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28/10/2014

Brésil, Uruguay, Bolivie : Les urnes plus fortes que les marchés

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Les « latinos », appelés avec mépris « sudacas » en Espagne, sont masos. Ils en redemandent !

Le latifundium médiatique et ses « terratenientes » de la politique pensaient « libérer », faire tomber le géant brésilien pas assez docile à leurs mirettes, et non aligné sur la « libre » entreprise, le « libre » commerce, la « libre » soumission...

Les adversaires de cette liberté en cage préfèrent l’intégration régionale équitable aux génuflexions enchaînées devant l’Union européenne et les Etats-Unis. Les temps changent... « L’arrière cour des Etats-Unis » est aujourd’hui la soumise Union européenne.

Dilma, donnée battue, et rebattue, et rabattue, n’est selon la plupart des médias de l’empire qu’ « élue de justesse ». Je traduis : il est juste qu’elle soit élue avec 51,64% des suffrages exprimés... tout comme l’avait été « victorieusement » Monsieur Normal en France.
 
Après la campagne haineuse, violente, calomnieuse, mensongère, que Dilma a essuyé de la plupart des médias brésiliens (aussi libres que sardines en boîte), et de tous les candidats coalisés derrière le très droitier Aécio Neves, sa réélection constitue un évènement majeur.
 
Le clivage gauche-droite a été réactivé et peut pousser Dilma à s’attaquer au « modèle », à promouvoir des changements structurels, une réforme politique... Le peuple brésilien a majoritairement refusé le retour au néolibéralisme pur et dur et non faussé. Il sait que les salaires ont augmenté, que le taux de chômage est bas, que la redistribution a sorti de l’extrême pauvreté plus de 35 millions de personnes, et ce malgré tous les malgrés .
 
uruguayvasquez.jpgEn Uruguay voisin, le candidat du « Front large » , l’ex-président Tabaré Vasquez, « modéré », a obtenu plus de 47% au premier tour! « Pepe » le modeste, le vraiment normal, a bien fait son taf. En Amérique du sud les malades se portent bien, merci ! A faire rêver nos « démocraties occidentales » en passe de devenir « Républiques bananières ». 
 
Et plus encore : les Indiens boliviens ont flanqué une claque magistrale au « poker du mal » : FMI, BM, OMC, UE, BCE.
« El EVO » a dédié sa victoire à Fidel et à Chavez !! Des bolchos !!
 
morales1507.jpgEVO a été réélu pour la troisième fois dès le premier tour avec 61% des voix. Des scores « soviétiques », à faire crier au bolchévisme le patron du canard vénézuélien « Tal Cual », Teodoro Petkoff, ancien guérillero devenu « plus libéral que moi tu meurs » et coqueluche des médias français.
 
Oh, rien n’est irréversible, mais le « reflux », « l’usure », « la restauration néolibérale », tant annoncés par les cireurs de bottes de l’empire et du capitalisme, finalement ces prédictions s’apparentent plutôt à la marée montante. Que d’enseignements et d’encouragements pour nous ! Que de raisons pour redoubler de solidarité ... Sol-idaires comme le soleil ; « inti » en aymara, la langue de Evo Morales . « Jallalla » ! Vive ! 
Non non non la rêvolution n’est pas morte...

Jean Ortiz, universitaire: http://www.humanite.fr/blogs/bresil-uruguay-bolivie-les-urnes-plus-fortes-que-les-marches-555890

06/08/2014

FIDEL CASTRO : "Holocauste palestinien à Gaza."

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De nouveau je prie Granma de ne pas réserver un espace de premier plan à ces quelques lignes, relativement brèves, sur le génocide qui est en train d’être commis contre les Palestiniens. Je les écris vite, seulement pour laisser une trace de ce qui nécessite d’être médité profondément.

Je pense qu’une nouvelle et répugnante forme de fascisme surgit avec force en ce moment de l’histoire humaine, où plus de sept milliards d’habitants luttent pour leur propre survie. Aucune de ces circonstances n'a à voir avec la création de l'Empire romain il y a environ 2400 ans ou de l'empire américain qui, dans cette région du monde, il y a tout juste 200 ans a été décrite par Simón Bolívar quand il s'est exclamé que "... les Etats-Unis semblent destinés par la Providence à couvrir l'Amérique de misères, au nom de la liberté ".

L'Angleterre a été la première véritable puissance coloniale qui exerça sa domination sur une grande partie de l'Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Australie, en Amérique du Nord, et dans la plupart des îles des Antilles, dans la première moitié du XXe siècle.

fidel castro,palestineJe ne parlerai pas à cette occasion, des guerres et des crimes commis par l'empire des Etats Unis pendant plus de cent ans, mais souligner qu'il voulait faire avec Cuba, ce qu’ il a fait avec beaucoup d'autres pays dans le monde, et qui n'a servi qu’à prouver qu' »une idée juste depuis le fond d'une grotte est plus puissante qu'une armée."* L'histoire est beaucoup plus complexe que tout ce qui a été dit, mais c'est ainsi, dans les grandes lignes, que la connaissent les habitants de la Palestine et il est logique également que dans les médias modernes se reflètent les nouvelles qui arrivent quotidiennement, comme la guerre honteuse et criminelle dans la bande de Gaza, un morceau de terre où vit la population dans ce qui est resté de la Palestine indépendante jusqu’à à peine un demi-siècle.

L'agence française AFP a rapporté le 2 Août : "La guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël a causé la mort de près de 1800 Palestiniens [...] la destruction de milliers de maisons et ruiné une économie déjà très affaiblie ", même si elle n'indique pas, évidemment, qui a commencé cette terrible guerre. Puis elle ajoute : " ... Le samedi à midi l'offensive israélienne avait tué 1712 Palestiniens et en avait blessé 8900. L' ONU a pu vérifier l'identité de 1 117 morts, en majorité des civils [...] L'UNICEF a comptabilisé au moins 296 enfants morts. " "Les Nations Unies ont estimé [...] à environ 58900 personnes, les sans-abri dans la bande de Gaza." "Dix des 32 hôpitaux sont fermés et onze autres ont été affectés." "Cette enclave palestinienne de 362 km² ne dispose pas non plus des 'infrastructures nécessaires pour ses 1,8 millions d'habitants, surtout en termes de distribution d'électricité et d'eau.
"Selon le FMI, le taux de chômage dépasse les 40% dans la bande de Gaza, territoire soumis depuis 2006 au blocus israélien. En 2000, le chômage était de 20% et de 30% en 2011.

Plus de 70% de la population dépend, en temps normal, de l'aide humanitaire, selon Gisha. " Le gouvernement d'Israël déclarait une trêve humanitaire à Gaza à 07h00 GMT ce lundi, cependant, quelques heures après il rompait la trêve en attaquant une maison dans laquelle 30 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont été blessés et une enfant de huit ans est morte. La matinée de ce même jour, 10 Palestiniens mourraient en conséquence aux attaques israélites sur toute la bande de Gaza et le nombre total de Palestiniens assassinés s'élevait à presque de 2000.

Le massacre est arrivé à un tel point que "le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, a annoncé lundi que le droit d'Israël à la sécurité ne justifie pas le «massacre de civils» qu'il est en train de perpétrer Le génocide nazi contre les juifs a récolté la haine de tous les peuples de la terre. Pourquoi le gouvernement de ce pays pense-t-il que le monde sera insensible à ce génocide macabre qu’il commet aujourd'hui contre le peuple palestinien?

Peut-être espère-t-on que soit ignorée la complicité de l'empire américain dans ce massacre éhonté ? L'espèce humaine vit une étape sans précédent dans l'histoire. Un choc d'avions militaires ou de navires de guerres qui se surveillent étroitement ou d'autres faits similaires peuvent déclencher l'utilisation d'armes modernes sophistiquées qui pourrait se transformer en la dernière aventure connue de l'Homo sapiens.

Il y a des faits qui reflètent l'incapacité quasi totale des États-Unis à affronter les problèmes du monde actuel. On peut affirmer qu’il n’y a pas de gouvernement dans ce pays, ni le Sénat, ni le Congrès, la CIA ou le Pentagone qui détermineront le résultat final. Il est vraiment triste que cela se produise alors que les dangers sont majeurs, mais également les possibilités d'aller de l'avant.

Quand, dans la grande guerre patriotique, les citoyens russes ont défendu leur pays comme des Spartiates, la pire erreur des Etats-Unis et de l'Europe a été de les sous-estimer. Leurs alliés les plus proches, les Chinois, qui comme les Russes, ont obtenu leur victoire à partir des mêmes principes, constituent aujourd'hui la force économique la plus dynamique de la terre.

Les pays veulent des yuans, et pas des dollars, pour acheter des biens et des technologies et accroître leur commerce. Des forces nouvelles et essentielles ont surgi. Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l' Afrique du Sud, dont les liens avec l'Amérique latine, la plupart des pays des Caraïbes et d'Afrique qui luttent pour le développement, constituent la force qui à notre époque est disposée à collaborer avec les autres pays du monde sans exclure les Etats-Unis, l'Europe ou le Japon. Accuser la Fédération de Russie de la destruction en vol de l'avion de la Malaisie est d'un simplisme navrant.

Ni Vladimir Poutine, ni Sergey Lavrov, ministre des Affaires étrangères de Russie, ni les autres dirigeants de ce gouvernement ne feraient jamais semblable absurdité. Vingt-six millions de Russes sont morts pour la défense de la Patrie contre le nazisme. Les combattants chinois, hommes et femmes, fils d'un peuple de culture millénaire, sont des gens d'une rare intelligence et dotés d'un esprit de combat invincible, et Xi Jinping est l'un des leaders révolutionnaires les plus déterminés et capables que j'ai rencontrés dans ma vie.

Fidel Castro Ruz

*José Marti

11:26 Publié dans AL-Pays : Cuba, Histoire, Point de vue | Tags : fidel castro, palestine | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

26/07/2014

26 JUILLET 2014 : AMIS CUBAINS, BONNE ET GRANDE FÊTE NATIONALE !

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La Moncada, 26 juillet 1953 !
par Michel Taupin

Il y a 61 ans, très loin d'ici, dans une île soumise au joug d'occupants et de despotes depuis des siècles, un jeune homme de 26 ans s'est levé... et a changé son destin. La France a choisi le 14 juillet pour sa fête nationale, jour de la prise de la Bastille, une forteresse symbole d'une monarchie absolue ; Cuba, elle, a choisi le 26 juillet, jour de l'attaque de la MONCADA à Santiago de Cuba, la seconde caserne en importance du pays, une autre forteresse, symbole de la dictature violente et corrompue de Batista.

Malgré l'échec de la tentative, cette attaque lancée le 26 juillet 1953, un jour de carnaval, par un groupe de 123 jeunes révolutionnaires, emmené par un jeune avocat charismatique, passionné de politique et doté d'une intelligence, d'un charisme et d'une personnalité hors du commun, marquera la fin de l'obscurantisme à Cuba et les prémices d'un retour aux Lumières, ces Lumières qu'en France, une frange privilégiée, réactionnaire et cupide s'acharne depuis deux siècles a éteindre une à une... Le vent de l'espoir avait soufflé sur Cuba et répandu les germes de la liberté dans tout le pays.

Avec le triomphe de la Révolution, s'achevait enfin l'oppression multiséculaire de tout un peuple, ouvrant en grand devant lui, les portes d'une ère nouvelle, celle de l'indépendance du pays et de sa souveraineté si chères à José Marti, mais aussi annonçant l'avènement d'une société humaniste démocratique, fondée sur le respect et la dignité de l'être humain, en lui octroyant des droits fondamentaux encore inimaginables à cette époque et dans cette région, comme l'accès gratuit aux connaissances, et à la santé.

Ce ne fut donc pas un feu de paille, ni une poussée de fièvre romantique, comme ricanaient certains... Non, le monde constata, stupéfait, que les idées pour lesquelles le peuple s'était battu et avait triomphé de la barbarie, s'emparaient du monde réel et mettaient en action jour après jour, année après année, avec détermination, intelligence et avec l'approbation pleine et entière des cubains, une société libre, égalitaire et fraternelle, une société socialiste aux couleurs de Cuba.

Mais c'était sans compter sur la haine de l'Empire et ses vassaux qui ne supportaient pas ce qu'ils prenaient pour un défi insensé. Alors ils n'ont eu qu'une obsession depuis 55 ans : détruire par tous les moyens, un modèle social révolutionnaire honni par les puissances libérales qui ne voyaient en lui qu'un exemple d'émancipation des peuples à ne surtout pas suivre. Blessée, martyrisée, étouffée, Cuba a résisté... et Cuba résiste toujours ! C'est ainsi que la résistance héroïque du peuple cubain et sa révolution permanente ont non seulement réduit à néant cette entreprise abjecte, mais ont attiré la solidarité active de la majeure partie des peuples de la planète et essaimé en Amérique latine les germes de la révolte.

Avec Cuba Si France, je suis fier d'avoir été aux côtés du valeureux peuple cubain et de ses courageux dirigeants et notamment du premier d'entre eux, ce géant de l'Histoire qu'est devenu le Commandant en chef Fidel Castro, dans l'âpre combat que leur impose depuis un demi-siècle un Empire corrompu et revanchard, tout en préservant résolument leur modèle social. Merci hommes, femmes, enfants de Cuba, pour l'exemple que vous donnez au monde... Jamais nous ne vous abandonnerons !

Cette commémoration devrait nous rendre heureux. Pourtant, une tragédie insupportable l'assombrit. En effet, comment ne pas hurler notre émotion, notre indignation devant la tragédie que le peuple martyr de Palestine est en train de vivre ?!

Nos amis palestiniens de Gaza subissent depuis quelques jours un déluge insensé de feu et de sang, un véritable massacre perpétré par Israël, des crimes de guerre que les Etats-Unis et l'Europe officiels tentent honteusement de justifier. Heureusement les peuples, eux, s'insurgent contre la barbarie ! Heureusement, l'Amérique latine dans sa quasi totalité condamne l'offensive meurtrière de l'Etat d'Israël !

Cuba Si France ne peut qu'exprimer sa vive émotion et sa totale solidarité avec le peuple palestinien et exiger le retrait des meurtriers et leur mise au ban de la Communauté Internationale.

Vive Cuba Libre,
Vive la Palestine libre !
MT

09/11/2013

Bolivie : Les charognards sont à l'affut

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L'été de Pau à La Paz, par Jean Ortiz. Au moment où les "Indigènes" (en Bolivie on utilise plus ce terme que celui "d'Indiens") trouvent enfin reconnaissance, considération,  "protagonisme", et épanouissent leurs langues, leurs cultures, ne voilà-t-il pas qu'un recensement officiel jette un trouble inattendu.

Au précédent recensement de 2001, 38% de la population déclarait n'appartenir à aucun des 36 peuples indigènes reconnus par la Constitution. Le recensement de 2012, à première vue, indiquerait une baisse des "peuples premiers". Ils ne représenteraient que 42% de la population  (les plus nombreux étant les quechuas). Ces résultats étonnants sont contestés  car pour certains les questions auraient été maladroites, mal posées, les"sondeurs" inexpérimentés, le délai trop court, précipité...

Qu'à cela ne tienne: tout fait ventre pour la droite néocoloniale, "blanche", raciste, de Santa Cruz et des départements de la "demi-lune", celle qui tenta un coup de force séparatiste. Elle s'est emparée goulument de ces pourcentages pour tenter de relancer les affrontements ethniques et plaider en faveur d'une "Bolivie majoritairement métis" (entendez "blanche"), qui serait discriminée par la politique, qu'elle qualifie  d'"indigéniste", du gouvernement Morales. "Finissons-en avec cette vilaine souillure indienne!" Le racisme pointe son nez, plus long que celui de Pinocchio. La droite, l'oligarchie, ont  toujours considéré les Indiens comme un handicap pour le pays, quasiment comme des animaux.

Alors tout est bon contre "le gouvernement des mouvements sociaux", y compris jouer avec le "nationalisme" racial et le feu raciste. Durant des siècle la "Bolivie métis" des colonisateurs, des capitalistes, effaça les Indiens du paysage, les nia, écrasa, exploita,"esclavisa"... On appelle cela un "ethnocide". Le vice-président Linera confirme cette analyse: "parler de nation métis c'est en réalité occulter un ethnocide commis par une classe sociale; parler de nation et d'Etat boliviens et de nations culturelles indigènes originelles , paysannes, permet de faire preuve du respect et de la reconnaissance des nations ancestrales, mais aussi d'affirmer une construction commune contemporaine, que nous bâtissons ensemble autour de notre identité bolivienne".

Les résultats étonnants de ce recensement, les conditions du recensement elles-mêmes, méritent étude sereine. Le colonialisme externe et interne n'a pas désarmé; il a toujours posé les problèmes sociaux et nationaux en termes raciaux. Aujourd'hui, être Indien est devenu enfin "normal". On est passé de la revendication identitaire à sa matérialisation quotidienne, à la dignité retrouvée, à une citoyenneté épanouie. Cette émancipation porte en elle de grandes potentialités pour reconstruire le pays et penser le monde autrement. Le régime d'hier, excluant,  fondé sur une prétendue hégémonie "non indienne" et la domination de classe des vieilles élites,  des grands propriétaires, perd peu à peu du terrain. Hier, être Indien c'était être "archaïque", improductif, considéré comme un frein au "progrès", et mille autres lieux communs stigmatisants. Les rituels étaient quasiment clandestins, "honteux". La ritualité, aujourd'hui, n'est plus l'exclusivité des seuls "Indigènes".

Le pays se "décolonise" contre vents et marées. Le MAS et EVO MORALES ont récupéré "ce qui est communautaire, donc de tous", et une fierté nationale qui essaime. Les 36 "peuples premiers" portent désormais une révolution, et une "modernité" (qui n'est pas la nôtre,  "l'occidentale", dont on sait ce qu'elle vaut). Les valeurs du "buen vivir" viennent de loin et portent loin. Il est de plus en plus difficile de caricaturer ces citoyens qui bâtissent une société où il fera bon vivre ensemble et où nul n'écrasera l'autre ni ne blessera la nature, la terre, la Pachamama (août est le mois des offrandes, du "pago", des rituels de la "wajta"). Tout cela peut expliquer sans doute pourquoi l'on se revendique désormais moins en termes d'appartenance ethnique. Qui plus est, la Bolivie n'est plus un pays majoritairement rural. Les paysans sont Indiens mais tous les Indiens ne sont pas paysans. A La Paz, ils tiennent des échoppes dans la rue, travaillent en usine ou sur les chantiers...

Beaucoup se sont prolétarisés tout en essayant de conserver leurs traditions communautaires dans leur nouveau milieu.  Il n'est pas facile de recréer et faire vivre des "communautés" dans les quartiers populaires, mais les "pratiques ancestrales" restent vivantes... Un nouveau système économique  où l'Etat décentralisé (trois niveaux d'autonomies) veut jouer un vrai rôle régulateur , redistributeur, ce que l'on appelle ici la transition "post-capitaliste", se consolide progressivement, malgré des tâtonnements, des conflits  et les tentatives de déstabilisation de la droite "blanche". On est en période d'apprentissage, de laboratoire quotidien inédit.

Equilibre. Harmonie. Mise en commun, sont les maîtres-mots.Tout cela semble avoir brouillé les cartes. Ces premiers éléments d'analyse, à chaud, méritent une réflexion plus poussée, plus dialectique, plus fine, mais sans parti pris raciste.

Jean Ortiz, pour l'Humanité