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15/11/2014

PEROU, carnet de voyage (10) : Misère et misères

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Les enfants des rues de Cuzco ne vendent plus des cartes postales. Ils s’échinent à solder des porte-clés en forme de lama ou encore des stylos recouverts de tissus bariolés. Officiellement, le travail des enfants est interdit avant l’âge de 14 ans. Officiellement. Car, dans les campagnes, ils participent au travail des champs.

Ailleurs, ils amusent la galerie des touristes, en dansant sur les marchés dès les premières de la journée comme dans le village de Yanque encaissé dans la Vallée de Colca. Ils sont aussi cireurs de chaussures. Sans cadre légal ni aucune protection sociale. Dans le pays voisin, en Bolivie, la légalisation du travail des enfants a fait couler beaucoup d’encre. A juste titre. Les enfants ne devraient jamais travaillé. Ils ont des droits.

Mais, de ce côté-ci de l’Atlantique,  les principes et les lois passent souvent à la trappe. Cela ne concerne pas d’ailleurs seulement que les enfants. Allez donc en parler avec les communautés du nord du Pérou qui s’opposent aux méga-projets miniers des multinationales étrangères aux conséquences environnementales catastrophiques.
En réponse, le président Ollanta Humala a offert aux agents de la police et de l’armée une licence pour tuer avec à la clé une totale impunité. De quoi en rajouter au dégoût ambiant. Le Pérou affiche avec véhémence une défiance à l’égard du politique. Les palais de justice sont rebaptisés palais des injustices. La corruption et le clientélisme se comptent en nombre de petits partis politiques locaux, si tant est qu’on puisse les appeler ainsi, aux pratiques « caciquistes ».
 
Les élections municipales et régionales du 5 octobre ont donné la mesure du fric sale qui circule. Il se décline par autant de grands panneaux publicitaires, de fresques peintes sur les maisons de particuliers ou encore de plateaux repas offerts à la fin des meetings. Des candidats poursuivis par la « justice » mènent tambour battant leur campagne sans être inquiétés.
 
La déliquescence des instituions transpire. La criminalisation des mouvements sociaux, elle, bat son plein. Le modèle néolibéral a fait son nid, en martelant que l’individualisme est le meilleur ascenseur social. « Il y a crise de la politique mais pas du politique », estime Rocio Silva, responsable de la coordination nationale des droits de l’homme. Les années de violence – le terrorisme d’Etat et celui du Sentier lumineux – ont été des déclencheurs de conscience, notamment chez les populations paysannes, premières victimes de cette guerre qui n’a jamais dit son nom. Que le cri des champs s’écoute enfin jusque dans les recoins des villes du pays.

Cathy Ceïbe

Dans le cadre des voyages organisés en partenariat avec l’Humanité et France Amérique latine, un groupe de 17 personnes s’est rendu au Pérou du 19 septembre au 1er octobre. Du lac Titicaca à la Vallée du Colca où la cordillère des Andes offre un spectacle rare, de la vallée sacrée où se trouve la merveille du Machu Picchu en passant par les luttes des porteurs ou encore le quotidien des communautés andines, quatorze jours durant, nous avons pu découvrir les facettes d’un pays aux immenses paysages et multiples cultures.

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14/11/2014

LE PEROU, carnet de voyage (9) : A Raqchi, entre les siens

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Le mot émotion est banni de l’écriture journalistique. Nous prenons acte. A Raqchi, à quelques encablures de la célèbre cité de Cuzco, chacun a pu se retrouver en famille. Pas la sienne. Mais celles qui nous ont accueillies dans leur modeste demeure, surtout dans ces cuisines étroites, chauffées par un four multi-usage qui fait surtout office de foyer chaleureux.

Dans les maisons de Maria, Renée, Jacinto, chacun a pu partager, échanger, parfois avec difficulté. Mais la barrière de la langue est parfois surmontable. Un geste, un regard, un sourire suffisent à combler le déficit de mots. Maria nous a parlé de ses deux enfants. De son fils, parti étudié en ville, loin des siens, pour embrasser la carrière d’ingénieur des mines. Maria a le visage buriné par le climat rude de l’altitude et du soleil brûlant.

Il s’éclaire à chaque instant d’un sourire discret mais sincère. Maria comme les autres femmes de sa communauté occupent une place centrale. Elles sont souvent le pilier de leurs familles. Elles vivent du travail des champs, de l’habileté de leurs mains qui ont appris à créer des poteries qu’elles vendent sur la place centrale du village. Elles assument souvent seules toutes les charges quotidiennes, les hommes ayant délaissés la vie à la montagne pour les villes. Certains ont, semble-t-il, oublié jusqu’au chemin de retour à la maison. 

Après le dîner, la pluie est venue contrariée les festivités prévues par nos hôtes. Ce n’était que partie remise. Au petit matin, nous nous sommes retrouvés sur la place principale, vêtus des habits traditionnels de la région, fin prêts pour entamer une danse locale au son d’une chanson de carnaval (le rythme n’est pas soutenu mais l’altitude est traître et coupe le souffle). Au moment de nous quitter, un vrai et chaleureux merci s’imposait. On retiendra les sanglots étouffés de Maria ou encore d’Alain. Ils en disent bien plus que les discours convenus. Une croix inca autour du cou offerte par nos familles d’accueil, nous voilà repartis en direction Cuzco. Le mot émotion est donc proscrit mais les heures passées à Raqchi en étaient pleines. Et constituent un joli souvenir.
 

Cathy Ceïbe

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13/11/2014

PEROU (carnet de voyage 7) : Résistance existence

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Qu’a donc pensé la sainte Eglise catholique apostolique et romaine des tableaux de l’école d’art cusqueña ? Sans doute, ne les a-t’elle jamais vu. Elle se serait étouffée de voir Marie et Joseph, les joues gonflées par des boules de feuilles de Coca. La vierge Marie, elle, si fine et frêle, est au Pérou, une femme imposante, en forme de montagne andine. Jésus porte la jupe comme les Incas.

Il a le torse bombé et les jambes arquées comme les Indiens des cimes croulant sous le poids de leurs marchandises qu’ils portent sur leur dos. Les peintures dans les lieux saints – lisez les Eglises et les cathédrales – réalisées sous la menace des conquistadores par les Incas sont des petits bijoux de résistance. Une échappatoire pour les Indiens soumis au statut d’esclave. Avant l’arrivée des Espagnols, il y avait 18 millions d’Incas.

Au moment de  l’indépendance, il n’en restait plus qu’un million. Un génocide. Si à l’apogée de l’époque inca (1400), la moyenne d’âge pouvait atteindre 70 ans, la répression coloniale l’a réduite à 30 ans. Les conquistadors n’étaient pas seulement assoiffés par les trésors de cette civilisation. Ils ont cherché à annihiler les populations indigènes. Comment comprendre sinon la construction de leur couvent et autres lieux de prières sur l’emplacement même où se trouvaient les temples sacrés ? Contraint de croire aux dieux de ces hommes montés sur des chevaux et qui tiraient des boules de feu, les Indiens ont été forcés de les peindre et les sculpter sous peine de finir dans les mines de Potosi. Cette servitude a donné  lieu à des créations qui prêtent parfois à sourire.

Comme ce tableau où l’on voit les trois mages devant le berceau du nouveau né Jésus avec pour arrière plan un conquistador menaçant. Notre préféré reste un tableau de la cène que l’on peut admirer dans la cathédrale de Cuzco. Les apôtres sont réunis autour de la table qui a pour plat principal un cuy, le cochon d’inde local. Le vin a été remplacé par la boisson nationale, la chicha morada, concoctée à base de maïs violet. Quant à Judas, il ressemble à s’y méprendre à un certain Pizarro…

Cathy Ceïbe

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12/11/2014

PEROU (carnet de voyage 6) : Sur le plus haut lac du monde navigable

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Il y a des lacs et il y a le Lac Titicaca. C’est comme ça. Naviguer sur ce géant d’eau (8400 km2 de superficie), le plus haut au monde à 3800 mètres d’altitude, transporte. Forcément. Le Pérou est en soi une extraordinaire machine à remonter le temps.

Le lac Titicaca l’est davantage. Les heures se sont suspendues sur l’île de Taquille. Protégée par l’Unesco depuis 2005, elle déborde de touristes curieux. Les autochtones, eux, gardent chevillés au corps leurs traditions. Il faut grimper dur pour arriver au cœur de cette île. Sur son chemin, le badaud ne s’étonnera plus de croiser des hommes et des femmes tricoter.

Pourquoi faire ça en marchant ? Parce que c’est comme ça. Les hommes tissent les vêtements des femmes et vice et versa. Les traditions sont restées profondément ancrées. Les codes et les rituels aussi. Les femmes célibataires sont reconnaissables à leurs jupes colorées et à leurs larges châles noirs qui leur recouvrent la tête. Les jeunes gens arborent un long bonnet blanc et rouge qui n’est pas sans rappeler ceux que portent les danseurs de jotas en Espagne. La façon même de le porter, sur les côtés, ou en arrière, a un sens. Pas de divorce ici.
Après plusieurs mois de concubinage, le mariage, qui dure une semaine, est un pacte à vie. La femme, qui se coupera les cheveux pour tisser la ceinture que portera son futur mari, arborera au bas mot quelques 25 à 30 jupes. La nuit de noces peut alors s’avérer très longue pour les impatients. La vie est rythmée par la vente de l’artisanat familial dans la coopérative. La principale activité économique reste l’agriculture vivrière et la pêche qui souffre néanmoins d’un caractère intensif familial. Quant au tourisme dont on pourrait croire qu’il menacerait les us et coutumes ancestrales, il s’avère être le garant de leur perpétuité afin de séduire l’œil des étrangers qui viennent combler en ces lieux combler leur curiosité, assurent les autorités de Taquille. 
 
Près de deux heures de navigation plus loin, les îles flottantes  offrent un dépaysement surprenant. On raconte que des esclaves échappés des mines de Potosi en Bolivie auraient peuplé cette partie du lac. Les Urus se composent de près de 95 îlots artificiels bâtis sur des roseaux.
 
Passés les quatre mois que dure la saison touristique (un gagne pain vital), le quotidien des habitants est rythmé par la dureté des conditions de vie forcément précaires. Tout fait défaut, en dépit de l’existence de dispensaires et d’écoles, poussant les plus jeunes à l’exode vers les grandes villes.
 
La plus proche, Puno, accueille le 3ème carnaval du continent. Mais cette cité de 180.000 habitants est surtout réputée pour ses trafics en tout genre. Située à deux heures de route de la Bolivie, la contrebande y est pour ainsi dire chez elle.

Cathy Ceïbe : http://www.humanite.fr/blogs/sur-le-plus-haut-lac-du-monde-navigable-554433

15:19 Publié dans AL-Pays : Pérou, Amérique Latine, Carnet de voyage, Voyage | Tags : pérou, lac | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg