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20/01/2015

ARGENTINE, LE TEMPS DES TORTURES : TEMOIGNAGE DE "JOKO" MARTINE CHAVEZ

martina.jpgEn un jour comme aujourd'hui je me trouvée dans la Surintendance de la Centrale Fédérale de la répression politique. Un bâtiment lugubre l'un des centres les plus actifs de détention clandestine dans la capitale fédérale.

J'étais là depuis le 25 Décembre 1979, pour être "expulsée" de mon pays, l'Argentine. Pas de nourriture, pas d'eau, juste un demie partagé par un prisonnier du droit social, il l'avait jetée en cachette, sous les barreaux ...

Considérée, TERRORISTE, par le gouvernement argentin et sa junte militaire, je ne jamais été jugée... En un jour comme aujourd'hui, à 17 h. Je ... mettais un pieds dans l'avion de l'air de France. Le commandant de bord, est venu à moi et m'a dit: ici vous êtes territoire français ... protégé sur la Convention de Genève. Je suis arrivé en France le 1er Janvier, 1980. Je ai été plusieurs mois, incapable de marcher normalement. Je sentais le vertige de la vie autour de moi, mais moi j'étais incapable de sortir de prison. Mais avec une infinie envie de vomir tout l'obscénité criminelle qui était entré par mes yeux, ma pores, et mon ADN ...

EN UN DIA COMO HOY ME encontraba en la Superintendencia de Coordinación Federal eje de la represión política. Un lúgubre edificio uno de los más activos centros clandestinos de detención de la Capital Federal.

Alli me encontraba desde el 25 de diciembre 1979, para ser expulsada de mi pais, la Argentina. Sin comer, sin agua, solo media manzana compartida, por un preso social, que me la tiro bajo las rejas...

Considerada, TERRORISTA, por el Estado Argentino y su Junta Militar. En un dia como hoy a las 17 hs. creo... Ponia un pies en el avion de air France. El comandante de a bordo, vino a verme y me dijo: "aqui ya esta en territorio Francés, bajo la Proteccion de la Convencion de Ginevra...Llegué a Francia el 1 de enero de 1980. Estuve varios meses, sin poder caminar sentiendo el vértigo de la vida a mi lado, pero yo sin poder salir de las rejas. Pero con una infinita ganas de vomitar toda la obsenidad criminal que habian entrado por los ojos, los poros, por mi ADN...

EXCLUSIF : Découvrez en cliquant sur cette ligne l'intégralité de son témoignage...

12/03/2014

ARGENTINE : LE TEMPS DES TORTURES (exclusif) (3)

Joko, Martina Chavez, prisonnière, tortureUn système hautement militarisé et basé sur la terreur

À l’arrivée au pénitencier de Villa Gorriti la majorité d’entre nous n’était pas sous le coup d’une accusation formelle, ni n’avait aucun procès judiciaire en cours, étant seulement mises à disposition du PEN, le Pouvoir Éxécutif National militaire (Poder Ejecutivo Nacional), par la sécurité de l’État.

La première mesure prise par les militaires sera de nous maintenir isolées dans une totale mise au secret. En effet, avec le coup d’état militaire, le 24 mars 1976, l’objectif principal sera d’instaurer un système basé sur la terreur, dans le but d’anéantir physiquement et mentalement les prisonniers et prisonnières politiques, en faisant régner la terreur entre ceux d’entre nous qui jusqu’alors avions survécu.

Le personnel pénitentiaire était constitué d’employés recrutés au sein même du service pénitentiaire et au sein de la Gendarmerie. Le service d’intelligence militaire provenait lui des officiers des services secrets fédéraux. Tous les secteurs de la sécurité étaient passés au service de la répression et participèrent au projet militaire.

Système d’isolement

Le régime de « dangerosité maximale » consista à mettre en pratique une politique d’isolement absolu, d’isolement total de l’extérieur comme entre nous autres à l’intérieur de la prison : ceci car se préparait le coup d’état militaire. Seront suspendues les récréations quotidiennes, les visites des membres de la famille, la correspondance.

On interdit l’entrée des journaux, de livres et de n’importe quel autre élément qui aurait pu nous aider à supporter l’isolement et comprendre ce qui était en train de se préparer. On interdit tout contact entre nous, toute fonction sociale en relation avec la vie : parler, rire, chanter, écrire, partager un maté, crier, pleurer, l’hygiène et la propreté personnelle. Est interdite toute activité manuelle.

Ils nous disaient constamment : « vous êtes vivantes mais vous sortirez folles d’ici ». Les premiers jours de notre arrivée au pénitencier de Villa Gorriti, une gardienne nous donnait la permission de prendre des moments de récréation pour que nous puissions parler dans la petite cour intérieure, mais ce « privilège » fut de courte durée. De temps en temps ils nous faisaient sortir une heure et nous distribuaient aux extrémités de la cour sans nous permettre de nous parler.

Une politique basée sur la terreur et la destruction psychologique et physique

À l’intérieur de la prison régnait un système d’insécurité permanente à cause des fouilles et des entrées par surprise dans nos cellules, qui avaient pour but de nous briser en tant que groupe social d’opposants politiques.

À peine étions-nous arrivées que les autorités du pénitencier nous dirent : « À partir de maintenant nous vous garantissons plus votre intégrité physique ; vous restez à disposition des autorités militaires ». En sus d’aller chercher des compagnons pour les fusiller, nous furent appliquées toutes sortes de tortures psychologiques, privations d’aliments et d’hygiène, et il régna un absolu abandon médical.

Tout ceci fut appliqué de manière constante. Seules quelques gardiennes avec lesquelles nous étions parvenues à établir une relation plus humaine, nous octroyaient la possibilité de nous rassembler et parler de temps à autre, avec la peur permanente que ce « privilège » ne se perde, à tel point que nous en vînmes à protéger ces gardiennes. Lorsque nous entendions les bruits métalliques nous nous enfermions, nous sortions le bras par la partie supérieure de la porte qui était munie de barreaux, et mettions nous-même le cadenas.

Nos bras s’en étaient allongés. D’une certaine manière nous mettions à profit l’ignorance du personnel pénitentiaire qui ne comprenait pas ce que représentait réellement le projet militaire.

Un système d’insécurité permanente

Le calme apparent et organisé qui avait régné dans la prison du Bon Pasteur fut remplacé à Villa Gorriti par les bruits métalliques des grilles, des cadenas, les allées et venues incessantes des bottes. Peu de temps après notre arrivée au pénitencier surgit un commando proférant des menaces et des insultes, ils nous font sortir des cellules les mains au dos, et avec l’ordre absolu de ne pas regarder ni parler, car ils avaient soi-disant découvert une cache d’armes dans la cour de notre pavillon.

Ils nous sortent de nos cellules, nous mettent dans l’autre aile du pavillon, dans des cellules individuelles et totalement vides, et nous sommes restées là jusqu’à la fin de l’opération. Ce jour-là la petite cour qui de temps à autre nous servait de récréation et de lieu de contact avec les prisonniers de droit commun se retrouva sens dessus dessous, retournée avec pics et pelles, les jeunes soldats retournèrent complètement la terre. Je n’ai jamais su ce qu’ils cherchaient.

À priori ils cherchaient des armes, car quelqu’un avait fait courir le bruit que se préparait une évasion. ¿Cela pouvait-il servir de prétexte pour nous apeurer encore plus ou nous appliquer la « loi de fuite ?» Je n’ai jamais réellement su quel fut le vrai motif de toute cette opération.

Une nuit pénètre par surprise un groupe de militaires disposé à nous terroriser, renversant tout sur son passage, nous menaçant. Ils nous contraignent à sortir de nos cellules les mains au dos, nous poussent, nous donnent l’ordre de nous jeter au sol sur le ventre, ils nous recouvrent avec des couvertures pour que nous ne puissions voir les visages de ceux qui étaient là.

Nous sommes restées ainsi tout le temps qu’ils mirent à fouiller nos effets, si bien qu’à la fin rien n’était plus à sa place. Comme nous étions au sol ils nous piétinèrent, nous insultèrent, le vacarme de cette barbarie nous rendit muettes. Las planches qui nous servaient de lit étaient retournées, les matelas éventrés. Après cet épisode tout n’était que désolation, notre espace avait de nouveau été détruit et suspendu dans le temps.

Ces opérations ne duraient pas longtemps mais pour nous qui étions entre leurs griffes, elles nous paraissaient une éternité. Le maté gisait éparpillé sur le sol, nos dessous exposés sur la voie publique… Et de cette façon aussi notre propre intimité. Ils arrivaient pour nous terroriser et nous déposséder de notre identité.

Méthodes de contrôle

L’une des méthodes de contrôle était les fouilles comme ce que j’ai décrit plus haut. Elles se faisaient par surprise et dans un climat de peur, de jour comme de nuit, avec comme but de terroriser chaque fois plus et de détruire l’espace que, à force d’imagination, nous avions réorganisé après la fouille précédente. Contrôler et perturber le cycle du sommeil allait de pair avec le déséquilibre émotionnel, qui était déjà assez fragile avec les entrées par surprise, les transferts, les nouvelles de d’exécution par fusillade de compagnons d’autres prisons et l’incertitude de ne rien savoir sur nos vies.

Vivrons-nous ? Allons-nous mourir ? Ces questions s’entremêlaient dans nos esprits déjà épuisés de tant avoir à supporter. Chacun de nos actes était soumis à l’observation systématisée des propres services de renseignement ou des gardiennes de service. Pour cela ils utilisaient le rapport quotidien à chaque relève de quart, dans lequel ils consignaient non seulement notre comportement mais aussi tout incident qui pouvait se produire du fait de notre enfermement. Lors de cette période il y eut différentes tentatives de suicide et de crises de nerfs comme produit de l’enfermement et de l’incertitude.

Nous ne recevions plus de lettres de nos familles ni aucune nouvelle de l’extérieur qui eussent pu nous permettre d’avoir une idée de ce qui allait advenir de nos vies. L’isolement était absolu et nous commençâmes à sombrer dans le désespoir. Comme toute expression d’affection entre nous autres était sanctionnée, nous devions supporter dans la solitude notre incertitude. Ainsi s’accomplissait au pied de la lettre le projet d’extermination que le Plan Condor avait programmé dans le Cône Sud.

A suivre.....

04/03/2014

ARGENTINE : LE TEMPS DES TORTURES (exclusif) (1)

joko.jpgAprès le retour du général Peron en 1973, qui se solde par le massacre d'Ezeiza (affrontements entre la gauche et la droite péroniste), le pays s'enfonce dans une « guerre sale », qui commence, dans la province de Tucumán, dès l'Opération Indépendance, qui impliquait l'enlèvement de dissidents politiques et leur séjours dans des centres de détention clandestins, où ils étaient torturés.

La très grande majorité n'y a pas survécu. À cette occasion, les leçons apprises lors de la bataille d'Alger sont mises en pratique.

En mars 1976, un coup d'État dirigé par une junte de militaires (Jorge Videla, etc.) renverse la troisième femme de Péron, Isabel Martínez de Perón. La CONADEP (en) -Commission Nationale sur la Disparition des Personnes, établie par le gouvernement démocratique de Raúl R. Alfonsín, a estimé que la répression militaire a fait au moins 30 000 victimes, dans la majorité des « disparus ».

Buenos Aires participe en outre à l’opération Condor, et de nombreux réfugiés politiques de pays voisins sont assassinés par le biais des services secrets ou d'escadrons de la mort (la Triple A). L'ambassade américaine est souvent au courant et a soutenu de fait ces tortures et massacres,

Sources Wikipédia

Cuba 2014 vous donne le témoignage exclusif d'une de ces prisonnière, qu'elle en soit remerciée

LE SYSTÈME PÉNITENTIAIRE DANS LE PÉNITENCIER DE VILLA GORRITI, PROVINCE DE JUJUY, ARGENTINE (1975-1977)

joko4.jpgJoko”, Martina Chávez

À tous les compagnons disparus de Jujuy, et parce que leurs idéaux et les nôtres son toujours et plus que jamais présents.

Aux compagnes Dominga Álvarez, Alicia Ranzoni, Juana Torres et Marina Vilte, que je vis en vie au pénitencier de Villa Gorriti y que lors d’une de ces incessantes «commissions» ils firent disparaître.

À mes compagnes comme moi survivantes, Gladis Artunduaga, Dora Weisz, Sara Murad, Mercedes Zalázar, avec qui j’ai partagé des moments de douleur, mais aussi des rêves d’un autre lendemain. À tous les compagnons d’Argentine disparus.

Éclaircissements

Tout au long de ce récit s’est posé un problème lié à la mémoire, ma propre mémoire. L’enfermement que j’ai souffert à cette époque a laissé ses séquelles et il m’a été impossible de traduire en dates des événements de grande importance comme le furent nos transferts successifs ou des faits quotidiens de l’enfermement.

La partie concernant ma détention n’est pas rattachée au présent témoignage; elle appartient à un autre chapitre que je rédige. Lorsque je me suis retrouvée exilée, j’ai assumé ma responsabilité de prisonnière politique, de militante, et j’ai fourni mon témoignage.

Aujourd’hui je me rends compte que je l’ai fait comme s’il s’était agi d’une autre personne et non pas de moi-même, afin d’éviter la souffrance, et étant donné qu’il s’agissait de l’urgence de sauver des vies. Ce récit est dédié à toutes pour tout ce que nous avons partagé et continuons à partager Malgré la distance et le temps qui s’est écoulé.

La prison du Bon Pasteur

On m’a détenue le 16 mars 1975, mais je ne suis pas sûre de la date du fait que je suis passée par diverses allées et venues d’une prison à l’autre : gendarmerie de Ledesma, locaux de la police de San Pedro, Département central de police de San Salvador de Jujuy, pour y subir des interrogatoires.

En dernier lieu on me transféra à la prison du Bon Pasteur, entre le 22 et le 25 mars. Cette prison est située pratiquement en plein centre de la capitale San Salvador de Jujuy. Lorsque j’y arrivai détenue s’y trouvaient déjà plusieurs compagnes (compagnes de lutte), parmi lesquelles: Sara Murad, Gladis Artunduaga, Dora Rebecchi de Weisz, Soledad López, Mercedes Zalázar, Ninfa Hochkofler, et arrivera plus tard Ana María Martínez.

Nous partagions cette prison avec des prisonnières sociales, avec lesquelles nous finîmes par entretenir de bonnes relations de convivialité. En sus de leur dire que les sœurs abusaient d’elles, car elles les exploitaient les faisant travailler depuis 6 heures du matin jusqu’à très tard dans la nuit. Je n’ai jamais pu savoir qui tirait profit de cette situation. Sûrement les mêmes qui avaient ordonné notre détention.

Quant à nous autres, nous étions trois ou quatre par cellule, tout étant parfaitement ordonné pour que nous sachions bien que nous étions là pour nous nous transformer en demoiselles creuses et sans aucune consistance.

Dans le pays on n’avait pas encore autorisé les lieux tristement célèbres comme les prisons de sécurité maximales ou les lieux secrets de détention, ce en quoi sera transformée la prison de Villa Gorriti, de laquelle on sortait des gens pour qu’ils soient torturés et fusillés.

En effet, à Jujuy, on compte les pénitenciers de Villa Gorriti, Guerrero, et plus tardivement d’autres lieux qui restent à identifier, comme celui récemment cité par Nélida Fidalgo.

La révélation de l’existence d’un lieu qui aurait fonctionné comme centre clandestin de détention, «Puesto Mendoza», et qui n’avait jamais été dénoncé auparavant, ouvre une importante piste d’enquête dans le procès.

Le régime interne de la prison du Bon Pasteur ressemblait assez de par certains aspects à celui des prisonnières sociales, à la différence que les sœurs devaient envoyer périodiquement des rapports sur notre conduite, et elles assumaient bien cette fonction.

D’un autre côté les prisonnières de droit commun étaient soumises au travail forcé, la majorité d’entre elles n’atteignaient pas les 25 ans d’âge, et étaient filles du prolétariat agricole dépendant des fincas (grandes exploitations) des grands propriétaires terriens de la région et de la Puna, abandonnée par l’Argentine.

De manière spontanée, sans aucun type de structure organisationnelle, avec le seul instinct de survie hérité de la culture ancestrale de nos peuples originaires, se développa un système de résistance pour la survie.

A suivre.....