peut admirer la cathédrale et les églises où les sculptures et autres gargouilles de style baroque sont un savant mélange de syncrétisme.
Au côté de la coquille de Saint-Jacques, le saint patron des Espagnols, on peut voir un puma, symbole sacré des Incas ou encore des grappes de raisins qui ressemblent étrangement à des épis de maïs. Arequipa est une ville où le baroque est métissé. Dans cette terre de volcans, nichée à 2300 mètres d’altitude, les conquistadors sont arrivés assoiffés par les pierres précieuses et l’or. Ils y ont découvert le maïs, la tomate, et plus de 3000 variétés de pommes de terre. On trouve sur les étals des marchés des vallées voisines des tubercules aux formes et couleurs inimaginables.
L’une d’elle ressemble à une pierre blanche. C’est une patate gelée. Elle a été conservée dans les cimes enneigées des Andes. Elle s’est gorgée du froid glacial qui y souffle. Au terme d’un processus de séchage et de congélation, elle peut se conserver jusqu’à cinq ans. Une sacrée aubaine pour des paysans soumis aux aléas des politiques économiques néolibérales de gouvernements peu scrupuleux, comme à la fin des années 90 où l’inflation a atteint les 7000%. Le Pérou est un pays de cimes et de sommets mais également de profonds cratères. Dans tous les sens du terme.
Cathy Ceïbe
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22/10/2014
PEROU, carnet de voyage (1) : Lima dans un manteau blanc
Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre.
Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.
Carnet 1
Un léger crachin enveloppe Lima. Mais il ne mouille pas. Neufs mois durant, la capitale péruvienne peine à se défaire d’une sorte de manteau blanc brumeux qui lui confère un air triste. Dans le quartier chic et touristique de Miraflores, un détour par la baie s’impose. Pas question de baignade, seuls les surfeurs s’aventurent dans ses eaux qui n’excèdent pas les 14°. Les courants froids font de cette côte l’une des poissonneuses.
Le Parc de l’amour offre une vue plongeante sur la Rosa Nautica, un restaurant « classe » en forme de bras qui enlace l’océan pacifique. Il faut montrer patte blanche ou plutôt un gros portefeuille pour y réserver une table. Le parc de l’amour, qui rappellera le parc Guëll de Barcelone, est le lieu où se retrouvent les amoureux. Jeunes et moins jeunes draguent et s’y embrassent, comme l’y invite l’imposante statue qui trône au centre du site. Les voyeurs, en revanche, peuvent aller voir ailleurs : ici, pas d’ébats. La police municipale veille au grain. Les agents sont d’ailleurs facilement repérables aux deux roues sur lesquels ils circulent mais surtout à leur casque affublé d’une caméra latérale. « C’est pour empêcher tout outrage à agent », nous explique-t-on. L’inverse est-il valable pour les citoyens ? Rien n’est moins sûr.
A quelques pas de là, dans le quartier résidentiel et affairiste de San Isidro, où trônent les imposants oliviers apportés par les colons espagnols, les villas ne ressemblent en rien aux immeubles traditionnels de briques des quartiers populaires. Les riches bâtisses sont inspirées de leurs sœurs européennes. Chacune est cinglée par un important dispositif de fils barbelés électrifiés. La peur et la sécurité ou plutôt le sentiment d’insécurité. Réel hier, fantasmé parfois, ils graissent la patte des entreprises privées qui font leur beurre sur les traumatismes des Péruviens.
Le pays n’est pourtant plus le théâtre sanglant de cette guerre qui a opposé dans les années 80 et 90 le groupe d’illuminés maoïstes du Sentier lumineux et le terrorisme d’Etat du président Alberto Fujimori. Ce dernier, après avoir fui le pays non sans en dévalisé les caisses, a été depuis condamné pour corruption. Sa responsabilité intellectuelle dans le massacre de paysans est avérée. Les civils sont toujours les otages de ces guerres qui ne disent pas leur nom. Sachez que parler du Fujimorisme reste encore aujourd’hui un thème sensible, voire tabou. Le « Chino », son surnom, polarise encore la société entre adulateurs et détracteurs. Sa fille Keiko s’est hissée au second tour de l’élection présidentielle en 2011 avant de trébucher face à l’actuel chef de l’Etat, Ollanta Humala qui, en matière d’autoritarisme, n’a rien à envier à Fujimori. Les communautés qui s’opposent aux mégaprojets miniers dans le nord, notamment à Cajamarca, peuvent en attester. L’état de siège y est permanent…
Lima est donc recouverte de brume. Mais, dans les grandes artères de villes, sur les murs des bâtiments, des couleurs vives sont venues casser la monotonie de la ville. Les candidats aux élections municipales et régionales du 5 octobre ont promis des lendemains heureux à des Péruviens qui n’ont pas vu l’once d’une réjouissance de la croissance économique. Que dit Moises qui postulait au poste de maire des 43 arrondissements où vivent les 9 millions d’habitants de la capitale ? Qu’il est le nouveau visage de Lima. Mais pas n’importe lequel. Celui de la ville des entrepreneurs. Le salaire « vital », l’équivalent de notre SMIC, est de 750 Soles, c’est-à-dire 220 euros. « Ce n’est pas un salaire vital mais de survie », nous confie notre guide qui répond au charmant prénom de Victor Hugo. « Les gens font des miracles ».
Miracle comme la mise à jour au cœur de la ville du site archéologique Huaca Pucllana, une pyramide de terrasses faites de briques en argile datant de l’époque pré-inca. Pour le reste, passées les élections, les beaux discours se sont envolés comme les deniers publics, la corruption étant, sans mauvais jeu de mots, monnaie courante. Les élus jurent sur la devise « Dios y Patria » (Dieu et patrie). Mais ici elle est facilement interchangeable en « Dios y Plata » c’est-à-dire l’argent. Un Dieu tout puissant qui a remplacé les figures sacrées des civilisations ancestrales.
Cathy Ceïbe, l'Humanité : http://www.humanite.fr/blogs/lima-dans-un-manteau-blanc-5...
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