28/01/2018
Honduras. Orlando Hernandez, le Machiavel
Fidèle allié des États-Unis, le chef de l’État a été investi samedi 27 janvier pour un second mandat, au terme d’une élection frauduleuse. Durant son mandat, il a placé tous les pouvoirs sous sa coupe.
Autoritaire et ambitieux, Juan Orlando Hernandez a tissé sa toile sur le Honduras. Avec détermination et poigne de fer, il s’est hissé aux plus hautes fonctions de ce petit pays centraméricain, il y a cinq ans.
Il a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 26 novembre 2017 au terme d’un scrutin contesté et d’un comptage des voix digne d’une République bananière.
Ce jour-là, son principal concurrent, le journaliste et chef de file de l’Alliance d’opposition contre la dictature, Salvador Nasralla, faisait la course en tête avec une confortable avance avant que, patatras !, le système informatique ne tombe en panne, comme par enchantement…
Un pantin à la solde de l’administration américaine
Le Tribunal suprême électoral (TSE), tancé par les opposants et foule d’organismes internationaux, a depuis porté aux nues Juan Orlando Hernandez, qualifiant même l’élection « d’une transparence jamais vue au Honduras », a osé son président, David Matamoros. L’Organisation des États américains (OEA), appendice de Washington et qu’on ne peut donc accuser de gauchisme, plaidait pour de nouvelles élections avant de se rétracter sous la pression des États-Unis, qui se sont empressés de reconnaître leur poulain. Car, JOH est un allié de poids dans cette arrière-cour par excellence où Washington a abusé des coups d’État pour défendre ses intérêts économiques et géopolitiques.
En 2009, le président libéral Manuel Zelaya avait été renversé, au profit d’un pantin à la solde de l’administration américaine, pour avoir osé se rapprocher d’un peu trop près des gouvernements de gauche d’Amérique latine. Inadmissible aux yeux de la Maison-Blanche, qui veille au grain sur ce « pays porte-avions », où elle possède deux bases militaires.
JOH conservera donc son fauteuil par la grâce de ses amis du Bureau ovale et de manœuvres florentines dont il a le secret. En 2009, en pleine crise politique à la suite du putsch contre Zelaya, il est l’homme qui murmure à l’oreille de Porfirio Lobo, le candidat de l’oligarchie nationale qui deviendra président au terme d’une élection marquée du sceau des violations des droits de l’homme et de… fraudes en cascade. Il voit son zèle récompensé en 2010, en obtenant la présidence du Congrès national.
Belle ascension pour cet affairiste heureux qui a été élu député pour la première fois en 1997. En 2013, à la veille de la présidentielle, il obtient l’investiture de sa formation au terme de primaires internes contestées par son concurrent, qui l’accuse de… fraude. Mais, auparavant, il a soigné ses arrières.
Fort de sa stature de chef de l’Assemblée, il a décapité l’ensemble des différents pouvoirs pour y placer ses hommes de main. Il commence par la Cour suprême de justice, puis le TSE, avant de s’attaquer à la police et à la sacro-sainte armée, qui a fait main basse sur le pays de 1972 à 1983.
La nation est ravagée par les cartels du narcotrafic qui bénéficient de soutiens haut placés et les gangs armés des maras, au point que l’ONU la considère comme l’une des plus violentes au monde. « Je ferai ce que je dois faire pour éradiquer la délinquance », jure sur tous les tons Juan Orlando Hernandez durant la campagne de 2013 où il multiplie les promesses d’une « vie meilleure », son slogan, en rénovant les chiches habitations et en offrant aux plus nécessiteux des poêles « économiques » qui lui valent le surnom de Juan le Poêle. JOH ne s’en offusque pas et revendique même le quolibet.
L’un des pays les plus violents au monde
Il ne change rien au drame social d’une majorité de Honduriens, mais il passe de la pommade là où les plus nécessiteux ont mal.
Ses opposants – défenseurs des droits de l’homme, environnementalistes, journalistes, etc. – sont menacés, assassinés. Les GI ne bougent pas d’un cil ; l’Union européenne regarde ailleurs… du côté de Caracas. JOH remporte la présidentielle, malgré les recours de sa principale concurrente du Parti libre, qui dénonce une kyrielle de… fraudes. Le TSE ferme les yeux.
Le président fraîchement élu promet alors de militariser le pays et il le fait, avec la coopération de la Colombie et du Mexique, dont chacun sait combien ils sont respectueux des droits de l’homme. La criminalité reste, encore aujourd’hui, une pandémie.
L’économie, dominée par une poignée de familles, est profondément inégalitaire avec 42 % de pauvres. Sur le plan politique, l’ordre institutionnel est en lambeaux. JOH a tout verrouillé.
Bien qu’interdit de briguer un nouveau mandat en 2017, selon la Constitution, le chef de l’État sortant s’est adjoint les faveurs de la chambre constitutionnelle de la Cour suprême de justice afin que cette dernière déclare « inconstitutionnel » l’article 239 de la Constitution lui interdisant de se représenter. Juan le Poêle a tout d’un Machiavel au bras long, très long.
18:20 Publié dans Actualités, AL-Pays : Honduras, Amérique Latine, Politique | Tags : honduras. orlando hernandez, le machiave | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |
01/07/2015
Maurice Lemoine. Les Etats-Unis : la fabrique de coups d’état en amérique latine
Journaliste et écrivain, spécialiste de l’Amérique Latine, ancien rédacteur en chef du « Monde diplomatique », Maurice Lemoine, qui couvre l’Amérique latine depuis quarante ans, publie une véritable enquête passionnante de 700 pages : « les Enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’État modernes et autres tentatives de déstabilisation ».
« CE LIVRE EST LE RÉSULTAT DE QUATRE DÉCENNIES DE FRÉQUENTATION DU TERRAIN DES RÉSISTANCES ET DES LUTTES. »
« LE SABOTAGE ÉCONOMIQUE QUI PROVOQUE DES PÉNURIES AU VENEZUELA EST L’EXACTE RÉPLIQUE DE LA POLITIQUE APPLIQUÉE EN 1960 À CUBA. »
18:34 Publié dans AL-Pays : Argentine, AL-Pays : Brésil, AL-Pays : Chili, AL-Pays : Costa Rica, AL-Pays : Cuba, AL-Pays : Honduras, AL-Pays : Vénézuela, Amérique Latine, Livre, Politique, USA | Tags : maurice limoine, amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |
07/03/2015
Au Honduras « libéré » , la situation se « normalise »
On se souvient, il a plus de quatre ans, du coup d’Etat « parlementaire » (une des nouvelles formes, avec le FMI, pour remplacer les « marines » de jadis ; trop visibles). Aujourd’hui, lorsque cela est possible ,Washington préfère les « golpes » light.
Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains... Toujours un oeil vif sur l'Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien... : http://www.humanite.fr/blogs/au-honduras-libere-la-situation-se-normalise-557328
17:44 Publié dans AL-Pays : Honduras, Politique | Tags : honduras, président, coup d'état | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |
01/03/2015
CNI : HONDURAS
Données générales
Nom officiel : République du Honduras
Nature du régime : République
Chef de l’Etat et du Gouvernement : M. Juan Orlando HERNANDEZ ALVARADO (27 janvier 2014)
Données géographiques
Superficie : 112 492 km²
Capitale : Tégucigalpa (2 007 006 habitants selon l’INE en 2013)
Villes principales : San Pedro Sula (capitale économique), La Ceiba
Langue officielle : espagnol
Monnaie : Lempira
Fête nationale : 15 septembre
Données démographiques
Population : 8 098 000 habitants (FMI 2013)Densité : 74,6 habitants/km²
Croissance démographique (taux annuel) : 1,84 %
Espérance de vie : 74 ans (Banque mondiale 2012)
Taux d’alphabétisation : 85 % (Banque mondiale 2012)
Population vivant en dessous du seuil de pauvreté : 61 % (2013)
Indice de développement humain : 0,617 (129e rang sur 187, selon le classement du PNUD 2014)
Données économiques
PIB (FMI 2013) : 19 Mds $
PIB par habitant (FMI 2013) : 2 323 $
Taux de croissance (FMI 2013) : 2,6 %
Transferts d’argent des migrants (DG Trésor 2013) : 3 milliards de dollars, soit environ 16,8 % du PIB
Taux de chômage (FMI 2013) : 4,4 %, taux de sous-emplois : près de 50 %
Taux d’inflation (FMI 2013) : 5,2 %
Solde budgétaire (FMI 2013) : -7,4 % du PIB
Solde commercial (DGtrésor 2013) :- 4,1 milliards USD
Principaux clients : Etats-Unis (35,5%), Union européenne (20%), Salvador, Guatémala
Principaux fournisseurs : Etats-Unis (42%), Guatémala, Salvador, UE, (6%), Mexique (5,7%)
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB (Banque mondiale 2013) :
- agriculture : 13,4 %
- industrie : 27,3 %
- services : 59,3, %
Exportations de la France vers le Honduras : 15,7M€ (2013)
Importations françaises depuis le Honduras : 61,9 M€ (2013)
Site de la mission économique au Guatémala : http://www.tresor.economie.gouv.fr/…
Communauté française au Honduras : évaluée à 500 (409 inscrits en 2013)
Touristes français : environ 20 000 (essentiellement site maya de Copán et îles de la baie)
Communauté hondurienne en France : 250 inscrits en 2013
Politique intérieure
La présidence de Porfirio Lobo (2010-2014, parti National) a constitué une étape de transition après le coup d’Etat du 28 juin 2009 et les sept mois du gouvernement de facto de M. Roberto Micheletti. Peuvent être portées à son actif la réinsertion du Honduras sur la scène internationale et une relative pacification sociale.
En revanche, en dépit d’une croissance économique d’environ 3 %, elle s’est soldée par un accroissement de la pauvreté et des écarts de richesse et une envolée de la dette. Outre ces difficultés, le Honduras doit faire face à de multiples défis : très forte criminalité et insécurité , une hausse du trafic de drogues et du crime organisé, une forte corruption et des violations des droits qui touchent, notamment, les défenseurs des droits de l’Homme, les journalistes et les avocats….
Le pays est également secoué par des tensions préoccupantes entre propriétaires terriens et paysans sans-terre, dans la vallée du Bajo Aguán. Devenu à la fois plus grave et plus complexe depuis le coup d’Etat de 2009, le plus violent conflit agraire qu’ait connu l’Amérique centrale depuis quinze ans entraîne des violations régulières des droits de l’Homme, qui auraient provoqué plus de 90 assassinats. A l’initiative de la France, un groupe d’ambassadeurs des Etats-membres de l’Union européenne, ainsi que l’ambassadeur de France en charge des droits de l’Homme, s’était rendu sur le terrain en avril 2013.
Des élections générales se sont tenues le 24 novembre 2013. Les trois principaux candidats aux présidentielles étaient Juan Orlando Hernández pour le partido Nacional, Mauricio Villeda pour le partido Liberal, et Xiomara Castro (épouse de Manuel Zelaya) pour le partido Libre. Ces élections étaient atypiques dans un paysage politique hondurien marqué par le bipartisme. Marquées par une forte participation (61,16 %), ces élections, à un seul tour, ont maintenu le parti National au pouvoir : c’est finalement Juan Orlando Hernandez qui l’a emporté avec 36,8 % des voix, devant Xiomara Castro (28,79 %), Mauricio Villeda (20,30 %), et Salvador Nasralla (parti anti-corruption, PAC : 13,43 %). Le parti Libre a d’abord contesté ces résultats, en introduisant un recours en nullité devant le Tribunal suprême électoral. Sa requête a toutefois été déboutée : Juan Orlando Hernandez (parti National) a été officiellement été proclamé Président de la République par le TSE le 11 décembre. La sécurité, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté sont les trois priorités auxquelles M. Juan Orlando Hernández veut s’attaquer. Il a pris ses fonctions le 27 janvier 2014.
Le parti Libre, créé par l’ex-président destitué par le coup d’Etat de 2009, Manuel Zelaya, parvient donc à rompre la dynamique du bipartisme au Honduras en se hissant comme deuxième force politique du pays devant le parti Libéral. De même le parti Anti-corruption devient la quatrième force politique du Honduras et un parti charnière au Congrès.
Au niveau législatif, le Congrès se compose de quatre grandes forces politiques disparates. À la différence des élections de 2009, le parti National n’atteint pas la majorité absolue et est ainsi ramené de 71 à 48 députés, ce qui le conduira à rechercher des alliances. Le parti Libéral, qui compte 27 députés, pourrait faire alliance avec le PN sur un certain nombre de projets de loi. Le parti Libre (37 sièges) et le parti anti-corruption (13 sièges) pourraient quant à eux s’allier en opposition. Sur 128 députés, ce nouveau Congrès compte 81 nouveaux parlementaires, mais beaucoup d’entre eux ont un lien de parenté avec ceux de la législature sortante.
Situation économique et sociale
La relance de l’économie, mise à mal par la crise mondiale et l’isolement consécutif au coup d’Etat, constitue un défi majeur pour le Honduras, dont l’économie est partiellement dollarisée (30 % en 2011). Il s’agit de redonner confiance aux bailleurs de fonds et aux investisseurs étrangers, tant sur le plan politique que sur le plan sécuritaire. Le Honduras a enregistré une croissance moyenne de 2,6 % en 2013, contre 3,5 % en 2012.
Le PNUD a souligné le haut degré d’inégalité dans tous les domaines au Honduras, classant le pays au 3ème rang en Amérique latine dans ce domaine, derrière Haïti et la Colombie. La concentration de la terre est extrême, avec 4,8 % des exploitations (ayant une superficie de plus de 50 hectares) occupant 61,5 % des terres arables.
Politique extérieure
Historiquement, le Honduras entretient des relations étroites et privilégiées avec les Etats-Unis, qui n’ont pas rappelé leur ambassadeur après le coup d’Etat du 28 juin 2009. Ils sont le premier partenaire commercial du Honduras (accord régional de libre-échange CAFTA-DR signé le 1er avril 2006), et les transferts financiers des migrants installés aux USA (12 % des Honduriens, soit plus d’un million de personnes, vivent aux Etats-Unis) représentent 16 % du PIB. Le Honduras a de bonnes relations avec le Mexique, celui-ci étant devenu son 1er investisseur en 2012 (192 MUSD) devant les Etats-Unis (173 MUSD).
Le Honduras avait adhéré le 28 août 2008 à l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), organisation dont il est sorti rapidement après l’éviction du président Zelaya. Néanmoins, on note un certain rapprochement avec le Vénézuéla ces derniers mois.
17:44 Publié dans AL-Pays : Honduras, AL-Pays : Honduras CNI, Amérique Latine, Economie, Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook | | |