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27/12/2024

« Construire le socialisme à 150 kilomètres des États-Unis, voilà notre malheur, notre défi, notre fierté » : à Cuba le difficile quotidien face à la crise économique

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Pénuries, coupures d’eau et d’électricité, la Grande Île connaît les plus graves difficultés économiques de ces dernières décennies. Le blocus que subit la population depuis 1962 et les mesures de rétorsion prises par Donald Trump lors de son premier mandat impactent durablement les habitants qui parlent de solidarité, de craintes pour l’avenir et d’exil.

 

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Vinales, Playa Larga, Trinidad, Santa Clara, Soroa, La Havane (Cuba), correspondance particulière.

Près du bohio des charbonniers qui partagèrent avec Fidel Castro le premier réveillon de la révolution, un immense palmier, tout du long jeté à terre, tente de se redresser au « ciénaga » de Zapata. Derrière cette image exotique, Cuba vit veines ouvertes avec une économie effondrée. La société résiste, comme David, paysan à Vinales : « Il nous a fallu cinq siècles pour devenir les maîtres chez nous. Construire le socialisme à 150 kilomètres des États-Unis, voilà notre malheur, notre défi, notre fierté. »

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Le blocus creuse des plaies. Le plus long, le plus injuste, le plus cruel de l’histoire, qui a été maintenu en 2016, sous la présidence de Barack Obama, malgré le rétablissement des relations, aggravant l’étranglement financier de l’île. Il a été durci par son successeur, Donald Trump (243 mesures de plus pendant la pandémie), et les blessures sont désormais béantes : un change officiel de 120 pesos pour 1 euro, 320 pesos au marché noir, une forte inflation, de nombreuses coupures d’électricité et d’eau, un manque de combustible, de gaz et de pièces de rechange.

Les caisses sont vides

Entre deux pannes de courant, les familles cuisinent au charbon. Marcelo, un guide touristique, constate que « le blocus veut nous ramener à l’âge de pierre. Nous venons de réunir les assemblées des comptes rendus de mandat des députés. Là comme dans les réunions du parti, on entend que s’il faut retourner à la Sierra Maestra on y retournera ».

Un bateau de gaz domestique est resté à quai pendant quinze jours, car l’État n’avait pas les moyens de payer. Nelson, pédiatre à la polyclinique de Playa Larga, raconte : « Nous manquons de fil de suture, de pharmacie de base. Cuba produisait 80 % de ses médicaments. Depuis Trump, on ne peut plus importer de molécules. Nos patients mouraient, faute de respirateurs. Nourrir la population et créer les vaccins ont absorbé les réserves de l’État. Les caisses sont vides. »

Avant la pandémie, le panier de la libreta (une aide subventionnée pour tous les foyers) assurait chaque mois, à chacun, 3 kg de riz, 3 kg de cassonade, 2 kg de sucre blanc, 1 kg de haricots, 6 œufs, 1 litre d’huile pour trois personnes, du sel, du tabac, contre la somme de 300 pesos. Pendant l’épidémie s’y sont ajoutés des suppléments de riz, de haricots, des sardines. Début décembre, à Cienfuegos, à Pinar del Rio, à Trinidad, 1 kg de riz et 2 kg de sucre par personne avaient été livrés. La fourniture du litre de lait, pour chaque enfant jusqu’à ses 7 ans, accuse parfois plusieurs jours de retard.

Une autre source de frustration pour les Cubains provient des inégalités nées avec la création des micro, petites et moyennes entreprises (les Mipymes). Elles échappent au blocus, importent des produits pour le secteur touristique et la construction. Le gouvernement a accéléré leur création pour garantir l’arrivée de marchandises. Problème : sur le marché, tout ou presque est disponible, à des prix prohibitifs. Amado, vétéran du parti, explique : « Ce peuple est égalitaire et ne supporte pas les inégalités. Elles étaient gommées tant que l’État garantissait la subsistance, la santé, l’éducation, la culture. »

Au comité central du Parti communiste, la responsable du secteur Europe déclare : « Nous vivons dans une économie déformée, une économie de guerre. Nous prenons des mesures, toujours en urgence. Elles ne nous plaisent pas forcément, mais sont les seules possibles dans l’instant. Il faut sans cesse résoudre, prioriser, rectifier. »

De fréquents attroupements

Dans la presse, les tables rondes à la télévision, le débat est public. Chacun a son idée sur les dysfonctionnements., certains dénoncent « l’unification monétaire en pleine pandémie » ou avancent qu’« il aurait fallu construire des centrales thermiques et le parc photovoltaïque il y a vingt ans » . D’autres proposent d’« augmenter les travailleurs de l’État », « de prioriser le ramassage des ordures car cela affecte la santé et le moral » ou encore « de contrôler davantage les prix, de lutter contre la corruption et la bureaucratie ».

Parfois, des attroupements se forment. « Normal que le mécontentement s’exprime, souligne Anibal, qui entretient à Villa Clara une maison d’hôte. Militants et voisins se précipitent pour calmer, convaincre. Nous ne laisserons jamais la confusion s’installer. On y parvient toujours : les gens veulent plus de socialisme, pas un renversement du régime. »

Le plus frappant reste, visible partout et tout le temps, une énergie vitale pour résister au blocus et aux catastrophes naturelles, décuplées par les changements climatiques. « La situation est critique, reconnaît Gerardo, le chef du réseau d’espionnage Avispa (les cinq de Miami), aujourd’hui président des 238 000 CDR (comités de défense de la révolution). Ce n’est pas dans notre mentalité de subir, de s’asseoir pour se lamenter. Ce qui ne fonctionne pas, nous le réparerons. Personne ne viendra détruire nos conquêtes. »

À la réserve d’orchidées de Soroa, les jardiniers ont effacé les traces du dernier typhon. Ils avaient photographié les dégâts, les pylônes écroulés, aujourd’hui debout. Au jardin botanique de Cienfuegos, leurs collègues travaillent à la machette. Parmi eux, Niurka, la sous-directrice : « L’État ne fournit plus que 80 litres d’essence par mois au lieu de 1 200. La cantine est supprimée. On se serre les coudes, on s’entraide dans la famille, entre travailleurs. Nous nous sentons des grains de sable indispensables, à inventer chacun pour tenir. »

À chaque coupure électrique, les quelques maisons, munies de groupes électrogènes, ouvrent leurs portes aux voisins, venus tirer un fil, recharger le téléphone, réchauffer un plat. Alors que le salaire moyen ne dépasse pas 4 200 pesos (35 dollars), celui d’un enseignant 6 000, 10 000 pour un médecin, 2 500 pour un retraité, chacun vit d’un double emploi. Dans les maisons d’hôte, le gardien de nuit du samedi soir est instituteur ; le barman de l’hôtel, un médecin.

Chaque restaurant a son groupe de musiciens, beaucoup d’enseignants parmi eux. Alejandro, instituteur, affirme : « Dans notre éducation, pour résister, nous avons appris à tout faire. Chanter, c’est être heureux et rendre heureux. Nous chantons à la fin la chanson du Che. Manière de dire qui on est. Rien, personne, ne fera taire notre musique. »

Des départs dans chaque famille

Il existe une souffrance pudique que l’on interroge avec précaution car elle tire inévitablement des larmes. Oliviero : « Quand le dernier de ses amis d’enfance est parti, mon fils m’a dit : « Papa, moi je reste ! » » Dans la majorité des familles rencontrées, un enfant manque. Immigrés économiques, ils envoient colis, groupes électrogènes, devises. Éduqués par la révolution, ils sapent les bases des anticastristes de Floride. « Quand mes voisins reviennent, on s’embrasse et on partage une bouteille de rhum. » En représailles, cruauté du blocus, les États-Unis ont limité les envois de devises et les voyages à Cuba.

À la veille du 66e anniversaire de la révolution, avant le second mandat de Donald Trump, l’île rassemble ses forces. L’Assemblée nationale du pouvoir populaire a voté de nouvelles mesures de « rectification », annoncé des semailles en hausse, une progression du PIB en 2025 et la poursuite de la modernisation des lois. Après plusieurs réformes (économie, Constitution, famille, Code du travail) le débat public va s’ouvrir sur les droits de l’enfant.

Pendant le dernier comité central du Parti communiste, une enquête a révélé qu’une majorité de la population soutient la révolution et son gouvernement. Preuve que la confiance est réciproque, ce dernier en appelle encore et toujours au peuple. 

Le 20 décembre, derrière Raúl Castro, Miguel Diaz Canel, les dirigeants du parti et de l’État, une manifestation monstre de 700 000 personnes a envahi le Malecon de La Havane et l’ambassade des États-Unis pour dénoncer le blocus et réclamer le retrait du pays de la liste des États terroristes. Plus formidablement qu’un typhon.

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12:12 Publié dans ACTUSe-Vidéos, AL-Pays : Cuba, Politique, Société, USA | Tags : cuba, reportage | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

19/09/2024

Haïti, l’emprise des États-Unis

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Censée prêter main-forte aux policiers haïtiens dans la lutte contre la violence des gangs armés, la nouvelle force validée par l’ONU arrive au compte-goutte. Surtout, l’objectif affiché paraît mission impossible sans une prise en compte réelle des dominations politiques et économiques.

 

Ils sont désormais 426 précisément. Aux 400 policiers kényans débarqués fin juin en Haïti, sont venus s’ajouter 20 militaires et quatre policiers jamaïcains, ainsi que deux soldats du Belize, un petit État du Commonwealth situé en Amérique centrale, sur la mer des Caraïbes.

Le commandant kényan Godfrey Otunge, qui dirige la mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), s’est réjoui que celle-ci soit « désormais une mission entièrement multinationale ». En attendant quelques effectifs du Bénin ou du Bangladesh, qui l’ont promis.

Mais c’est un leurre : derrière cette mission conduite par le Kenya, « ce sont bien la communauté internationale et notamment les États-Unis qui sont à la manœuvre », indiquait le 15 septembre le politologue Frédéric Thomas, chercheur au Centre tricontinental, lors d’un débat consacré à Haïti sur le sujet à la Fête de l’Humanité.

Un président aux ordres de Washington et des gangs qui règnent dans la rue

L’objectif affiché de la MMAS, instaurée par une décision du Conseil de sécurité des Nations unies le 2 octobre 2023, est d’apporter un soutien aux forces de l’ordre haïtiennes dans la lutte contre la violence et les gangs armés. Depuis plus d’un an, la situation est catastrophique : les gangs tiennent près de 80 % du territoire de la capitale, Port-au-Prince, contrôlent de nombreuses routes cruciales pour tout déplacement.

Le pays compte près de 600 000 déplacés internes sur une population d’environ 11,5 millions de personnes. Meurtres, viols de masse et enlèvements contre rançon rythment le quotidien d’une population qui tente souvent l’exil, notamment via la République dominicaine voisine.

La démission d’Ariel Henry, en mars, exigée et obtenue par les gangs puis par la communauté internationale, menée par les États-Unis, n’a rien résolu – comme il était prévisible. Le gouvernement du nouveau premier ministre, Garry Conille, n’a aucune légitimité aux yeux du peuple haïtien.

C’est pourtant lui qui « dirige le pays depuis mai 2024, sur mandat du Conseil de transition présidentiel, dans un contexte de crises politiques à répétition, la dernière depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 », resitue Christophe Ventura, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques et spécialiste de la région Caraïbe, dans une analyse.

Des élections ont été promises par le Conseil de transition pour mi-2025, mais on voit mal comment elles pourraient se tenir dans un tel contexte d’insécurité. « La seule préoccupation des Haïtiens, c’est de survivre », estime Frédéric Thomas.

Quant à la MMAS, elle s’inscrit en réalité dans la longue histoire des forces d’ingérence étrangère en Haïti, comme l’analyse Frédéric Thomas, qui rappelle que le pays a « connu déjà sept forces d’intervention étrangère ». Quant au choix surprenant du Kenya, il l’explique aisément : « Pourquoi le Kenya ? Parce que personne ne voulait y aller, le Brésil, par exemple, a refusé », précise le politologue.

« Le Kenya de William Ruto est proche de Washington, et sert ses intérêts »

Les États-Unis ne veulent plus apparaître en première ligne, mais refusent de cesser les livraisons d’armes en Haïti et de mettre en place des sanctions contre des élites économiques et politiques corrompues. Pour Christophe Ventura, « l’administration Biden a dit ne pas vouloir gérer et intervenir directement en Haïti, donc ils ont trouvé une autre solution validée par l’ONU. Le Kenya de William Ruto est proche de Washington, et sert ses intérêts ». Cela permet également au pays africain de « faire la démonstration d’une capacité de puissance et de commandement », malgré les vives protestations de l’opposition kényane.

La communauté internationale a beau jeu de s’offusquer de la violence des gangs : « Tant qu’on ne dénoncera pas les liens entre les gangs armés et un personnel politique corrompu, rien ne pourra avancer », dénonce Frédéric Thomas, qui pointe « une impunité généralisée dans le pays parmi les plus inégalitaires au monde, un héritage de la période coloniale ».

Pourtant, alors qu’elle ne compte que 426 policiers et militaires sur les 2 500 promis, le mandat de la MMAS doit arriver à échéance… ce 3 octobre. « On sait très bien que ce mandat sera prolongé », juge Frédéric Thomas. D’autant que c’est bien le Conseil de sécurité qui doit prendre cette décision, et personne ne s’opposera à Washington pour un petit pays comme Haïti, considéré comme faisant partie de la zone d’influence du voisin yankee.

Certainement pas la France, qui a toujours considéré l’île comme ennemie, deux cent vingt ans pile après la révolution qui mit fin à la colonie française et donna naissance à la première République noire au monde.

HAITI, PRESENTATION

Présentation du pays

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Données générales

Nom officiel : République d’Haïti
Nature du régime : République de type présidentiel

Données géographiques

Superficie : 27 560 km2 (Banque mondiale)
Capitale : Port-au-Prince
Villes principales : Cap-Haïtien, Gonaïves, Hinche, Jacmel
Langue (s) officielle (s) : le créole (langue parlée par la majorité de la population) et le français (langue d’apprentissage scolaire)
Langue (s) courante (s) : le créole
Monnaie : la gourde haïtienne (HTG)
Fête nationale : le 1er janvier

Données démographiques

Population : 11 400 000 habitants (Banque mondiale, 2020)
Densité : 403 habitants/ km2 (Banque mondiale, 2020)
Croissance démographique : 1,2 % (Banque mondiale, 2020)
Espérance de vie : 64 ans (Banque mondiale, 2020)
Taux d’alphabétisation : 53,16 % (UNESCO, 2021)
Religion (s) : 55 % catholiques, plus de 40 % protestants, mais la proportion est désormais inverse dans les grandes villes ; la pratique du vaudou reste dominante
Indice de développement humain : 0,510 - 170e (sur 189 pays, source PNUD rapport 2020)

11:45 Publié dans Actualités, AL-Pays : Bolivie CNI, AL-Pays : Haiti | Tags : haiti, usa | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

12/09/2024

Cuba : la solidarité ne peut plus attendre

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Par Charlotte Balavoine et Vincent Govelet, coordinateurs de la campagne de solidarité avec Cuba du PCF.

Il y a des crimes qui ne seront jamais sous le feu des projecteurs. Il y a des souffrances qu’on a intérêt à ne pas rapporter. C’est le cas pour Cuba. Le pays est victime, depuis 1960, du plus long blocus politique, économique et financier de l’histoire contemporaine. Loin d’être « un fantasme pour cacher les responsabilités du gouvernement cubain », comme l’affirment ses opposants, le blocus a des conséquences dramatiques pour la population et dans tous les secteurs de l’économie.

En un an, il aurait causé des dommages économiques estimés à 1 milliard de dollars dans le tourisme, 3 milliards pour le commerce extérieur, 467 millions pour l’industrie, 273 pour l’agriculture, 75,5 pour l’éducation, 202 pour les transports, 143 pour les biotechnologies et l’industrie pharmaceutique, 89 pour le BTP… Si la plupart des médias décident de le passer sous silence, ce n’est pas le fruit du hasard. Cuba est le seul pays à mettre en échec de façon continue l’impérialisme états-unien, et ce depuis 1959. Quand on nous vend le capitalisme comme fin de l’histoire, qu’un petit pays, proche des côtes de la Floride, refuse de se soumettre, c’est parfaitement insupportable pour l’Oncle Sam !

Depuis 1960 nous avons pris l’habitude de voir les Cubain·es résister, persévérer dans une voie socialiste singulière, maintenir à flot la révolution, réaliser des prouesses en matières éducatives ou médicales jusqu’à les exporter partout dans le monde. Nous avons pris l’habitude de nous dire que, si Cuba a survécu à la chute de l’URSS, alors elle tiendra bien quelques années de plus. Le temps… qu’on trouve le temps de s’y intéresser de nouveau.

Oui mais voilà : Cuba seule ne peut pas tout ! Le vieux pari de l’administration états-unienne d’étrangler le peuple jusqu’à ce qu’il se soumette… ou qu’il crève, n’a jamais été aussi proche du but ! Aujourd’hui le blocus touche aux besoins les plus vitaux : se procurer de l’insuline pour soigner le diabète, du lait en poudre pour les enfants, des seringues pour vacciner la population face aux pandémies… Jamais Cuba ne fera la une des médias parce que les États-Unis ont intérêt à continuer de mener leur politique meurtrière en silence !

Alors à nous d’imposer le thème dans le débat public ! À la Fête de l’Humanité sera organisée une collecte de médicaments et de matériel médical sur plusieurs stands du PCF. Tout le monde peut y participer. Il nous faut aussi créer des comités de campagne dans chaque département. Être plus forts, plus nombreux, meilleurs dans notre communication, mieux organisés dans la solidarité. Faire connaître la réalité de Cuba.

Si demain la Révolution cubaine venait à être défaite, ce n’est pas juste un peuple des Caraïbes qui en subirait les conséquences. C’est notre capacité commune à lutter contre l’impérialisme et à construire un monde meilleur qui serait entachée. Alors aujourd’hui plus que jamais : soyons solidaires de Cuba !

19:29 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, France, Point de vue, Politique | Tags : cuba, solidarité | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

04/06/2024

Mexique, à Gauche toute

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Présidence, chambre des députés, Mexico, 7 États sur 9 : comment la gauche mexicaine a remporté son pari.

Mexique election presidente.jpegLe pays qui compte 130 millions d’habitants sera bientôt dirigé par une femme. Claudia Sheinbaum l’emporte dans un scrutin marqué par d’excellents résultats pour une gauche portée par le bilan d’Amlo.

Une révolution dans la révolution ? C’est sans aucun doute une double victoire pour la gauche mexicaine. Symbolique d’abord avec l’élection, dimanche 2 juin, d’une femme à la tête de ce pays à la réputation profondément machiste et où l’ONU estime que 10 féminicides ont lieu chaque jour.

L’ex gouverneure de Mexico, Claudia Sheinbaum, 61 ans, est ainsi entrée dans l’histoire en étant élue, haut la main (autour de 58 % des voix, selon les premiers résultats annoncés par l’Institut national électoral), aux commandes de la seconde puissance économique latino-américaine.

Mais c’est surtout du point de vue politique que le résultat est frappant, avec un constant clair et sans appel : la coalition de gauche formée par le Mouvement régénération nationale (Morena), le Parti du travail (PT) et le Parti vert écologiste du Mexique (Pvem) a tout bonnement pulvérisé la droite. Unie derrière la polémique figure de l’ex-sénatrice du Parti d’action nationale, Xóchitl Gálvez, la coalition du bloc conservateur (à laquelle se sont joints le Parti révolutionnaire institutionnel, PRI, et celui de la révolution démocratique, PRD) n’a obtenu que 28 % des voix.

Le mouvement Morena contrôle 24 des 32 États du pays

La déroute de la droite va bien au-delà dans le processus électoral le plus important de l’histoire du pays. Plus de 98 millions de Mexicains étaient appelés aux urnes pour élire, en plus de la présidence de cette République fédérale, huit postes de gouverneurs, le chef du gouvernement de la ville de Mexico, plus de 19 000 postes d’élus locaux et, surtout, pour rénover l’entièreté de la Chambre des députés et du Sénat.

Et c’est peu dire que la gauche a relevé le défi : en remportant 7 des 9 États et en parvenant à maintenir sous son giron la capitale du pays, la coalition menée par le mouvement Morena a renforcé son pouvoir territorial avec le contrôle de 24 des 32 États du pays. Carton plein aussi au Congrès où la coalition de gauche a obtenu la majorité qualifiée à la Chambre des députés (entre 346 et 380 sièges sur 500, selon les premières estimations) et pourrait aussi l’obtenir au Sénat, où elle dispose d’ores et déjà de la majorité absolue.

Des résultats qui confirment le virage politique historique amorcé en 2018 avec l’arrivée au pouvoir d’Andrés Manuel López Obrador (Amlo), le premier président de gauche de l’histoire du pays. S’il ne fait aucun doute que la victoire de Claudia Sheinbaum doit beaucoup à l’énorme popularité de son mentor, c’est avant tout l’assurance de voir le projet politique porté par celui-ci, la « quatrième transformation du pays » (4T), perdurer dans le temps qui aura assuré le triomphe du bloc progressiste.

« Outre son propre parcours et le fait qu’elle a pu s’appuyer sur le bilan positif d’Amlo, la victoire de la candidate de Morena est avant tout la confirmation de la volonté des Mexicains de poursuivre dans la transformation du pays », explique le spécialiste du Mexique, Obey Ament. Pour cet ancien responsable de l’Amérique latine du PCF, « le peuple, qui avait choisi en 2018 de mettre fin aux gouvernements néolibéraux, vient de confirmer qu’il s’opposait à un retour en arrière. Les Mexicains savent qu’elle continuera la lutte pour en finir avec le régime qui avait fait du Mexique un pays extrêmement riche et pourtant flagellé par la pauvreté, un butin pour une oligarchie ».

rojet de nation »

« Nous savions que la gauche allait gagner car le président Amlo a tenu parole, il y a eu un réel changement (avec son gouvernement) », assuraient dimanche soir au quotidien la Jornada des partisanes de Claudia Sheinbaum venues célébrer sa victoire sur la place centrale de la capitale. Situé entre 60 et 80 % selon les sondages, le taux de popularité du président sortant ne tombe pas du ciel.

Ayant bénéficié d’un contexte macro-économique très favorable, il peut se targuer d’avoir fortifié l’économie du pays. Mais celui qui avait promis de gouverner « d’abord pour les pauvres » a surtout respecté ses engagements durant un sexennat aux nombreuses politiques, qualifiées de très populaires, en premier lieu desquelles on trouve une multiplicité de programmes sociaux visant les secteurs les plus précarisés de la société. Plus de 30 millions de personnes, sur une population totale de 130 millions d’habitants, ont pu en bénéficier, dans un pays où les couches populaires étaient plutôt habituées à voir l’argent public se perdre dans les méandres d’une corruption généralisée.

La lutte contre ce fléau a ainsi été un des principaux chevaux de bataille d’un président qui aura osé mener à bien son programme ouvertement de gauche, mettant en avant la nécessité d’un État providence. Nationalisation des ressources naturelles, retour d’un État fort et interventionniste placé au cœur de la vie économique du pays…

Les nombreuses réformes sociales menées par Amlo visant à résorber les pires travers d’une société profondément marquée par l’injustice sociale (avec notamment la symbolique hausse du salaire minimum de 120 % en termes réels) n’ont certainement pas été suffisantes pour changer la structure capitaliste du pays, mais elles auront réussi à enclencher un début de meilleure répartition des richesses.

Un projet de nation

Son gouvernement peut se vanter en particulier d’avoir sorti plus de 5 millions de personnes de la pauvreté, soit la réduction la plus importante des seize dernières années. Et d’avoir ravivé l’intérêt pour le débat politique dans une société qui avait perdu tout repère idéologique, avec une repolitisation des couches populaires qui restera aussi comme l’un des plus importants héritages du sexennat.

Avec Claudia Sheinbaum, élue sur un programme suivant la même ligne directrice tracée par la 4T, la relève est assurée. « Ce n’est pas une personne qui a été élue, mais un projet de nation », a-t-elle indiqué lors de sa première déclaration publique après l’annonce des résultats. Portée par la majorité d’un peuple aux nombreuses attentes, la petite-fille de juifs ayant fui le nazisme aura à relever, à partir du 1er octobre, de nombreux défis.

À commencer par celui de mettre fin à une violence devenue exponentielle depuis l’offensive lancée, en 2006, contre les cartels de la drogue, et que même les plus ambitieux programmes sociaux d’Amlo n’ont pas réussi à résorber.

 

11:38 Publié dans AL-Pays : Mexique, Portrait | Tags : mexique, élections 2024 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg