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15/12/2014

«Retour à Ithaque» ? Non à Cuba

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Sur une terrasse à la Havane, cinq amis sont réunis pour fêter le retour d'un des leurs, après 16 ans d'exil… Laurent Cantet nous parle de son film «Retour à Ithaque»

«Retour à Ithaque» de Laurent Cantet («Entre les murs») raconte le retour d'exil d'un Cubain qui retrouve ses anciens amis, tous intellectuels ou artistes, réunis pour fêter son retour… Un film tiré d'un roman de Leonardo Padura : «Le palmier et l'étoile» coauteur du scénario.

Au fil des images, entre évocation de souvenirs communs, les règlements de comptes ceux qui sont restés au pays pendant «la période spéciale» et qui font de multiples allusions à ce qu'était leur vie d'alors.

En 1991, l'Union Soviétique s'est effondrée. Cuba, subitement privée de l'aide du pays ami, a alors plongé dans une grave crise économique. Les gens manquaient de tout : de travail, de nourriture, de vêtements, d'énergie. Mais le régime est resté le même, interdisant tout signe d'influence extérieure, notamment nord américaine, surveillant de près «les grandes gueules»…

C'était «la période spéciale» pendant laquelle il était interdit de porter les cheveux longs, d'écouter les Beatles etc. (même si tous ces interdits étaient discrètement contournés). En revanche, il fallait effectuer deux mois de travail volontaire par an. La monnaie locale ne donnait pas accès à l'essentiel. Ceux qui ne possédaient pas de dollars mangeaient des haricots et des steaks faits avec de la peau de pamplemousse… Ceux qui avaient émigré ne pouvaient se réinstaller. Voilà ce que le spectateur saisit au passage. Cependant, Laurent Cantet se défend d'avoir voulu faire un documentaire politique sur Cuba. Échange.

Pourquoi avoir intitulé votre film «Retour à Ithaque» alors qu'il se situe à Cuba ?

C'est l'histoire d'un lieu qui, historiquement, a eu une valeur mythologique pour beaucoup de militants communistes. C'est aussi la similitude entre le retour d'Amadeo après une longue absence et le retour d'Ulysse chez lui et c'est surtout pour faire comprendre d'entrée qu'il ne s'agit pas d'un documentaire sur l'histoire de Cuba.

Quel est votre propos, alors ?

J'ai voulu donner la parole aux Cubains et leur permettre de se raconter. J'ai relaté cinq histoires cubaines : les retrouvailles de cinq copains quinquagénaires qui évoquent leur jeunesse, leur engagement, leurs rêves, leurs rancœurs, leurs désillusions. C'est une histoire de groupe comme toujours dans mes films. Ce qui me plaît dans cette histoire c'est la nostalgie, la désillusion des personnages. L'histoire aurait pu se situer n'importe où à l'identique.. .

Avez-vous été l'objet de pressions pendant le tournage ?

Le scénario a été présenté à l'ICAI (Institut cubain d'art et d'industrie cinématographique) qui contrôle tout ce qui touche au cinéma à Cuba. Il a été accepté par les autorités qui nous ont laissés travailler, même si le film comporte des passages très critiques sur ce qui s'est passé et se passe encore à Cuba. Je pense que le pays est en train de changer. Les Cubains ont besoin de faire le point sur cette période.

Article publié dans la Dépêche

10:18 Publié dans AL-Pays : Cuba, Cinéma, Entretien, Vidéo | Tags : cuba, cantet, retour à ithaque | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

09/12/2014

Quand Cuba se battait pour l’Angola

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Avec sa nouvelle enquête (1) « magistrale et érudite », selon les mots de Noam Chomsky, l’universitaire italo-américain Piero Gleijeses met à nu la responsabilité américaine dans la poursuite du conflit en Afrique australe après l’indépendance de l’Angola (11 novembre 1975).

Les failles de la Central Intelligence Agency (CIA) illustrent les contradictions internes aux administrations américaines, où le département d’Etat fait parfois figure d’élément modéré. Déjà auteur d’une étude riche de révélations sur l’histoire de Cuba en Afrique (2), Gleijeses s’intéresse également aux divergences tactiques entre alliés. Plus interventionniste, Cuba prend le risque de subir des représailles américaines, tandis que l’Union soviétique demeure tiraillée entre son désir de détente avec les Etats-Unis et ses engagements sur le front africain.

Rappelons les faits. En août 1975, les troupes sud-africaines occupent le sud de l’Angola, toujours province portugaise. En novembre de la même année, l’indépendance est proclamée ; les troupes sud-africaines se retirent, mais soutiennent les rebelles de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita). Des soldats cubains viennent aider le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) à se maintenir au pouvoir. Le Zaïre soutient quant à lui le Front de libération nationale de l’Angola (FLNA). La guerre civile fait rage.

L’administration du président Gerald Ford et son stratège Henry Kissinger avaient, dès 1974, tout mis en œuvre pour marginaliser le MPLA. Après l’élection de M. James Carter en novembre 1976, le Congrès américain adopte un amendement interdisant toute aide aux mouvements rebelles en Angola. Néanmoins, influencé par le conseiller Zbigniew Brzezinski, M. Carter se montre aussi obsédé que son prédécesseur par la présence cubaine, et refuse de reconnaître le gouvernement angolais.

Avec le président Ronald Reagan (1981-1989), qui a fait du soutien inconditionnel à l’Unita un enjeu de politique intérieure, les Sud-Africains ont les mains libres. Ne se contentant pas d’un soutien logistique, Pretoria lance une série d’opérations militaires culminant, en 1987, dans ce que l’officiel Concise History de l’armée sud-africaine définit à l’époque comme « la plus grande opération jamais menée par les forces terrestres et l’aviation sud-africaines depuis la seconde guerre mondiale ».

La bataille de Cuito Cuanavale, dans le sud-est de l’Angola (janvier 1988), est le point culminant de treize années d’agressions sud-africaines contre la plus riche des anciennes colonies portugaises. Conscient de jouer son destin en Angola, Pretoria choisit l’escalade. Et M.Fidel Castro relève le défi. En accord avec les dirigeants angolais, il décide l’envoi de troupes supplémentaires et convainc le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev de livrer des armements plus sophistiqués. En août 1988, l’Afrique du Sud se retire et accepte le plan des Nations unies pour l’indépendance de la Namibie. Cuba peut alors rapatrier ses troupes. Nelson Mandela considère l’échec sud-africain comme « le tournant dans la libération du continent du fléau de l’apartheid ». Les noms des soldats cubains morts en Angola figurent aujourd’hui avec ceux de tous les héros de l’histoire sud-africaine sur le mur du souvenir du Freedom Park, à Pretoria.

L’histoire de la colonisation en Afrique est scandée par d’autres guerres, celles qui ne disaient pas leur nom et se contentaient de tout subordonner à la quête de profit. En 1903, une campagne internationale lancée par un journaliste britannique, Edmund Morel, dénonce comme criminelles les conditions de travail dans les exploitations de caoutchouc dans l’Etat indépendant du Congo, futur Congo belge. Pierre Savorgnan de Brazza est envoyé enquêter au Congo français, dont il avait été commissaire général de 1886 à 1897. Le rapport Brazza, rédigé en 1907, accable l’administration, jugée inefficace, dominée par des intérêts privés et couvrant des abus « intolérables et massifs ». On doit à l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch l’exhumation de ce texte oublié, qui fut jugé trop compromettant pour être publié (3).

Augusta Conchiglia

Journaliste Le Monde Diplomatique
 
(1) Piero Gleijeses, Vision of Freedom : Havana, Washington, Pretoria, and the Struggle for Southern Africa, 1976-1991, The University of North Carolina Press, Chapel Hill, 2013, 655 pages, 32 dollars.

(2) Piero Gleijeses, Conflicting Missions : Havana, Washington and Africa, 1959-1976, The University of North Carolina Press, 2002.

(3) Le Rapport Brazza. Mission d’enquête du Congo : rapport et documents (1905-1907), préface de Catherine Coquery-Vidrovitch, Le Passager clandestin, Neuvy-en-Champagne, 2014, 305 pages, 19 euros.

11:04 Publié dans AL-Pays : Cuba, Histoire, Livre, Politique | Tags : cuba, angola, histoire | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

03/12/2014

Une mère de famille qui risquait de perdre la vue a dû se faire opérer à Cuba

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TROIS-RIVIÈRES, CANADA – Une mère de famille souffrant d'une maladie dégénérative de la vue, une rétinite pigmentaire, n'a eu d'autre choix que de se faire opérer à Cuba il y a quelques jours à peine, car la seule intervention possible n'est pas dispensée au Canada.

«Ma plus grande peur c’était de ne plus voir mes enfants», a raconté Nathalie Savard. Ce n'était qu'une question de temps avant qu’elle ne perde complètement la vue.

«Je ne suis pas allée me faire bronzer au soleil, je suis allée me faire soigner», a expliqué la femme de 33 ans de Trois-Rivières.

L'opération a coûté tout près de 12 000 $. C'est son père qui a assumé la facture.

«Quand je l’ai su ça m’a donné un bon coup, mais je ne voulais pas qu’elle perde la vue, ses enfants ont besoin de leur mère», a indiqué Serge Savard.

Ce que Nathalie ne savait pas, c'est qu'elle doit retourner à Cuba dans quelques mois pour ses suivis.

Elle ne peut plus travailler et son père n'a tout simplement plus les moyens de payer.

«Je me suis dit: dans quoi je me suis embarquée, je n’ai pas les moyens de payer, a ajouté Mme Savard.

Je me disais, mon père a dépensé tout son argent pour ça et je ne peux plus payer les traitements.»

Il en coûtera environ 5000 $ par année à Nathalie pour payer ses soins. Elle souhaite que le Canada puisse un jour offrir ce genre de traitements.

Pour l'aider à payer ses traitements annuels, son père organise un dîner-bénéfice, ce dimanche. Il espère que la générosité des gens lui permettra d'aider sa fille, une fois de plus.

Journal du Québec

11:03 Publié dans AL-Pays : Cuba, Santé | Tags : cuba, canada, santé, opération | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

27/11/2014

Henry Kissinger envisageait d'« écraser » Cuba

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Envahir militairement Cuba et « écraser » l'île communiste : en 1976, Henry Kissinger, alors secrétaire d'Etat américain, y a « sérieusement » songé. Publiés mercredi 1er octobre par les Archives nationales de la sécurité, des documents déclassifiés dévoilent de franches conversations entre Kissinger et le président américain de l'époque, Gerald Ford.

Parmi les échanges entre les deux hommes, l'une de ces conversations évoque le projet américain d'envahir Cuba, après la décision du régime cubain d'envoyer certains de ses soldats en Angola.

Cet envoi de militaires pour aider l'Angola à obtenir son indépendance du Portugal avait suscité l'inquiétude de Washington quant à une influence communiste grandissante en Afrique.

PAS DE « DEMI-MESURE »

« Je pense que nous allons devoir écraser [Fidel] Castro », lance Kissinger à Ford, selon les documents, en référence au célèbre leader de l'île. Il ajoute qu'ils devront pour cela attendre les élections à venir à Cuba.

« Je suis d'accord », répond Ford. Kissinger souligne aussi qu'une telle réponse militaire devra être sérieuse et sans « demi-mesure », en particulier si les soldats cubains se rendent ensuite dans d'autres pays du sud de l'Afrique. « S'ils se déplaçaient jusqu'en Namibie ou Rhodésie, je serais pour les frapper fort. »

« Si nous décidons d'utiliser notre puissance militaire, cela doit réussir. Il ne doit pas y avoir de demi-mesure », ajoute Kissinger, qui qualifie le président Fidel Castrod'« avorton » pour son aide militaire en Angola, tout en promettant de « briser les Cubains ».

DEUX ENVOYÉS SPÉCIAUX

Le 17 avril 1961, un groupe d'exilés cubains, financés par la CIA, avait déjà tenté de débarquer à Cuba afin de renverser Fidel Castro. L'échec cuisant de cette opération aura jeté une ombre sur les débuts de la présidence Kennedy.

Ces anciens documents classifiés, 116 pages au total, offrent aujourd'hui également un rare aperçu des relations tendues avec La Havane que la Maison Blanche s'était un temps attachée à améliorer.

Kissinger avait ainsi dépêché deux envoyés spéciaux à l'aéroport new-yorkais de La Guardia en janvier 1975 pour un entretien avec des émissaires cubains, dans le but de normaliser les relations entre ces ennemis de la guerre froide.

Article publié par le Monde

16:49 Publié dans AL-Pays : Cuba, Histoire, Politique, USA | Tags : cuba, usa, castro, kisinger | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg