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27/03/2019

Cuba: La Havane fête ses 500 ans

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Au-delà des clichés et de visions souvent manichéennes, la plus grande ville de la Caraïbe reste méconnue. Visite capitale.

La Havane

Tout a commencé dans la Vieille-Havane, sur l’actuelle place d’Armes. Les bouquinistes y proposent qui des biographies du Che, qui l’histoire de la révolution. Lisez communiste! Ou plutôt plongez aux origines de La Havane. Voici un petit temple, El Templete, là où aurait été célébrée la première messe de la capitale, en l’an de grâce 1519. C’est un bien étrange monument, plutôt gréco-romain qu’hispanique. Après tout, Cuba est l’empire des métissages. Avant El Templete, il y avait bien quelques Indiens siboneyes et taïnos, mais les colons espagnols les ont massacrés.

De la culture amérindienne, il ne reste plus rien à La Havane, si ce n’est le nom de quelques rues. La capitale a été tour à tour le joyau de la Couronne espagnole, le terrain de jeu des pirates anglais, français, hollandais, la danseuse tropicale des Américains et la putain des Caraïbes de l’Union soviétique. Les écumeurs sont partis, remplacés par près de cinq millions de voyageurs chaque année, avides de découvrir un formidable héritage.

• Cuba l’Espagnole au temps des pirates

Celui des pirates tout d’abord. Attirés par l’appât du gain et les richesses des galions espagnols, les corsaires des grandes puissances européennes entrent dans la danse dès le XVIe siècle. Jacques de Sores, Henry Morgan, Francis Drake et leurs congénères mènent des raids pendant plusieurs siècles contre les ports cubains. Pour y faire face, la Couronne espagnole se fortifie. Elle place ses châteaux à l’entrée de la baie de La Havane.

À votre arrivée, hélez un “bicitaxi” (vélo-taxi) pour un voyage dans le temps dans les ruelles havanaises et vers le Parque Central

Voilà le Castillo de la Punta. Derrière ses canons rouillés du XVIe siècle, il abrite aujourd’hui un musée. Le vrai bastion, celui qui sauva souvent la capitale des invasions, est la forteresse San Carlos de la Cabana, sise à l’embouchure de la baie. La vue sur la ville y est stupéfiante. La Cabana accueille tous les grands salons, dont la Fête du livre de La Havane en février. Chaque soir, à 21 heures, des artilleurs en costume d’époque font donner du canon. Quelques centaines de mètres séparent ce château du XVIIIe siècle du croquignolet quartier de Casablanca, sa gare de poupée et son train électrique, le Tren Hershey, du nom d’un milliardaire américain, roi du chocolat industriel. À quelques dizaines de mètres de là, le retour vers La Vieille-Havane s’effectue dans un ferry d’un autre temps.

Un vieux rafiot s’approche. C’est La Coubre, baptisé en hommage au cargo français du même nom, victime d’une mystérieuse explosion en 1960, alors que des marins de l’Hexagone convoyaient des armes à la jeune révolution. Le traversier crache des volutes de fumée dans le ciel azur pour rejoindre le terminal maritime, situé face à l’église orthodoxe russe, cadeau de Fidel Castro à Vladimir Poutine. À votre arrivée, hélez un bicitaxi (vélo-taxi) pour un voyage dans le temps dans les ruelles havanaises et vers le Parque Central, un joli parc situé aux confins de La Vieille-Havane et de Centro Havana. Là, les chauffeurs alignent leurs vieilles décapotables américaines multicolores, toujours rutilantes.

 

Des milliers de Cubains apprennent le français dans les trois alliances françaises de la capitale avec un rêve : partir au Canada

• Influences françaises

La Havane5.jpgTout au long de son histoire, Cuba s’est métissée. Au-delà des sentiers battus de la révolution cubaine, la France a gardé une place à part avec le musée Napoléon. Impérial ce Museo Napoleonico, sis près de l’université. Les conservateurs cubains y veillent sur 7.000 pièces consacrées à l’Empereur. Napoléon hante les couloirs. N’y a-t-il pas son bicorne, une de ses mèches de cheveux et même une molaire précieusement conservés? Rendez-vous au dernier étage de ce palais de style Renaissance. La terrasse panoramique est un enchantement pour voir la capitale. Napoléon ne s’est jamais rendu à Cuba, mais Louis-Philippe, avant d’être roi, possédait un petit trianon dans le quartier d’El Cerro, un palais aujourd’hui en ruine. L’influence de la France à Cuba, bien que détrônée par l’Italie, reste importante. Des milliers de Cubains apprennent le français dans les trois alliances françaises de la capitale avec un rêve: partir au Canada.

Adieu l’Empereur et son musée. À l’extérieur, la Chevrolet Bel Air de Nelson, notre chauffeur, ronronne. Elle avale une côte, longe l’université de La Havane, avant de se perdre dans les ruelles du Vedado, le quartier des artistes. Les palais défilent, mutilés, restaurés, toujours fascinants. Métissages de bon et mauvais états. Nelson décrète un arrêt, près du parc John-Lennon, à l’Union française. Déception, personne n’y parle la langue de Molière.

Les camarades travailleurs ont tout de même posé une tour Eiffel à l’entrée de ce ravissant palais de trois étages, aujourd’hui transformé en restaurants cubain et italien!

• L’Amérique de Hemingway

Plutôt qu’un tour à l’hôtel Ambos Mundos, dans La Vieille-Havane, où la chambre d’Ernest Hemingway est conservée intacte, Nelson propose une balade à Cojimar, un petit port de pêche à quelques kilomètres de la capitale, où l’écrivain allait taquiner le marlin avec le capitaine de son yacht, Gregorio Fuentes, le personnage qui a inspiré Le Vieil homme et la mer. Nelson file vers le tunnel de La Havane, construit par les Français en 1957. La Chevrolet gronde, dépasse d’autres vieilles américaines. Ce sont des almendrones (taxis collectifs), immortels avec un peu de chirurgie esthétique. Quatre passagers à l’arrière, trois à l’avant. Et parfois plus!

Voici Cojimar quelques minutes plus tard, puis le restaurant du front de mer de Cojimar, La Terraza, où l’Américain venait se soûler de daiquiris après ses parties de pêche. La Terraza ne mérite pas un repas, mais sa salle, avec ses photos d’époque, est un bel hommage à Hemingway. L’hommage ne serait pas complet sans aller jusqu’au buste de l’écrivain, situé à 500 mètres de là, face à la mer et à un fortin du XVIIe siècle.

• Un tour chez les Soviets

cuba,havaneRetour vers La Havane et changement d’équipage. Sur le Malecon, le front de mer, notre nouveau chauffeur, Carlos, torture le démarreur d’une Lada trentenaire. Elle est tombée en panne à quelques dizaines de mètres du restaurant Nazdarovie, dont le drapeau rouge flotte sur le Malecon. L’établissement est au cœur de l’un de ces anciens palais espagnols. Les murs roses sont constellés d’affiches de propagande à la gloire de l’URSS. Les bombardiers en escadrille côtoient une solide ouvrière qui œuvre pour «la gloire» de Staline.

Les Lada ou les Moskvitch sont les meilleures autos aux yeux des Cubains. Elles sont faciles à réparer et les pièces sont légion

Il ne manque plus que l’Armée rouge. Dehors, des bons samaritains poussent la Lada qui hoquette. Vite, il faut partir avant qu’elle ne change d’avis. Les Lada ou les Moskvitch sont pourtant les meilleures autos aux yeux des Cubains. Elles sont faciles à réparer et les pièces sont légion. La guimbarde roule déjà sur la cinquième avenue dans Miramar, le quartier des missions diplomatiques. Voici les merveilleux palais et résidences des ambassadeurs africains, de Belgique et non loin de France. Puis, c’est l’ambassade russe, fascinant champignon de béton. La Lada prend peur et s’enfuit. Vers Jaimanitas, tout proche, où Raul Castro a sa maison? Non, vers la banlieue. Où, ailleurs que dans les manuels d’histoire, est-il possible de voir une immense statue de Lénine au cœur d’un parc de 750 hectares? Au Parque Lenin.

Là, des dizaines d’attractions font rêver les bambins cubains: piscines, toboggans, manèges de chasseurs MiG. Si vous préférez vous rendre plus confortablement au Parque Lenin qu’en Lada, louez une des ex-limousines soviétiques ZIL de Fidel Castro. Aujourd’hui, des chauffeurs en embuscade près de l’hôtel Capri emmènent les touristes pour moins de 30 dollars. Roulez Brejnev à La Havane!

• Cuba aujourd’hui

cuba,havaneDans La Vieille-Havane, les initiés se pâment pour la formidable initiative de Papito, artiste et coiffeur. Le capilliculteur a transformé sa ruelle, la Calle Aguiar, en rue piétonne de galeries d’art. Papito, coiffeur de luxe, a lui-même converti son salon en musée de la coiffure.

Au coin de la rue, un coco-taxi, triporteur à moteur jaune, invite à une balade vers le Capitolio, l’immense réplique du Capitole de Washington. Cela s’impose, d’autant qu’à quelques centaines de mètres de là, c’est le quartier chinois de La Havane. Cette Chine version mojito est le soir l’un des lieux les plus vivants de la capitale. Les plaques dorées des innombrables restaurants chinois scintillent, même si les sujets de l’empire du Milieu ont quitté le navire de la révolution il y a plus d’un demi-siècle. De 100.000 au milieu du XIXe siècle et encore 10.000 avant la révolution, ils ne sont plus que quelques centaines de vieillards.

La visite de ce quartier de Centro Havana ne serait pas complète sans un détour au Callejon de Hamel. Cette ruelle magique, ses fresques murales et ses sculptures, est celle des initiés de la santeria, la religion afro-cubaine. Les santeros s’y donnent rendez-vous le dimanche après-midi dans un environnement festif. Une occasion unique pour percer les mystères de la santeria et de La Havane.

Sources Hector Lemieux Le Figaro


17:13 Publié dans AL-Pays : Argentine, AL-Pays : Cuba, Histoire | Tags : cuba, havane | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg

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