Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/04/2018

Transition historique : quel avenir pour Cuba sans Castro ?

Cuba enfants.jpg

Depuis 1959, il y avait toujours eu un Castro à la tête de Cuba. Or, ce 19 avril, Miguel Diaz-Canel, un civil, a été élu à la tête du pays par l'Assemblée nationale. Une date historique pour l'île caribéenne que de nombreux défis attendent.

C'est une journée historique à Cuba. A partir de ce 19 avril, le président de Cuba ne s'appelle plus Castro, pour la première fois depuis 59 ans. L'Assemblée nationale cubaine qui s'est réunie les 18 et 19 avril a en effet annoncé que Miguel Diaz-Canel avait été élu président.

La date choisie pour cette transition est hautement symbolique. Elle correspond au 57e anniversaire de la victoire de la baie des Cochons, Playa Giron en espagnol, et considérée comme «première défaite de l'impérialisme yankee en Amérique latine» par la gauche latino-américaine. Le 19 avril 1961, une tentative d'invasion militaire de l'île par des exilés cubains soutenus par les Etats-Unis et qui visait à renverser le jeune pouvoir de Fidel Castro a été mise en échec.

Changement de génération

L'Assemblée nationale cubaine a d'abord élu les membres du Conseil d'Etat, et simultanément le président de cette institution exécutive suprême, qui succédera à Raul Castro. Ce dernier cède sa place au vice-président du conseil d'Etat, Miguel Diaz-Canel, un civil de 57 ans. Issu de la nouvelle génération et né après la révolution, Miguel Diaz-Canel est néanmoins préparé à reprendre la présidence du pays qu'il représente régulièrement lors de missions à l'étranger. Un homme plutôt discret qui va devoir prendre le relais des Castro, figures légendaires de l'histoire du XXe siècle. La fratrie Castro, ainsi que la génération des révolutionnaires de 1959, a écrit une histoire unique parvenant à faire résister la petite île caribéenne pendant plus d'un demi-siècle à la super-puissance américaine, située à 150 km à peine au nord de ses côtes.

Cette transition historique marque un changement de génération à Cuba et démontre une volonté de laisser les rênes du pouvoir aux plus jeunes. Cependant, peut-on parler de la fin d'une ère ? Pour Salim Lamrani, enseignant et essayiste, auteur de nombreux ouvrages sur la question cubaine, ce changement politique à Cuba est «symbolique dans la mesure où la génération historique qui a fait la Révolution se retire définitivement du pouvoir» laissant les commandes aux nouvelles générations «qui devront construire la Cuba de demain en préservant les acquis et en apportant des réponses durables aux défis d’aujourd’hui».

Continuité politique et défis économiques

Le nouveau président cubain n'a pas connu la révolution de 1959, ne portera pas l'uniforme militaire et ne dirigera pas le Parti communiste cubain (PCC), fonction qui sera celle de Raul Castro, jusqu'en 2021, année de ses 90 ans.

Cependant, selon Salim Lamrani, il n’y aura pas de rupture politique à Cuba «car la volonté majoritaire du peuple cubain est de préserver son modèle de société, ainsi que tous les acquis de la Révolution, à savoir la souveraineté nationale, le caractère universel et gratuit de l’éducation, de la santé et de la culture». En revanche, l'auteur rappelle que les Cubains aspirent à résoudre les difficultés matérielles auxquelles ils sont confrontés, à réduire la dépendance en termes de matières premières alimentaires et à augmenter les salaires.

Après avoir été longtemps soutenue par l'Union soviétique, Cuba a trouvé un allié fidèle en nouant des relations avec le Venezuela. Aujourd'hui, ce pays rencontre lui-même de grandes difficultés économiques. Pour Salim Lamrani, «même si le Venezuela est un partenaire politique et économique solide, Cuba a diversifié ses partenaires et dispose de relations fortes avec la Chine, le Canada, l’Union européenne et la Russie. Elle n’est plus tributaire du soutien d’un seul pays comme au temps de l’URSS».

L’unification monétaire, prévue depuis un certain est le grand défi actuel. Dotée de ce système unique au monde depuis 24 ans, Cuba dispose de deux monnaies nationales : le peso cubain, utilisé pour les transactions intérieures, et le peso convertible qui servait initialement à payer les produits et services importés. Les autorités cubaines sont bien décidées à renoncer à ce système, au risque de perturber l'économie de l'île. Cette unification devrait permettre de réduire certaines inégalités dues à la dualité monétaire. 

 

«Une opposition américaine»

Bien que des marges de manœuvres soient possibles, les difficultés économiques rencontrées par Cuba sont indiscutablement liées à la résistance dont l'île fait preuve face aux pressions de tout ordre qu'elle subit de la part des Etats-Unis. «Le principal obstacle au développement du pays sont les sanctions économiques imposées par les voisins américains depuis plus d’un demi-siècle», estime Salim Lamrani.

En effet l'embargo inflige des restrictions économiques, commerciales et financières à l'île depuis le 3 février 1962, à la suite de nationalisations expropriant des compagnies américaines. Bien qu'il ait été légèrement allégé, c'est le plus long embargo commercial de l'époque contemporaine. 

De plus, les Américains ont promulgué une loi en 1996 visant purement et simplement la chute de Fidel Castro. Cette loi, dite loi Helms-Burton (officiellement, Cuban Liberty and Democratic Solidarity) est une loi fédérale renforçant l'embargo contre Cuba. Elle interdit à n’importe quelle personne ou entreprise dans le monde de «trafiquer» avec des biens américains qui ont été nationalisés par Fidel Castro entre 1959 et 1961.

En face, l'opposition cubaine est dépendante du soutien politique et financier des Etats-Unis, comme le souligne Salim Lamrani : «Il n’y a rien de secret puisque Washington reconnaît officiellement financer la dissidence cubaine.» Pour ce spécialiste en relation américano-cubaines, en acceptant l’aide économique fournie par l’ennemi historique de Cuba, à savoir le gouvernement des Etats-Unis, «l’opposition cubaine commet un suicide politique. Elle ne dispose donc d’aucune légitimité auprès de la population. On ne peut pas espérer représenter une alternative crédible au sein de la société cubaine en s’alliant au pays qui opprime les Cubains depuis plus d’un demi-siècle».

Malgré ces pressions qu'elle dénonce comme procédant de l'impérialisme américain, Cuba a réussi le tour de force de former une élite technique et scientifique enviée par le monde entier. En guise de principales ressources économiques, le pays fait de l'exportation de services et principalement l'envoi de coopérants médicaux. Selon l'AFP, cette ressource se place loin devant le tourisme, qui a pourtant attiré 4,5 millions de personnes en 2017. Depuis 1959, Cuba a formé des dizaines de milliers de médecins, enseignants, techniciens et ingénieurs explique Salim Lamrani : «Aucun autre pays au monde n’a réussi un former un tel capital humain. Cuba propose depuis de nombreuses décennies ses services aux pays du Tiers-monde ayant des besoins en termes de santé, d’éducation ou d’assistance technique.»  

Raul Castro, le réformateur

Au côté de son aîné Fidel, leader au charisme anthologique, Raul fut le principal artisan de l'arrimage de l'île à l'Union soviétique en pleine guerre froide. C'est pour ses talents d'organisateur méticuleux que le cadet se voit très vite confié par Fidel les rênes des «forces armées révolutionnaires». Il a été le ministre de la défense de l'île de 1959 à 2006.

Une fois au pouvoir en 2006, Raul Castro a mené des réformes et ouvert le marché du travail à l’initiative privée. Cuba compterait aujourd'hui 580 000 travailleurs privés. D'autre part, en 2013, Raul Castro met fin aux restrictions qui empêchaient les Cubains de voyager à l’étranger. Ils peuvent maintenant voyager librement. Concernant la communication avec le reste du monde, le gouvernement a installé en 2013 également plusieurs centaines de zones wi-fi publiques à travers le pays. Cependant, les connexions à domicile ne concernent toujours qu’une petite partie de la population pour le moment. En 2008, le pays autorise les agriculteurs privés à recevoir en usufruit des terres en friche. L’Etat a distribué plus d’un million d’hectares et facilité les conditions d’achat et de vente pour les privés.

Enfin, Raul Castro, en pragmatique, a été l'artisan d'un rapprochement longtemps considéré comme impossible avec les Etats-Unis. Toujours inflexible sur l'essentiel, il a su initier fin 2014 un dégel avec Washington, aujourd'hui remis en cause par l'administration Trump.

Le nouveau président cubain devra tenir compte des «lignes directrices» votées par le parti communiste et le Parlement, qui dessinent les orientations politiques et économiques à mener d'ici 2030. Pour Salim Lamrani, la principale ligne directrice sera «de préserver la souveraineté nationale et les acquis de la Révolution cubaine». Fidel puis Raul Castro auront dirigé Cuba, jusqu'à l'incarner. Ce changement de tête à la présidence de l'île permettra de constater si la révolution cubaine, qui a résisté aux plus dures pressions internationales, pendant près de 60 ans, tire sa ténacité de ses leader ou de ses fondements idéologiques.

Sources RT

11:00 Publié dans AL-Pays : Cuba, Politique, Société | Tags : cuba, avenir, castro, diaz | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

12/04/2018

Cuba n’a jamais autant séduit les Français

Par Laurent Guéna pour le quotidien du tourisme, cuba

rosa cuba.jpg

Malgré Irma, Cuba a battu des records en 2017 avec l’arrivée de 209 600 touristes français contre 180 000 en 2016. 2018 s’annonce aussi belle.

Rosa Adela Mejias Jimenez, directrice de l’Office de tourisme de Cuba, peut avoir sourire. Les Français n’ont jamais été aussi nombreux à se rendre à Cuba. Le record de 2016, 180 000 arrivées, n’est déjà plus un repère. Le chiffre à dépasser, c’est maintenant 209 600. 

La France est aujourd’hui le premier marché en Europe grâce, en partie, aux dessertes aériennes qui se sont développées et qui entraînent de meilleurs tarifs; « Sans Irma, nous aurions fait mieux », souligne la directrice qui se réjouit que l’année 2018 parte sur des bases quasi identiques malgré les conséquences de l’ouragan qui ont entraîné des annulations cet automne. « Depuis décembre, les réservations repartent à la hausse, nous avons fait un gros effort d’information en temps réel ».

Rosa Adela Mejias Jimenez loue la créativité « des tour-opérateurs et des agences de voyages françaises » qui poussent les réceptifs cubains à trouver des offres qui sortent des « sentiers battus » pour répondre « à de nouvelles demandes ». En effet, l’une des particularités des Français est d’être à la recherche d’offres culturelles qu’ils combinent avec du balnéaire. Les randonnées  accompagnées par des guides sont aussi de plus en plus demandées. « C’est comme cela que nous fidélisons les Français, nous avons un taux de « repeaters » de 25%.

Pour accompagner cette montée en puissance du tourisme, Cuba va ouvrir 4020 chambres par an. L’office met en avant les hôtels E, une trentaine d’hôtels de charmes situés dans des villes coloniales et gérés par diverses enseignes internationales. Rosa Adela Mejias Jimenez, tient à tordre le coup à la rumeur, « tous les vols intérieurs sont normalement assurés à Cuba ».

Enfin, Cuba a communiqué tous azimuts en ce début d’année. A la télévision avec TUI et, aussi, dans le métro parisien. Par ailleurs, l’office a participé à de nombreux salons grand public et a été mis à l’honneur à la foire internationale de Rouen.

A noter que le Fitcuba, salon professionnel se tiendra à Cayo Santa Maria du 2 au 6 mai 2018.

17:45 Publié dans AL-Pays : Cuba, Voyage | Tags : cuba, tourisme, record, 2018 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg