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04/06/2023

LA POETESSE CUBAINE NANCY MOJERON INTERDITE A PARIS POUR DES RAISONS POLITIQUES

Nancy Morejon.jpg

Chaque année, depuis 1983, se tient en France un grand rassemblement international de poètes et d'éditeurs/éditrices de poésie, connu sous le nom de " Marché de la Poésie ". Pour sa 40e édition, l'événement se tiendra du 7 au 11 juin 2023, à Paris. Or, à quelques jours de l'événement, la poétesse cubaine, Nancy Morejón (sur la photo ci-contre), qui devait assurer la présidence d'honneur, se voit privée de cette fonction. En effet, suite à l'intervention d'un opposant cubain, la direction du " Marché de la Poésie " a finalement décidé de renoncer à cette présidence...Le 40e Marché de la Poésie ouvrira ses portes Place Saint-Sulpice, à Paris, le 7 juin prochain. Cette édition, centrée sur les nations des Caraïbes, avait confié sa présidence d'honneur à la poétesse cubaine Nancy Morejón, officière de l'ordre des Arts et des Lettres depuis 2013.

Poète, essayiste et traductrice née en 1944 à La Havane, Nancy Morejón a étudié la littérature française à l'université de La Havane, et a traduit vers l'espagnol de nombreux auteurs caraïbéens, dont Aimé Césaire et Édouard Glissant. 

Autant dire que son choix en tant que présidente d'honneur du 40e Marché de la Poésie n'était pas un hasard. Officière de l'ordre des Arts et des Lettres depuis 2013, elle incarnait un trait d'union entre l'événement littéraire et les nations des Caraïbes qu'il voulait mettre en avant.

Nancy Morejón, née en 1944 à La Havane, est poétesse, essayiste, critique littéraire, traductrice de poésie d’expression française d’Europe, le Canada et d’Outre Mer. Elle a reçu le Prix national de Littérature en 2001, ainsi que de nombreux prix littéraires pour son œuvre poétique et ses essais critiques dont Nation et métissage chez Nicolás Guillén (1982, Prix des Essais UNEAC 1980), et le prix international LASA (États-Unis, 2013). Elle est Docteur Honoris Causa de l’Université de Cergy-Pontoise (2009).


Depuis les années soixante, elle a publié un grand nombre de recueils de poèmes à Cuba, au Mexique, au Venezuela, en France, en Espagne, en Suède, en Allemagne, aux États-Unis et au Canada : Piedra pulida (Pierre polie, 1986) ; Botella al mar (Bouteille à la mer, Zaragoza, (Espagne) 1996) ; une anthologie préfacée par Mario Benedetti (édition Visor, Madrid) : Richard trajo su flauta y otros poemas (Richard a apporté sa flûte et autres poèmes, 2000) ; La Quinta de los Molinos (La Villa des Moulins, 2000) ; Cuerda veloz (Corde véloce, anthologie 1962-1992, Prix national de Littérature, 2002) ; Carbones silvestres (Charbons sylvestres, 2005). Ses derniers recueils publiés : Persona (Prix Rafael Alberti, 2010), Peñalver 51 (Zamora, Fundación Sinsonte, Espagne, 2009).
En France, son œuvre poétique a été diffusée dans des revues (Caravelle, Poésie de Seghers, Passerelles, Europe), lors de la Biennale des Poètes en Val-de-Marne, ou dans des anthologies (par Claude Couffon, Saül Yurkiévich). Ses essais et ses poèmes sont étudiés aux États-Unis, dans le cadre universitaire des études afro-américaines ou féministes.
Elle a été Présidente de l’Académie Cubaine de la Langue (2012-2016) ; de même, elle a été directrice du Centre d’Études de la Caraïbe à la Casa de las Américas,  où elle est devenue consultante de la Présidence. À présent, elle est directrice de la revue Union, de l’Union des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC). Depuis 2018, elle est Membre d’Honneur de l’Association Continentale des Professeurs d’Espagnol et Portugais (AATSP) fondée a New York, en 1917.
Depuis 1990, elle est membre permanent du jury du Prix Carbet de la Caraïbe (créé par Édouard Glissant, Martinique, en 1990).
Son parcours d’intellectuelle cubaine engagée et son œuvre font l’objet de plusieurs documentaires réalisés à Cuba et diffusés aux États-Unis par Juanamaría Cordones-Cook (Université du Missouri), auteur de l’ouvrage, Nancy Morejón, soltando amarras y memorias (Santiago de Chile, 2009).

Cette année, l'événement, qui se déroule du 7 au 11 juin, met à l'honneur des auteurs et autrices des Caraïbes. La grande poétesse cubaine Nancy Morejón devait assurer la présidence d'honneur. Or, à quelques jours de l'événement, coup de théâtre, voilà que des pressions d'un opposant cubain, relayé par le Pen club, incitent les organisateurs à faire marche arrière et à renoncer à cette présidence.

Le poète et éditeur français, Francis Combes, auteur entre autres de « Cause commune », a réagi de belle façon en lançant une pétition internationale pour protester contre le fait que la direction du " Marché de la Poésie ", à Paris, ait, cédant aux pressions, renoncé à nommer Nancy Morejón présidente d'honneur de cette quarantième édition. Voici le texte de la pétition qu'il nous invite à signer:

Solidarité avec Nancy Morejón

La poétesse cubaine, Nancy Morejón, devait assurer la présidence d'honneur de cette quarantième édition du Marché de la poésie. Suite à l'intervention d'un opposant cubain, relayé par le Pen club, la direction du Marché a finalement décidé de renoncer à cette présidence, tout en maintenant son invitation à Nancy Morejón.

Nous connaissons Nancy Morejón, pour certains d'entre nous depuis de nombreuses années. Nous savons qu'elle est une vraie poète, une des grandes voix féminines de la poésie latino-américaine. Femme et Noire, elle est engagée depuis des années dans le combat pour la paix, contre le racisme et les inégalités sociales, de race, de genre, et pour la liberté des peuples.

Que lui reproche-t-on précisément ?

D'avoir, avec d'autres écrivains vivant à Cuba, signé plusieurs déclarations en soutien aux autorités cubaines. Elle l'a effectivement fait à plusieurs reprises. Nancy Morejón n'a jamais caché son soutien à la révolution cubaine. Après la mort de Fidel Castro, elle lui a publiquement rendu hommage. Et, en 2003, (déclaration plus controversée) suite à l'exécution de trois preneurs d'otages, elle a co-signé un texte adressé aux « Amis au loin », défendant « Cuba (qui) s'est vue obligée de prendre des décisions énergiques qu'elle ne souhaitait naturellement pas avoir à prendre ».

Nous n'affirmons pas que Cuba est un paradis. Nous n'ignorons pas les difficultés actuelles de la population de l'île, dues en particulier au maintien du blocus états-unien, et nous n'ignorons pas les drames qu'a traversés la révolution cubaine, mais nous refusons de hurler avec les loups. En fait, le principal péché de Nancy Morejón est d'avoir pris partie depuis des années en faveur de la Révolution cubaine dont elle est partie prenante.

Qui l'accuse ?

Celui qui l'a dénoncée comme soutien du « régime totalitaire » est Jacobo Machover, un écrivain d'origine cubaine. Il a quitté Cuba avec sa famille, en 1963, quatre ans après la révolution cubaine. Il a collaboré à plusieurs journaux français et il est connu pour avoir publié quelques livres dans lesquels il s'attache à présenter le Che comme un tueur fanatique.

Après l'attaque au cocktail Molotov contre l'ambassade de Cuba à Paris, en juillet 2021, il a revendiqué publiquement le soutien à l'attentat, au nom de l'organisation européenne " Cuba Libre ". Que se serait-il passé s'il s'était agi de l'ambassade US à Paris ?... Il aurait sans aucun doute été poursuivi pour complicité de terrorisme ...

Mais ce n'était que l'ambassade de Cuba... et l'affaire en est restée là. Il y a certainement bien des choses qui mériteraient d'être corrigées à Cuba, mais la vérité oblige à dire que ce n'est pas dans les rues de La Havane que la police tue régulièrement des Noirs, simplement parce qu'ils sont noirs ou qu'ils ont tardé à obtempérer.

Nous sommes d'accord, pour notre part, pour défendre la liberté d'expression partout, y compris dans des pays envers lesquels des raisons historiques nous font éprouver de la sympathie. Mais quand on prétend se faire les défenseurs des droits de l'homme dans le reste du monde, il faudrait commencer par balayer devant sa propre porte. Et comment peut-on s'en prendre ainsi à des artistes, des écrivains en leur faisant porter toute la responsabilité de la politique de leur pays ?

Heureusement, lorsqu'un écrivain français se rend à l'étranger, par exemple en Amérique latine, on ne lui demande pas s'il a voté Macron et on ne lui impute pas non plus la responsabilité de la trentaine de Gilets jaunes mutilés ou éborgnés, ou des manifestants blessés, parfois très gravement, par la police pendant les manifestations contre la réforme des retraites.

La décision de retirer à Nancy Morejón la présidence de cette édition du " Marché de la Poésie ", placée sous le signe de Cuba, nous attriste et nous choque. En tant que poètes, écrivains, hommes et femmes de lettres, cette décision nous peine et nous fait honte.

NOTE: De nombreuses personnes ont déjà signé cette pétition et les signatures du Québec sont évidemment les bienvenues. Francis Combes nous invite à se joindre à lui avec cette pétition en lui envoyant par courriel vos nom, prénom et qualités (titre universitaire ou syndical, responsabilité politique, etc.) à l'adresse que voici: franciscombes71@gmail.com . Et, bien entendu, vous pouvez également la faire circuler dans vos propres réseaux.

10:46 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Culture, France | Tags : nancy mojeron, poésie | Lien permanent | Commentaires (3) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

14/05/2023

« L’Europe doit cesser d’appliquer l’embargo américain contre Cuba »

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En visite au Parlement européen cette semaine, l’Ambassadeur de la République de Cuba, Otto Vaillant Frias, demande expressément à l’Union européenne de ne pas appliquer les lois américaines sur l’embargo contre Cuba, comme elle le fait actuellement. Entretien

Publié le
Vendredi 21 avril 2023
 

Quelles sont les conséquences concrètes aujourd’hui de l’embargo américain contre la République de Cuba ?

L’ensemble des mesures prises par les administrations américaines successives créent des problèmes pour toute la population cubaine car nous n’avons pas accès aux pièces de rechange, aux ingrédients pour produire des médicaments, aux financements des banques internationales.

On n’a pas accès non plus à plusieurs domaines de la vie scientifique et économique mondiale, et ça pose de graves problèmes parce qu’aujourd’hui, pour Cuba, ne pas avoir de financements, ne pas avoir d’aides, et être privés d’autres ressources du même type, c’est très compliqué. Si vous n’avez pas de pièces de rechange pour les autobus, il n’y a plus de transports en commun. Si on n’a pas suffisamment d’ingrédients pour produire des médicaments, il nous manque une partie importante des médicaments de base qui sont indispensables pour le pays. Et la liste de ce qui nous manque est très longue. Par exemple, l’interdiction de l’accès aux plateformes de technologie internationale nous empêche d’être reliés aux réseaux scientifiques.

À partir de Cuba, on ne peut pas visiter les sites Web ni les bibliothèques. Les plateformes de vidéoconférence sont interdites. Et en plus de cela, les États-Unis ont mis Cuba sur une liste de pays parrains du terrorisme, et avec cette liste, tout est interdit, personne ne veut commercer avec Cuba. Cela veut dire que si nous achetons une tonne de blé dans un pays, ce pays impose un prix supplémentaire pour le risque et c’est Cuba qui doit le payer.

En quoi la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine ont-elles aggravé cette situation ?

Avec le Covid, le monde s’est presque arrêté. Il y a eu un manque de bateaux et de containers. Cuba a eu besoin d’ingrédients pour produire des vaccins que les États-Unis ne voulaient pas nous fournir. Ils ont même empêché à Cuba d’acheter des pièces pour faire fonctionner les appareils à oxygène pour les malades. Et après être sortis du Covid, nous sommes entrés dans une guerre qui augmente énormément les prix de tout. Imaginez-vous que si en France il y a des prix qui ont augmenté quatre fois, quand ces produits arrivent à Cuba, c’est huit fois le prix. C’est le prix du pétrole, du transport, le prix des conteneurs. Tous les prix dans l’ensemble sont dans une inflation énorme à Cuba.

Comment se comporte l’Europe vis-à-vis de Cuba dans cette conjoncture ?

Normalement dans l’Union européenne, il y a un code contre l’extraterritorialité des lois américaines, mais il ne s’applique pas. Il faut appliquer le code contre l’extraterritorialité qui date de plusieurs années. Il faut empêcher aux entreprises américaines de faire ce qu’elles veulent. Une filiale américaine ne peut vendre aucun produit à Cuba. Un Américain ne peut pas acheter de cigares cubains en Europe et les emmener aux États-Unis, c’est interdit.

Alors que normalement, au regard des lois européennes, ce devrait être autorisé ?

Mais bien sûr, l’Europe a la possibilité de dire non aux États-Unis, de dire ce sont vos lois, les lois européennes sont les nôtres, vous ne pouvez pas imposer vos lois en Europe. Quand une personne signe des contrats bancaires, il y a une ligne qui dit : il faut respecter le code de lois bancaires américaines

Malgré cela, il y a eu une remarquable résistance du peuple cubain au moment de la crise du Covid, tout le monde l’a remarqué, notamment dans le domaine de la recherche pharmaceutique et de l’aide médicale que vous avez fournie à des pays en difficulté. À quoi attribuez-vous ces succès ?

On est arrivés à produire trois vaccins. Il y en a deux de plus maintenant qui sont candidats à la validation, ça fait cinq vaccins en tout, ce qui est incroyable pour un pays comme Cuba. Nos vaccins sont arrivés à avoir plus de 92 % d’efficacité. Avec notre système de protection sociale, de protection de la famille, du droit des personnes à la vie, nous avons réussi à assurer cela. Mais à un coût énorme, parce que l’argent qu’on avait, on l’a utilisé pour la production des vaccins, et pour accueillir les gens dans des hôtels ou des écoles qu’on a convertis en centres d’accueil de malades, comme des hôpitaux. On donnait aux gens à manger et tout ce dont ils avaient besoin. Tout était gratuit. On a dépensé beaucoup d’argent pour guérir les Cubains et à la fin, on est arrivés à contrôler le Covid, ça fait plus d’un an qu’il n’y a pas un mort du Covid à Cuba. Ce résultat, c’est la force de la biotechnologie cubaine, c’est la force de la science.

Fidel Castro disait en 1960 que Cuba devait être un pays de science et de pensée. Cela veut dire que le pôle scientifique de Cuba arrive à inventer et à produire des médicaments de biotechnologie qui sont uniques au monde. Il y en a plusieurs qu’on commercialise dans le monde entier, mais pas en Europe parce que c’est très difficile avec les règles imposées. Mais il y a déjà des maires de plusieurs villes en France qui m’ont adressé des lettres en me demandant que des médecins cubains viennent en France.

Nous avons 500 médecins cubains en Calabre et en Italie à l’heure actuelle parce qu’on a envoyé une brigade de soignants en Italie pendant le Covid, et cela a prouvé que les médecins cubains sont bons.

Que demandez-vous aujourd’hui à l’Union européenne ?

On lui demande d’élever la voix pour s’opposer à l’extraterritorialité des lois américaines en Europe et d’appliquer son code contre l’extraterritorialité

11:46 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Economie, Entretien | Tags : cuba, ambassadeur, europe | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

22/01/2022

Le premier gouvernement de Gabriel Boric qui entrera en fonction le 10 mars prochain

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Par Pierre Cappanera
Ce gouvernement progressiste est un gouvernement de grande coalition où toute la gauche et le centre-gauche sont présents. C’est un gouvernement rajeuni où les femmes sont majoritaires. Les indépendants sans appartenance politique représentent un tiers du gouvernement. Ce gouvernement répond à la nécessité de trouver une majorité à la Chambre des députés où la coalition Apruebo Dignidad a seulement 37 élus sur 155.
 
Il existe au Chili ce qu’on appelle le « Comité politique » : ce sont une demi-douzaine de ministres qui se réunissent quotidiennement avec le président. C’est le cœur du gouvernement qui donne le la et le tempo au gouvernement.
On y retrouve Itzia Siches au ministère de l’Intérieur (un peu similaire à notre poste de premier ministre), ancienne présidente du Colegio Medico (l’Ordre des Médecins), ancienne militante communiste c’est une indépendante proche du Frente Amplio. C’est la première fois qu’une femme est ministre de l’intérieur au Chili.
 
Giorgio Jackson, le bras droit de Gabriel Boric, prend la tête du Secrétariat Général du Gouvernement,
Camila Vallejo, communiste, sera porte-parole du gouvernement.
La ministre des femmes, Antonia Orellana, (le ministère que Kast voulait supprimer) entre au Comité politique.
Ces quatre ministres et Gabriel Boric proviennent de la même génération des luttes étudiantes 2011. Ils sont rejoints au sein du Comité Politique par deux indépendants proche du centre gauche.
 
Chili gouvernement 2.jpgEn plus de Camila Vallejo au Comité Politique, deux autres ministres viennent du PC, Jeannette Jara au Travail et Flavio Salazar à la Science. Le Parti Communiste a le même nombre de ministres que sous les gouvernements d’Allende. Cette place importante des communistes dans le gouvernement signe le retour du PC au premier plan de la vie politique du Chili.
Les partis du centre-gauche qui ont accepté de travailler avec Gabriel Boric après sa victoire du 19 décembre sont tous représentés.
 
Le titulaire du Ministère des Finances sera l’actuel président de la Banque centrale du Chili. Sa nomination peut faire craindre le retour du « dans la mesure du possible », le fameux « réalisme » qui depuis Clémenceau tue la gauche.
Ce gouvernement comprend 14 femmes et 10 hommes. Au sein du Comité politique, 3 hommes pour 4 femmes. Les femmes ne font pas de la figuration. Deux femmes dirigeront les ministères des Affaires Étrangères et celui de la Défense, en plus du ministère de l’Intérieur.
 
Le gouvernement va devoir répondre aux demandes sociales très importantes, s’attaquer aux inégalités sociales. Il ne peut pas décevoir. Une autre tâche très importante du gouvernement va être d’appuyer la Constituante pour qu’elle mène à bien sa tâche dans les délais prévus et que la nouvelle Constitution soit approuvée avant la fin de l’année.
Maintenant c’est l’intervention du mouvement social, syndical, citoyen qui fera pencher la balance dans un sens ou un autre, celui du progrès et de la démocratie ou celui du « réalisme » et du « dans la mesure du possible ».

12:50 Publié dans Actualités, AL-Pays : Chili, Politique | Tags : chili, gouvernement, communistes | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

27/11/2021

Venezuela : cinq raisons pour lesquelles le chavisme a gagné

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Alors que l’ensemble des observateurs internationaux expriment leur satisfaction à propos du caractère démocratique du scrutin, ces élections devraient faire comprendre à l’administration Biden que continuer à soutenir la MUD, et en particulier la fiction de Guaidó en tant que « président par intérim », est une politique vouée à l’échec.

Pour la première fois en quatre ans, chaque grand parti d’opposition au Venezuela a participé aux élections. Pour la cinquième fois en quatre ans, le chavisme a remporté une victoire écrasante. Les électeurs ont élu 23 gouverneurs, 335 maires, 253 législateurs d’État et 2 471 conseillers municipaux. Le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), au pouvoir, a remporté au moins 19 des 23 postes de gouverneur (une seule élection reste trop serrée pour être prononcée) et la mairie de Caracas lors des « méga-élections » du 21 novembre. Sur les 335 élections municipales, le décompte des voix est terminé pour 322 d’entre elles. Le PSUV et sa coalition en ont remporté 205, les coalitions d’opposition 96 et les autres partis 21. Plus de 70 000 candidats se sont présentés à ces 3 082 postes, et 90 % des votes ont été comptés et vérifiés quelques heures après la fermeture des bureaux de vote. Le taux de participation a été de 42,2 %, soit onze points de plus que lors des élections parlementaires de l’année dernière.

Voici pourquoi le chavisme, le mouvement à l’origine de la révolution bolivarienne du Venezuela, a gagné :

1. Bonne gouvernance en matière de santé, de logement et d’alimentation. Les politiques de santé du Venezuela en réponse au Covid-19 ont été exemplaires. Aux Etats-Unis, on s’attendait à ce que le coronavirus submerge le système de santé vénézuélien, qui a été dévasté par des années de sanctions. Et pourtant, par million d’habitants, le Venezuela a enregistré 15 000 cas et 180 décès. À titre de comparaison, les chiffres aux États-Unis sont de 146 000 cas/million et 2 378 décès/million, ceux du Brésil sont de 103 000 et 2 854, et ceux de la Colombie de 98 000 et 2 481. Contrairement aux images que nous avons vues en Équateur ou en Bolivie, il n’y avait pas de corps de victimes abandonnés dans les rues, ni de morgues débordantes comme à New York.

En termes de logement, le gouvernement vénézuélien a construit 3,7 millions de maisons pour les familles de la classe ouvrière au cours des dix dernières années, dont la majorité a été construite et livrée par l’administration Maduro alors qu’elle était sous sanctions.

Aussi meurtrières que soient les sanctions, la situation serait bien pire sans le plus important programme social du Venezuela de ces cinq dernières années : les CLAP. Il s’agit de boîtes de nourriture et d’autres produits de première nécessité, dont certains sont produits localement, qui sont emballées et distribuées par les communautés elles-mêmes. Sept millions de familles vénézuéliennes reçoivent des boîtes CLAP chaque mois, sur un pays de 30 millions d’habitants. Non seulement ce programme a permis de nourrir la population, mais il a revigoré la base du chavisme et reconnecté le gouvernement avec la base après la défaite du PSUV aux élections législatives de 2015.

2. La situation économique s’améliore. Selon une enquête réalisée en août 2021 par l’institut de sondage d’opposition Datanálisis, 50 % des Vénézuéliens considèrent que leur vie s’est améliorée par rapport à l’année ou aux deux années précédentes. Malgré les sanctions qui ont entraîné une baisse de 99 % des revenus du gouvernement, l’économie vénézuélienne se stabilise. L’inflation est tombée à moins de 10 % pour la première fois en quatre ans. Le Crédit Suisse a prévu une croissance de 5,5 % en 2021 et de 4,5 % en 2022. La production de pétrole a atteint son plus haut niveau depuis 18 mois en octobre, aidée par un accord commercial avec l’Iran. 

3. Le chavisme est uni (en grande partie). Le PSUV n’a pas gagné les élections seul, il était uni à 8 autres partis de gauche dans une coalition connue sous le nom de GPP (Grand Pôle Patriotique). Le PSUV lui-même a organisé des primaires internes en août, le seul parti à le faire. Plus de la moitié des candidats du GPP étaient des femmes, 52%, tandis que 43% étaient des jeunes. Dans l’ensemble, 90 % des candidats n’avaient jamais exercé de fonction auparavant, ce qui suggère un renouvellement du parti à partir de la base. Cependant, il s’agit de la deuxième élection consécutive où la gauche n’est pas complètement unie. Une coalition comprenant le parti communiste du Venezuela a présenté son propre ticket. Ces partis ont obtenu moins de 3 % des voix aux élections parlementaires de 2020 et leur décision de se présenter séparément ne semble pas avoir eu d’impact sur les courses au poste de gouverneur.

4. La droite est divisée. Jamais connue pour son unité, l’opposition vénézuélienne a subi une scission majeure, certains partis ayant opté pour le boycott des élections et tenté de renverser le gouvernement, tandis que d’autres ont préféré la voie démocratique. Bien que tous les grands partis aient participé à ces élections, l’opposition s’est divisée en deux coalitions principales, la MUD (Table ronde d’unité démocratique) et l’Alliance démocratique. La grande majorité des 70 000 candidats sont dans l’opposition et ils s’affrontaient dans presque toutes les courses. Sur les 23 courses au poste de gouverneur, six ont été remportées par des candidats du PSUV avec moins de 50 % des voix et par moins de six points – une plus grande unité entre la MUD et l’Alliance démocratique aurait pu faire la différence.

Le décompte des voix dans les courses au poste de gouverneur et de maire de Caracas montre que la coalition PSUV a obtenu 46 % du total des voix, le reste étant réparti entre les différentes oppositions. Une opposition unie pourrait gagner au Venezuela, mais « opposition unie » est un oxymore.

5. La droite est profondément impopulaire. Si l’on parle beaucoup du prétendu manque de soutien au président Maduro (les millions de votes obtenus par son parti ne seront jamais reconnus par les États-Unis), on sait moins que l’opposition est profondément impopulaire. Voici les taux de désapprobation de certaines des figures clés de l’opposition : Juan Guaidó, 83% de désapprobation ; Julio Borges (le « ministre des affaires étrangères » de Guaidó), 81% ; Leopoldo López (le mentor de Guaidó et le cerveau des tentatives de coup d’État), 80% ; Henry Ramos Allup (leader de l’opposition de longue date), 79% ; Henrique Capriles (perdant des élections présidentielles de 2012 et 2013), 77% ; et Henri Falcón (perdant des élections présidentielles de 2018), 66%. Tous ces candidats, à l’exception de Falcón, font partie de la MUD.

La coalition MUD a passé des années à prétendre qu’elle représentait une majorité, une affirmation qui ne pouvait pas être vérifiée par leur stratégie de boycott électoral. Cependant, leur retour dans le processus électoral n’a marqué qu’une augmentation de dix points de la participation électorale par rapport à 2020. En outre, la MUD s’est classée derrière les autres partis d’opposition dans 9 des 23 États et à Caracas. La MUD n’a remporté qu’un seul des trois postes de gouverneur occupés par l’opposition. Cela pourrait être dû en partie au rejet généralisé des sanctions américaines. La MUD a approuvé à plusieurs reprises des sanctions mortelles malgré le fait que 76 % des Vénézuéliens les rejettent.

La MUD bénéficie du soutien politique, financier et logistique des États-Unis et de l’UE, tandis que les membres d’autres partis d’opposition ont été dénoncés et sanctionnés par les États-Unis pour avoir négocié avec l’administration Maduro. Ces élections devraient faire comprendre à l’administration Biden que continuer à soutenir la MUD, et en particulier la fiction de Guaidó en tant que « président par intérim », est une politique vouée à l’échec. 

Source : Leonardo Flores (États-Unis) est un expert politique latino-américain, né au Venezuela. Coordinateur de la campagne Amérique latine de CODEPINK. Titulaire d’une licence en philosophie de l’Université du Maryland.

12:24 Publié dans AL-Pays : Vénézuela, Politique | Tags : vénézuela, élections locales | Lien permanent | Commentaires (1) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg