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30/12/2014

COLOMBIE : CARTE D'IDENTITE

colombiebogota.jpg

Données générales

Nom officiel : République de Colombie
Nature du régime : régime présidentiel (constitution de 1991)
Chef de l’Etat : Juan Manuel Santos (juin 2010)

Données géographiques

colombiecarte.jpgSuperficie : 1 038 700 km² (deux fois la surface de la France métropolitaine)
Capitale : Bogotá (près de 8 M d’hab.), à 2 560 mètres d’altitude
Villes principales : Medellin (3, 4 M), Cali (2, 3 M), Barranquilla (1, 2 M), Carthagène (980.000)
Langue officielle : espagnol
Autres langues : environ 85 langues autochtones (guahibo, guambiano, arhuaco, inga, tucano, etc.)
Monnaie : peso colombien (1€ = 2589 pesos au 05/11/2013)
Fête nationale : 20 Juillet, jour de l’Indépendance

Données démographiques
Banque mondiale 2012

Population : 47 millions, urbaine à 77%
Densité : 41 hab/km²
Croissance démographique : 1%
Espérance de vie : 74 ans
Taux d’alphabétisation : 94%
Religion : catholique à 95%
Indice de développement humain : 0,719 (91éme rang mondial sur 186 pays)
Coefficient de Gini : 0,559 (2010)

Données économiques

PIB (2013) : 388 Mds USD
PIB par habitant (2013) : 8238 USD
Taux de croissance (2013) : 4 % (4,7% sur la période 2003-2011)
Taux de chômage (2013) : 9,5 %
Taux d’inflation (glissement annuel 2013) : 2,5 %
Dette publique brute (2013) : 32% (dont 28% de dette externe)
Déficit public : -2,4% (% PIB)
Réserves internationales (avril 2013) : 44 Mds USD (10 Mds USD en 2002)

Total des exportations (2012) : 58 Mds USD (dont 70% de matières premières énergétiques)
Total des importations (2012) : 54 Mds USD
IDE (2013) : 16,8 Mds USD (concentrés dans les secteurs des mines et des hydrocarbures).

Principaux clients (2013) : Etats-Unis (32,2%), Chine (8,4%), Inde (5,3%), Espagne (4,8%), Venezuela (4%), Chile (2,7%), Brésil (2,7%), Allemagne (1,4%).
Principaux fournisseurs (2013) : Etats-Unis (27,6%), Chine (17,2%), Mexique (9,4%), Brésil (4,4%), Allemagne (3,7%), Argentine (3,1%), Japon (2,5%) et France (2,4%).

Exportations de la France vers la Colombie (2013) : 1,054 Md €, +25%/2012 (8ème fournisseur)
Importations françaises depuis la Colombie (2013) : 528 Md €, -10%/2012 (29ème client)

Cf. site du ministère français de l’économie et des finances : http://www.tresor.economie.gouv.fr/…

Données consulaires

Communauté française en Colombie : 4 799 inscrits au registre des Français.
Réseau des 16 Alliances françaises : 29.700 élèves en 2012 (dont 13.000 à Bogota)
3 Lycées français à Bogota, Cali et Pereira : 3.500 enfants élèves (80% de colombiens)
Communauté colombienne en France : 14.000 inscrits au Consulat de Colombie à Paris.

Politique intérieure

Institutions

drapeau-colombie.jpgConstitution
La Colombie, l’une des plus anciennes démocraties formelles du continent, connaît un régime relativement stable, malgré les nombreux épisodes de violence, depuis son indépendance, en 1819. Il s’agit d’un régime présidentiel (Constitution de 1991), fondé sur une stricte séparation des pouvoirs, largement inspiré du modèle nord-américain, même si persistent des éléments de régime parlementaire.

Pouvoir exécutif
Le président de la République et le vice-président sont élus au suffrage universel pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois depuis la réforme constitutionnelle de 2006. Le président de la République cumule les fonctions de chef de l’État, de chef du gouvernement et d’autorité administrative suprême.

Pouvoir législatif
Il est exercé par un Congrès bicaméral comprenant un Sénat de 102 membres et une Chambre des représentants de 166 membres élus pour quatre ans (2010-2014).

Pouvoir judiciaire
Il s’inspire du modèle français avec des spécificités, notamment, l’existence d’un Ministère public autonome, le « Fiscal » général, nommé par la Cour suprême à partir de trois candidats proposés par le président de la République. Le pouvoir judiciaire est exercé par la Cour suprême de justice, la Cour constitutionnelle et le Conseil d’État. Les juges jouissent d’une grande indépendance en dépit d’une réputation de lenteur voire de corruption. L’impunité est élevée. Un procureur général a une grande latitude pour juger disciplinairement les fonctionnaires et les élus et les démettre de leurs fonctions.

Principaux partis politiques

- Le Parti Conservateur, l’un des pôles du bipartisme traditionnel colombien, s’est rangé dès 2002 aux côtés d’Alvaro Uribe (bien qu’issu du Parti Libéral) et a soutenu sa réélection. Il a perdu de son poids électoral mais conserve une place centrale sur l’échiquier politique.

- Le Parti Libéral, le deuxième pôle du bipartisme traditionnel, s’est opposé au Président Uribe mais son candidat à l’élection présidentielle de 2010 a fait un piètre score. Il soutient le Président Santos au sein de la coalition de l’Unité nationale.

- La droite s’est diversifiée avec la création en 2005 du Parti de la U (Parti social d’Unité nationale) par les partisans du Président Uribe provenant de différents horizons, notamment du Parti libéral (Juan Manuel Santos).

- L’ancien président, Alvaro Uribe a créé en 2011 un nouveau parti : Centro democrático. En opposition à l’actuel Président Santos et au processus de paix engagé avec les FARC, ce parti vise à obtenir le maximum de sièges lors des prochaines élections législatives en mars 2014.

- Le Parti Cambio radical, créé en 2001 aux côtés des deux partis traditionnels, a soutenu le Président Uribe, mais s’est opposé à sa réélection. Son candidat Germán Vargas Lleras a obtenu un bon résultat lors de l’élection présidentielle de 2010 (3e position au 1er tour). Il soutient le Président Santos.

- Le Pôle démocratique alternatif, parti de gauche, regroupe diverses tendances qui sont autant d’obstacles à son émergence en tant que force d’alternance. Le retrait de l’actuel maire de Bogota Gustavo Petro à la tête des « Progressistes », puis l’exclusion du Parti communiste l’ont fragilisé.

- Le Parti Vert, regroupant diverses personnalités indépendantes, a émergé lors de l’élection présidentielle de 2010 et son candidat, Antanas Mockus, a créé la surprise en passant le premier tour (il a obtenu 27,47% des voix au second tour contre le futur président, M. Santos , crédité de 69,13% des votes).

- La « Marcha Patriotica » est un large mouvement social qui tend à se constituer en une structure d’accueil pour la guérilla après les négociations de paix.

Évolution politique

Les résultats des élections parlementaires du 9 mars 2014 ont entériné la domination des partis traditionnels de droite (Parti Libéral et Parti Conservateur) et de leurs variantes (Partido de la U du président Santos, Centro Democrático de l’ex-président Uribe, Cambio Radical), avec une majorité en faveur de M. Santos. Malgré cette dynamique parlementaire, le candidat Santos s’est retrouvé en deuxième position le 25 mai 2014 à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle à laquelle se présentaient trois candidats de la droite traditionnelle : Martha Ramirez (Parti conservateur, 15,5%), Oscar Ivan Zuluaga (Centro Democrático, 29,25%) et Juan Manuel Santos (Parti de la U, 25,69%). Lors du deuxième tour, le 15 juin, M. Santos, qui avait axé l’essentiel de sa campagne sur la perspective d’un accord de paix avec les FARC, a inversé la tendance et remporté le scrutin avec 51% des suffrages contre 45% à son adversaire, M. Zuluaga. Le report des voix de la gauche, sensible à l’engagement de M. Santos pour la paix, semble avoir été déterminant, en particulier sous l’impulsion de Clara Lopez, dirigeante du Pôle Démocratique Alternatif (15% des voix au premier tour). Un taux élevé d’abstention a caractérisé cette élection présidentielle (52% au 2ème tour, 60% au 1er tour).

Lors de son discours d’investiture, le 7 août 2014, le président réélu a fixé trois grandes orientations à son nouveau gouvernement : la paix, l’équité et l’éducation.

En ce qui concerne les négociations de paix engagées avec les FARC le 19 novembre 2012 à La Havane, trois des cinq volets de l’ordre du jour ont été provisoirement conclus : développement rural (mai 2013) ; garanties pour l’exercice politique de l’opposition (novembre 2013) ; lutte contre le trafic de drogue (mai 2014). Deux points restent à trancher : la fin du conflit armé et la justice aux victimes. Chacun des accords partiels ne sera cependant considéré comme définitif que lorsqu’un accord global validant l’ensemble sera conclu, selon le principe posé par le président Santos : « Rien n’est réglé tant que tout n’est pas réglé ».

Parallèlement, le nouveau gouvernement Santos est confronté sur le terrain à une situation des droits de l’homme difficile : cinq millions de personnes déplacées, violences contre les femmes, enrôlement d’enfants-soldats, tortures, mines antipersonnel, nombreux cas d’impunités Dans ce contexte, l’État colombien a multiplié les gestes d’ouverture vers la communauté internationale ces dernières années : acceptation de l’examen périodique universel de la Commission des droits de l’homme de l’ONU (en 2008, puis en 2013), instauration d’un dialogue formel sur les droits de l’homme entre l’Union européenne et la Colombie (sous présidence française de l’UE, en 2008), levée de la réserve au statut de la Cour pénale internationale s’agissant des crimes de guerre (1er novembre 2009), renouvellement du mandat du Haut-commissariat aux droits de l’homme en Colombie (2011-2014, puis 2014-2018), accord-cadre avec l’Union européenne en vue de la participation de la Colombie aux opération de gestion de crises menées par l’UE (juin 2014).

Situation économique

Portée par la taille de son marché et sa démographie (47 millions d’habitants), l’ampleur de ses ressources naturelles (émeraudes, café, pétrole, charbon notamment) et une réputation de débiteur exemplaire (seul pays du continent à n’avoir jamais demandé de renégociation de dettes), la Colombie, en dépit d’une situation politique compliquée, connaît une solide croissance (moyenne de 3% durant les trente dernières années).

Le PIB a ainsi augmenté de 6,6% en 2011, de 4% en 2012 et de 4,3% en 2013. Les projets de développement des secteurs des hydrocarbures (soutenus par des découvertes récentes qui ont permis une production moyenne de 1,02M barils/j en mars 2013) et des mines continuent à focaliser l’intérêt des investisseurs. Le commerce extérieur représente environ 20% du PIB. Les exportations de matières premières énergétiques (pétrole, houille, produits dérivés) représentent une part croissante du total des ventes à l’étranger (70% en 2012), ce qui entraîne une forte dépendance aux cours des matières premières énergétiques. La Colombie exporte également or, fer, nickel, cuivre et émeraudes.

Le Président Santos a opté pour la poursuite de la politique économique de son prédécesseur tout en accélérant les réformes structurelles nécessaires à l’adhésion du pays à l’OCDE et à son attractivité vis-à-vis des investissements étrangers. Le gouvernement veut restaurer la « soutenabilité » des finances publiques (déficit budgétaire structurel), notamment par la réforme de la fiscalité des entreprises minières et des hydrocarbures (dont les taxes étaient jusqu’à présent reversée exclusivement aux collectivités locales).

La collecte fiscale plafonne en effet à 15% du PIB en 2012 malgré une hausse de ses recettes (+ 16% sur la même période) et la rigidité des dépenses budgétaires, imputables au poids des transferts vers les régions et les universités, au budget de défense ainsi qu’au paiement des retraites, des salaires et du service de la dette, pèse sur les comptes publics. En outre, la Colombie enregistre un solde courant lui aussi structurellement déficitaire largement dû aux rapatriements de bénéfices des entreprises internationales, contrepartie de leurs importants volumes d’investissements directs.

L’adoption de 3 lois (principe de soutenabilité budgétaire inscrit dans la Constitution, réforme du système des redevances pour les industries extractives, dépenses gouvernementales encadrées avec objectif de plafonnement du déficit structurel du gouvernement central à 1% du PIB et de la dette du gouvernement central à 25% du PIB), a permis à la Colombie de retrouver son grade d’investissement au printemps 2011.

L’adoption de la réforme fiscale fin 2012 permet à la fois une simplification du régime existant mais également une réduction significative du coût du travail pour les salaires inférieurs à 2.500 euros environ, grâce à une exonération de charges (9% du salaire). Plusieurs réformes de structure sont mises en œuvre pour améliorer la compétitivité du pays et redresser le secteur industriel. Il s‘agit dans le secteur des infrastructures physiques du « Plan d’infrastructures pour la prospérité » (56 Md USD d’investissements sur les 10 prochaines années) et du Plan d’appui à la Productivité et à l’Emploi (PIPE) avec la mise en place à partir du mois d’avril 2013 d’une série de mesures destinées à produire un choc de compétitivité pour un montant de 2,5 Md USD.

Les lois sur la restitution des terres aux paysans spoliés par les groupes armés ainsi que sur la réparation des victimes ont vocation à favoriser la réinsertion sociale et à améliorer la productivité du secteur agricole

En dépit de la croissance du PIB, le niveau de pauvreté du pays reste élevé (32,7%) ainsi que celui d’indigence (10,4%). L’existence de quelque 5 millions de personnes déplacées amplifie ce phénomène. Le taux de chômage avoisine officiellement les 10% mais le recensement de la population active, compte tenu du niveau élevé de l’emploi informel (autour de 55%), est très aléatoire.

Les inégalités restent préoccupantes (coefficient de Gini de 0,56 en 2012, soit l’un des plus élevés en Amérique latine) : 1% de la population détiendrait 20% du revenu national. La Colombie affiche par ailleurs un indice de développement humain assez faible (0,719 ; en recul au 91e rang sur 186 en 2012) et de mauvais résultats en matière d’éducation secondaire (mathématiques, sciences, lecture), selon l’enquête internationale PISA-OCDE de 2012 (392 points contre 500 pour la moyenne des pays de l’OCDE).

Politique extérieure

Depuis son arrivée au pouvoir, le Président Santos a élargi les orientations diplomatiques de la Colombie, après des années durant lesquelles les préoccupations sécuritaires cantonnaient le pays à une relation quasi-exclusive avec les États-Unis.

Au plan régional, M. Santos a rétabli les relations diplomatiques avec le Venezuela et l’Équateur, rompues du temps de son prédécesseur du fait de la présence, sur le territoire de ces pays, de bases arrières des FARC. Il a par ailleurs repris le dialogue politique au sein de l’UNASUR et de l’OEA, y compris sur des sujets liés au conflit colombien. Le pays, candidat à l’APEC, développe ses relations avec l’Asie-Pacifique. Cofondatrice avec le Pérou, le Chili et le Mexique en avril 2011 de l’Alliance pour le Pacifique (intégration souple sur une base économique libérale), la Colombie est très bien positionnée entre les trois Amériques (nord-sud et centre) et la façade asiatique.

Siégeant comme membre non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pendant le biennium 2011-2012, la Colombie a confirmé son engagement pro-occidental (positions sur la Libye, les printemps arabes, l’Iran…) ainsi que sa capacité à assumer des responsabilités dans la lutte contre les menaces transversales (narcotrafic, blanchiment d’argent, terrorisme…), le pays restant l’un des premiers producteurs de cocaïne au monde.

Dans le domaine de la sécurité, la Colombie, soutenue par les États-Unis, souhaite coopérer avec l’OTAN : un accord a déjà été signé entre les deux parties en juin 2013 permettant l’échange d’informations classifiées. Cependant, les pays d’Amérique latine (Brésil et Mexique en tête) n’accueillent pas favorablement la perspective d’une extension éventuelle de la compétence géographique de l’OTAN.

Sur les enjeux internationaux, la Colombie cherche à peser dans les négociations sur le climat au sein du Dialogue de Carthagène et, depuis 2013, au sein du groupe AILAC (Alliance indépendante d’’Amérique latine et des Caraïbes), formé avec le Chili, le Costa Rica, le Guatemala, le Panama et le Pérou.

Bogota se rapproche aussi de l’Europe, comme en témoigne l’accord de libre-échange UE/Colombie entré en vigueur le 1er août 2013. L’UE est déjà très présente en Colombie avec une politique de coopération (crédits de 160M€ pour 2007/2013) ciblée sur l’appui au processus de paix, l’état de droit, la justice et les droits de l’homme, la compétitivité et le commerce. Enfin, à la suite de la demande colombienne, un premier cycle de négociations entre l’UE (SEAE) et la Colombie a été engagé le 18 mars 2014 en vue d’un accord-cadre de participation aux opérations de gestion de crises de l’UE.

Les États-Unis, qui ont conclu un ALE avec la Colombie fin 2011, restent le premier fournisseur de la Colombie (27,6% de participation au total exporté avec des exportations en hausse de +14% sur la période), suivis par la Chine (17,2%) et le Mexique (9,4%).

Depuis fin 2013, le pays est entré dans une phase active d’adhésion à l’OCDE (visite du secrétaire général José Angel Gurría à Bogota en octobre 2013).

SHAKIRA, REINE DES CHANTEUSES COLOMBIENNES

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Shakira, née le 2 février 1977 à Barranquilla, est une auteure-compositrice-interprète colombienne.

Après avoir émergé sur la scène latino-américaine en se produisant dans les années 1990, elle connaît un succès international dès 2002 grâce au titre Whenever, Wherever et l'album Laundry Service.

Célèbre pour ses chansons mélangeant pop latino et musique du monde, elle est également renommée pour ses talents de danseuse (danse orientale, merengue, tango).

Les chansons Whenever, Wherever et Hips Don't Lie sont ses deux plus grands succès avec respectivement 8 et 10 millions d'exemplaires vendus, se classant no 1 dans une trentaine de pays. En 2010, elle interprète Waka Waka (This Time for Africa), qui sera choisi par la FIFA comme chanson officielle de la Coupe du monde de football de 2010, et qui deviendra le single le plus vendu dans l'histoire de cet évènement (plus de 5 millions d'exemplaires1).

Elle détient le record de ventes pour une artiste colombienne2 (80 millions)3, elle est également la seule artiste latino-américaine à avoir placé simultanément un titre à la première place des classements américains, australien et anglais4.

Son travail humanitaire est également reconnu, notamment au travers de son association Pies Descalzos (« Pieds nus » en espagnol), créée en 1995, qui vient en aide aux enfants défavorisés dont les familles ont été victimes de groupes armés, en leur offrant un accès à l'éducation. Beaucoup de ses profits personnels (notamment ceux liés à la publicité) y sont reversés.

Source Wikipédia

15:55 Publié dans AL-Pays : Colombie, Musique | Tags : shakira, chanteuse, colombienne | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

15/07/2014

C’est le Fidel Castro que je crois connaître.

CASTRO.jpgPar Gabriel GARCIA MARQUEZ

Article écrit par Garcia Marquez et publié en août 2006 dans le journal « Juventud rebelde ». « C’est le Fidel Castro que je crois connaitre : un homme aux habitudes austères et aux illusions insatiables, d’une éducation formelle à l’ancienne, aux paroles mesurées et aux manières nuancées, et incapable de concevoir une idée qui ne soit pas colossale ».

Sa dévotion pour la parole. Son pouvoir de séduction. Il va chercher les problèmes où qu’ils se trouvent. Les élans de l’inspiration sont caractéristiques de son style. Les livres reflètent très bien l’ampleur de ses goûts. Il arrêta de fumer pour avoir l’autorité morale de combattre le tabagisme. Il cuisine avec une espèce de ferveur scientifique. Il se maintient en excellente condition physique par plusieurs heures de gymnastique quotidienne et beaucoup de natation. Patience invincible. Discipline de fer. Sa force d’imagination entraine les imprévus. Aussi important qu’apprendre à travailler est apprendre à se reposer.

Fatigué de converser, il se repose en conversant. Il écrit bien et aime le faire. La plus grande stimulation de sa vie est l’émotion que procure le risque. La tribune d’improvisateur semble être son mode écologique parfait. Il commence toujours d’une voix presque inaudible, vers une direction incertaine, mais profite de chaque étincelle pour gagner du terrain, pas à pas, jusqu’à ce qu’il donne une espèce de coup de griffe et s’empare du public. C’est l’inspiration : l’état de grâce irrésistible et éblouissant, que seuls ceux qui n’ont pas eu la grâce de le vivre peuvent nier. Il est l’anti dogmatisme par excellence.

José Marti est son auteur de chevet et il eut le talent d’incorporer son idéologie au torrent sanguin d’une Révolution marxiste. L’essence de sa pensée pourrait être dans la certitude que faire un travail de masse, c’est s’occuper fondamentalement des individus.

Cela pourrait expliquer sa confiance absolue en le contact direct. Il a un langage pour chaque occasion et un mode distinct de persuasion selon les différents interlocuteurs. Il sait se mettre au niveau de chacun et dispose d’une information vaste et variée qui lui permet de se mouvoir avec facilité en tous milieux. Une chose est sûre : où qu’il soit, de quelque façon et avec qui il soit, Fidel Castro est là pour gagner. Son attitude face à l’échec, même dans les plus petits actes de la vie quotidienne, semble obéir à une logique privée : il ne l’admet même pas, et n’aura pas une minute de tranquillité tant qu’il n’aura pas inversé les données et l’aura converti en victoire. Personne n’est plus obsessif que lui quand il se propose d’aller au fond de quelque chose. Il n’y a aucun projet, qu’il soit gigantesque ou minuscule, en lequel il ne s’engage avec une passion acharnée. Et spécialement s’il doit se confronter à l’adversité. C’est alors qu’il semble de la meilleure disposition, de la meilleure humeur. Quelqu’un qui pense bien le connaitre lui à dit un jour : les choses doivent aller très mal parce que vous êtes plein d’entrain.

Les réitérations font partie de ses façons de travailler. Exemple : le thème de la dette extérieure d’Amérique Latine était apparu dans ses conversations depuis deux ans et avait évolué, se ramifiant, s’approfondissant. Ce qu’il dit en premier, comme une simple conclusion arithmétique, fut que la dette était impayable. Il y eut ensuite les découvertes échelonnées : la répercussion de la dette dans l’économie des pays, son impact politique et social, son influence décisive dans les relations internationales, son importance providentielle pour une politique unitaire en Amérique Latine… jusqu’à obtenir une vision globale, celle là même qu’il exposa dans une réunion internationale convoquée à ce sujet et dont le temps s’est chargé de démontrer la justesse.

Sa plus étonnante vertu d’homme politique est cette faculté de percevoir l’évolution d’un fait jusqu’à ses plus lointaines conséquences. .. mais il n’exerce pas cette faculté par illumination, c’est le résultat d’un raisonnement ardu et tenace. Son aide suprême est la mémoire et il en use et en abuse dans des discours ou des conversations privées, avec des raisonnements époustouflants et des opérations arithmétiques d’une incroyable rapidité.

Il a besoin de l’aide d’une information incessante, bien mastiquée et digérée. Son travail d’accumulation informative commence dés le réveil. Il prend son petit déjeuner en lisant pas moins de 200 pages de nouvelles du monde entier. Tout au long de la journée on lui fait parvenir des informations urgentes où qu’il se trouve ; il évalue qu’il lit chaque jour une cinquantaine de documents auxquels il faut ajouter les rapports des services officiels et de ses visiteurs ainsi que tout ce qui peut intéresser sa curiosité infinie.

Les réponses qu’on lui fait doivent être exactes car il est capable de découvrir la moindre contradiction dans une phrase banale. Les livres sont une autre source d’information vitale. C’est un lecteur vorace. Personne ne s’explique où il trouve le temps, ni quelle méthode il utilise pour lire autant et aussi vite, bien qu’il soutient qu’il n’en a aucune. Bien des fois il prend un livre le matin et le commente le matin suivant. Il lit l’anglais mais ne le parle pas. Il préfère lire en espagnol et est prêt à chaque instant à lire tout ce qui lui passe dans les mains. C’est un lecteur habitué aux sujets économiques et historiques. C’est un bon lecteur de littérature et il la suit avec attention.

Il est habitué aux interrogatoires rapides. Questions successives qu’il fait en rafales instantanées jusqu’à découvrir le pourquoi du pourquoi du pourquoi final. Quand un jour, un visiteur d’Amérique Latine avança une donnée hâtive sur la consommation de riz de ses compatriotes, il fit son calcul mental et dit : « C’est bizarre que chaque habitant mange quatre livres de riz par jour ! ». Sa tactique maîtresse est de questionner sur ce qu’il sait déjà, pour confirmer ses données et dans certains cas prendre la mesure de son interlocuteur et le traiter en conséquence.

Il ne perd aucune occasion de s’informer. Pendant la guerre d’Angola, il décrivit une bataille avec une telle minutie dans une réception officielle qu’il fut difficile de convaincre un diplomate européen que Fidel Castro n’y avait pas participé. Le récit qu’il fit de la capture et de l’assassinat du Che, celui de l’assaut de la Moneda et de la mort de Salvador Allende ou celui qu’il fit des dégâts du cyclone Flora, étaient de grands reportages parlés.

Sa vision de l’Amérique Latine dans le futur est la même que celle de Bolivar et de Marti, une communauté intégrale et autonome, capable de changer le destin du monde. Après Cuba, c’est les Etats-Unis qu’il connait le mieux. Il connait à fond le caractère de ses habitants, les structures du pouvoir, les intentions cachées de ses gouvernements, et cela l’aidé à déjouer le tourment incessant du blocus.

Pendant un entretien de plusieurs heures, il s’attarde sur chaque sujet, s’aventure dans des détours moins pensés, sans jamais négliger la précision, conscient qu’un seul mot mal utilisé peu causer des dégâts irréparables. Il n’a jamais refusé de répondre à une question aussi provocatrice soit-elle, pas plus qu’il n’a perdu la patience. Si on lui cache la vérité pour ne pas ajouter plus de préoccupations à celles qu’il a déjà : il le sait. Il dit à un fonctionnaire qui l’avait fait : vous me cachez la vérité pour ne pas m’inquiéter, mais quand finalement je le découvrirai je serai accablé par l’impression d’être confronté à tant de vérités que l’on ne m’a pas dites. Les plus graves toutefois sont celles qu’on lui cache pour masquer des déficiences, car a côté des grandes réussites qui soutiennent la Révolution, des réussites politiques, scientifiques, sportives, culturelles, il y a une incompétence bureaucratique colossale qui affecte presque tous les aspects de la vie quotidienne, et spécialement le bien-être des familles.

Quand il parle avec les gens dans la rue, la conversation retrouve l’expressivité et la franchise crue des affections réelles. Ils l’appellent Fidel. Ils l’entourent sans crainte, le tutoient, discutent, le contredisent, lui font de réclamations, par un canal de transmission immédiat par lequel circule la vérité à gros bouillons. C’est alors que l’on découvre l’être humain insolite, que la splendeur de sa propre image ne laisse pas voir.

C’est le Fidel Castro que je crois connaitre : un homme aux habitudes austères, aux illusions insatiables, d’une éducation formelle, à l’ancienne, aux paroles mesurées et aux manières nuancées, et incapable de concevoir une idée qui ne sois pas colossale.

Il rêve que ses scientifiques trouvent la façon de vaincre le cancer et il a créé une politique extérieure de puissance mondiale dans une île 84 fois plus petite que son principal ennemi. Il a la conviction que la plus grande réussite de l’être humain est la formation de sa conscience et que les stimulations morales, plus que les matérielles, sont capables de changer le monde et d’impulser l’histoire.

Je l’ai écouté en ses rares heures de nostalgie, évoquer les choses qu’il aurait pu faire différemment pour gagner du temps sur la vie. En le voyant accablé par le poids de tant de destinées je lui demandai ce qu’il aimerait le plus faire en ce monde, et il me répondit aussitôt : m’arrêter au coin d’une rue.

Gabriel Garcia Marquez

Traduit de l’espagnol par irisinda

»» http://laiguana.tv/noticias/2014/04/23/14818/IMPERDIBLE-E...

04/05/2014

Olga Gonzalez « En Amérique latine, la pauvreté a le visage d’une femme »

entretien, égalité hommes femmes, amérique latine, droits des femmes, colombie, journée du 8 mars, michelle bachelet, gustavo petro, olga gonzalezChercheuse associée à l’unité de recherche migrations et société (Urmis) de l’université Paris-Diderot, 
la sociologue est active au sein du groupe Aquelarre, dédié à la solidarité avec les femmes colombiennes.

Quelle est la situation sociale des femmes en Amérique latine ?

Olga Gonzalez. C’est une situation hétérogène selon les pays. Le temps de travail des femmes est important. Elles ont beaucoup d’activités mal ou non rémunérées. C’est là l’une des caractéristiques qui leur est commune. La spécificité du continent est qu’il est très inégalitaire.

Considérées comme « naturelles », la pauvreté et l’exclusion confinent de nombreuses femmes à des activités spécifiques, comme les services domestiques. Il existe très peu d’organisations sociales et collectives dans ces secteurs. Il est donc difficile d’y faire respecter les droits des salariées. Dans la majorité des pays, le travail informel est très répandu et le taux de syndicalisation faible. De ce fait, les femmes sont très vulnérables. Dans le monde rural, la pauvreté a le visage d’une femme, souvent indienne. Il existe des lois sur l’égalité salariale, mais cette égalité reste formelle.

Peut-on parler de progrès 
en matière de droits à la contraception et à l’IVG ?

Olga Gonzalez. Dans les campagnes colombiennes, l’accès à la pilule est restreint. C’est vrai dans d’autres pays où le machisme reste prégnant. Une femme qui assume sa contraception est mal vue. Quant au droit à l’IVG, il est exceptionnel puisqu’il n’est reconnu qu’à Cuba, en 
Uruguay et dans la ville de Mexico. Il est parfois autorisé en cas de viol, de malformation du fœtus ou de danger pour la santé de la mère mais son accès est difficile.

Le continent détient des records de grossesses d’adolescentes. En Colombie, 52 % des grossesses n’ont pas été désirées. Des centaines de milliers de femmes avortent chaque année via des réseaux clandestins, dans de mauvaises conditions d’hygiène, avec un coût très élevé. Elles prennent également des médicaments comme le Misoprostol qui provoque des avortements. C’est une grande hypocrisie. Le poids de l’Église entrave toute avancée. Certaines féministes ont d’ailleurs renoncé à ce combat.

Pourquoi l’Amérique latine 
détient-elle le record du nombre 
de féminicides, notamment 
en Amérique centrale ?

Olga Gonzalez. On relève les taux de féminicides les plus hauts au Guatemala, en Colombie, au Salvador et au Honduras. Ces assassinats sont nombreux là où la violence est répandue. L’Amérique latine est le continent le plus violent au monde. Les féminicides sont liés à l’existence de mafias qui prospèrent là où le tissu social est brisé, là où le capitalisme a fait des ravages. Dans ce contexte, les homicides explosent et les féminicides aussi, notamment lorsqu’il y a compétition entre les mafias. C’est ce que l’on observe dans certains États du nord du Mexique. On retrouve cette configuration en Colombie ou au Guatemala, pays déstructurés à cause des ravages de la guerre civile.

L’avènement de gouvernements 
de gauche et de centre gauche 
a-t-il permis des avancées 
pour les femmes ?

Olga Gonzalez. Concernant les droits reproductifs, il n’y a eu aucune avancée. Le droit à l’IVG n’existe pas en Équateur, en Bolivie, au Venezuela ou encore en Argentine, pays pourtant présidée par une femme. Au Brésil, la présidente Dilma Rousseff y était favorable mais depuis, elle s’est tue. Au Salvador et au Nicaragua, il y a même eu des reculs en la matière. Au Chili, Michelle Bachelet n’a rien changé durant son premier mandat. Le droit à l’IVG reste un sujet tabou et les différentes Églises y veillent.

Pourtant les femmes occupent 
une place importante dans les processus de transformation politique en cours…

Olga Gonzalez. Oui. C’est pourquoi il faut poser le débat sur le droit à l’IVG dans la sphère publique. Il faut contraindre les gouvernements et les partis de gauche, qui ont encore une vision patriarcale de la société, à reconnaître ce droit. La gauche doit assumer ses responsabilités. À ce propos, il faut attirer l’attention sur ce qui se passe à Bogota (la capitale de la Colombie).

entretien,égalité hommes femmes,amérique latine,droits des femmes,colombie,journée du 8 mars,michelle bachelet,gustavo petro,olga gonzalezOn présente cette ville comme un modèle de civisme. Or elle est le théâtre d’une légalisation du proxénétisme. L’actuel maire de gauche, Gustavo Petro, prévoit, dans son plan d’aménagement, la création de centres commerciaux sexuels.

Les femmes seront ravalées au rang d’objets de consommation. Sur le plan national, un projet de loi est en discussion pour légaliser le proxénétisme alors qu’il est lié aux mafias paramilitaires.

Quel rôle jouent les femmes 
dans les luttes sociales ?

Olga Gonzalez. Elles sont très actives. En Colombie, elles sont à l’initiative de luttes pour l’augmentation de leurs revenus. Elles sont impliquées dans les ONG qui se battent contre l’impunité liée aux viols ou aux conflits armés. Il y a de nombreuses organisations sociales, paysannes et indiennes. Ces dernières se sont organisées pour que cessent les violences exercées contre les femmes au sein de leurs communautés.

Quel est l’impact du conflit sur les femmes colombiennes ? Quelle place occupent-elles dans l’actuel processus de paix ?

Olga Gonzalez. Les femmes ne sont pas les premières cibles mais elles sont les premières victimes des déplacements (la Colombie est le pays au monde qui compte le plus de personnes déplacées en internes – NDLR). Elles se retrouvent dans les grandes agglomérations, appauvries, souvent seules à la tête de familles. Elles sont les principales victimes des violences sexuelles exercées par les acteurs du conflit armé, principalement des paramilitaires.

Ce sont les deux grandes blessures des femmes colombiennes. Elles en ont assez de la guerre ; elles veulent d’autres issues et le disent. La Route pacifique des femmes pour la paix regroupe ainsi près de 300 organisations. Toutes ces femmes revendiquent le droit d’être prises en compte dans les pourparlers. Elles veulent une société plus égalitaire. La question des femmes est absente des dialogues entre le gouvernement et la guérilla. Pourtant, elles travaillent depuis longtemps à la construction d’un pays différent.

Entretien réalisé par 
Cathy Ceïbe pour l'Humanité