L’ambitieux « Plan climat » de Cuba (12/03/2019)

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Isabelle Vanbrabant

Cuba a un plan : la « Tarea Vida » (« Plan pour la vie »). Prévu pour s’étaler tout au long du  siècle, il prévoit plusieurs mesures pour protéger Cuba des conséquences du changement climatique.

Cuba est déjà frappé par l’érosion des côtes plus fortement que ce que les scientifiques avaient prévu. La mer des Caraïbes grignote la côte sud de Cuba de plus d’un mètre par an. D’ici 2050, cinq villages côtiers du sud de l’île au moins devraient être rayés de la carte. D’ici 2100, ce nombre passerait à 122. Le nombre des ouragans très violents qui frappent Cuba augmente. Les ouragans poussent les eaux de la mer plus à l’intérieur des terres et entraînent la salinisation des eaux douces et des champs.

Une des mesures les plus urgentes est le reboisement des mangroves, qui constituent une zone tampon naturelle pour la côte cubaine. Mais le bois des mangroves est souvent utilisé comme combustible par la population locale, qui lui prête également des vertus médicinales. Il faut donc œuvrer à un changement de mentalité auprès des autorités locales afin de préserver la ligne côtière cubaine. La plantation de mangroves prend du temps et s’effectue au coup par coup. L’an dernier, Cuba a mobilisé plusieurs brigades de plantation de nouvelles mangroves, ce qui a permis de reboiser quelque 36 000 hectares.

Une vision sur 100 ans

Cuba est depuis longtemps un pionnier en matière de durabilité. Le système cubain d’agriculture urbaine biologique est l’un des plus avancés au monde : il interdit l’usage des pesticides chimiques et arrive à faire face à 70 % de la demande maraîchère dans les grandes villes de Cuba. Le plan climat cubain, entamé en 2017, a l’ambition de préparer l’île caraïbe aux conséquences du changement climatique du 21ème siècle.

cuba paysans.JPGLe plan interdit toute nouvelle construction dans les zones côtières menacées, mais tient également compte des besoins des communautés locales. L’État cubain déplace les habitants des villages côtiers menacés vers des régions plus sûres. La première étape est toutefois la conscientisation des villageois : mieux informer ceux-ci des conséquences précises du changement climatique et, surtout, impliquer ces populations contraintes à quitter leurs villages submergés dans la planification et la mise en œuvre de leur déménagement vers leur nouveau lieu de vie.

La vision à long terme de Cuba contraste avec la politique des pays capitalistes, trop souvent dictée par les multinationales qui font primer le profit à court terme. Les promoteurs immobiliers de notre littoral savent parfaitement que la côte est menacée par le réchauffement climatique et que les plans de préservation des côtes ne servent pas leurs intérêts. À Cuba, par contre, la politique est déterminée par les besoins de la population et non par le profit.

Campagne de Pâques pour les mangroves cubaines
Le Centro Felix Varela (CFV), est actif depuis de nombreuses années auprès des communautés cubaines les plus vulnérables. Il y a dix ans, le CFV a fondé un centre d’études sur le climat à Guanabo, sur la côte, non loin de La Havane. Le CVF travaille avec les habitants et les sensibilise à l’importance des mangroves. Pour leur plan climat, les autorités cubaines travaillent en étroite collaboration avec le CVF, puisque l’organisation est au plus proche des habitants.
L’argent récolté lors de notre campagne annuelle de Pâques pour Cuba sera destiné au Centro Felix Varela.
Plus d’info : www.vivasalud.be www.cubanismo.be

Article publié dans le magazine Solidaire de mars - avril 2019Abonnement.

11:16 | Tags : cuba, environnement | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg