Encensées par Beyoncé et Adele, ces jumelles franco-cubaines de 22 ans sortent un deuxième album bluffant. (23/10/2017)

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Il y a trois ans, Ibeyi jouait au café la Barricade de Belleville devant deux bancs, dont un occupé par la famille et les amis. Le souvenir ravit ces soeurs jumelles nées il y a vingt-deux ans sous le signe du talent. Un excellent premier album sous le bras, l'éponyme «Ibeyi» vendu à 65 000 exemplaires en France et 150 000 à l'étranger, elles ont été invitées depuis à chanter dans le monde entier, du Japon au Brésil, des bretonnes Vieilles Charrues au californien Coachella.

Et ça ne risque pas de s'arrêter avec «Ash». Ce deuxième album foisonnant réussit à marier le caractère quasi sacré de leurs voix et leur volonté de faire danser et penser selon les canons modernes, entre électro et hip-hop. Résultat : l'éclectique et érudit Iggy Pop les adore et Adele, produite comme elles par le prestigieux label anglais XL, a qualifié sur Twitter leur album de «stupéfiant».

L'histoire de Naomi et Lisa Diaz l'est aussi. Commencée entre Cuba et Paris, d'où leur double nationalité. Et le nom de leur duo, Ibeyi, qui signifie «jumeaux» en yoruba. «Les Yorubas sont un peuple qui a été déporté du Nigeria et du Bénin à Cuba, raconte Lisa. Ces esclaves ont toujours cultivé leurs racines et en ont fait un pan énorme de la culture cubaine. On a grandi en écoutant leurs chants religieux et on les a entremêlés à nos chansons.»

L'héritage du Buena Vista social club et d'Eminem

Leur père, Miguel «Anga» Diaz, «était un grand musicien cubain, percussionniste au sein du mythique Buena Vista Social Club», décédé alors qu'elles avaient 11 ans. Elles ont été élevées par leur grand-mère et leur maman, qui est devenue leur manageuse.

«Nos parents nous ont transmis l'amour de toutes les musiques, d'Eminem à l'afro-latino ou au jazz expérimental, et la liberté de les mélanger», se réjouit Lisa. C'est elle qui compose et écrit en anglais et en espagnol, tout en parlant français. Naomi apporte le rythme et la vision d'ensemble. Qu'elles concrétisent en studio avec Richard Russell, producteur et réalisateur qui les a signées dans son label XL et les a prises sous son aile.

Ces deux dernières années furent folles, à tout point de vue. Sur scène et en dehors. Les rencontres les plus marquantes étant certainement celles avec Prince, qui les a vues sur scène à Minneapolis et voulait les inviter chez lui avant de décéder, et Beyoncé, qui les a fait tourner l'an dernier dans le film lié à son album «Lemonade». «On ne peut pas trop en raconter, car on a signé une clause de confidentialité, avoue Naomi. Elle avait d'abord posté une vidéo avec notre premier titre, River, comme musique, puis son équipe nous a contactées pour participer à un projet à La Nouvelle-Orléans. C'est quelqu'un de très naturel et sympa.» «C'est beau de voir une femme si haut dans l'industrie de la musique qui réussit à contrôler tout, son image, son histoire», ajoute Lisa.

Toutes ces rencontres ont forgé l'identité de leur deuxième album hybride, nourri de soul, d'électronique, de jazz, de hip-hop, de sonorités captées sur tous les continents, de discours de Michelle Obama ou de Frida Kahlo, de collaborations avec la rappeuse Mala Rodriguez, le pianiste Chilly Gonzales ou l'Américaine Meshell Ndegeocello. «Après 180 dates de concert, on savait ce qu'on voulait faire : un album conçu pour le live, pour faire réagir le public. On veut les voir chanter, danser et suer encore plus.»

Ibeyi, «Ash», XL/Beggars, 10,99 €. En concert le 24 novembre à Paris (Festival des Inrocks).

Source Le Parisien

17:16 | Tags : soeurs ibeyi, chanteuses, cubaines | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook | | | | Pin it! | | |  del.icio.us | Digg! Digg