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05/03/2019

LETTRE OUVERTE D'UN MEDECIN CUBAIN A BOLSONARO

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Bolsonaro, mon fils, quand vous dites que Cuba conserve mon salaire, je ne pense qu'aux questions suivantes :

J'ai accepté les termes de ce contrat par une décision libre et personnelle.

Conscient qu'avec cet argent, ma mère, mes frères, mes neveux, mes cousins, mes oncles, toute ma famille et mes voisins, ont la garantie d'être soignés sans rien payer.

Conscient que ma formation de médecin est passée par la création d'universités publiques sur tout le territoire national. Là où les enfants de maçons, avocats, paysans, employés des services et des postes, médecins, etc…, partagent la même salle de classe, sans discrimination fondée sur le sexe, la couleur de peau, l'idéologie ou la richesse. Cela, Bolsonaro, s'appelle l'égalité. Ce que vous ignorez, car ça n’existe pas dans un pays comme le Brésil où la corruption et les privilèges politiques mènent à la richesse.

J'ai le courage de travailler pour le peuple brésilien même sans recevoir le salaire dont vous parlez. Parce que je ne travaille pas uniquement pour un problème économique. Je travaille parce que j'aime mon métier, parce que je n'ai jamais essayé de m'enrichir aux dépens des pauvres. Parce que je n'utiliserai jamais la politique comme mode de vie.

Parce que je ne tromperai jamais les pauvres avec de fausses promesses. Parce que je ne planterai jamais la haine et la discrimination dans le cœur de quiconque. Parce que je réfléchis avant de parler, je n'ai donc pas à faire comme vous (qui vous excusez tous les jours pour les folies que vous prononcez).

Oui, je peux faire venir quelqu'un de ma famille, mais je ne le fais pas parce que, monsieur Bolsonaro, les pauvres doivent avoir des priorités dans la vie et pour moi, la priorité est d'aider ma famille, bien plus qu'acheter un billet d'avion, sachant que chez nous, nous avons d’autres besoins et priorités.

Je sais aussi que vous avez le soutien d'un tout petit nombre de mes collègues qui, pour des raisons politiques et économiques, estiment qu'il est préférable de s'enrichir d'argent, et non d'amour, d'expérience, de valeurs morales, de patriotisme et de dignité. Parce qu'ils ne sont pas d'accord avec leur salaire là-bas à Cuba.

Je ne suis peut-être même pas d'accord avec le système politique cubain. Mais je ne diffamerai jamais mon pays. J'ai vu cela aussi chez les pauvres, principalement au Brésil. Ils aiment le Brésil, la petite ville où ils sont nés, mais ils aimeraient certainement vivre dans un Brésil où ils auraient l’égalité, la pauvreté zéro, la faim zéro, la discrimination zéro, la violence zéro, la corruption zéro, la santé et une éducation de qualité. Malgré un Brésil imparfait, ils aiment leur pays.

Vous dites que les Cubains "se retirent du programme Más Médicos, pour ne pas avoir accepté de réviser une situation absurde qui viole les droits de l'homme". Non Bolsonaro, ce qui viole les droits de l'homme, c'est de priver les pauvres du Brésil de l'accès à la santé parce que vous êtes en désaccord avec les autres idéologies politiques. Parce que vous voulez changer les règles sans demander aux bénéficiaires du programme si les Cubains font vraiment bien leur travail. Parce qu’ici, au Brésil, nous avons des précepteurs brésiliens, nous suivons un cours de médecine familiale, tout cela sous la supervision d’excellents professionnels brésiliens.

Nous ne sommes pas dans un coin à faire des choses par caprice, non. On dit maintenant que nous sommes déguisés en médecins. Ici, le seul qui soit déguisé, c'est vous et tous ceux qui soutiennent votre vision absurde de la réalité. Vous vous battez uniquement pour les privilèges de la classe médicale, de la classe politique. Désolé ! Oui, M. Bolsonaro, ce qui est regrettable, c’est de voir comment un type qui ne connait rien d'autres que les armes, est élu président. Et ce qui est encore plus regrettable, c'est de voir que des personnes pauvres ont voté pour vous. Dieu tient compte des pauvres. Dieu prend en compte le Brésil.

Qui a étudié à l'époque des livres, qui a étudié à l'époque où les recherches s'effectuaient dans des livres et non par Google ou Internet, mérite le respect. Qui a lutté pour la vie et a pleuré la mort d'une personne ou d'un enfant mérite le respect. Qui a été là, alors que pour beaucoup c'était la fin du monde, pour prendre soin des malades, mérite le respect. Quiconque est resté loin de sa famille pour rendre le sourire à un vieil homme ou à un enfant, mérite le respect.

Ne pourriez-vous pas leur tirer votre chapeau ? Il est absurde que lorsque 66 pays du monde bénéficient de notre travail, vous en venez à dire que nous nous déguisons en médecins. Le pire est de douter de ceux qui veulent être soignés par des Cubains.

Je demande le respect de mes collègues.

Je demande le respect du libre choix de mon peuple.

Je demande le respect des pauvres et des ignorants.

Je demande le respect de la médecine publique.

Je vous demande aussi d'étudier ce que signifie l'amour du prochain,

Ce que signifie patrie,

Ce que signifie dignité,

Ce que signifie diplomatie,

Ce que signifie médecine familiale,

Ce que signifie égalité,

Ce que signifie respect de la pensée.

16:56 Publié dans AL-Pays : Brésil, AL-Pays : Cuba, Santé, Société | Tags : cuba, médecin, brésil | Lien permanent | Commentaires (1) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

Commentaires

J'ai eu la chaire de poule en lisant cette lettre. Bolsonaro peut se permettre de critiquer les médecins cubains parce que lui n'est pas obligé de recourir à leurs services vu qu'il peut se permettre de se soigner chez ses maitres les américains et priver son peuple de l'accés à un des meilleurs service sanitaire du monde. C est un criminel.

Écrit par : Hocine | 12/03/2019

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