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26/02/2014

25 vérités sur les manifestations au Venezuela

Salim LAMRANI
Photo : en matière de propagande, la droite ne connaît pas de limites...

Comme en 2002, l’opposition radicale, incapable de prendre le pouvoir par les urnes, multiplie les actions violentes dans le but de rompre l’ordre constitutionnel.

 
  1. Nicolas Maduro, Président légitime du Venezuela depuis avril 2013, fait face à une opposition puissante, soutenue par les Etats-Unis, qui aspire à reprendre enfin le pouvoir qu’elle a perdu en 1998.
  2. Ayant perdu les élections présidentielles d’avril 2013 par une différence de 1,59%, l’opposition a dans un premier rejeté les résultats électoraux pourtant avalisées par les plus importantes institutions internationales, de l’Union européenne à l’Organisation des Etats américains en passant par le Centre Carter, et a exprimé sa colère au cours de violences qui ont coûté la vie à onze militants chavistes.
  3. Néanmoins, la faible marge séparant le candidat de l’opposition Henrique Capriles du vainqueur Nicolás Maduro a galvanisé la droite, motivée par la perspective d’une reconquête du pouvoir. Elle a donc fait des élections municipales de décembre 2013 un enjeu stratégique.
  4. Contre toute attente, les élections municipales se transforment en plébiscite pour le pouvoir chaviste qui remporte 76% des mairies (256) contre 23% (76) pour la coalition MUD qui a regroupé toute l’opposition.
  5. Démoralisée par ce sérieux revers, voyant la perspective d’une reconquête du pouvoir par la voie démocratique une nouvelle fois s’éloigner – les prochaines élections étant les législatives de décembre 2015 –, l’opposition s’est décidée à reproduire le schéma d’avril 2002 qui avait débouché sur un coup d’Etat militaire et médiatique contre le président Hugo Chávez.
  6. Dès janvier 2014, le secteur radical de l’opposition est passé à l’action. Leopoldo López, leader du parti Voluntad Popular, qui avait déjà participé au coup d’Etat d’avril 2002, a lancé un appel au soulèvement à partir du 2 février 2014 : « Nous voulons aux Vénézuéliens lancer un appel au soulèvement […]. Nous appelons le peuple vénézuélien à dire ‘ça suffit’ […]. A partir de maintenant, nous discuterons d’un objectif : ‘La sortie ! Comment sortir de ce désastre’ ? ».
  7. Le 2 février 2014, lors d’une manifestation, Leopoldo López désigne le pouvoir comme le responsable de tous les maux : « Les pénuries dont nous souffrons aujourd’hui sont le fait d’un coupable. Ce coupable est le pouvoir national ».
  8. Le 2 février 2014, Antonio Ledezma, figure de l’opposition et maire de la capitale Caracas, a également lancé un appel au changement : « Cela fait 15 ans que ce régime promeut la confrontation. Aujourd’hui commence l’unité dans la rue de tout le Venezuela ».
  9. Maria Corina Machado, députée de l’opposition a lancé un appel à mettre fin à la « tyrannie » : « Le peuple du Venezuela a une réponse : ‘Rébellion ! Rébellion ! ». Elle a clairement lancé un appel à la rupture de l’ordre constitutionnel : « Certains disent que nous devons attendre les élections dans quelques années. Est-ce que ceux qui n’arrivent pas à alimenter leurs enfants peuvent attendre ? Est-ce que les fonctionnaires, les paysans, les commerçant, a qui on ôte leur droit au travail et à la propriété peuvent attendre ? Le Venezuela ne peut plus attendre ».
  10. Le 6 février, suite à une manifestation de l’opposition, un groupe d’une centaine d’étudiants masqués attaque la résidence du gouverneur de l’Etat de Táchira, blessant une dizaine de policiers.
  11. La même semaine, plusieurs manifestations de l’opposition se succèdent dans différents Etats et dégénèrent toutes en violences.
  12. Le 12 février 2014, une autre manifestation, orchestrée par l’opposition devant le Ministère Public, et composée d’étudiants des universités privées à Caracas organisés en troupes de choc, est d’une violence inouïe, causant trois morts, près d’une centaine de blessés et des destructions considérables.
  13. Comme lors du coup d’Etat d’avril 2002, les trois personnes décédées ont toutes été abattues d’une balle dans la tête.
  14. Parmi celles-ci, se trouvaient un militant chaviste Juan Montoya et un opposant nommé Basil Alejandro Da Acosta. Selon l’enquête balistique, tous deux ont été exécutés par la même arme.
  15. Les jours suivants, les protestataires, officiellement mobilisés « contre la vie chère et l’insécurité », se sont installés sur la Place Altamira, située dans un quartier huppé de Caracas.
  16. Depuis plusieurs mois, le Venezuela subit une guerre économique larvée orchestrée par l’opposition qui contrôle encore de larges secteurs, avec l’organisation artificielle de pénuries, d’accaparement de denrées et de produits de première nécessité, et de multiplication des actes spéculatifs.
  17. Ainsi, le 5 février 2014, les autorités ont saisi dans l’Etat de Táchira près de mille tonnes de produits alimentaires de première nécessité (riz, sucre, huile, café, etc…) cachés dans des entrepôts. Depuis janvier 2013, plus de 50 000 tonnes d’aliments ont été saisies par les autorités.
  18. Le gouvernement bolivarien a décidé d’agir et de punir les accapareurs et spéculateurs. En novembre 2013, la chaîne Daka de produits électroménagers a été saisie par les autorités qui ont décidé de réguler les prix. En effet, l’entreprise surfacturait ses produits avec plus de 1000% de bénéfice, les rendant inaccessibles pour la majorité des Vénézuéliens.
  19. Désormais, la marge maximum pour les entreprises ne pourra pas dépasser les 30%.
  20. Le Président Nicolás Maduro a dénoncé une tentative de coup d’Etat et a appelé les citoyens à faire front au « fascisme ». « Rien ne nous écartera du chemin de la patrie et de la voie de la démocratie », a-t-il affirmé.
  21. Le 17 février 2014, trois diplomates étasuniens en poste à Caracas ont été expulsés du pays en raison de leur implication dans les événements sanglants. Ils s’étaient réunis avec les étudiants des universités privées afin de coordonner les manifestations, selon les autorités vénézuéliennes.
  22. Le 18 février 2014, Leopoldo López a été arrêté pour sa responsabilité politique dans les manifestations violentes et présenté à la justice.
  23. L’administration Obama a condamné le gouvernement de Caracas pour les violences, sans jamais évoquer la responsabilité de l’opposition qui cherche à réaliser un putsch. Au contraire, le Département d’Etat a exigé la libération immédiate de Leopoldo López, principal instigateur des événements dramatiques qui ont coûté la vie à plusieurs Vénézuéliens.
  24. Les médias occidentaux ont occulté les actes de violence des groupuscules armés (métros et édifices publics saccagés, magasins Mercal – où le peuple se fournit en matières premières alimentaires ! – vandalisés, etc.), tout comme le fait que la télévision publique Venezolana de Televisión a été attaquée avec des armes à feu.
  25. Les médias occidentaux, loin de présenter les événements dramatiques survenus au Venezuela en toute impartialité, ont pris fait et cause pour l’opposition putschiste et contre le gouvernement démocratique et légitime de Nicolás Maduro. Ils n’hésitent pas à manipuler l’opinion en présentant la situation comme un soulèvement populaire massif contre le pouvoir en place, alors que ce dernier bénéficie du soutien de la grande majorité des Vénézuéliens, comme l’illustrent les rassemblements gigantesques en faveur de la Révolution bolivarienne.

Salim Lamrani

Opera Mundi

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité (Paris, Editions Estrella, 2013) et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9dias-face-d%C3%A9fi-limpartialit%C3%A9/dp/2953128433/ref=sr_1_1?s=books&amp ;ie=UTF8&qid=1376731937&sr=1-1

Contact : lamranisalim@yahoo.fr

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

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21/02/2014

2000 DOCUMENTS SUR HEMINGWAY REMIS AUX CHERCHEURS AMERICAINS

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Le télégramme annonçant son prix Nobel de littérature au romancier américain Ernest Hemingway fait partie des quelque 2000 documents remis par Cuba à la disposition universitaires des États-Unis, a annoncé mardi une revue culturelle cubaine.

Plus de 2000 documents conservés au musée Finca Vigia de la Havane, la résidence d'Hemingway sur les hauteurs du sud de la capitale cubaine, sont désormais disponibles aux chercheurs américains après leur digitalisation et leur transfert à la bibliothèque et musée John F. Kennedy, explique la revue Cuba Comtemporanea sur son site cubacontemporanea.com.

«Tout ce matériel reflète la vie quotidienne d'Hemingway à Cuba et offre une vision très personnelle de sa vie», a expliqué à la revue Susan Wrynn, curatrice de la bibliothèque Kennedy à laquelle une première livraison de documents digitalisés avait été effectué en 2008.

Entre autres, il y a le télégramme du docteur Anders Osterling, de l'Académie de Suède, annonçant à Hemingway qu'il a gagné le prix Nobel 1954, et des messages de félicitations de Carl Sandburg, Spencer Tracy, Veronica Cooper, l'épouse de Gary Cooper, ou encore John Huston.

Ernest Hemingway vécut de 1939 à 1960 à Cuba qui lui a notamment inspiré Le Vieil Homme et la Mer. Sa Finca Vigia est visitée chaque année par des milliers de touristes.

Sources Canoe

11:17 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Culture, USA | Tags : hemingway, usa, documents, chercheurs | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

15/02/2014

CAIMANERA : LES VOISINS DE GUANTANAMO !

caiminera.jpgPour RFI Charlotte Cosset

La baie de Guantanamo à Cuba est connue pour la base américaine et sa prison tristement célèbre. Les Américains louent depuis 1903 ces 121 km² de territoire cubain. Dans cette baie, les habitants de la petite ville de Caimanera sont les plus proches voisins des Américains et font frontière commune. Même si les habitants de Caimanera estiment que leur quotidien ressemble à celui de tous les autres Cubains, la vie dans cette ville située en zone militaire y est tout de même un peu particulière.

Caimanera, 10 000 habitants, est la dernière ville avant la zone militaire américaine. Située à 25 kilomètres de la capitale de la province, Guantanamo, le train est l’une des meilleures façons pour s’y rendre. Les rails traversent la campagne cubaine puis plusieurs kilomètres de salines. A partir de cet endroit, il est interdit de prendre des photos jusqu’à nouvel ordre, explique le guide : « zone sensible ».

La ville cubaine, dernier bastion avant la base militaire américaine, est située en plein cœur d’un périmètre de sécurité. Impossible d’entrer librement dans Caimanera. Avant toutes choses, il faut faire des demandes de laissez-passer au « poder popular », les représentations locales du parti. Une fois ces papiers obtenus – après vérification des antécédents de la personne -, les Cubains peuvent entrer dans la ville et rejoindre les gens censés les accueillir. Les étrangers, eux, sont accompagnés d’un guide officiel chargé ni plus ni moins de surveiller leurs déplacements et les conduit à l’hôtel toujours « officiel ».

Caimanera hors circuit

Au premier abord, Caimanera ressemble aux autres villes cubaines : bâtiments surmontés de slogans politiques, présence de comités de défense de la révolution, soleil et humidité… Néanmoins, une ambiance particulière règne dans cette zone. De jour, Caimanera est calme : peu de musique, peu de bruit même dans les grands ensembles. Surmontée de miradors cubains et américains, à la tombée de la nuit la ville devient l’objet d’une surveillance accrue. De gros projecteurs balaient la baie et la frontière entre les deux territoires pour s’assurer que personne ne tente de traverser.

Les touristes sont peu nombreux à s’aventurer jusqu’à Caimanera. Les tours opérateurs prévoient un passage par la ville de Guantanamo, par celle de Baracoa connue pour son chocolat mais évitent Caimanera. La difficulté d’obtention des autorisations d’entrée permet aussi d’éliminer une partie de ceux qui auraient pu être motivés par la visite. Un certain repli qui explique qu’ici, au contraire des villes très touristiques comme La Havane ou Santiago de Cuba, personne n’interpelle les étrangers. Ces derniers sont scrutés avec méfiance et les premiers contacts sont difficiles à établir.

C’est ce qu’expose Arthuro Castro, professeur de football. Nous discutons chez lui autour d’un thé : « A cause de la base, il n’y a presque pas de touristes, regrette-t-il. Ici les gens sont méfiants car c’est une ville très fermée et puis on peut avoir des problèmes si on parle aux étrangers. La ville est petite et la rumeur va vite. On va dire partout que j’ai fait venir chez moi des étrangers et ça va poser beaucoup de questions. "Pourquoi Arthuro a accueilli des étrangers ? Qui sont-ils ?" »

Pêche, sel et canne à sucre

Inquiets, nous lui demandons si nous risquons de lui attirer des ennuis. « J’espère que non », répond-il dans un sourire. Arthuro regrette cette fermeture : « C’est en faisant comme moi, en s’ouvrant petit à petit que nous pourrons développer le tourisme. » Une ouverture que souhaitent beaucoup d’habitants de cette ville dont l’économie est précaire.

L’historien de Caimanera Joaquin Toirac Adames souligne cet état de fait : « A cause du blocus américain et en plus de la proximité de la base, la ville est dans une situation très spéciale et est économiquement isolée. » Pourtant la base a pendant longtemps été un atout pour la ville. De nombreux Cubains traversaient tous les jours la baie pour travailler pour les Américains. Plusieurs milliers de Cubains ont vécu de la présence des « Yankees ». Mais depuis la révolution, Fidel Castro a interdit toute nouvelle embauche de locaux. Aujourd’hui, aucun Cubain ne travaille plus sur la base et le village vivote principalement de la pêche, du sel et de la culture de la canne à sucre.

Depuis la jetée, les habitants de Caimanera observent la présence américaine. L’armée surveille intensément la frontière pour éviter tout incident diplomatique. Un long bâtiment blanc fait face à la ville. Impossible de ne pas penser aux prisonniers invisibles depuis la berge.

19:45 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Environnement, Voyage | Tags : caimanera, guantanamo, cuba, tourisme | Lien permanent | Commentaires (1) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

09/02/2014

SIX MILLE MEDECINS CUBAINS EN RENFORT AU BRESIL !

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La nouvelle a déchaîné les passions au Brésil: 6 000 médecins cubains sont appelés à la rescousse d'un État brésilien incapable ou non-désireux, par sa politique de privatisation de la santé, d'assurer les soins de sa population dans les régions déshéritées du pays.

Ce 28 janvier, 2 000 nouveaux médecins cubains sont arrivés en terre brésilienne, se joignant aux 4 000 déjà présents, appelés par l’État brésilien dans le cadre du programme « Mais médicos para Brasil » (Plus de médecins pour le Brésil).

Ce programme vise à répondre aux graves insuffisances du système de santé brésilien, d'abord les inégalités sociales et territoriales renforcées par la privatisation d'un système de santé déficient sous la dictature, puis privatisé dans la vague néo-libérale des années 1980-1990.

Les habitants du « Nordeste », région la plus pauvre du pays a un taux de mortalité deux fois supérieur à celui des régions du Sud (23 pour 1 000, entre le Zimbabwe et la Mongolie!), une espérance de vie inférieure de 5 ans, de 71 ans (au niveau du Maroc).

La présidente brésilienne insiste, elle, sur les « déserts médicaux », essentiellement le « Nord » amazonien (1 médecin pour 1 300 habitants, l'équivalent du Sri Lanka) avec des conséquences désastreuses, semblables à celles connues dans le Nordeste.

L'arrivée des médecins cubains – tous polyglottes, ayant déjà effectué deux missions à l'international, dotés d'une formation de qualité – a suscité la levée de boucliers de l'Ordre des médecins brésiliens.

Pourtant, la comparaison entre les systèmes cubains et brésiliens ne laisse aucune place au doute.

Une comparaison Cuba-Brésil sur la santé qui fait honte à la 6 ème économie du monde !

Face à ce déchaînement d'anti-communisme dans la presse bourgeoise brésilienne, certains médecins progressistes brésiliens ont rétabli la vérité.

Cuba est numéro un mondial pour le nombre de médecins par habitants (1 pour 150), aujourd'hui il compte 80 000 médecins (contre 6 000 en 1959), tandis que 30 000 médecins opèrent dans des missions de solidarité à l'étranger dans une soixantaine de pays.

A ce jour, Cuba forme à part égale 5 000 médecins cubains dans ses 25 facultés publiques et 5 000 médecins étrangers, essentiellement latino-américains, recevant une formation gratuite dans l’École latino-américaine de médecine (ELAM).

La « crise médicale » au Brésil se répercute déjà dans les chiffes : le pays compte 1 médecins pour 550 habitants en moyenne (guère mieux qu'en Bolivie ou en Équateur), l'Etat du Maranhao (au Nord) en compte 1 … pour 1 638 !

Les résultats se passent de commentaires : Cuba dispose d'une espérance de vie de 78 ans, un taux de mortalité infantile de 4 pour 1 000 – des chiffres comparativement meilleurs à ceux des Etats-unis – tandis qu'au Brésil l'espérance de vie est de 73 ans, le taux de mortalité infantile de 17 pour 1 000.

Piètres performances pour la sixième économie du monde qui cachent d'énormes inégalités héritées d'une société coloniale, des dictatures réactionnaires du XX ème siècle patronnées par les Etats-unis puis du tournant néo-libéral des années 1980 maintenu par l'actuel gouvernement.

Brésil : catastrophe sanitaire, privatisation de la santé et illusions perdues du « Parti des travailleurs »

Qu'a changé l'arrivée de Lula et Dilma, l'espoir du « Parti des travailleurs » au Brésil ? Peu de choses. Certes, les indicateurs de santé se sont lentement mais sûrement améliorés (selon une dynamique séculaire) mais les inégalités sociales et territoriales se sont consolidées.

Lula a hérité en 2003 à la fois des promesses du « Système unique de Santé » institué en 1988 à la fin de la dictature, censé garantir un accès universel et gratuit à la santé, et de la réalité d'un cap néo-libéral orienté vers la privatisation de la santé, creusant les inégalités.

Lula a choisi de poursuivre sur la voie de la privatisation, par plusieurs biais, conduisant uniformément à une baisse de la qualité du service public, le développement d'un marché privé de la santé, la précarisation des personnels :

Ce sont d'abord les coupes dans la santé publique: en 2013, le gouvernement brésilien a coupé 1,5 milliard d'euros dans le budget de la santé, ce qui va se traduire par la dégradation d'un service public déjà dévasté.

Au-delà des effets d'annonce, le budget de la santé publique nationale s'élève en 2013 à 22 milliards d'euros, il était en 1995 de 27 milliards d'euros.

C'est le développement de la sous-traitance des hôpitaux et centres de santé à des organismes privés, les « Organisations sociales » (OS) qui sont désormais majoritaires (deux-tiers des établissements de santé au Brésil sont privés), au nom d'une pseudo « efficacité ».

Si on prend le cas de l’État de São Paulo, l’État le plus riche du Brésil, 34 des 58 hôpitaux sont gérés par des OS. Seulement 4 ont un bilan comptable positif, les scandales de sur-facturation (ou fausses factures), de népotisme, de détournement de fonds publics, sont légion.

A Sao Paulo, les achats de médicaments et d'équipement médical coûtent six fois plus chers dans les OS que dans les hôpitaux publics. En général, les coûts de fonctionnement sont 50 % plus élevés dans les organismes sous-traités au privé.

A quoi a servi cette « tertiarisation » des hôpitaux publics ?

D'une part à alimenter les profits des industriels proches des autorités, d'autre part à précariser les personnels – avec la fin du recrutement national, les contrats temporaires, la politique du chiffre – enfin à réduire encore l'accès à la santé pour la population (en 2009, à Sao Paulo, 700 000 personnes ont perdu l'accès au programme public de santé !)

C'est d'autre part le soutien à une industrie privée de la santé, un lobby pharmaceutique allant de pair avec l' « autonomie » des centres hospitaliers et des laboratoires de recherche : là, c'est directement la politique de Lula puis Dilma depuis 2007, l'achèvement de la privatisation.

En 2008, Lula a fait passer la loi sur les « Fondations publiques de droit privé », un statut qui permettait aux établissements publics (dont les hôpitaux, labos) d'obtenir une autonomie financière, de contractation avec des entreprises privées, de gérer l'établissement selon ses propres critères.

En 2010, le dispositif a été étendu à tous les hôpitaux universitaires avec la création de l'Entreprise brésilienne des services hospitaliers (EBSERH).

Cette privatisation larvée facilite désormais la conclusions de partenariats publics-privés, notamment dans la recherche.

Fonds publics, profits privés, puisqu'en 2013 le gouvernement vient d'offrir un Crédit impôt de 3 milliards d'euros pour que 15 laboratoires publics et 35 laboratoires privés travaillent ensemble sur la réalisation de 61 nouveaux médicaments.

Enfin, c'est la politique d'appui direct ou indirect au développement des fonds d'assurance santé privés.

Par les exemptions fiscales pour les opérateurs, financement public des dispositifs pour fonctionnaires ou les déductions d'impôt sur le revenu aux consommateurs : ce sont officiellement 1,5 milliard qui y sont dévolus chaque année, autant que les coupes dans la santé de cette année !

En dix ans, le nombre de Brésiliens dépendants d'un système d'assurance-santé privé est passé de 32 à 47 millions. Aujourd'hui, 54 % des dépenses de santé au Brésil sont assurées par le secteur privé (contre 15% en France), un schéma à la nord-américaine.

Dernièrement, les industriels du secteur des assurances-santé – dans la lignée de l'Obamacare – ont proposé que soient adoptés de gigantesques exemptions fiscales en échange de plans d'assurance-privé rendus accessibles aux couches populaires, une solution reprise par Dilma.

Un palliatif intégré au système de santé à plusieurs vitesses brésilien ?

Le Parti communiste de Brésilien (PCB), reprenant les déclarations des Associations de médecins progressistes souligne à la fois le geste de Cuba, la possibilité de faire avancer l'idée d'un Service national de santé 100 % public, gratuit, universel, mais aussi la duperie du gouvernement.

Pour le gouvernement brésilien, les médecins cubains ne sont qu'un « palliatif », une solution de circonstance en forme d' « externalisation » à une main d’œuvre dévouée, bon marché, excellemment formée. Cela ne résoudra pas non plus le problème de manque de structure.

Comme le fait déjà l'Etat brésilien avec les ONG (les « Organisations de la société civile et d'intérêt public »/OSCIP), il s'agit sans nul doute de combiner au Système de santé public pauvre pour les pauvres, au Système de santé privée coûteux pour les riches, un troisième système : un service d'assistanat tertiarisé.

Ceci, les communistes brésiliens en sont conscients. Toutefois, ils soulignent aussi d'une part que cela peut être un point d'appui pour faire monter la campagne pour une santé 100 % publique, gratuite, universelle. D'autre part, cela constituera un soulagement appréciable pour des millions de brésiliens en manque de soins urgents, dont la vie est mise en péril par ce système de santé inique.

Lors du dernier sommet du CELAC, le Brésil de Dilma a tenté une opération séduction envers Cuba, proposant de « renforcer la coopération économique entre les deux États ».

Cette coopération médicale participe à cette nouvelle politique économique. Le Brésil financera, comme premier projet de coopération, un port à conteneurs de Mariel, une sorte de première « zone économique spéciale » financée à 70 % par le Brésil.

Au-delà des doutes sur cette opération, encore une fois, l'aide internationaliste cubaine ne peut qu'être soulignée : vive la « solidarité des faibles » comme l'appelait Ernesto 'Che' Guevara, l'internationalisme socialiste, dont Cuba est le principal acteur !

Lien Solidarité Internationale