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26/03/2016

Cuba et l’ignorance de certains journalistes

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Il faut grandement féliciter le président des États-Unis d’avoir effectué cette visite historique à Cuba afin d’essayer d’harmoniser les relations diplomatiques entre les deux pays. Mais la levée de l’embargo économique, qui coûte chaque année des milliards de dollars à Cuba, n’est pas pour demain. Ce n’est pas seulement les républicains américains qui s’opposent à la fin de cet odieux et criminel embargo, mais aussi l’État de Floride qui perdrait alors des milliers de touristes au profit de Cuba.

Il y a aussi l’industrie pharmaceutique qui ne veut pas voir déferler aux States les médicaments développés par la dynamique industrie étatique pharmaceutique cubaine, ainsi que la lucrative business des hôpitaux et des médecins privés américains cotés à la Bourse qui verrait des millions de malades aller se faire soigner sur l’île socialiste. C’est également sans compter les producteurs de fruits et de légumes, etc.

Ce n’est qu’en 2015 que les États-Unis ont retiré Cuba de leur liste noire des États «soutenant le terrorisme». Vraiment ridicule. Parlant de terrorisme, que font les States sur l’île même, à Guantanamo pour être plus précis? Des centaines de personnes emprisonnées sans procès et torturées en plus de ça. Que les Américains, par respect pour le peuple cubain, posent leurs gestes ignobles ailleurs que sur l’île cubaine. Guantanamo, qui fait partie intégrante de Cuba et qui lui a été subtilisée, pour ne pas dire volée, il y a environ 100 ans, doit être restituée à Cuba. C’est la moindre des choses.

À propos des reportages sur Cuba dans notre presse écrite

Mes amis, vous le savez bien, ma patience est presque infinie, et je fais toujours preuve d’une retenue et d’une réserve exemplaires. Mais là, en lisant les comptes-rendus de nos journalistes de la presse écrite sur le récent voyage de Barack Obama à Cuba, j’ai sauté une coche et des fils se sont touchés. Ça ne se peut pas. Pour la millième fois, nos journalistes en ont profité pour déblatérer de nouveau sur Cuba. Ben oui, tout le monde sait qu’à Cuba les gens sont épiés et surveillés (pourtant autant qu’aux États-Unis) et qu’en plus, ils sont ostracisés, emprisonnés et même torturés. Un système plus que totalitaire que nous répètent à satiété nos journalistes. À Cuba, il n’y a pas de criminels, seulement des prisonniers politiques. En plus de subir la répression, les Cubains sont tous pauvres et sous-alimentés qu’ils nous disent. L’enfer ce n’est pas l’autre, c’est Cuba.

Je m’excuse, mais tenir de tels propos sur Cuba relève de l’ignorance et d’un niveau d’endoctrinement maladif chez certains de nos «professionnels» de l’information qui sont pourtant censés produire une information neutre et objective. Oh, pas du tout, je n’insulte pas les journalistes en disant ça, je ne fais que constater empiriquement ce qui a été écrit sur Cuba dans nos médias. Je me dois de parler franchement à certains de mes amis journalistes.

Des réalisations extraordinaires passées sous silence

Cuba a un des meilleurs systèmes de garderies, de santé, d’éducation, d’aide internationale, etc. au monde, et ça, pour nos journalistes émérites, ne compte pas. À Cuba, toutes les personnes, peu importe leur statut, ont un médecin de famille et plus; se font soigner et opérer rapidement; n’attendent pas vingt heures à l’urgence; jouissent de la gratuité des médicaments; ont le privilège d’aller de la garderie à l’université gratuitement; ont un meilleur système de transport en commun qu’ici, etc. Toute une dictature! Être soignés et éduqués comme le sont les Cubains, ça ne fait pas partie de la sacro-sainte notion de liberté individuelle qu’ont mes amis journalistes.

Je le demande: elle est où la «liberté» quand vous n’avez pas de médecin de famille et quand vous attendez vingt heures à l’urgence? Ou encore plus d’un an avant de vous faire opérer? Elle est où votre liberté quand vos enfants fréquentent des écoles avec plein de moisissures et quand les jeunes vont à l’école sans rien avoir mangé et qu’ils n’ont pas droit à des services spécialisés comme à Cuba? Ben oui, ici la notion de démocratie et de liberté est assimilée principalement au fait de pouvoir aller voter aux quatre ans pour l’un des trois partis politiques qui ont, disons-le, à peu près tous le même programme (CAQ, PQ et PLQ).

Quelques faits sur Cuba

Pauvres et privés de liberté les Cubains, vous dites? Pouvez-vous alors m’expliquer pourquoi Cuba est l’un des pays les plus riches en centenaires au monde par habitant? «Le club des 120 ans. Le secret des centenaires cubains» (Le Journal de Montréal, 21 mai 2010). Ils ont la couenne dure ces Cubains pour vivre aussi vieux en étant opprimés et affamés toute leur vie. Commencez-vous à vous poser des questions, mes amis?

Saviez-vous que l’indice de développement humain de l’ONU place Cuba parmi les plus avancés (44e rang sur 187 pays) pour ce qui est de l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et le niveau de vie? Eh oui, le niveau de vie, mes amis. Saviez-vous aussi que les taux de mortalité infantile et prénatale sont plus bas à Cuba qu’aux States? Et puis, saviez-vous qu’à Cuba on compte seulement 3 % d’analphabètes contre environ 12 % au Québec? Saviez-vous que l’espérance de vie à la naissance atteint le même niveau que les pays développés (78 ans)? Toujours selon l’ONU, l’indicateur de développement humain est de 8 ½ sur 10 à Cuba. Je suppose que tous ces faits ne font pas des Cubains des gens effectivement plus libres que dans la majorité des pays du monde et même plus qu’au Québec? Eh oui, plus qu’au Canada.

Aide internationale fournie par Cuba

Paroles du secrétaire d’État américain John Kerry concernant l’épidémie de fièvre Ebola: «Je voudrais remercier Cuba pour son aide dans la lutte internationale contre la fièvre hémorragique. Cuba, un pays d’à peine 11 millions d’habitants, a dépêché 165 professionnels de la santé en Afrique de l’Ouest et prévoit en envoyer près de 300 de plus» (La Presse, 27 octobre 2014, texte de Richard Hétu). Mes amis, le Québec supposément démocratique a envoyé combien de docteurs en Afrique?

Ah ben, en voilà une autre bonne rapportée dans Le Journal de Montréal du 12 juillet 2013: «L’Organisation mondiale de la santé a officiellement déclaré hier Cuba comme le premier pays au monde à avoir éliminé la transmission du virus du sida (VIH) et de la syphilis de la mère à l’enfant». Toujours rien à voir avec les notions de liberté et de démocratie?

J’en aurais plein d’autres qui pourraient vous aider à vous ouvrir les yeux et les oreilles, mais en voici une drôle: «Des Américains étudieront la médecine à Cuba» (La Presse, 29 octobre 2015). C’est l’université du Michigan qui va envoyer ses apprentis médecins étudier dans les hôpitaux cubains. Tiens, une autre dernière: «Se faire soigner à Cuba. Des Québécois s’y rendent même pour traiter leur cancer» (Le Journal de Montréal, 23 mars 2009). Et pas seulement des Québécois, loin de là!

Visites du pape à Cuba

En 2012, visite du pape Benoît XVI à Cuba, 14 ans après celle de Jean-Paul II. En 2015, visite du pape François à Cuba et en 2016, toujours sur l’île «communiste», le pape François rencontre le chef de l’Église orthodoxe russe Kirill. Mais que font ces religieux dans un pays qui, selon nos amis journalistes, brime les libertés individuelles, emprisonne les opposants, même les soi-disant résistants «modérés» et opprime sa population? Ben oui, l’Égypte, l’Arabie Saoudite, l’Ukraine «libérée», le Honduras ou encore l’Érythrée apparaissent comme des formidables démocraties lorsqu’on les compare à Cuba. Vraiment tout le monde sait ça. Ah ben! c’est à La Havane en 2015, et c’est Cuba qui a agi comme médiateur dans les conflits meurtriers opposant le gouvernement de Colombie et la guérilla des FARC. Franchement, un pays de la droite comme la Colombie, qui choisit Cuba, ce pays maudit, comme conciliateur... Mes amis journalistes, j’espère que vous commencez à comprendre!

Leçon d’histoire

Mes amis, depuis la révolution cubaine, initiée par Fidel Castro il y plus de cinquante ans, les Américains et d’autres ont financé généreusement plusieurs organisations cubaines et étrangères, souvent des ONG avec des noms très angéliques, afin de renverser le gouvernement socialiste cubain, comme ils l’ont fait récemment avec succès en Ukraine, au Honduras, en Égypte, etc. Aie! Cuba est à 90 kilomètres des States. Si les Américains n’ont pas réussi leur putsch, c’est grâce au peuple cubain, éduqué et conscientisé, qui tient à son merveilleux système. Un point c’est tout. Ah oui, les States ont manigancé plusieurs fois afin de liquider Fidel Castro. Pour les journalistes, il faudrait laisser passer toutes les ONG et tous les dissidents «modérés» financés par l’étranger afin de renverser le gouvernement cubain et d’agir à leur guise sur l’île. Renverser le gouvernement actuel à Cuba au profit de qui au juste? Des gens qui, comme ici, instaureraient le principe de l’utilisateur-payeur dans les services publics cubains mille plus développés et accessibles qu’au Québec?

On peut regarder ce qui est déjà arrivé en Amérique du Sud en lisant bien ces titres d’articles de journaux:

«Henry Kissinger a appuyé la dictature militaire en Argentine. Selon des documents déclassifiés, l’ex-secrétaire des États-Unis a approuvé la répression sanglante de la junte au pouvoir entre 1976 et 1983» (La Presse, 23 août 2002).

«Guatemala: la CIA derrière un coup d’État en 1954» (La Presse, 16 mai 2003). Et qui fut derrière le récent putsch au Honduras? Et qui était derrière l’enlèvement du défunt président du Venezuela Hugo Chavez?

«La CIA admet ses liens avec le chef de la police secrète chilienne sous Pinochet» (Le Journal de Montréal, 20 septembre 2000). Et qui a financé les contras au Nicaragua afin de renverser le président élu Daniel Ortega?

Ben non, ces choses-là ne pourront jamais se produire à Cuba. De toute façon, même quand il y a un putsch militaire qui renverse un gouvernement élu démocratiquement comme en Égypte, en Ukraine et au Honduras, si le nouveau gouvernement mis en place par les militaires est du côté des Occidentaux et est favorable au libre marché, c’est alors une bonne dictature. Il y a, comme ça, dans le monde, les bonnes et les mauvaises dictatures.

Et la démocratie au Québec dans tout cela

Quand un premier ministre déclare ce qui suit, comme l’a fait Philippe Couillard, faut nécessairement se poser des questions sur la vraie valeur de notre démocratie: «Non, la majorité n’a pas toujours raison. Le courage politique consiste à affirmer et à maintenir des positions différentes [allô démocratie] si elles s’appuient sur des principes profonds» (La Presse, 12 décembre 2013). Couillard qui parle de principes profonds, faut le faire. Et où est la démocratie quand le PLQ impose ses mesures d’austérité à l’encontre de la volonté de la majorité et quand le premier ministre a le culot de déclarer: «Les coupes ont touché les plus vulnérables admet Couillard» (Le Devoir, 23 septembre 2015). Pas les plus riches, mais les plus vulnérables. Au contraire, des coupes qui ont profité aux gras dur en «libérant» des fonds publics.

Et puis, quand dans une province comme le Québec on érige la corruption en système, on devrait se garder une petite gêne quand vient le temps de faire la leçon aux autres pays en termes de démocratie et de liberté individuelle, notamment les journalistes. Pourquoi ne pas venir avec moi en décembre prochain à Cuba dans ce petit village (Guanabo) de 5000 habitants situé à environ 40 kilomètres de La Havane. Je vous ferai alors visiter une garderie, une école secondaire, une clinique médicale et, prenant le transport en commun qui mène directement à La Havane, on ira visiter un hôpital, une école de médecine et une université. Ah oui, à Guanabo, on assistera ensemble à une assemblée d’un arrondissement et d’une commission scolaire. Vous allez voir que les Cubains n’ont pas la langue dans leur poche. On parlera aussi aux gens dans la rue et on observera leur façon de faire. Ça coûtera ce que ça coûtera aux organes de presse, mais ça va valoir la peine. En passant, couvre-feu à 10 heures le soir, et pas question de partir sur la «go». On aura une grosse semaine de travail devant nous; faut admettre qu’on part de loin.

Léo-Paul Lauzon, le journal de Montréal

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10:18 Publié dans AL-Pays : Cuba, Point de vue, Société | Tags : cuba, journaliste, société | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

31/03/2015

Pourquoi Abdelaziz Bouteflika n’est pas Fidel Castro ?

bouteflika1.jpgcastro1.jpgPar Le Matin
 
Deux malades au sommet d’un pays en héritage pour un frère chéri qu’ils ont oublié d’enfanter.

Le premier est sorti du chapeau d’un Merlin qui n’a rien d’enchanteur, Boumediene. Fidèle disciple, il a fait à son tour jaillir derrière son dos un frangin masqué avant de s’asseoir sur le trône cadeau des généraux aux fausses médailles dorées, mais lingots 24 carats certifiés.

Avec la méthode bien rodée de l’instabilité au secours du changement et l’inverse, il est venu après une guerre dite civile et deux présidents in vitro grâce aux mêmes donneurs. L’un, soi-disant, a démissionné et l’autre, soi-disant, assassiné par un déséquilibré.

Quant à Fidel, malgré le record au monde des tentatives d’assassinat, 648 depuis 1959 en majorité commis par la CIA (Wikipédia), il n’a pas chômé et a pris tous les chemins de la croix malgré son athéisme. C’est lui, talonné par son frère Raûl, le Mouvement du 26 juillet reconnu comme le point de départ de la révolution cubaine. Emprisonnés à deux pendant des années puis exilés avant la rencontre avec le "Che" Guevara pour sauver Cuba des griffes de la dictature corrompue de Batista.

Souvenons-nous, Abdelaziz aussi est venu en cadeau du ciel, en sauveur pour décapiter l’hydre islamiste et apportant la Concorde pour tous. Mais comment confondre fakhamatouhou avec El Comandante ? Le premier est le meilleur courtisan de la Première puissance au monde, l’autre en est l’entêtante épine d’Eisenhower à Bush Junior. "…en janvier 1961 la CIA s’était donnée comme objectif le renversement de Fidel Castro…qui ne menaçait aucunement la sécurité des États-Unis, mais avait nui fortement à ses intérêts économiques en augmentant le prix du sucre et du tabac..." (1)

Déjà la grande Amérique s’identifiait à ses sucreries et ses cigarettes comme elle s’identifie aujourd’hui à Wall Street. En avril 2004, 77 entreprises ont été condamnées à une amende de 200 millions de dollars pour non-respect de l’embargo, le plus long de l’Histoire, imposé par les USA contre Cuba… Heureusement que Fidel, pire cauchemar de la Banque, est "aseptisé" et "stérile". Quand dans les années 1990 la rumeur l’avait accrédité d’un compte helvétique de 1,5 milliard, le leader Maximo a répliqué : "Si quelqu’un trouve 1 seul dollar dans un compte étranger, je démissionne immédiatement !"

La CIA s’était empressée de relever le défi, en vain. Que dire d’Abdelaziz, l’anti-Fidel, il suffit de remonter au temps où il était le célèbre ministre des Affaires étrangères de l’Algérie indépendante. Houari Boumediene n’a pas hésité à faire un coup d’État avec le risque d’un bain de sang national parce que le fauteuil de son "chouchou" était menacé. Sans parler du pardon de Chadli pour les frasques sonnantes et trébuchantes, de l’exil doré entre Genève, Paris ,Doha et le retour à point pour la fabuleuse envolée de l’or noir et d’une Concorde autocollante.

Quant à Fidel, il est resté fidèle au poste subissant le cordon sanitaire occidental depuis plus d’un demi-siècle avant que la maladie ne le frappe au même moment qu’Abdelaziz. L’un soigné par des Français en France, l’autre par des Cubains à Cuba.

Il faut préciser la "délocalisation" à l’ère de la mondialisation, telle l’origine ethnique quand on parle de la nationalité française. Il ne manquerait plus de prendre Moh ou Mohamed pour un Gaulois et le pousser vers le vide de l’église pour lui épargner la bousculade de la mosquée. Une étude sur les civilisations menée par des mathématiciens et financée par la NASA vient de révéler qu’il reste à peine 15 ans de vie à notre civilisation.

Ces experts se sont basés sur la similitude des facteurs qui ont mené à l’effondrement des anciens empires et ceux qui sévissent dans l’Empire d’aujourd’hui. C'est-à-dire le nombre d’êtres humains en déphasage avec la quantité de nourriture, l’écart abyssal entre les pauvres et les riches et les "crises de nerfs"climatiques. On le sait, le déséquilibre c’est la fin de la normalité. C’est le dépassement de la ligne rouge, pas celle d’Obama, mais de dame Nature. L’anomalie qui nous concerne est celle d’une Algérie, riche prospère zen qui n’a que des amis puissants n’ayant jamais connu d’embargo surtout pas en ce qui concerne la santé, se retrouve incapable de soigner son "messie".

cubaecoles.jpgCuba, la pestiférée, sans pétrole n’a pas seulement réussi sa santé, mais aussi son école, son agriculture, son tourisme, etc. Tout ce que l’Algérie a lamentablement échoué malgré les immenses potentialités qui font l’unanimité. Saïd, le frangin bien nommé, apparaît dans les coulisses en dauphin officiel mal connu, une sorte d’énigme sans énigme.

D’après Wikipédia on lui attribue un doctorat de l’Université Pierre-et-Marie-Curie à Paris, spécialité l’intelligence artificielle. Mystérieuse ombre désintégrée dans la "transparente maison en verre" de l’illustre frère. Fatalement, la populace qui adore les lumières s’en méfie, qui rêve d’horizons visibles ne branche pas. Contrairement à Raul qui progresse en douceur depuis le début sous les projecteurs telle la tortue expérimentée et lucide qu’aucun lièvre ne saura ridiculiser.

Loi impitoyable des espèces : un cafard ne peut engendrer qu’un cafard. Manipuler les gènes, on obtiendrait un monstre à défaut d’une colombe. Le leader Maximo se meurt encensé par tout un peuple tandis que fakhamatouhou n’est plus qu’un invisible corps en perfusion dont le clan au lieu de l’enterrer aboie son ingratitude en diversion. "Qui dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel effet ?", dit la théorie de Lasswel remise en question dès 1950 par les Américains qui lui reprochent l’oubli des leaders d’opinion chargés de transmettre le message.

Traduction : le messager est plus important que le contenu de son message. Sans la confiance, on n’atteint jamais la masse. Ah si l’Algérie pouvait passer en douceur d’Abdelaziz à Saïd comme l’ile des grandes Antilles de Fidel à Raul. Mais l’Algérie n’est pas Cuba, dira Djouha. La première n’est île qu’en langue arabe et le chercheur en langue arabe Salah Belaîd affirme : "…on peut reconnaitre un Tunisien ou un Egyptien à sa langue, mais pas un Algérien." (2)

Sans être un sourd-muet de naissance, l’Algérien, censé parler "sa" langue l’arabe, est le seul élément non identifiable dans le monde arabe. Il est loin le temps du tout à médire sur l’"ile maudite" de Cuba, l’enthousiasme est tel qu’on ne cesse de faire des documentaires sur la vie de ces étonnants Cubains tenus hors du monde depuis plusieurs décennies.

Une seconde découverte de Christophe Colomb ou une nouvelle planète qu’on croyait hostile et qui s’avère miraculeuse. Quant à l’Algérie, rien à dire, ni à médire sur "l’ile baraka" sans baraka. "Donnez-le-moi intelligent même s’il ne sait pas lire", dit le vieux proverbe.

La devise actuelle a fait mieux : sans aucune intelligence, il saura lire la pub que Castro a interdite. Castro qui a réussi à placer son pays au 3e rang avant les USA avec un taux d’alphabétisation de 99, 8 % (PNUD).

Cuba possède le taux de médecins par habitant le plus élevé au monde poussant les Occidentaux à venir s’y soigner avec des frais jusqu’à 60-80 % moins chers qu’en USA. En 1998, l’OMS a donné au Comandante la médaille d’or de la Santé pour tous.

En 2011 l’ONG "Save the Children" (organisation internationale américaine qui lutte pour les droits de l’enfant) a publié une étude sur la qualité des soins pour les enfants dans 161 pays. Cuba fut classé 8e avant l’Allemagne la France, l’Angleterre et les USA. L’industrie pharmaceutique cubaine est l’une des 6 au monde qui produit une protéine interferon (INF).

Elle produit aussi le facteur de croissance épidermique, les médicaments anticancéreux, le vaccin contre l’hépatite B et la liste est longue y compris celui contre le virus du sida qui est en bonne voie de réalisation. Selon la directrice de l’OMS, Margaret Chan juillet 2014 : "Cuba est le seul pays qui dispose d’un système de santé étroitement lié à la recherche et au développement. C’est la voie à suivre…"

En parlant de vaccins, on ne peut s’empêcher de penser au scandale du NIPA ou les «âmes mortes du NIPA» (Nouvel Institut Pasteur d’Algérie) (3) Le NIPA devait être le plus grand complexe de production de vaccins d’Afrique voire du monde. Il fut lancé en 1975 et avec la méthode à l’algérienne qui a fait ses preuves de réévaluations en réévaluations, les travaux ont fini par s’arrêter en 1983 après avoir englouti des sommes astronomiques au grand bonheur de la mafia de la santé et des rapaces du ciment. Boudiaf avait l’intention de rouvrir le dossier, mais il fut liquidé à temps.

Comme des «idiots», les Castro n’ont jamais pensé à cette facile rapide rentable ruse. Pour sauver son peuple de la famine due à l’effroyable embargo et la fréquence de cyclones meurtriers, le leader Maximo est passé d’une "agriculture intensive et productiviste dirigée vers l’exportation à une agriculture extensive et biologique de proximité." Pour réussir cet exploit, il a dû jouer au dictateur sans partage.

Des exploits, Bouteflika en a fait, d’étonnants même quand, à peine couronné Dey de la Régence d’Alger, il se précipita en juin 2000 à Paris pour déclarer aux députés français que l’Algérie veut entreprendre avec la France : « des relations « extraordinaires, non banales, pas normales, exemplaires, exceptionnelles."

Si au moins il avait utilisé la langue arabe où le lyrisme passe mieux, naturellement. 15 ans plus tard, ce qui parait le plus extraordinaire c’est de comparer le classement de Cuba à l’Algérie.

La jeunesse cubaine ne rêve plus de quitter leur ile et leur espoir va vers le fringant Raul qui totalise plus de 4 fois 20 ans. Corneille dans le Cid disait que la valeur n’attend pas le nombre des années, mais elle ne semble pas être écrasée par lui quand le corps n’abrite aucune pourriture. D’après le Figaro 25/03/ 2015, le prix du pétrole dans les prochains mois pourrait descendre jusqu’à 20 dollars conséquence de l’ampleur du stockage aux USA et de la production qui ne ralentit pas.

À ce prix-là combien d’Algériens seront sauvés par l’Algérie des Bouteflika comme Cuba des Castro a sauvé les Cubains après l’effondrement de l’URSS ? De 100 à 20 dollars c’est la division par 5 pour les 40 millions de déshérités qui viendront demander des comptes et trouveront la même réponse qu’en 1988. C’est parce que le prix du blé a été multiplié par 3 que Ben Ali est tombé suivi de Moubarak, premier importateur, dit-on. Qui peut ne pas lier l’estomac à la révolte ?

On nous dira ce n’est rien, rien ne va changer, on saura dépasser le problème. Dépasser le problème et rebelote l’instabilité avec la kalachnikov et le sabre en attendant le salam qui a gommé pour toujours le bonjour. Le changement cosmétique à la tête avec un prix subventionné par le ciel : le remplissage des cimetières par les réveillés trop tard. Des vies inutiles, des bouches de moins à nourrir… Dans "Essais" Philippe Muray le politiquement incorrect écrit : "…il n’y a plus rien à "dépasser" dans la mesure où les pouvoirs y sont, depuis longtemps déjà, aux mains de la mafia des Dépasseurs."

En conclusion Fidel va mourir en paix entouré d’un peuple reconnaissant qui attire les touristes des 4 coins du globe. El Comandante a compris que le meilleur rempart d’un chef c’est la confiance de ses subordonnés. Quant à fakhamatouhou, même les hyènes qu’il a gavées de cadavres grignotent ses os de son vivant. Contre tous, le castrisme a construit Cuba. Avec tous, le Bouteflikisme a fini par démolir l’Algérie.

Mimi Massiva

Renvois

(1) JFK 50 ans de manipulations (Laurent Guénot)

(2) (Recherche en langue arabe (el Watan 25/03/2015)

(3) Corruption et démocratie en Algérie (le médecin-journaliste Djillali Hadjadj)

16/02/2015

Histoire de notre Amérique : José Marti

100_9258.JPGIl nous est impossible de comprendre et d'analyser les événements d'aujourd'hui sans étudier le passé. L'histoire est ce miroir qui nous permet de voir ce qui nous a précédés et d'anticiper ce qui adviendra dans le futur. Voilà pourquoi on ne peut s'intéresser aux transformations qui secouent l'Amérique Latine depuis plus de 15 ans sans en chercher les racines.

Comprendre les révolutions cubaines, vénézuéliennes, équatoriennes, boliviennes, c’est aussi et avant tout étudier ceux qui ont pensé ces révolutions, ceux qui en ont été les instigateurs, ceux qui ont à travers leurs écrits et leurs luttes permis l’émancipation du continent latino-américain.

Parmi eux, le célèbre Simon Bolivar, El Libertador, éminent combattant pour l’indépendance de l’Amérique Latine, San Martin, père de l’indépendance chilienne et argentine, Sucre, vainqueur de la décisive bataille d’Ayacucho qui débouche sur l’indépendance du Pérou. Et parmi ces grandes figures de la libération, un homme va particulièrement marquer l’histoire de l’Amérique de son empreinte, il s’agit du cubain José Marti...

Vie et lutte de José MartiJosé Marti naît le 28 janvier 1853 à la Havane, dans une famille d’immigrés espagnols. Cuba est alors avec Porto Rico la dernière colonie espagnole d’Amérique. José Marti est à la fois un homme complexe et complet.

Personnage énigmatique, il continue à fasciner ceux qui dévorent ses œuvres monumentales. A la fois poète, journaliste (il écrit dans de nombreux journaux latino-américains), homme de lettres, intellectuel engagé... Selon Eusebio Leal, Docteur en Histoire et Directeur du musée José Marti de la Havane, Marti était un homme d’une « grande humanité ». Toujours selon Leal, il était « capable de nous éclairer avec sa plume, capable d’épouser l’univers américain, de donner vie à l’Amérique indigène ». Il est le prototype même de l’homme qui unit théorie et action. Celui qui utilisa l’arme des idées pour mener à bien son projet d’indépendance à Cuba. En somme, un philosophe de la « praxis ».

Très tôt, José Marti développe une conscience politique et patriotique grâce notamment à son professeur, Rafael Maria De Mendive. En 1868, alors qu’il n’a que quinze ans, Marti a l’occasion de mettre son amour de la patrie au service de Cuba. Il s’engage dans la guerre qui oppose son pays à l’Espagne. Quinze ans et déjà sur les champs de bataille, ceci en dit long sur le rejet viscéral qu’éprouvait le patriote cubain envers le colonialisme espagnol. Pour Marti, la lutte pour l’indépendance est un devoir sacré.

Néanmoins, son action aux côtés des indépendantistes cubains ne l’empêche pas de continuer à utiliser sa plume au service de la libération de sa patrie. En effet, en 1869, il publie dans la revue qu’il a créée Patria Libre, un vibrant et puissant poème : Abdala. Ce dernier se présente comme un violent réquisitoire contre l’occupation espagnole. Marti y met en scène une conversation entre une mère et son fils, Abdala. Ce dernier demande à sa mère : « Tu veux savoir ce que c’est la Patrie ? », « La Patrie, c’est la haine envers celui qui l’opprime et la rancœur éternelle envers ceux qui l’attaquent ».

A travers les mots du jeune homme, c’est tout le ressentiment de Marti qui s’exprime. Abdala, c’est Marti. Un jeune homme révolté, enragé, fatigué de cette domination qui n’en finit plus et qui condamne le peuple cubain à la misère, à l’exploitation et à la soumission. Ce poème d’un grand courage condamna Marti à l’exil en 1871.

D’abord à Cadix en Espagne puis en France alors en pleine effervescence révolutionnaire avec la Commune de Paris, avant de rejoindre Londres et enfin New-York en 1878. Depuis quelques années déjà, José Marti en grand visionnaire voyait la fin de l’empire espagnol arriver à grands pas. Un empire était sur le point de s’effondrer bientôt remplacé par un nouveau : l’empire états-unien.

Lors de son séjour aux Etats-Unis, Marti peut constater les effets du capitalisme sur la société états-unienne. Il est frappé de voir la masse des ouvriers souffrir de pauvreté, de chômage, pendant qu’une petite minorité de personnes ne cesse de s’enrichir. Puis, il découvre également les injustices dans les campagnes. La terre est accaparée par les grands propriétaires terriens au détriment des petits paysans. Mais surtout, et c’est là que la pensée de José Marti devient cruciale pour comprendre la politique états-unienne en Amérique Latine au XXème siècle, le patriote cubain voit dans les Etats-Unis une nation expansionniste, impérialiste, qui ne va cesser de chercher de nouveaux territoires dans le but d’affirmer son hégémonie, d’abord sur le continent américain puis dans le monde entier.

La bourgeoisie industrielle états-unienne en pleine expansion a en effet besoin de nouveaux espaces pour écouler ses marchandises.

Marti voit dans ce pays, une nouvelle puissance coloniale ou plutôt « néocoloniale » qui, contrairement aux puissances coloniales classiques comme la France ou l’Angleterre, n’occupera pas directement des pays mais les inondera de capitaux et y enverra ses multinationales afin de piller les ressources naturelles. Néanmoins, et l’histoire est là pour nous le rappeler, les Etats-Unis n’ont pas hésité à utiliser tous les moyens même les plus sauvages et les plus barbares pour s’assurer de la soumission du sous-continent et ainsi faire taire toute contestation. José Marti avait donc vu juste.

Voilà pourquoi il n’a cessé de lutter autant contre l’Espagne que contre les Etats-Unis. De plus, il avait compris très tôt que, seule, Cuba aurait beaucoup de mal à se libérer. C’est pourquoi il fut aussi un fervent défenseur de l’union des nations et des peuples latino-américains et caribéens.

Dans la lignée de ses prédécesseurs Bolivar, San Martin, O’Higgins... il prôna l’alliance des pays du sous-continent afin de contenir les visées impérialistes et expansionnistes de Washington.

Seule l’unification du continent sud-américain pouvait faire face au néocolonialisme états-unien et en même temps promouvoir le développement économique et commercial entre les nouvelles républiques récemment libérées du joug espagnol. En réalité, José Marti, tout comme Ernesto Guevara plus tard, ne possédait pas de véritable patrie. Même si Cuba était la terre qu’il l’avait vu naître et pour l’indépendance de laquelle il allait donner sa vie, il était un combattant de la Grande Patrie, l’Amérique Latine. Son idéal de justice, de liberté, de solidarité, ses profondes convictions sur la démocratie et le pouvoir populaire dépassaient les frontières cubaines et se répandaient lentement pour embrasser les terres récemment libérées de l’Amérique Latine.

C’est pourquoi il a affirmé « Maintenant, je risque tous les jours de donner ma vie pour mon pays et pour mon devoir qui est d’empêcher avant qu’il ne soit trop tard, au moyen de l’indépendance de Cuba, que les Etats-Unis ne se s’étendent dans les Antilles avant de s’abattre avec cette force supplémentaire sur nos patries d’Amérique ». Cuba devait être ainsi la nation qui empêcherait les Etats-Unis de conquérir l’Amérique Latine.

Malheureusement, le rêve de José Marti se brisa brutalement en 1898, trois ans après sa mort, lorsque les Etats-Unis sous prétexte de « libérer » le peuple cubain de l’oppression espagnol, envahit Cuba et fit de l’île caribéenne une semi-colonie. Mais le valeureux peuple cubain ne dit pas son dernier mot et, le 26 juillet 1953, José Marti ressuscita en la personne de Fidel Castro.

L’éternel héritage de José MartiLa guerre cubano-hispano-états-unienne prend fin en 1898. L’Espagne est vaincue et perd ses dernières colonies. Les Etats-Unis sont les grands gagnants de cette guerre en s’emparant de Cuba et de Porto Rico. Officiellement, ces pays sont « libres » mais dans les faits la situation est bien différente. En effet, en 1901, l’amendement Platt, du nom du sénateur républicain Orville H.Platt, fait de Cuba un protectorat des Etats-Unis en établissant des « liens spéciaux » entre Washington et La Havane. Concrètement, cet amendement confère aux Etats-Unis un pouvoir quasi illimité dans l’île qui devient presque un nouvel Etat des Etats-Unis.

Par exemple, il est établi que : « Le gouvernement de Cuba ne conclura avec aucune autorité locale ou étrangère aucun traité ou accord qui pourrait diminuer ou tendre à diminuer l’indépendance de Cuba, ni en aucune manière autoriser ou permettre à une quelconque autorité d’obtenir, par colonisation ou par des sommations militaires ou navales, la possibilité de s’installer ou de contrôler quelque portion de cette île que ce soit ». Sous prétexte de garantir « l’indépendance » de Cuba, les Etats-Unis vont imposer pendant près de 60 ans une domination cruelle en mettant au pouvoir des pantins qui serviront leurs intérêts : Machado, Batista et autres marionnettes à la botte de Washington.

Pendant ce temps-là, l’immense majorité des Cubains ne mange pas à sa faim, l’analphabétisme frappe des millions de personnes et les soins de santé sont quasi inexistants. Les idéaux de liberté, d’égalité, de souveraineté populaire défendus par Marti semblent bien loin.

Ce que redoutait Marti est arrivé. L’impérialisme s’est jeté comme un chien sur Cuba et le reste de l’Amérique Latine qui reste le continent des « veines ouvertes ». L’union latino-américaine a été court-circuitée par les ambitions impérialistes de Washington. Les Etats-Unis comprirent très vite qu’une alliance entre les pays d’Amérique Latine nuirait à leurs intérêts. Mais les tensions et les contradictions inhérentes à la société cubaine vont bientôt exploser au grand jour. Et le 26 juillet 1953, Fidel Castro, accompagné de 130 hommes et deux femmes, lance l’assaut contre la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba.

Il souhaite ainsi provoquer un soulèvement populaire contre la sanglante dictature de Fulgencio Batista. Peu après, il est arrêté et un des enquêteurs lui pose cette question : « Qui est l’idéologue de cette révolte ? » Et Castro lui répond : « Comment qui est l’idéologue ? C’est José Marti bien sûr ! ». Évidemment, la pensée et l’idéal de José Marti n’avaient jamais disparu. Ils étaient extrêmement présents dans la conscience du peuple cubain. Il suffisait juste d’un homme pour mettre de nouveau à nu le projet et les aspirations de celui-ci.

La révolution cubaine de 1959 sonne ainsi comme un coup de tonnerre pour l’Amérique Latine et les Caraïbes. Elle vient rendre un vibrant hommage à la pensée martienne. En effet, pour la première fois depuis très longtemps, Cuba redevenait une nation libre et souveraine. La conquête de l’indépendance politique puis économique fit de Fidel Castro, d’Ernesto Guevara, de Camilo Cienfuegos les dignes héritiers du combat de José Marti.

Mais au-delà du gouvernement cubain, c’est tout le peuple en chair et en os qui symbolisait comme un seul homme la figure emblématique de Marti. Les nationalisations, la réforme agraire, les campagnes d’alphabétisation, les vaccinations gratuites, le rôle majeur donné à l’art et la culture allaient parfaitement dans le sens de ce qu’avait prôné le leader patriote. N’oublions pas que Marti était un grand homme de lettres et qu’il défendait ardemment la diffusion du savoir et de la culture. Ce que ne manqua pas de faire le nouveau gouvernement révolutionnaire en donnant à tous l’accès à une éducation de qualité et gratuite.

Comme l’a dit très justement Fidel Castro un jour où il rendait hommage à Marti : « La révolution, c’est la fille des idées et de la culture ». Mais la poursuite de l’idéologie martienne ne s’arrêta pas là. Le nouvel Etat cubain tenta à maintes reprises de fédérer l’Amérique Latine et de la sortir de l’orbite des Etats-Unis. Mais, mise à part la forte alliance avec le gouvernement révolutionnaire de Salvador Allende, peu de gouvernements latino-américains suivirent le chemin de Fidel Castro. Et pour cause ! La grande majorité des gouvernements sud-américains étaient dans les années 1970-1980 des alliés inconditionnels des Etats-Unis.

Pire, ces Etats étaient pour la plupart des régimes fascistes et sanguinaires (Pinochet au Chili, Videla en Argentine, Srotessner au Paraguay). Ne trouvant pas de partenaires en Amérique Latine, le pays se tourna vers le monde et plus particulièrement vers l’Afrique. Aide militaire à l’Angola dans sa lutte pour l’indépendance, envoi de médecins aux quatre coins de la planète... Là aussi, l’héritage de Marti est fondamental. Car au-delà de fédérer les peuples latino-américains, le patriote cubain plaidait pour une solidarité internationale. Un internationalisme des pays du Sud. Ernesto Guevara fut sans doute celui qui assimila le mieux ce message.

Il comprit la nécessite d’unir les peuples du « tiers-monde » contre l’impérialisme, le colonialisme et le néocolonialisme, ceux contre qui José Marti s’était battu en y laissant sa vie. Enfin, depuis maintenant plus de quinze ans et la victoire du commandante Hugo Chavez à la présidence du Venezuela, la pensée de José Marti est plus que jamais d’actualité. Après sa sortie de prison en 1994, Chavez se rendit à Cuba sur invitation de Fidel Castro. Il y prononça un discours très remarqué dans lequel il déclara notamment : « Le siècle qui va s’ouvrir est le siècle de l’espoir, c’est notre siècle, le siècle de la résurrection, du rêve de Bolivar, du rêve de MARTI, du rêve latino-américain ».

Quatre ans plus tard, ce rêve devint réalité. Avec Cuba et le Venezuela, les rêves de Marti pouvaient commencer à se réaliser. Ils se concrétisèrent le 14 décembre 2004 lorsque Fidel Castro et Hugo Chavez annoncèrent la création de l’Alternative Bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (ALBA).

Cette nouvelle organisation a pour but de contrer tout ce que Marti combattait, comme la Zone de Libre Echange des Amériques (ALCA en espagnol) qui visait à instaurer une zone de libre-échange de l’Alaska à la Patagonie. Un nouvel instrument de domination impérialiste et néocoloniale dans le but de soumettre les pays latino-américains à la dictature néolibérale.

L’ALBA a aussi pour but de promouvoir l’intégration latino-américaine en s’appuyant sur divers mécanismes de solidarité comme l’envoi de médecins cubains en Bolivie par exemple où 300.000 personnes ont été soignées grâce à la mission « Milagro » qui soigne les yeux malades. On pourrait également citer la Communauté des Etats latino-américains et caribéens ou l’Union des Nations sud- américaines (UNASUR). Autant de processus d’intégration qui visent à concrétiser les projets d’union et de solidarité entre les pays latino-américains.

Comme nous avons pu le constater, la trace laissée par José Marti dans l’histoire de Cuba et de l’Amérique Latine en général est plus que jamais indélébile. Sa pensée, son idéal, ses écrits, ses poèmes, son action révolutionnaire continuent d’inspirer aujourd’hui encore ceux qui aspirent à transformer la société en profondeur et à imaginer un autre modèle de civilisation que celui imposé par les gouvernements capitalistes occidentaux. Le combat mené par ce nationaliste pour l’indépendance de la nation cubaine et de la patrie latino-américaine est plus que jamais à l’ordre du jour. Quoi de plus beau que les révolutions démocratiques qui ont secoué le continent sud-américain ces dernières années pour rendre hommage au combat de José Marti ?

Les nouveaux processus d’intégration impulsés par les gouvernements progressistes latino-américains suivent parfaitement les enseignements de la pensée martienne. Rejet de l’impérialisme et de toute forme de néocolonialisme et, dans le même temps, construction d’une alternative au modèle économique et politique dominant. Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa, Daniel Ortega, Fidel Castro... autant de responsables politiques qui ont rendu leurs lettres de noblesse au combat désintéressé et héroïque du grand patriote José Marti !

Par Tarik Bouafia

Source : Le Journal de Notre Amérique n°1, Investig’Action, Février 2015.

08/02/2015

Ils sont gonflés ces yankees !

USA2.jpgPar José Fort : Quand l'arrogance des Etats Unis et de leurs "alliés" européens n'a d'égale que leur propension à donner des leçons à Cuba (entre autres)... quelques exemples.

Lors des premiers rounds des négociations en vue du rétablissement des relations diplomatiques entre Washington et La Havane, la délégation US demande, pardon, exige de Cuba « des efforts en matière des droits de l’homme. » Le même jour ou presque, deux débiles mentaux étaient exécutés par injection létale aux Etats-Unis.
 
A Cuba, il n’ y a aucun condamné à mort dans les prisons. Quant à la Convention contre la torture, les traitements cruels, inhumains et dégradants, elle est strictement observée par Cuba, les seuls cas enregistrés sur son sol ayant été commis sur la base US de Guantanamo.
 
Ils sont gonflés ces yankees.
Au cours des derniers mois, dans plusieurs Etats des USA, la police a froidement abattu des jeunes noirs sous des prétextes fallacieux. Dans le même temps, la ségrégation raciale a considérablement augmenté. Ce n’est pas à Cuba que des enfants noirs sont tirés comme des lapins. Ce n’est pas à Cuba que des milliers d’enfants couchent dans les rues. Ce n’est pas à Cuba que la population carcérale s’élève à environ un million cinq cent mille personnes.
 
Ils sont surgonflés ces yankees.
Pendant plus d’un demi siècle, ils ont soumis onze millions d’habitants de l’île à un blocus économique (comme si la France avait ses frontières fermées avec la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne), commandités plus de 600 tentatives d’assassinats contre Fidel Castro, abrité les terroristes responsables d’attentats contre un avion de la Cubana, dans plusieurs hôtels de La Havane et allant même jusqu’à introduire des virus visant le tabac, le porc et la canne à sucre.
 
Ils paient 8.500 euros et attribuent la carte verte aux Cubains arrivés sur leur sol tandis qu’ils pourchassent les latinos qui tentent de franchir le mur érigé à la frontière avec le Mexique et facilitent actuellement les réseaux mafieux chargés de recruter à coups de millions de dollars les talentueux joueurs cubains de baseball. 
 
Ils sont gonflés à bloc ces yankees en évoquant la liberté d’expression alors que sans fortunes en dollars pas de journaux, sans manne des industriels pas de candidatures aux élections. Quant aux « dissidents » cubains qu’ils rencontrent à la Havane, à Miami et à Washington, ils les connaissent bien : pour la plupart, ce sont leurs salariés.
 
Les Européens, plutôt la caste médiatique et politique, celle qui se considère comme le « centre du monde », ils sont, eux aussi, gonflés à bloc.
Faut dire que les Européens pensaient déjà être le centre du monde au Moyen Age, avant de prendre un bateau et de découvrir que la plupart des civilisations au-delà des océans étaient plus développées que la leur, ce qu’ils essayèrent de dissimuler à grands coups de massacres.
 
Aujourd’hui, ils ânonnent bêtement le discours du grand maître nord-américain, radios et télé françaises se distinguant en ouvrant, comme d’habitude depuis des années, leurs micros à  deux incontournables « spécialistes » de l’anti castrisme : Jacobo Machover qui n’a pas mis les pieds sur la Grande Île depuis les années 1960 et une ancienne plus pro-Castro que moi tu meurs,  Zoe Valdes, femme délaissée, oubliée de l’amour et des honneurs d’où sa haine frisant souvent l’hystérie.  Ces deux-là tirent leurs dernières cartouches.
 
En fait, les yankees ne sont pas gonflés. Ils s’adaptent. Avec le même objectif : faire rendre gorge à la révolution cubaine. Simplement, ils changent de méthode. Face à eux, la nouvelle génération cubaine n’est pas prête à se laisser faire.
 
Article publié dans l'Humanité

12:13 Publié dans AL-Pays : Cuba, Point de vue, USA | Tags : usa, cuba, josé fort | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg