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24/05/2018

Le vaccin de la solidarité toujours actif

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Bien que le Venezuela soit riche d’histoires exemplaires, nombre de Cubains en poste ici se souviennent d’autres missions dans d’autres pays. Sagas d’une « piqûre » internationaliste, que l’on n’injecte pas dans le bras mais directement dans le cœur

Assis dans une salle du Centre de diagnostic intégral (CDI) El Terminal-Los Lagos, dans la municipalité de Guaicaipuro, dans l’État de Miranda, les trois coopérants donnent des détails au journaliste sur une partie de cette « route » de l’amour qu'ils ont parcourue dans plusieurs pays, pour aller apporter des soins aux populations qui en avaient besoin.

HAÏTI, FIDEL ET RAUL

L’infirmière, spécialisée en soins intensifs Marta Ruiz Pérez a travaillé pendant 40 ans à l'hôpital provincial Antonio Luaces Iraola. Elle a interrompu à plusieurs reprises son service dans ce centre hospitalier de Villa Clara pour répondre aux besoins de santé qui se présentaient loin de sa patrie. « Je me trouvais en Haïti en 2008, l’année où le pays a été frappé par trois cyclones. J'étais là depuis plus de deux ans, et on m'a demandé de rester, si bien que j'ai continué à y travailler pendant quelques mois de plus », dit-elle.

En 2011, lorsque le choléra a frappé ce pays, l'infirmière est revenue en tant que membre du contingent Henry Reeve. « Je parlais le haïtien, je connaissais certaines régions, si bien que je suis revenue pour quelques mois. Le choléra a fait de nombreuses victimes. Nous avons travaillé dans des hôpitaux de campagne et sauvé beaucoup de patients. Lorsque j’ai terminé ma mission, d’autres collègues sont arrivés. Il en arrive toujours d’autres… », ajoute-t-elle.

Depuis août 2016, Marta Ruiz Pérez se trouve au Venezuela en tant qu'infirmière en soins intensifs au CDI El Terminal-Los Lagos, mais elle précise qu’elle restera jusqu'à ses derniers jours membre de la brigade Henry Reeve. « C'est un grand honneur pour moi, pour mon hôpital et pour ma famille. Je suis prête à apporter mon soutien à n'importe quel pays en cas de catastrophe », affirme-t-elle.

La Brigade Henry Reeve lui a appris à se rendre dans des endroits éloignés, à marcher beaucoup et à faire face à l'adversité lors de cyclones, d’écroulements de maison ou de tremblements de terre en Haïti. « Cela m'a aidée à être prêtre pour tout affronter au Venezuela », précise-t-elle.

Marta parle de ses longues « escapades » à sa fille et son petit-fils restés à Ciego de Avila : « Nous, les Cubains, nous avons l'internationalisme dans le sang. Ceux qui travaillent dans le domaine de la santé savent qu’ils doivent apporter nos expériences partout où une vie peut être sauvée. »

Elle n'a pas quitté Haïti les mains vides : « Ce pays m'a laissé beaucoup de belles choses, beaucoup de gentillesse, beaucoup de reconnaissance.... C'était beau d'aider des gens pauvres, tellement pauvres, mais pleins d'amour », avoue-t-elle avec émotion.

En septembre, Marta Ruiz Pérez doit achever sa mission au Venezuela, mais avec l’amour on ne sait jamais, et elle est se dit prête à continuer. « C'est différent, mais ici aussi ils nous sont reconnaissants. » L'infirmière se souvient de ses premières missions :

« De bien belles histoires. Un jour, au milieu d’un cyclone, une jeune femme est arrivée pour accoucher. Tandis que dehors, les rafales de vent soufflaient à tout rompre, dans le dispensaire, deux enfants sont nés : Fidel et Raul. »

DEUX UNIFORMES

Dionel Portela Puentes a écouté l'expérience de solidarité de Marta avec le même intérêt que le journaliste. La sienne a commencé en 1983, alors qu'il était aussi infirmier en soins intensifs, également à Villa Clara. Il avait moins de 20 ans et il a vécu la douloureuse guerre d’Angola.

« J'ai passé trois ans à Cabinda, une province riche en pétrole, mais où il n'y avait pas de prise en charge médicale et où, nous, les militaires, nous nous sommes occupés de la population pauvre. Après avoir obtenu mon diplôme d'infirmier, j'ai travaillé dans un hôpital, avec l’armée. »

À l'époque, l’environnement social étonna le jeune homme : « Il n'y avait qu'un seul médecin. Je voyais les enfants souffrant de malnutrition mourir de diarrhée ou de fièvre, sans assistance, et les équipes ne recevaient aucun soutien. Il n'y avait rien jusqu'à l’arrivée de notre coopération, en partie militaire et en partie civile. »

Pour lui cette guerre ce fut : « la destruction d'un pays. Il y avait beaucoup de mutilés, victimes des mines posées par l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita). Les principales victimes étaient des enfants et des jeunes. Il y avait un bel hôpital, doté d’un équipement moderne, et il ne faisait rien. C’est nous qui l'avons mis en place pour le peuple. »

Après de nombreuses années de travail dans sa province, Dionel a rejoint une mission de santé au Venezuela, il y a six mois. « Je me suis senti bien ici, où j’ai accompli un excellent travail auprès de la population. Ce sont les principes de Cuba et de Fidel. Je n'ai pas d'autre formation et je ne vais pas la changer », dit-il.

L’infirmier identifie très clairement la guerre non conventionnelle ou de quatrième génération à laquelle ils font face : « C'est une autre guerre ; nous essayons de faire de notre mieux. Les riches se procurent toujours de tout, mais la population subit les conséquences. Les médicaments manquent, de même qu’une bonne prise en charge. C'est ce que nous leur offrons tous les jours, c’est un traitement d'excellence pour qu'ils se sentent satisfaits. »

Ce vétéran de la paix précise que la guerre qu'il a vue en Angola et celle dont souffre le Venezuela ne se ressemblent pas, mais la volonté internationaliste cubaine est restée identique : « Là-bas, nous avons sauvegardé l'intégrité physique d'un pays, ici nous donnons plus de santé à un peuple. » Dans chaque cas, il sait quel uniforme porter : « J'ai vécu en Angola dans notre armée en portant l’uniforme vert et maintenant, au Venezuela, celui des blouses blanches. Ils se ressemblent, ce sont les armes qui changent. »

LES RANDONNEURS DE LA SANTÉ

Florinda West Dominguez n'a qu'un seul objectif : la santé de ses semblables. Pour cela, cette diplômée en hygiène et épidémiologie et spécialiste en entomologie médicale a défié en avion les nuages de bien des cieux.

« Ma tâche au Venezuela, en tant qu'épidémiologiste, c’est de prendre soin de la santé des coopérants cubains dans la région d'Altos Mirandinos, une grande responsabilité, car je dois exiger qu'ils prennent soin d'eux et qu’ils ne tombent pas malades dans un pays où les maladies transmissibles sont endémiques », explique-t-elle.

« Auparavant, en 2003, avec le contingent Henry Reeve, j'ai combattu la dengue au Honduras. L'Organisation panaméricaine de la santé avait convoqué un groupe d'entomologistes. 15 Cubains sont allés faire une étude pour faire face à l'épidémie. Au début, il s’agissait de trois mois, qui sont devenus six, puis douze, en raison de la réussite de cette recherche », affirme-t-elle.

Florinda a travaillé à Santa Rosa de Copan, avec une brigade de médecins cubains qui se trouvait déjà là. Bien qu'ils aient été confrontés à quatre sérotypes de la dengue, ils ont relevé des taux d'infestation à des niveaux qui n’impliquaient pas de risque et ils ont réduit la transmission de la maladie.

Au Honduras, la spécialiste cubaine a dû lutter contre la douloureuse maladie de Chagas et contre la leishmaniose. Une expérience qui l’a profondément bouleversée, mais qui a renforcé sa formation professionnelle. « Nous, les Cubains, nous sommes des gens cordiaux. Immédiatement, nous avons eu des échanges avec les Honduriens et nous avons complété nos connaissances. »

Qu’est-ce que cela représente d’intégrer un détachement d’élite (du sacrifice) comme la brigade Henry Reeve ?

C’est une grande pression. Parmi les meilleurs, il y en a de meilleurs encore, mais l’essentiel c’est de mettre tout son cœur dans son travail, car appartenir à la brigade Henry Reeve implique un dévouement immense, sans dates ni horaires. Parfois le sacrifice est plus grand que celui auquel le corps peut résister et, même ainsi, nous le faisons comme à l’habitude, avec beaucoup d'amour. On a l’impression que les membres de la brigade Henry Reeve ont toujours un sac à dos chez eux. Vous avez le vôtre ? Elle rit : « Oui, bien sûr que oui. Je suis toujours prête ! »

18:52 Publié dans AL-Pays : Cuba, AL-Pays : Vénézuela, Santé, Société | Tags : cuba, médecins, santé, vénézuela | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

22/05/2018

Venezuela. L’appel au dialogue du président Maduro

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Cathy Dos Santos, L'Humanité

Après sa réélection, dimanche, le chef de l’État a appelé ses adversaires à une rencontre pour surmonter les crises politique et économique.

Nicolas Maduro fait le pari du dialogue. Fort de sa victoire à l’issue de l’élection présidentielle de dimanche, le chef de l’État a appelé ses adversaires à une rencontre nationale pour tenter de dépasser le conflit politique, mais surtout pour affronter la terrible crise économique que traverse le pays. Le chef de file du Parti socialiste uni du Venezuela (Psuv) s’est adressé en premier lieu à ses principaux concurrents, Henri Falcon et Javier Bertucci, mais également à la frange la plus radicale de la droite qui avait donné pour consigne le boycott du scrutin. « Réunissons-nous, rencontrons-nous et parlons du Venezuela ! » a lancé Nicolas Maduro depuis le palais présidentiel de Miraflores.

À cette occasion, l’ancien ministre des Affaires étrangères durant les derniers mandats du président défunt Hugo Chavez a remercié ses partisans venus en masse le féliciter. « C’est une victoire héroïque, belle, populaire, forgée dans la lutte », a-t-il insisté. Ce succès n’était pas écrit d’avance. Le printemps meurtrier de 2017, avec l’insurrection orchestrée par l’opposition pour faire vaciller le pouvoir ou encore la situation économique catastrophique marquée par l’hyperinflation (7 000 %) auraient pu lui coûter sa réélection. Mais, finalement, Nicolas Maduro a su tirer son épingle du jeu face à une droite atomisée, incapable de penser une stratégie électorale autre que celle de la chaise vide.

Un réel mécontentement lié à des difficultés quotidiennes aggravées par les sanctions états-uniennes

Avec 5 823 728 de suffrages, le socialiste totalise 67,7 % des voix, devançant ainsi nettement ses adversaires. L’ancien gouverneur de l’État de Lara et candidat d’une partie de la droite, Henri Falcon, a décroché la seconde place mais n’a obtenu que 1 820 552 de votes, soit 21, 1 %. Le pasteur évangélique Javier Bertucci, a, quant à lui, rassemblé 925 042 voix. Enfin, Reinaldo Quijada a peiné à réunir 34 614 électeurs.

Au terme de ce scrutin, le président chaviste perd, certes, près d’1,7 million de voix par rapport à la précédente élection présidentielle de 2013. Un recul qui s’explique par la faible participation électorale (46 %), signe d’un réel mécontentement lié à des difficultés quotidiennes aggravées par les sanctions états-uniennes.

Nicolas Maduro parvient cependant à se faire élire avec près de 35 % du corps électoral, soit bien plus que d’autres présidents de la région comme le Colombien Juan Manuel Santos ou le Chilien Sebastian Piñera. En termes de comparaison avec l’Europe, Emmanuel Macron a été élu par environ 44 % des inscrits et encore, dans le cadre d’un duel avec le Front national, son bulletin servant également à faire barrage à l’extrême droite.

Pour Washington, qui souhaite mettre au pas Caracas, « ces élections ne changent rien »

Reste à savoir si, durant les six prochaines années, le locataire de Miraflores aura les coudées franches. Avant même l’annonce des résultats, Henri Falcon les a qualifiés d’« illégitimes », tout en réclamant la tenue d’une nouvelle élection en octobre. « Nous sommes disposés à (y) participer, sans avantage, ni chantage. C’est comme cela que l’on construit une alternative (...) », a-t-il réagi sur les réseaux sociaux.

Il ne s’est pas non plus privé d’égratigner ses camarades de droite et leur politique d’abstention qui a « relégué une opportunité extraordinaire » de déboulonner les chavistes. Pour Washington, qui souhaite mettre au pas Caracas, « les élections truquées ne changent rien ». « Il faut que le peuple vénézuélien gouverne ce pays… une nation qui a tant à offrir au monde ! » a lancé le secrétaire d’État américain et ex-directeur de la CIA, Mike Pompeo, un brin nostalgique du temps où la première puissance mondiale pillait allègrement le pétrole vénézuélien sans que le pouvoir en place y trouve à redire

18:03 Publié dans AL-Pays : Vénézuela, Politique | Tags : maduro, vénézuela, président | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg