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02/04/2017

Cuba, un pays riche d’histoire et de culture

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Une région du monde à explorer aussi hors des plages et des complexes tout-compris

Benoît Legault - Collaborateur à La Havane pour le Devoir | Voyage
Photo: Benoit Legault Les touristes s’agglutinent dans le petit bar mythique où Ernest Hemingway avait ses habitudes — et ses mojitos — à La Havane.

Une proportion de 98 % des Canadiens qui voyagent à Cuba vont essentiellement dans des centres de vacances de type tout compris. « Je rencontre parfois des Canadiens qui sont allés 20 fois au même resort sans en sortir. Ça me désole qu’ils n’explorent pas vraiment mon pays », déplore la guide Mónica Muñoz Miranda, du voyagiste Cubatur. C’est pourtant un pays fascinant, dont l’histoire et la culture sont uniques. Et sécuritaire, une qualité plutôt rare en Amérique latine.

« Les Européens se montrent plus intéressés que les Canadiens par le tourisme culturel cubain, dit Nieves Ricardo, chargée de marketing au Bureau de tourisme de Cuba au Canada. Les Français, par exemple, font en général des circuits historiques et culturels et complètent leurs vacances par un séjour de plage dans un tout-compris. »

Située entre La Havane et les fameuses plages de Varadero, la capitale provinciale de Matanzas (100 000 habitants), la grande oubliée, est une des vieilles villes de taille moyenne les plus intéressantes des Caraïbes. De nombreux planteurs français s’étaient établis ici pour fuir la révolte en Haïti.

L’historique pharmacie française Triolet est remarquable. Et l’hôtel de charme Velasco est surtout occupé par des touristes de l’Hexagone. Les visiteurs québécois ne viennent pas à Matanzas, presque pas en tout cas. « À Matanzas, vous ressentirez bien l’authentique vie urbaine à la cubaine, sans nécessairement avoir besoin d’aller à La Havane pour faire cette expérience », souligne notre guide cubaine.

Matanzas est aussi à l’origine de la salsa, une danse nommée ron à Cuba. Dans ce pays, les danses latines sont plus qu’ailleurs influencées par les rythmes africains. Sur une petite scène de Matanzas, dans les Ruinas de Matasiete, nous avons assisté à une démonstration de rumba traditionnelle qui ressemblait plus à une danse du Congo (son origine) qu’à une danse latino-américaine.

Néanmoins, c’est bien sûr La Vieille-Havane, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui attire des nuées de touristes étrangers. Ils viennent de partout : Canada, Europe, Antilles, Amérique latine, et depuis peu… des États-Unis. Lors de notre séjour, en février dernier, le célèbre Hotel Nacional de Cuba était plein d’Américains vêtus de shorts en élasthanne. Ils participaient à un triathlon. C’était leur raison, leur passeport pour Cuba.

Les États-Uniens ne peuvent toujours pas venir à Cuba simplement pour faire bronzette. Alors, ils ne font pas encore concurrence aux Canadiens pour obtenir les chaises longues des fameuses plages cubaines.

La trace américaine est importante et facile à suivre à La Vieille-Havane. Elle prend la forme ridiculo-sympathique des lieux où Ernest Hemingway a bu des daïquiris (le restaurant Floridita) et des mojitos (le minuscule bar Bodeguita del Medio). Les touristes déboursent 5 pesos convertibles (7 $CAN), un prix choquant, pour un mojito fait (trop) vite de rhum et de menthe, deux produits qui ne coûtent presque rien à Cuba. Les bars d’Hemingway sont des lieux mythifiés au point que le tourisme authentique y devient du tourisme de masse.

La Vieille-Havane est en pleine transformation : il y a tant de rénovations ici qu’on se dirait en préparation pour un 375e anniversaire. Les Cubains en rient, disant que la vieille ville est sur le point d’être plus neuve que le Cuba moderne ! Et l’afflux de touristes étrangers fait gonfler les prix hôteliers. La prestigieuse chaîne allemande Kempinski ouvrira bientôt un 5-étoiles dont les chambres coûteront au moins aussi cher que des chambres équivalentes à Berlin.

Les patrons de la construction sont européens et les ouvriers viennent d’Asie. Les Cubains, eux, sont des spectateurs ébahis devant les moyens et l’efficacité de ces étrangers qui ont transformé, en quelques mois, une grande école d’enfants déshérités à l’abandon en un luxueux hôtel de classe mondiale.

Plaisirs de classes

À quelques pas du Kempinski, on admire une jolie place publique et la promenade Prado, une longue et large artère piétonne aux embellissements opulents ; c’est un terrain de jeu pour les Habaneros de toutes les classes sociales. Les rues ordinaires de La Havane fournissent aussi un spectacle de vie digne des plus grandes capitales du monde.

Et sur le Malecón, une esplanade de huit kilomètres en front de mer, les Cubains profitent de la douceur du climat et de la beauté de leur ville. Habiter La Havane est d’ailleurs considéré comme un privilège pour les Cubains.

Néanmoins, c’est hors de La Havane que les touristes trouvent des aubaines. Au cours de la dernière décennie, la vallée de Viñales est la région sans plage (située à deux heures de la mer) qui fut la plus visitée de Cuba. Cette région est inscrite au patrimoine mondial. On y trouve une nature généreuse, des montagnes et des sites géologiques superbes.

La vallée de Viñales est dans la province de Pinar del Rio, tout à l’ouest de Cuba, là où se trouve le meilleur terroir au monde pour la production de cigares. Des fermes qui produisent le tabac mythique des cigares Cohiba sont ouvertes au public. On y explique que la supériorité du tabac cubain est en partie due à l’absence d’engrais chimiques et à une production qui demeure artisanale.

Certains sites, comme la grotte de l’Indien, sont trop commerciaux, mais l’authenticité demeure toujours à proximité. Un business florissant est constitué de l’hébergement de touristes dans de coquettes maisons transformées pour accueillir des étrangers, les casas particulares. Un couple peut dormir et déjeuner chez l’habitant pour une trentaine de pesos convertibles la nuitée.

Un mundo mejor

Un des panneaux routiers qui m’ont frappé le plus indiquait Un mundo mejor es posible (une célèbre expression de Fidel Castro). Un tourisme meilleur, plus durable, est aussi possible.

Les Canadiens, qui représentent 40 % du tourisme étranger à Cuba, sont appréciés des Cubains pour leur apport économique et leur attitude paisible et non arrogante. Ils pourraient toutefois mieux apprécier les Cubains, leur histoire et leur culture, s’ils sortaient davantage des tout-compris, où les locaux ne présentent que de pâles aspects de ce qu’ils sont réellement et de ce qu’ils font. S’ils délaissaient davantage les centres de villégiature, l’impact positif sur l’économie régionale cubaine pourrait en être spectaculaire. montreal@gocuba.ca

Notre journaliste était l’invité du Bureau de tourisme de Cuba et des lignes aériennes Sunwing.

En vrac Le Paladar est un restaurant en vogue, car il reçoit depuis quelques années les célébrités de passage à La Havane, notamment Barack Obama. Le décor est chaleureux, chargé, suranné, et mieux que les plats. Comme partout ailleurs, les valeurs sûres sont les poissons frais et les viandes grillées. Le Paladar est un établissement privé, au coeur de la ville, où l’on paye en pesos convertibles, bien sûr. Par ailleurs, il y a tellement de nouveaux restaurants privés à La Vieille-Havane que les guides touristiques ne les connaissent pas tous.

Voyager en autocar est pratique et peu cher à Cuba pour des étrangers. Par exemple, les cars de touristes de la compagnie Viazul, partant de La Havane, mettent cinq heures pour rejoindre Viñales. L’aller ne coûte que 12 pesos convertibles.

11:13 Publié dans Actualités, Société | Tags : cuba, tourisme, canada | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

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