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29/03/2016

LE FRERE D'OBAMA

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Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit. Nos efforts seront légaux et pacifiques, parce que tel est notre engagement envers la paix et la fraternité de tous les êtres humains qui vivons sur cette planète

Les rois d’Espagne nous ont amenés les conquistadors et les propriétaires, dont les traces sont restées empreintes dans les parcelles de terre circulaires assignées aux chercheurs d’or dans les sables des rivières, une forme abusive et honteuse d’exploitation dont on peut apercevoir encore les vestiges depuis les airs dans de nombreux endroits du pays.

Le tourisme, aujourd’hui, consiste en grande partie à montrer les délices des paysages et à savourer les mets exquis de nos mers, à condition de les partager avec le capital privé des grandes sociétés étrangères, dont les recettes ne méritent aucune attention si elles ne se chiffrent pas par milliards de dollars per capita.

Puisque je me suis vu obligé de mentionner le sujet, je me dois d’ajouter, notamment à l’attention des jeunes, que rares sont ceux qui se rendent compte de l’importance d’une telle condition en ce moment singulier de l’histoire humaine. Je n’irai pas jusqu’à dire que le temps a été perdu, mais je n’hésite pas à affirmer que nous ne sommes pas suffisamment informés, ni vous, ni nous, des connaissances, de la prise de conscience qu’il nous faudrait pour relever les défis de la réalité. La première chose à prendre en compte, c’est que nos vies sont une fraction de seconde au regard de l’Histoire, qu’il faut aussi partager les besoins vitaux de tout être humain. Une des particularités de celui-ci réside dans la tendance à la surévaluation de son rôle, ce qui contraste par ailleurs avec le nombre extraordinaire de personnes qui incarnent les rêves les plus élevés.

Personne, cependant n’est bon ni mauvais en soi. Aucun d’entre nous n’est préparé au rôle qu’il est appelé à assumer dans la société révolutionnaire. En partie, nous, les Cubains, avons eu le privilège de compter sur l’exemple de José Marti. Je me demande même s’il aurait dû mourir ou pas à Dos Rios, lorsqu’il dit « Pour moi, il est temps », et qu’il chargea les forces espagnoles retranchées derrière une solide ligne de feu. Il ne voulait pas retourner aux États-Unis et personne n’aurait pu l’en obliger. Quelqu’un arracha quelques feuilles de son journal. Qui a bien pu commettre cette faute perfide, si ce n’est sans aucun doute un intrigant sans scrupules ? On connaît les divergences qu’il y avait entre les Chefs, mais jamais d’indisciplines.

« Quiconque tentera de s’emparer de Cuba ne recueillera que la poussière de son sol baigné de sang, s’il ne périt pas dans la bataille ! », s’était écrié le glorieux leader noir Antonio Maceo. Maximo Gomez est également reconnu comme le chef militaire le plus discipliné et discret de notre histoire.

Vu sous un autre angle, comment ne pas être saisi d’admiration devant l’indignation de Bonifacio Byrne lorsque, depuis l’embarcation lointaine qui le ramenait à Cuba, ayant aperçu un autre drapeau à côté de la bannière de l’étoile solitaire, déclara : « Mon drapeau est celui qui n’a jamais été mercenaire… », avant d’ajouter aussitôt l’une des plus belles phrases qu’il m’ait été donné d’entendre : « Si un jour mon drapeau est déchiré en petits morceaux / nos morts levant les bras / sauront encore le défendre ! » Jamais je n’oublierai non plus les paroles enflammées de Camilo Cienfuegos ce soir-là, lorsqu’à plusieurs dizaine de mètres des bazookas et des mitrailleuses d’origine nord-américaine aux mains de contre-révolutionnaires, était braquées sur la terrasse où nous étions. Obama était né en août 1961, comme il l’a lui-même expliqué. Plus d’un demi-siècle devait s’écouler depuis ce moment-là.

Voyons cependant comment pense aujourd’hui notre illustre visiteur :

« Je suis venu pour enterrer les derniers vestiges de la guerre froide dans les Amériques. Je suis venu tendre la main de l’amitié au peuple cubain ».

Tout de suite après, un déluge de concepts, complètement nouveaux pour la plupart d’entre nous :

« Vous comme nous, nous vivons dans un nouveau monde colonisés par les Européens », devait ajouter le Président des États-Unis. « Cuba, à l’instar des États-Unis, a été construite en partie par les esclaves amenés ici en provenance d'Afrique. Comme les États-Unis, le peuple cubain a un héritage d’esclaves et d’esclavagistes ».

Les populations autochtones n’existent en rien dans l’esprit d’Obama. Il ne dit pas non plus que la discrimination raciale fut balayée par la Révolution ; que les retraites et les salaires de tous les Cubains furent décrétés par cette même Révolution avant que M. Obama lui-même n’est fêté ses 10 ans. L’odieuse habitude bourgeoise et raciste d’engager des sbires pour que les citoyens noirs soient expulsés des centres de loisirs fut balayée par la Révolution cubaine. Celle-ci entrera dans l’Histoire pour la bataille qu’elle a livrée en Angola contre l’apartheid, en mettant fin à la présence d’armes nucléaires dans un continent de plus d’un milliard d’habitants. Tel n’était pas le but de notre solidarité, mais d’aider les peuples d’Angola, du Mozambique, de Guinée Bissau et autres de la domination coloniale fasciste du Portugal.

En 1961, à peine un an et trois mois après le triomphe de la Révolution, une force mercenaire équipée de canons et d’infanterie blindée et d’avions, entraînée et escortée par des bâtiments de guerre et des porte-avions des États-Unis, lança une attaque surprise contre notre pays. Rien ne pourra justifier cette attaque en traître qui coûta à notre pays des centaines de pertes, entre morts et blessés. Sur cette brigade d’assaut pro-yankee, il n’est établi nulle part qu’un seul mercenaire aurait pu être évacué. Des avions de combats yankees furent présentés aux Nations Unies comme appartenant à des forces cubaines mutinées.

Nous connaissons largement l’expérience militaire et la puissance de ce pays. En Afrique, ils ont également cru que la Cuba révolutionnaire serait facilement mise hors de combat. L’attaque lancée par le sud de l’Angola par les brigades motorisées de l’Afrique du Sud raciste les amena aux abords de Luanda, la capitale de ce pays. Ici s’engagea une bataille qui allait durer pas moins de 15 ans. Je ne parlerais même pas de ces choses-là, s’il n’avait pas été de mon devoir élémentaire de répondre au discours d’Obama au Grand théâtre de La Havane Alicia Alonso.

Je ne tenterai pas non plus de donner des détails. Je tiens juste à souligner que sur ces terres fut écrite une page glorieuse de la lutte pour la libération de l’être humain. D’une certaine manière, j’aurais souhaité que la conduite d’Obama fût correcte. Ses origines humbles et son intelligence naturelle étaient évidentes. Mandela était prisonnier à vie et il était devenu un géant de la lutte pour la dignité humaine. Un jour, j’ai pu avoir entre mes mains une copie du livre qui raconte une partie de la vie de Mandela, et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’elle était préfacée par Barack Obama. Je l’ai feuilleté rapidement. C’était incroyable de voir l’écriture minuscule de Mandela, ses notes précisant des données. Cela vaut la peine d’avoir connu des hommes tels que lui.

Concernant l’épisode d’Afrique du Sud, j’aimerais rappeler une autre expérience. Je souhaitais vraiment connaître plus en détails la manière dont les Sud-africains s’étaient procuré les armes nucléaires. Je ne disposais que de l’information précise selon laquelle ils n’avaient pas plus de 10 ou 12 bombes. Une source de confiance serait le professeur et chercheur Piero Gleijeses, qui avait rédigé le texte de « Missions en conflit : La Havane, Washington et l’Afrique 1959-1976 », un excellent travail. Je savais qu’il constituait la source la plus sûre sur ces événements, et je le lui ai fait savoir. Il m’a répondu qu’il n’avait plus reparlé de la question, car dans le texte il avait répondu à la question du camarade Jorge Risquet, qui avait été ambassadeur ou coopérant cubain en Angola, et dont il était un ami très proche. J’ai réussi à joindre Risquet, qui s’acquittait d’autres tâches importantes et était attelé à terminer un cours qui devait encore lui prendre quelques semaines. Cette tâche coïncida avec un voyage assez récent de Piero à notre pays. Je lui avais fait savoir que Risquet avait un certain âge et que son état de santé n’était pas optimal. Quelques jours après, il s’est passé ce que je redoutais. L’état de Risquet a empiré et il est décédé. À l’arrivée de Piero, il n’y avait plus rien à faire, à part des promesses, mais j’avais quand même pu obtenir des informations sur ce qui avait trait à ce genre d’armes et sur l’aide que l’Afrique du Sud raciste avait obtenue de Reagan et d’Israël.

J’ignore ce qu’Obama aura à dire sur cette histoire. J’ignore ce qu’il savait ou pas, même s’il est difficile de croire qu’il ne savait absolument rien. Ma modeste suggestion est qu’il réfléchisse et qu’il n’essaie pas d’élaborer des théories sur la politique cubaine.

Il y a une question importante :

Obama a prononcé un discours où il utilise des mots mielleux pour signaler : « Il est temps d’oublier le passé, laissons le passé en arrière, regardons vers l’avenir, regardons-le ensemble, un avenir d’espoir. Et ceci ne sera pas facile, il y aura des défis, et nous allons leur laisser le temps. Mais mon séjour ici me remplit d’espoir sur ce que nous pouvons faire ensemble comme des amis, comme des familles, comme des voisins, ensemble ».

Il est à supposer que chacun d’entre nous a frôlé l’infarctus en écoutant ces paroles du Président des États-Unis. Après un blocus impitoyable qui dure depuis près de 60 ans… et ceux qui sont morts victimes des attaques mercenaires contre des bateaux et des ports cubains… un avion de ligne plein de passagers fait exploser en plein vol, des invasions mercenaires, toutes sortes d’actes de violence et de force ?

Que personne ne se fasse d’illusions sur le fait que le peuple de ce pays noble et désintéressé renoncera à la gloire et aux droits, à la richesse spirituelle qu’il a acquise par le développement de l’éducation, la science et la culture.

J’avertis en outre que nous sommes capables de produire des aliments et les richesses matérielles dont nous avons besoin grâce aux efforts et à l’intelligence de notre peuple. Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit. Nos efforts seront légaux et pacifiques, parce que tel est notre engagement envers la paix et la fraternité de tous les êtres humains qui vivons sur cette planète.

Fidel Castro Ruz
Le 27 mars 2016

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18:48 Publié dans AL-Pays : Cuba, AL-Pays : Cuba CNI, Point de vue, Politique | Tags : fidel castro, cuba, lettre, obama | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

26/03/2016

Cuba et l’ignorance de certains journalistes

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Il faut grandement féliciter le président des États-Unis d’avoir effectué cette visite historique à Cuba afin d’essayer d’harmoniser les relations diplomatiques entre les deux pays. Mais la levée de l’embargo économique, qui coûte chaque année des milliards de dollars à Cuba, n’est pas pour demain. Ce n’est pas seulement les républicains américains qui s’opposent à la fin de cet odieux et criminel embargo, mais aussi l’État de Floride qui perdrait alors des milliers de touristes au profit de Cuba.

Il y a aussi l’industrie pharmaceutique qui ne veut pas voir déferler aux States les médicaments développés par la dynamique industrie étatique pharmaceutique cubaine, ainsi que la lucrative business des hôpitaux et des médecins privés américains cotés à la Bourse qui verrait des millions de malades aller se faire soigner sur l’île socialiste. C’est également sans compter les producteurs de fruits et de légumes, etc.

Ce n’est qu’en 2015 que les États-Unis ont retiré Cuba de leur liste noire des États «soutenant le terrorisme». Vraiment ridicule. Parlant de terrorisme, que font les States sur l’île même, à Guantanamo pour être plus précis? Des centaines de personnes emprisonnées sans procès et torturées en plus de ça. Que les Américains, par respect pour le peuple cubain, posent leurs gestes ignobles ailleurs que sur l’île cubaine. Guantanamo, qui fait partie intégrante de Cuba et qui lui a été subtilisée, pour ne pas dire volée, il y a environ 100 ans, doit être restituée à Cuba. C’est la moindre des choses.

À propos des reportages sur Cuba dans notre presse écrite

Mes amis, vous le savez bien, ma patience est presque infinie, et je fais toujours preuve d’une retenue et d’une réserve exemplaires. Mais là, en lisant les comptes-rendus de nos journalistes de la presse écrite sur le récent voyage de Barack Obama à Cuba, j’ai sauté une coche et des fils se sont touchés. Ça ne se peut pas. Pour la millième fois, nos journalistes en ont profité pour déblatérer de nouveau sur Cuba. Ben oui, tout le monde sait qu’à Cuba les gens sont épiés et surveillés (pourtant autant qu’aux États-Unis) et qu’en plus, ils sont ostracisés, emprisonnés et même torturés. Un système plus que totalitaire que nous répètent à satiété nos journalistes. À Cuba, il n’y a pas de criminels, seulement des prisonniers politiques. En plus de subir la répression, les Cubains sont tous pauvres et sous-alimentés qu’ils nous disent. L’enfer ce n’est pas l’autre, c’est Cuba.

Je m’excuse, mais tenir de tels propos sur Cuba relève de l’ignorance et d’un niveau d’endoctrinement maladif chez certains de nos «professionnels» de l’information qui sont pourtant censés produire une information neutre et objective. Oh, pas du tout, je n’insulte pas les journalistes en disant ça, je ne fais que constater empiriquement ce qui a été écrit sur Cuba dans nos médias. Je me dois de parler franchement à certains de mes amis journalistes.

Des réalisations extraordinaires passées sous silence

Cuba a un des meilleurs systèmes de garderies, de santé, d’éducation, d’aide internationale, etc. au monde, et ça, pour nos journalistes émérites, ne compte pas. À Cuba, toutes les personnes, peu importe leur statut, ont un médecin de famille et plus; se font soigner et opérer rapidement; n’attendent pas vingt heures à l’urgence; jouissent de la gratuité des médicaments; ont le privilège d’aller de la garderie à l’université gratuitement; ont un meilleur système de transport en commun qu’ici, etc. Toute une dictature! Être soignés et éduqués comme le sont les Cubains, ça ne fait pas partie de la sacro-sainte notion de liberté individuelle qu’ont mes amis journalistes.

Je le demande: elle est où la «liberté» quand vous n’avez pas de médecin de famille et quand vous attendez vingt heures à l’urgence? Ou encore plus d’un an avant de vous faire opérer? Elle est où votre liberté quand vos enfants fréquentent des écoles avec plein de moisissures et quand les jeunes vont à l’école sans rien avoir mangé et qu’ils n’ont pas droit à des services spécialisés comme à Cuba? Ben oui, ici la notion de démocratie et de liberté est assimilée principalement au fait de pouvoir aller voter aux quatre ans pour l’un des trois partis politiques qui ont, disons-le, à peu près tous le même programme (CAQ, PQ et PLQ).

Quelques faits sur Cuba

Pauvres et privés de liberté les Cubains, vous dites? Pouvez-vous alors m’expliquer pourquoi Cuba est l’un des pays les plus riches en centenaires au monde par habitant? «Le club des 120 ans. Le secret des centenaires cubains» (Le Journal de Montréal, 21 mai 2010). Ils ont la couenne dure ces Cubains pour vivre aussi vieux en étant opprimés et affamés toute leur vie. Commencez-vous à vous poser des questions, mes amis?

Saviez-vous que l’indice de développement humain de l’ONU place Cuba parmi les plus avancés (44e rang sur 187 pays) pour ce qui est de l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et le niveau de vie? Eh oui, le niveau de vie, mes amis. Saviez-vous aussi que les taux de mortalité infantile et prénatale sont plus bas à Cuba qu’aux States? Et puis, saviez-vous qu’à Cuba on compte seulement 3 % d’analphabètes contre environ 12 % au Québec? Saviez-vous que l’espérance de vie à la naissance atteint le même niveau que les pays développés (78 ans)? Toujours selon l’ONU, l’indicateur de développement humain est de 8 ½ sur 10 à Cuba. Je suppose que tous ces faits ne font pas des Cubains des gens effectivement plus libres que dans la majorité des pays du monde et même plus qu’au Québec? Eh oui, plus qu’au Canada.

Aide internationale fournie par Cuba

Paroles du secrétaire d’État américain John Kerry concernant l’épidémie de fièvre Ebola: «Je voudrais remercier Cuba pour son aide dans la lutte internationale contre la fièvre hémorragique. Cuba, un pays d’à peine 11 millions d’habitants, a dépêché 165 professionnels de la santé en Afrique de l’Ouest et prévoit en envoyer près de 300 de plus» (La Presse, 27 octobre 2014, texte de Richard Hétu). Mes amis, le Québec supposément démocratique a envoyé combien de docteurs en Afrique?

Ah ben, en voilà une autre bonne rapportée dans Le Journal de Montréal du 12 juillet 2013: «L’Organisation mondiale de la santé a officiellement déclaré hier Cuba comme le premier pays au monde à avoir éliminé la transmission du virus du sida (VIH) et de la syphilis de la mère à l’enfant». Toujours rien à voir avec les notions de liberté et de démocratie?

J’en aurais plein d’autres qui pourraient vous aider à vous ouvrir les yeux et les oreilles, mais en voici une drôle: «Des Américains étudieront la médecine à Cuba» (La Presse, 29 octobre 2015). C’est l’université du Michigan qui va envoyer ses apprentis médecins étudier dans les hôpitaux cubains. Tiens, une autre dernière: «Se faire soigner à Cuba. Des Québécois s’y rendent même pour traiter leur cancer» (Le Journal de Montréal, 23 mars 2009). Et pas seulement des Québécois, loin de là!

Visites du pape à Cuba

En 2012, visite du pape Benoît XVI à Cuba, 14 ans après celle de Jean-Paul II. En 2015, visite du pape François à Cuba et en 2016, toujours sur l’île «communiste», le pape François rencontre le chef de l’Église orthodoxe russe Kirill. Mais que font ces religieux dans un pays qui, selon nos amis journalistes, brime les libertés individuelles, emprisonne les opposants, même les soi-disant résistants «modérés» et opprime sa population? Ben oui, l’Égypte, l’Arabie Saoudite, l’Ukraine «libérée», le Honduras ou encore l’Érythrée apparaissent comme des formidables démocraties lorsqu’on les compare à Cuba. Vraiment tout le monde sait ça. Ah ben! c’est à La Havane en 2015, et c’est Cuba qui a agi comme médiateur dans les conflits meurtriers opposant le gouvernement de Colombie et la guérilla des FARC. Franchement, un pays de la droite comme la Colombie, qui choisit Cuba, ce pays maudit, comme conciliateur... Mes amis journalistes, j’espère que vous commencez à comprendre!

Leçon d’histoire

Mes amis, depuis la révolution cubaine, initiée par Fidel Castro il y plus de cinquante ans, les Américains et d’autres ont financé généreusement plusieurs organisations cubaines et étrangères, souvent des ONG avec des noms très angéliques, afin de renverser le gouvernement socialiste cubain, comme ils l’ont fait récemment avec succès en Ukraine, au Honduras, en Égypte, etc. Aie! Cuba est à 90 kilomètres des States. Si les Américains n’ont pas réussi leur putsch, c’est grâce au peuple cubain, éduqué et conscientisé, qui tient à son merveilleux système. Un point c’est tout. Ah oui, les States ont manigancé plusieurs fois afin de liquider Fidel Castro. Pour les journalistes, il faudrait laisser passer toutes les ONG et tous les dissidents «modérés» financés par l’étranger afin de renverser le gouvernement cubain et d’agir à leur guise sur l’île. Renverser le gouvernement actuel à Cuba au profit de qui au juste? Des gens qui, comme ici, instaureraient le principe de l’utilisateur-payeur dans les services publics cubains mille plus développés et accessibles qu’au Québec?

On peut regarder ce qui est déjà arrivé en Amérique du Sud en lisant bien ces titres d’articles de journaux:

«Henry Kissinger a appuyé la dictature militaire en Argentine. Selon des documents déclassifiés, l’ex-secrétaire des États-Unis a approuvé la répression sanglante de la junte au pouvoir entre 1976 et 1983» (La Presse, 23 août 2002).

«Guatemala: la CIA derrière un coup d’État en 1954» (La Presse, 16 mai 2003). Et qui fut derrière le récent putsch au Honduras? Et qui était derrière l’enlèvement du défunt président du Venezuela Hugo Chavez?

«La CIA admet ses liens avec le chef de la police secrète chilienne sous Pinochet» (Le Journal de Montréal, 20 septembre 2000). Et qui a financé les contras au Nicaragua afin de renverser le président élu Daniel Ortega?

Ben non, ces choses-là ne pourront jamais se produire à Cuba. De toute façon, même quand il y a un putsch militaire qui renverse un gouvernement élu démocratiquement comme en Égypte, en Ukraine et au Honduras, si le nouveau gouvernement mis en place par les militaires est du côté des Occidentaux et est favorable au libre marché, c’est alors une bonne dictature. Il y a, comme ça, dans le monde, les bonnes et les mauvaises dictatures.

Et la démocratie au Québec dans tout cela

Quand un premier ministre déclare ce qui suit, comme l’a fait Philippe Couillard, faut nécessairement se poser des questions sur la vraie valeur de notre démocratie: «Non, la majorité n’a pas toujours raison. Le courage politique consiste à affirmer et à maintenir des positions différentes [allô démocratie] si elles s’appuient sur des principes profonds» (La Presse, 12 décembre 2013). Couillard qui parle de principes profonds, faut le faire. Et où est la démocratie quand le PLQ impose ses mesures d’austérité à l’encontre de la volonté de la majorité et quand le premier ministre a le culot de déclarer: «Les coupes ont touché les plus vulnérables admet Couillard» (Le Devoir, 23 septembre 2015). Pas les plus riches, mais les plus vulnérables. Au contraire, des coupes qui ont profité aux gras dur en «libérant» des fonds publics.

Et puis, quand dans une province comme le Québec on érige la corruption en système, on devrait se garder une petite gêne quand vient le temps de faire la leçon aux autres pays en termes de démocratie et de liberté individuelle, notamment les journalistes. Pourquoi ne pas venir avec moi en décembre prochain à Cuba dans ce petit village (Guanabo) de 5000 habitants situé à environ 40 kilomètres de La Havane. Je vous ferai alors visiter une garderie, une école secondaire, une clinique médicale et, prenant le transport en commun qui mène directement à La Havane, on ira visiter un hôpital, une école de médecine et une université. Ah oui, à Guanabo, on assistera ensemble à une assemblée d’un arrondissement et d’une commission scolaire. Vous allez voir que les Cubains n’ont pas la langue dans leur poche. On parlera aussi aux gens dans la rue et on observera leur façon de faire. Ça coûtera ce que ça coûtera aux organes de presse, mais ça va valoir la peine. En passant, couvre-feu à 10 heures le soir, et pas question de partir sur la «go». On aura une grosse semaine de travail devant nous; faut admettre qu’on part de loin.

Léo-Paul Lauzon, le journal de Montréal

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21/03/2016

En Amérique du Sud, c'est l'année de tous les dangers

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Au Brésil, l'opposition à Dilma rousseff, la présidente, a réuni plus de 3 millions de manifestants le 13 mars. A gauche, la mobilisation se prépare.

La droite revient en force, avec le soutien des puissances libérales états-uniennes. L'argentine, où le libéral Mauricio Macri veut briser l'héritage de Kirchner, le Brésil, où Lula est attaqué sans retenue, le Venezuela, où l'opposition orchestre le chaos, sont dans l'oeil du cyclone.

Cette année 2016 s'annonce très conflictuelle pour trois pays d'Amérique latine : Brésil, Venezuela et Argentine. « Nous sommes face à une attaque conservatrice qui souhaite empêcher une candidature de Lula à l'élection présidentielle en 2018 », affirme le dirigeant brésilien du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), Joao Pedro Stedile. Une déstabilisation dénoncée par 14 anciens chefs d'État et de gouvernement latino-américains et européens (1). Ils ont publié, le 11 mars, une protestation contre la tentative « de détruire l'image de ce grand Brésilien et les avancées sociales que le Brésil a connues pendant ses deux mandats ».
 
BRÉSIL, UNE CRISE INCONTRÔLABLE ?
Le camp progressiste brésilien n'entend pas en rester là. Le 31 mars aura lieu une mobilisation nationale du Front Brésil populaire. Ses revendications? Celles proposées par les travailleurs. En avril, ce sera le tour des paysans. Pour Joao Pedro Stedile : « Le gouvernement de Dilma n'arrive pas à contrôler la crise et à avancer. Il a accepté l'agenda néolibéral avec la réforme du système de retraite et en signant un pacte avec la droite pour exclure l'entreprise Petrobras de l'exploration du Pré-Sal, ouvrant ainsi la porte aux entreprises multinationales. » Le Pré-Sal est un immense gisement de pétrole et de gaz naturel dont le potentiel est estimé à environ 1,6 milliard de mètres cubes, situé entre l'État de l'Espirito Santo et l'État de Santa Catarina au sud-est du Brésil. Il s'agit de la plus grande réserve de pétrole au monde dans des eaux maritimes.
 
VENEZUELA, LA GUÉRILLA COMME POLITIQUE
Au Venezuela, le scénario du chaos est savamment orchestré par la droite et l'extrême droite, qui tentent d'obtenir par la force leur retour au pouvoir. En 2002, elles s'étaient déjà essayées au coup d'État contre Hugo Chavez. Maurice Lemoine décrypte sur le site Mémoire des luttes cette stratégie (medelu.org) de radicalisation qui reprend fin 2013, après une énième défaite aux élections régionales et municipales qui ne sont pas pour autant le plébiscite attendu contre le président Maduro. « Le 23 janvier 2014, Leopoldo Lopez, l'un des dirigeants "ultras" de la MUD (Table de l'unité démocratique, droite ­ NDLR), incite ses militants à mettre en oeuvre le plan "la Salida" (la sortie), destiné, en créant le chaos, à pousser le chef de l'État à la démission.
 
Dès le 12 février 2014, sous les exhortations de ces meneurs, d'incessantes actions de guérilla urbaine mettent le feu à quelques villes ­ toutes entre les mains de l'opposition. Ces « guarimbas » (barricades faites de tout type de matériel et de pneus enflammés), cette vague de violences sauvages vont laisser dans leur sillage le lourd bilan de 43 morts (dont 9 fonctionnaires) et 878 blessés. » La victoire de la coalition d'opposition Mesa de la Unidad Democrática (MUD) aux élections législatives du 6 décembre dernier a débouché sur une Assemblée nationale contrôlée par des forces hostiles à la révolution bolivarienne. Depuis la victoire de Hugo Chavez en 1999, ce scénario n'a jamais eu lieu et elle conforte la droite et l'extrême droite dans leur stratégie.
 
ARGENTINE, UNE CHASSE AUX SORCIÈRES
En Argentine, le nouveau président de droite, Mauricio Macri, multiplie les attaques contre l'héritage des Kirchner. Près de trois mois après son arrivée au pouvoir, il a déjà licencié 45 000 salariés du secteur public, provoquant de nombreux mouvements sociaux. Face à la grève générale organisée par les principales organisations syndicales, les fédérations des professionnels de la santé et de l'éducation, les chercheurs fin février, cet ultralibéral a promis de poursuivre les suppressions de postes. Une intransigeance conforme à ce président qui gouverne par décrets (une centaine en moins de 100 jours). Dans un silence médiatique, Mauricio Macri a engagé une véritable chasse aux sorcières en arrêtant la dirigeante du mouvement social Tupac Amaru, Milagro Sala, députée du Parlement du MERCoSUR. Une véritable répression qui s'accompagne d'un limogeage de militants et d'une reprise en main de la presse avec le licenciement d'une série de journalistes parmi les plus connus dans les médias publics télévisés pour une vaste reprogrammation des contenus...
Cette contre-offensive de la droite en Amérique latine est due à un système capitaliste en crise. Faute d'issue, ce système cherche « à s'approprier les ressources naturelles importantes et détruire tout type de contrôle national sur les marchés pour recréer un marché mondial des marchandises, affranchi de tout contrôle, afin de garantir des profits illimités aux entreprises transnationales. D'où la multiplication des accords de libre-échange », analyse Joao Pedro Stedile. La bataille est donc lancée à l'échelle régionale.
 
(1) Cristina Kirchner (Argentine), Eduardo Duhalde (Argentine), Carlos Mesa (Bolivie), Ricardo Lagos (Chili), Ernesto Samper (Colombie), Mauricio Funes (El Salvador), Felipe Gonzalez (Espagne), Manuel Zelaya (Honduras), Massimo D'Alema (Italie), Martin Torrijos (Panama), Nicanor Duarte (Paraguay), Fernando Lugo (Paraguay), Leonel Fernandez (République Dominicaine), José Mujica (Uruguay), Juan Manuel Insulza (OEA, Organisation des états américains).
 
Vadim Kamenka
Dimanche, 20 Mars, 2016
Humanité Dimanche
 
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01/03/2016

Les Rolling Stones vont donner un concert à Cuba

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le 25 mars, une première pour un grand groupe de rock dans ce pays, le concert sera gratuit.

Les Rolling Stones vont donner un concert à La Havane (Cuba) le 25 mars. C'est la première fois qu'un "groupe de rock anglais" se produit dans le pays.

Ce spectacle de plein air sera donné gratuitement au complexe sportif Ciudad Deportiva, quelques jours après une visite historique à Cuba du président américain Barack Obama, prévue les 21 et 22 mars.

"Nous avons joué dans de nombreux endroits spéciaux au cours de notre longue carrière, mais ce spectacle à La Havane fera date, pour nous, comme pour, nous l'espérons, nos amis à Cuba", déclare le groupe dans un message publié sur son site. 

En octobre dernier, le chanteur Mick Jagger avait été aperçu à La Havane, dans les rues de la vieille ville, en compagnie de son fils. A l'époque, cette visite avait été relayée par le quotidien d'Etat Granma, qui évoquait déjà des rumeurs de concert.

Après la révolution castriste de 1959, la musique rock, considérée comme une arme de l'impérialisme américain, a été interdite pendant de longues années à Cuba, avant d'être progressivement tolérée jusqu'à s'imposer dans les médias d'Etat au cours de la dernière décennie.

Depuis l'annonce historique fin 2014 du dégel entre Cuba et les Etats-Unis, de nombreux artistes américains et internationaux ont effectué des séjours privés sur l'île, parmi lesquels Katy Perry, Rihanna et le guitariste de Sting Dominic Miller.

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18:45 Publié dans Actualités, AL-Pays : Cuba, Cuba music, Culture | Tags : cuba, les rolling stones | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg